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41. Parle-moi

            J'en ai marre. Je pense que je lui ai laissé assez de temps pour qu'il puisse réfléchir et prendre du recul. Maintenant il est temps qu'Asher et moi ayons une petite conversation. Trois semaines sans pouvoir lui parler c'est bien trop. Je sens que son regard sur moi n'est plus aussi dur, aujourd'hui il n'est plus en colère, il a juste peur. Je pense qu'il a peur qu'avoir cette conversation avec moi à propos de ce déménagement ne le rende réel. Et dans le fond, ça me terrifie également. Mais plus j'en parle avec Alia et je l'envisage et plus je sais que je le veux. J'espère simplement qu'Asher me suivra.

Lorsque j'arrive pour huit heures au café et que j'aperçois Asher, je me dis soudain que j'ai besoin de préparer ce que je vais lui dire. Pour être claire. Concise. Et précise.

Je veux qu'il comprenne, je veux qu'il me comprenne. C'est mon meilleur ami après tout, il ne devrait vouloir que ce qu'il y a de meilleur pour moi. Je ne veux pas que nous partions fâchés, mais s'il continue à camper sur ses positions, je n'aurai pas le choix. J'ai besoin de recommencer ma vie avec ma famille, Samaé et Alia. De plus, à la fin de l'année j'aurai fini ma licence ici et commencer un master à Lyon est une bonne excuse pour tout reprendre quasiment à zéro dans une nouvelle ville.

J'ai la tête ailleurs. Je suis tellement absorbée par le fond et la forme de mon discours que je n'entends pas la cloche de la porte et ne voit pas les clients s'asseoir à la table dont je m'occupe.

Je sens soudain une douleur dans mes côtes. Axelle m'a donné un coup de coude et me lance un regard du stylé «tu te décides à y aller ?». Je secoue la tête et me dirige tout sourire vers les clients. Une fois leur commande prise, je me reprends. Je ne peux pas laisser cette histoire dégrader mon travail. Je décide alors de prendre des notes de mes pensées lorsque je suis en pauses ou lors de moments creux.

L'affluence des clients ne me laisse pas énormément de moments de creux. C'est particulièrement étonnant. Je me fais la réflexion que nous sommes limites débordés pour trois serveurs. Hélios n'a-t-il pas virés des gens pour raison financière ? C'est du moins ce qui se murmurait à la rentrée. Octave, particulièrement proche du patron et Axelle, en couple avec un renvoyé, nous l'ont affirmé. En plus en l'espace d'un trimestre, Hélios a engagé trois personnes pour en renvoyer le double. Cette situation est quand même bizarre. Mais il faut aussi avouer que je n'ai aucune notion d'économie, je n'ai jamais gérer de commerce ni fait d'études dans ce but là.

Je prends ma première pause, un papier et un crayon. Je réfléchis à tout mes arguments. Le master, le fantôme d'Astéria, mon envie de vivre avec ma fille, mon amour pour Alia, l'envie de nouveauté. Je pense que c'est déjà pas mal. Je mets de l'ordre dans l'importance de ces arguments et ma pause est déjà terminée. Le temps passe trop vite.

Heureusement il passe également vite jusqu'au soir et la fermeture. Tout au long du nettoyage, j'essaie d'entamer la conversation pour tout en regardant mes notes mais à chaque fois j'échoue. Asher me fuit et je bégaie. Cette idée de liste était une mauvaise idée, je n'arrive pas à trouver le courage de sérieusement parler à mon meilleur ami avec la pression de tout dire dans l'ordre et de ne rien oublier.

Asher est parti se changer, il faut que je l'attrape maintenant ou j'aurai raté une occasion en or. Je froisse mes notes et décide que je serai meilleur en improvisant. Lorsque je le vois arriver je me plante devant lui. Il évite mon regard et fait un pas sur le côté pour m'esquiver. Je fais un pas ne même temps que lui pour continuer à lui barrer la route.

« Asher écoute-moi...

— Laisse-moi passer, s'il te plaît, marmonne-t-il en me coupant la parole.

— NON ! J'en ai marre, maintenant tu vas m'écouter. »

Il ne dit rien et fait un pas de l'autre côté. Je l'imite.

« Juste une conversation. »

Nouveau pas sur le côté pour essayer de m'éviter mais cette fois il avance, m'obligeant à reculer.

« Juste cinq minutes.»

Il me pousse, j'essaie de tenir ma position mais il est plus fort que moi et il arrive à me décaler. Il file droit vers la porte. Je ne me retourne pas et je sens les larmes montées. Je ne veux pas croire à la fin de notre amitié. Pas comme ça, ce serait trop bête.

Je me retourne brusquement. Je le vois main sur la poignée de la porte alors je lui crie :

« ça va faire trois semaines qu'on ne s'est pas adressé la parole, je ne te manque pas même un tout petit peu ?! »

Il n'ouvre pas la porte. Et ce geste me soulage un peu. Quand il se tourne vers moi je respire de nouveau.

« Cinq minutes. Pas plus. »

Il vient se figer juste devant moi, les bras croisés. Il tente d'afficher un air dur et nonchalant mais ses yeux le trahissent. Il souffre de la situation. Bien que ce soit un peu cruelle, je suis un peu heureuse de déceler cette émotion. ça signifie qu'il m'aime encore.

« Ok, je vais faire court alors. Tu n'aurais jamais du apprendre la nouvelle de cette façon...

— Alors c'est vraiment vrai ?

— Tu ne me donnes que cinq minutes alors, je t'en prie, ne m'interromps pas. »

Il acquiesce d'un hochement de tête.

« Cette décision n'est pas prise à la légère. J'y ai longuement réfléchi. Je finis ma licence cette année et Alia m'offre la possibilité de faire mon master à Lyon, c'est difficile à refuser ce genre de proposition. »

Je vois qu'il se force à ne pas me répondre. Je suis persuadé qu'il trouve cet argument aussi bidon que moi. Le master c'est un bonus, ce n'est absolument pas un argument.

« Et puis, la majorité de ma vie s'est déplacé là-bas. Alia, Samaé et toi êtes la famille que j'ai décidé de construire. Et deux tiers de ma famille se trouve à Lyon... Alia me manque énormément et depuis que Samaé ne vient plus ici une semaine sur deux j'ai l'impression d'être vide. J'imagine à tous ces moments de vie que je manque, ça me détruit. Et ça me laisse l'occasion de ressasser et d'imaginer Astéria dans les rues de cette ville qu'elle ne connaîtra jamais et qui ne la connaîtra jamais. Ce déménagement serait un nouveau départ. Un moyen d'être enfin en paix avec notre passé. C'est une occasion que je ne pouvais pas laissé me filer entre les doigts. Avec Alia on devait te l'annoncer en te proposant de venir avec nous. On pourrait enfin vivre comme une famille presque commune. T'en dis quoi ? »

La proposition le déstabilise. Il ne s'attendait certainement pas à ce que je l'invite. Mais il est un plus serein je trouve. Ses bras se décroisent et ses muscles se détendent. Ne restent plus que la tristesse au fond de ses yeux.

« Je... je ne peux. Je ne peux pas quitter la ville.

— Pourquoi ? Tu n'es pas enchaîné ici.

— A Lyon les loyers sont bien trop chers.

— Alia a proposé de nous héberger, de manière temporaire ou non.

— Elle me déteste.

— C'est faux. »

Il cherche des excuses. Il est effrayé, je le sens.

« C'est faux Asher, tu lui manques.

— La personne qui lui manque n'existe plus.

— Arrête Asher. Viens avec moi. Déménage à Lyon pendant les vacances d'été s'il te plaît.

— Non... Je ne peux pas abandonner Rana. Je ne peux pas partir pour Rana. »

Je savais bien qu'il finirait bien par en venir à elle. Je me sens tout de même un peu blessé qu'il la choisisse elle et pas moi.

« Rana ? Et moi alors ?

— Elle a besoin de moi.

— Vraiment ? Et pas moi ?

— Tu as Alia.

— Ce n'est pas la même chose Asher ! Je n'ai pas la même relation avec elle ou avec toi !

— Et tu as quelle relation avec elle ? Tu es amoureuse d'elle hein ? C'est pour ça que tu veux la rejoindre à Lyon, alors tu devrais comprendre que je veuille rester. »

Cette réponse m'énerve. Comment ose-t-il comparer mes sentiments à ceux qu'il éprouve pour Rana ? Comment ose-t-il s'en servir d'excuse contre moi, quand il sait pertinemment que ce ne sont pas mes sentiments qui m'ont décidé à partir mais notre fille ?! J'essaie malgré tout de garder mon calme.

« Ce n'est même pas un dixième de la raison pour laquelle je m'en vais Asher ! Mais toi, pourquoi est-ce que tu refuses de me suivre ?

— Pour...

— Oui pour Rana, je sais ! je commence à m'irriter. Mais pourquoi réellement ? Parce que tu es amoureux d'elle ? Pourquoi l'avoir choisie elle quand on sait très bien tous les deux que tu es également amoureux de Will ? Et ne me mens pas, c'est évident !

— Elle a besoin d'aide Emma !

— Oui et toi tu as besoin de ta famille ! Elle n'a qu'à aller voir la sienne ! Asher ! regarde moi dans les yeux et ose me dire que tu refuses de venir avec moi simplement parce que tu es tombé amoureux

Il ne dit rien, baisse les yeux.

« Je ne peux pas l'abandonner... répète-t-il plus bas.

— Asher ! Elle a un petit ami ! Ce n'est pas que tu ne peux pas, c'est que tu ne veux pas !

— Non Emma ! Ce n'est pas ça... Je ne peux pas, JE NE PEUX PAS. Je ne peux pas partir. C'est que...

— C'est que quoi Asher ? Pourquoi ?

— C'est à cause d'Astéria... J'ai... »

Il marque une pause.

« Tu ne pourrais pas comprendre...

— Pardon ?! »

J'écarquille les yeux, sidérée.

« Essaie toujours je suis tout ouïe !

« J'ai tellement mal... murmure-t-il.

— PARCE QUE MOI PAS ?! j'hurle folle de rage.

— Non ce n'est pas...

— CE JOUR LA, je le coupe. MOI AUSSI J'AI PERDU UN ENFANT. »

Nous nous fixons droit dans les yeux. Je brûle de colère et j'ai le coeur brisé. Le coeur brisé par mon meilleur ami mais également par la verbalisation de cette parole. Le jour où Astéria a été déclarée décédée, j'ai perdu mon bébé. Ces dernières années, j'ai enfoui cette vérité derrière l'éducation de Samaé pour ne pas craquer comme Asher l'a fait, alors cela fait longtemps que je ne l'avais pas conçu avec tant de clarté. Il ne réplique pas. Ses yeux expriment une tristesse et une culpabilité infinies. Mais il finit par murmurer :

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais dire que cette souffrance est mon châtiment.

— Qu'est-ce que tu racontes encore ? Tu sais quoi ? Je vais te dire pourquoi tu ne veux pas partir. Tu es trop lâche pour quitter cette ville. Tu préfères marcher sur les traces d'un fantôme plutôt que de t'occuper d'une famille qui elle est bien vivante ! Tu ne sauveras pas Rana comme tu n'as pas pu sauver Astéria parce que ce n'est pas de ton ressort ! Tu n'es pas Dieu Asher ! Des malheurs arrivent tous les jours ! Moi aussi, à sa mort, j'ai été détruite mais ça fait quatre ans ! il faut savoir se relever et avancer. Rana n'est pas seule, elle a un copain certainement de la famille, des amis...»

Je me marque une pause. Mon discours ainsi que mes muscles se sont radouci mais Asher continue de se taire.

« Tu cours après une fille qui n'a pas besoin de toi, qui est déjà amoureuse d'un autre homme. Tu cours après l'impossible alors que tu as ta famille, ou même Will, un garçon libre totalement et éperdument amoureux de toi... »

J'attends une réaction de sa part que je n'obtiens pas. Il semble réfléchir, se faire violence. Je soupire et continue.

« Tu refuses de venir Asher, c'est ton choix... Mais pourquoi tu m'en veux de prendre ma vie en main ? De me libérer de mes démons et de passer enfin à autre chose. Je ne te parle pas d'oublier Astéria, mais de vivre en paix avec son souvenir... Pourquoi tu me fais la tête de manière aussi violente ? Toi, mon meilleur ami depuis toujours, toi qui a traversé la même épreuve que moi, tu devrais me comprendre mieux que quiconque...

— Tu m'abandonnes Emma... » finit-il par me murmurer les larmes aux yeux.

Soudain je réalise. Le jour de son accident, il m'a dit qu'il se sentait abandonné par tout le monde et moi je lui ai promis de tout faire pour l'aider. Cette réaction était injuste, mais je comprends maintenant. Le regard que je pose désormais sur Asher est doux et compatissant.

« Non je ne t'abandonne pas Asher... J'ai dit que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider. Alors si tu as besoin que je reste, je soupire. Je reste. Je reste jusqu'à ce tu n'es plus besoin de moi ou jusqu'à ce que tu sois enfin décidé à partir avec moi.»

Asher ferme les yeux et les fronce de douleur. Il lutte contre sa souffrance, contre lui-même. Je pose ma main sur sa joue pour le réconforter et lui montrer mon soutien. Il pose sa main sur la mienne et s'y blottit. Soudain il soupire et se détache de moi :

« Je ne sais pas si je pourrais un jour partir, mais Emma, je te promets que je ne te retiendrais pas ici. Ce serait bien trop injuste pour toi. Trop égoïste de ma part. Tu m'as tout donné, et je ne t'ai quasiment rien rendu ces derniers temps. Alors Emma...»

Il marque une pause. Prends une respiration en fermant les yeux. Quand il les rouvre, des larmes coulent le long de ses joues.

« Si tu veux partir Emma, demain, dans une heure, je ne te retiendrai pas, je te soutiendrai et je t'aiderai. »

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