Flash back

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Être seul n'était déjà pas évident. Être muet n'arrangeait pas les choses.

Les mains enfoncées dans les poches, la capuche sur la tête, le regard au sol. Zach avance lentement dans la foule de collégiens. Il aimerait que l'on ne le voie plus, il voudrait disparaître. Il aimerait être un fantôme. Mais il est là, bien vivant. Bien vivant et bien visible.

Ils le voient. Tous. Tous le voient tout entier, seul. Et ils ne font pas que le regarder. Ils le brisent avec leurs yeux. Ils l'affaiblissent tant que ses jambes peinent à supporter son corps pourtant plutôt léger. Son coeur est compressé dans sa poitrine et sa respiration est courte. Ils se tiennent tous là, avec leur cent visages et leur seul regard. Acéré. Sombre. Menaçant. Un seul regard qui le transperce de part en part et qui lui coupe le souffle. Un seul regard qui veut tout dire : qu'il n'a pas sa place parmi eux. Qu'il ne l'a jamais eue, et qu'il ne l'aura jamais.

Et c'est tellement facile. Tellement facile pour eux, de lui faire du mal à lui. Parce qu'ils sont nombreux et qu'il est seul. Parce qu'ils sont forts et qu'il est faible. Parce qu'eux parlent et qu'il n'a pas de voix. Pas de voix pour rétorquer. Pas de voix pour appeler à l'aide. Pas de voix pour s'exprimer. Parler. Chanter, crier, hurler. Dire qu'il aime, qu'il déteste, qu'il a mal, qu'il s'amuse. Zach est muet. Et c'est comme ça.

Et eux sont bavards. Mais pas pour chanter ou dire qu'ils aiment, pas pour valoriser ou choyer. Juste pour crier et détester, juste pour mépriser et blesser. Alors Zach préfère être muet pour éviter de dire des atrocités. Son coeur devient noir de supporter celles des autres.