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16. Bad hangover

 Un profond mal-être m'habite. Dès qu'Emma m'a dit que Marine était chez elle j'ai su. Je me suis rappelé, plutôt. Avec tout ce qui m'est arrivé ces derniers temps, je n'ai pas vu le temps passer. Mais depuis dimanche j'ai le coeur en morceau et l'esprit qui déraille. J'ai l'impression de devenir fou. Et demain...

Il ne vaut mieux pas que je pense à demain.

Emma ne travaille pas le jeudi, elle est à la fac. J'ai eu l'impression d'être perdu toute la journée sans elle. J'avais besoin d'un point d'ancrage qui n'était pas là. Je ne sais même pas si j'ai réellement travaillé... Je vais réellement finir par me faire virer si je continue comme ça. Et Alia aura eu totalement raison de ne pas m'avoir fait confiance. Alia a toujours raison de toute façon...

Je me prépare psychologiquement pour ma sortie de ce soir. Je n'ai pas invité Emma, et je suis sûr qu'elle sait très bien pourquoi, mais j'ai tout de même préféré ne pas me retrouver seul dans un bar, avec de l'alcool. Je ne dois pas trop boire ce soir, je vais très probablement assez mettre mon foie à mal demain... Alors j'ai invité le peu d'amis que j'ai.

Je me suis dis qu'il pourrait m'arrêter avant que je ne tourne mal. Et j'espère que ce sera vrai... Je soupire en faisant les cent pas dans mon appartement. J'essaie de me faire tous les scénarios possibles et imaginables du déroulement de cette soirée. Je crois que je n'ai jamais eu aussi peur... Déjà quatre ans et je crois que c'est la première fois que je n'ai pas envie de me laisser sombrer. Enfin, je pense ça, maintenant, la veille de mon calvaire. Demain ce sera certainement un autre discours...

Je passe pour la énième fois devant mes guitares mais cette fois mes yeux se posent réellement dessus et je me mets à les observer. Mes deux seules guitares que j'ai dénié emmener de chez mon père. Mais en deux ans c'est la première fois que je les sors du placard. Elle était dans leur étui donc elles n'ont pas pris la poussière mais les revoir me fait particulièrement bizarre. J'ai l'impression de revoir de vieilles amies quittées depuis trop longtemps. Un silence gênant est installé entre nous, on n'ose pas engager la conversation mais bordel ce qu'on a de choses à se raconter. Et ce qu'on en a envie. Mais la peur de mal faire, ou de perdre cette relation qui nous était si chère nous empêche de faire le premier pas. Alors on reste là, comme des cons à se regarder, sans bouger.

Je n'en ai pris que deux, les deux plus importantes pour moi, au cas où mon stupide père aurait décider de faire de la place ou un peu d'argent. Ma première guitare, offerte par ma mère quand j'ai commencé à en jouer. Elle est simple, la plus basique qui existe et le son qu'elle émet n'est pas ouf, mais c'est avec elle que j'ai commencé à jouer. Elle ne vaut rien, mais émotionellement elle m'est extrêmement chère.

Et la deuxième j'ai économisé plusieurs année pour pouvoir me la payer. Dans ma petite collection c'est ma pièce la plus chère. Je ne voulais pas risquer que mon père s'en débarrasse.

C'est également sur cette guitare que j'ai composé mon dernier morceau. Avant que... tout ne bascule.

Je sens que je vais bientôt engager la conversation avec mes bonnes vieilles amies. Nous ne sommes plus que des connaissances à présent mais je suis persuadé que notre complicité reviendra vite. Je nous fais confiance.

Je souris. En pensant à tous le chemin que j'ai accompli depuis le temps. Quatre ans auparavant je ne pouvais même plus voir un instrument en peinture. Et aujourd'hui je suis prêt à les retoucher. Peut-être même réaliser mon rêve ? Je me projette un peu loin. Il faudrait d'abord que je survive à demain. Et même à ce soir.

J'aurai du inviter Emma. Il n'est pas trop tard. Je devrais lui envoyer un SMS, lui dire de venir avec nous. Je pense que ce serait une bonne idée, et pourtant mes doigts ne glissent pas jusqu'à ma poche où est ranger mon téléphone. Eux ne le sentent pas. Si d'instinct je n'ai pas voulu qu'elle vienne ce n'est pas pour rien. Si actuellement je me sens invincible ce n'est qu'une illusion qui se brisera bientôt je le sais bien. Et mon cerveau aussi, c'est pourquoi il refuse à mes doigts le soin d'envoyer un message à ma meilleure amie. Désolé Emma.

Je regarde mon téléphone. Dix-neuf heure. Encore une heure à attendre avant l'heure de notre rendez-vous... Je devrais manger, ne pas y aller à jeun. Mais j'ai peur de ne rien avoir dans mon frigo. Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai pas fait de vraie course. Je mange trop souvent soit à l'extérieur soit des plats préparés.

Mais évidemment, mon frigo est totalement vide...

Je soupire. Je ne mangerai donc pas. Mon estomac proteste. Très bien, très bien, je t'ai entendu. Je vais sortir plus tôt pour aller manger quelque part, quelque chose. Peut-être que je pourrais me changer les idées par la même occasion.

Je prends ma veste et je sors. Les rues respirent l'automne. Les arbres n'ont presque plus de feuilles et jonchent sur le sol, mortes, à l'effigie des rues, ou même de moi. Il n'y a personne, tout est vide. La mélancolie de l'hiver commence à s'abattre sur la ville entière. Le calme omniprésent se transforme rapidement en angoisse. Pour la première fois de ma vie je me sens seul. L'être ne m'a jamais dérangé. Enfin avant si, puis après non, et visiblement maintenant... de nouveau.

J'ai l'impression qu'un trou béant se forme dans mon coeur. Plus qu'il ne l'a jamais été. C'est différent de tout ce que j'ai pu vivre. J'ai besoin d'être entouré, juste pour sentir une présence humaine. J'ai sûrement invité mes amis pour cette raison. J'ai probablement envie de voir Emma pour ça.

Je ne me connais plus. Je ne sais plus ce que je ressens. En fait, je recommence à ressentir des émotions qui m'ont longtemps été inconnu. Mais j'ai peur. Peur que cet élan d'humanisme me brise encore plus que je ne l'ai été. Je n'ai pas choisi la bonne période... Donc je m'entoure...

Mon ventre gronde une nouvelle fois. Je vais donc dans la petite épicerie entre mon appartement et celui d'Emma.

« Eh ! Bonjour Asher ! Comment tu vas aujourd'hui ?

— Comme je peux et toi Ibrahim ?

— La vieillesse mon p'tit. La vieillesse. »

Ibrahim, le vieux gérant du magasin. Il me connaît depuis toujours. Mes parents sont toujours venus ici et j'ai continué à y venir avec Emma. Il m'a vu grandir et moi je l'ai vu devenir immortel, à mes yeux. Il est devenu comme mon grand-père.

Tout m'est familier chez lui. Je connais par coeur sa peau brune et ridée. Sur visage rond, je pourrais reconnaître entre mille ses petits yeux bruns froncé par la dureté de sa vie ou ses lèvres toujours habillées d'un sourire chaleureux. Dans mon souvenir il s'est toujours tenu courbé, même s'il a longtemps refusé d'utiliser une canne aujourd'hui il ne s'en sépare plus. C'est l'une des personnes les plus adorables que je n'ai jamais rencontré. Il a toujours été mon réconfort quand je n'allais pas bien, mais je sais que sa vie n'a jamais été facile.

Il a été forcé de se battre en Algérie d'où ses ancêtres étaient originaires. Il s'est fait rejeté par sa famille qui n'a pas vu d'un bon oeil qu'il ne se rebelle pas contre la France. Dans son quartier il était devenu la risée des arabes. De plus, il s'est vu insulté par les imbéciles nationalistes extrémiste. Les racistes quoi. Il s'est rapidement retrouvé seul et rejeté par tout le monde. Alors il a déménagé dans notre petite ville de Saint-Biers.

Des racistes étaient toujours là, et le sont toujours mais au moins personne ne connaissait son passif dans la guerre d'Algérie. Pendant longtemps, il ne parlait pas de son passé. Puis il a fini par se confier aux enfants, comme moi.

Dans notre petite ville il a rencontré, Esma, sa femme. Alors il n'a jamais regretté tout ce qui lui est arrivé. Ils ont toujours vécu heureux ensemble, en rêvant d'avoir une famille nombreuse. Ils n'ont pas eu un seul enfant.

Ibrahim voulait être un grand médecin, il a fini épicier. Mais finalement la situation a fini par lui convenir. Grâce à son épicerie, il s'est trouvé une autre famille. Le quartier, la ville...

« Qu'est-ce qu'il se passe mon bonhomme, tu ne viens pas me voir pendant un long moment et là tu viens deux fois en une seule semaine ? Plaisante-t-il.

— J'ai vingt-et-un an, Ibrahim, je ne suis plus «ton bonhomme» depuis longtemps.

— Tu seras toujours mon bonhomme Asher. »

Il me lance un regard plein de tendresse.

« Dis-moi, comment va ton père ?

— Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?

— Ton langage bonhomme ! »

Je redeviens l'adolescent de quinze ans qui se réfugiait ici après les cours.

« Ça fait combien de temps que tu ne lui as pas parlé ?

— Pas assez longtemps.

— Tu devrais lui pardonner...

— Jamais.

— Il tente de se réparer sa faute tu sais...

— En m'envoyant de l'argent tous les mois ? Je ne suis pas acheté. Et toi tu ne devrais pas prendre sa défense.

— Non, c'est vrai. Mais j'ai tellement souffert de l'absence de mon père...

— Je t'assure que moi c'est de sa présence que je souffre. »

Il passe devant le comptoir et m'enlace. Je suis tellement grand qu'il doit passé sur bras autour de mon ventre.

« Je me souviens de toi à peine haut comme trois pommes, qui me tendais tes petits bras à chaque fois que tes parents t'amenaient ici.

— Et à chaque fois tu m'offrais une sucette.

— A la pomme ! Complète-t-il.

— A la pomme... »

Un léger sourire s'imprime sur mes lèvres en me remémorant ce petit souvenir.

Ibrahim se tourne, attrape une chupa chups à la pomme et me la tend.

« Tu la donneras à ta pitchoune.

— Je ne peux pas la garder pour moi ? je m'offusque.

— Je croyais que tu n'étais plus «mon bonhomme», me répond-il.

— Je croyais que je serais toujours «ton bonhomme».» je réplique.

Il rit et m'en donne une deuxième.

« Tiens comme ça pas de jaloux. »

Je souris.

« Merci, je lui murmure.

— Bon, va faire tes courses mon grand, je sais que tu n'es pas venu juste pour faire la discute. »

J'acquiesce et part me chercher un sandwich et une bouteille d'eau.

« Je repasserai bientôt, je promets avant de partir.

— Je n'en doute pas une seconde. A bientôt mon Asher ! »

Je le salue puis je pars à pied jusqu'au bar. J'ai une demi heure pour y aller, je suis dans les temps. Mon estomac me remercie vivement de ce modeste don que je lui fais. Et sans même m'en rendre compte j'arrive au bar. Tout le monde est déjà là et m'attends. Je regarde l'heure. Vingt heures quinze, oups.

« Quinze minutes de retard à son propre rendez-vous ? Me taquine Myrtille.

— Ouais ouais, je sais. »

Je ne trouve rien d'autre à lui répondre. J'ai l'esprit bien trop occupé.

« ça ne va pas ?

— Si si, parfaitement. » Je mens.

Personne ne me croit, je le vois bien. Ils tentent de se lancer des regards discrets. Mais j'ai l'habitude. Heureusement que personne n'insiste.

« Tout le monde est là alors entrons ! » Je m'exclame.

Dans un rire général mes amis me suivent. Ils sont là pour passer du bon temps, moi... je vais essayer. L'alcool arrive rapidement à notre table. Je descends le premier verre si vite que je surprends ma compagnie. Mais personne ne dit rien, ils se contentent de me lancer des petits sourires gênés. Ils savent que je peux exploser rapidement, alors ils n'osent rien dire. Ils ne veulent pas que je m'énerve. Et ils font bien.

Je descends un deuxième verre puis rapidement un troisième et je finis par ne plus compter. Les effets de l'alcool se font sentir très rapidement. Je commence à voir et entendre flou. Je ne sais même plus pourquoi je bois. Alors je continue. Je reconnais la voix de mes amis. Ils semblent si heureux, tous. C'est fou comment certaines personnes peuvent être si heureuse et côtoyer des gens si malheureux. La vie est injuste. Trop injuste. Des choses bien arrivent à ceux qui ne le méritent pas et jamais aux bonnes personnes.

Dieu est une pute. C'est tout ce que j'aurai à lui dire. J'ai longtemps cru en Lui. Mais comment croire en un être supérieur qui laisse souffrir des gens qui ne le méritent pas et ce monde sombrer. Comment peut-Il laisser des humains tuer et se battre en son nom sans rien dire ? Comment peut-Il être aussi corrompu ?

Je préfère croire qu'Il n'existe pas.

Alors je bois un énième verre. Et encore un. J'attrape le récipient qui a été rempli une nouvelle fois mais une main m'agrippe le poignet. Je tourne la tête vers le visage propriétaire de cette main. Axelle me regarde, l'air sévère. Je m'arrache à sa poigne en renversant le verre que je tenais.

« Mais regarde ce que tu m'as fait faire ! Je hurle en me levant.

— Eh, calme-toi, intervient Léandre.

— Me calmer ? Ta copine a pas à m'empêcher de boire !

— Tu es totalement ivre Asher, fait remarquer Guillaume.

— Ouais donc ajouter un verre de plus ça ne sert à rien, argumente Axelle.

— Un verre de plus ou de moins qu'est-ce que ça peut changer, je bougonne.

— Tout. »

Je suis excédé par leur comportement. Qu'est-ce que j'attendais en les invitant ? J'aurai du venir seul comme je l'ai toujours fait.

Je fais un demi tour brutal et je manque de tomber. Mais je me stabilise et je lance :

« J'me casse !

— Eh oh ! Tu vas où ? S'écrit Axelle.

— Je rentre chez moi !

— Tu n'iras nulle part seul mon garçon ! S'énerve-t-elle.

— Je n'irai nulle part avec toi.» Je réplique comme un enfant.

Je crois que c'est la seule qui n'a pas bu une seule goutte d'alcool de la soirée. Mais en fait je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est qu'elle s'approche de moi, m'attrape le bras une nouvelle fois et que je la repousse. On se bat, elle pour qu'elle me soutienne, moi pour qu'elle me laisse. Mais elle tient bon, elle refuse de me lâcher et elle finit par être aider par les autres. Mais je suis tenace, et encore plus quand je suis bourré.

« Laissez faire, je vais le ramener chez lui. »

Cette voix...

« Will ? S'étonne Myrtille.

— Je sais où il habite.

— Comment ? »

Il ne répond pas. Et je sens des bras commencer à me soutenir. Et étonnamment je me laisse faire. Cette voix, Will, je me sens bien, en confiance. Alors il me raccompagne jusque chez moi.

« ça va aller ? Me demande-t-il.

— Toi, je te connais !

— Oui, tu sais je suis le pote de Myrtille, tu es venu à une répèt' de notre groupe.

— Oui, je sais ça, mais je te connais d'ailleurs. »

Il me sourit sans toutefois me répondre.

Il attrape mes clés dans une de mes poches et ouvre la porte de l'immeuble. Il m'aide jusqu'au bout, jusqu'à ce que je sois allongé dans mon lit.

« Dis, tu veux pas rester avec moi ?

— Désolé bel Asher, mais je pense que tu as besoin de rester seul, que tu mettes au clair tes idées et ce qui ne va pas dans ton coeur. Une prochaine fois peut-être ?

— Avec plaisir... »

Je me plonge dans mes pensées troubles et je me dis que cette soirée fut assez calme. Je ne pourrais pas en dire autant pour demain. Je n'attends pas cette journée avec impatience et j'espère sombrer dans un sommeil hibernatif qui me permettra de ne pas retourner en enfer émotionnel. 

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