Chapitre 73 : Départ pour Vallonia
« Moi... Partir pour Vallonia ? Répéta Béatrix, éberluée.
– Exactement. C'est une bonne opportunité pour...
– Oui ! Je veux y aller !! » La coupa la châtaine.
La jeune fille avait les yeux brillant d'excitation, un grand sourire sur les lèvres et le cœur battant la chamade. Elle rêvait de pouvoir découvrir Vallonia ! Elle qui pensait qu'elle devrait attendre d'être plus grande pour pouvoir... Et voilà que l'opportunité lui était servie sur un plateau d'argent !
« Je suis ravie de te voir si enthousiaste ! Sourit la professeure. Pour les détails, sache que les documents que je vais te donner ne sont pas du tout urgent à transmettre. Tu peux bien mettre un mois ou deux à les amener à Platane.
– Hein ? Vraiment ? S'étonna Béatrix.
– Oui. Comme je te l'ai déjà dit, j'ai surtout besoin de quelqu'un de confiance pour ne pas perdre les documents, c'est tout. Mais ces recherches de sont pas du tout prioritaires pour Platane actuellement, avec ce qui se passe dans la région. A ce propos, je te conseille d'être prudente, et de bien vérifier avant d'essayer de visiter quoi que ce soit. Certains incidents à Vallonia ont rendu des bâtiments inutilisables.
– Oh, les évènements avec la Team Flare ?
– Tu es au courant ?
– Je m'étais un peu renseignée...
– Tant mieux. Et aussi, la Ligue de Vallonia a lieu d'ici un mois environ, donc n'hésite pas à aller la voir. Je suis sûre que, même sans participer, ce sera une bonne occasion pour toi d'apprendre.
– C'est vrai ! Voir une Ligue avant de moi-même participer à une sera très instructif. Même si le système de Vallonia est différent de Galar... Oh, j'ai hâte !! »
Béatrix avait du mal à ne pas se mettre à sautiller tellement elle était heureuse.
« Je me doutais que tu allais aimer la proposition. Quand veux-tu partir ?
– Dès que possible !
– Alors je te recontacte dès que j'ai un billet d'avion pour toi. Tu devrais pouvoir partir d'ici trois ou quatre jours.
– Aussi tôt ?
– A cette période de l'année et en comptant les évènements récents à Vallonia, ce n'est pas une destination privilégiée actuellement... Des gens y iront pour voir la Ligue, mais un mois avant ? J'en doute. Ça te va toujours de partir si tôt ? »
Béatrix hocha la tête avec énergie.
« Très bien. D'ailleurs, j'ai quelque chose pour toi.
– Pour moi ?
– Considère cela comme un présent pour te féliciter de ta réussite au Défi des Arènes. »
La professeure Magnolia s'éloigna pour aller chercher un carton emballer dans du papier cadeau jaune et rose, et revient pour le poser devant Béatrix. La châtaine lança un regard à la dame, encore un peu incertaine, et celle-ci lui fit signe de l'ouvrir. La jeune fille commença donc à déchirer le papier, lançant apercevoir un carton blanc avec des écritures noires. Lorsqu'il fut totalement déballé, Béatrix put voir clairement l'image de l'objet que le carton contenait dessus. Elle lança un regard surpris à Magnolia.
« Professeure...
– J'ai remarqué que tu avais du mal à utiliser ton téléphone, récemment... Ce qui est compréhensible. Mais ce serait dommage que tu ne puisses pas continuer à pratiquer ton hobby à cause de ça, n'est-ce pas ? Ce n'est pas la meilleure qualité qui existe sur le marché, mais je pense que ce sera très bien pour un premier appareil photo professionnel.
– Merci, professeure ! »
Béatrix se précipita vers la femme et la prit dans ses bras. Magnolia en fut d'abord légèrement surprise, puis son visage s'adoucit et elle répondit avec affection au câlin de sa protégée. Celle-ci avait les yeux légèrement humides.
« Merci...
– J'ai hâte que tu me montres les magnifiques photos que tu prendras. »
Béatrix hocha la tête, confirmant qu'elle le ferait. Elle se détacha de la professeure, essuya rapidement ses yeux et retourna auprès de son cadeau, impatiente à l'idée de l'ouvrir.
« Au fait, Béatrix...
– Oui ?
– Par rapport à tes suspicions envers le président Shehroz et la Nuit Noire... Tu n'as pas à t'en faire, d'accord ? Je serais là pour surveiller, je saurais si quelque chose d'étrange a lieu.
– Merci, professeure ! Mais c'est quoi le rapport avec le président Shehroz ?
– Tu m'en avais parlé... Tu suspectais que le président veuille déclencher la Nuit Noire.
– Mais c'est pas possible... Le président Shehroz fait tout pour le bien de Galar ! Jamais il ne la ferait courir à sa perte. »
La professeure Magnolia se sentit mal à l'aise face à la façon dont Béatrix avait prononcé ces deux dernières phrases. Quelque chose dans son regard et sa vois étaient étranges... Mais elle mit cette sensation de côté. Peut-être que Béatrix avait changé d'avis sur le président Shehroz, ou qu'elle ne voulait juste pas qu'elles en reparlent puisqu'elles étaient clairement en désaccord sur ce point.
Béatrix partit de chez la professeure avec le carton de son appareil photo tout neuf dans les mains. Elle sautillait presque, ayant hâte de le montrer à Nabil, et de lui parler de ses plans. Elle était sûre qu'il accepterait de venir à Vallonia avec elle ! Cela promettait d'être génial !
La jeune fille se rendit au laboratoire, sachant très bien que c'était là qu'elle trouverait Nabil. Sonya s'y trouvait aussi, assise dans le fauteuil du petit coin de repos près de l'entrée.
« Trixie ! Tiens, alors ma grand-mère t'a offert ton cadeau ? Remarqua Sonya.
– Oui ! Je l'adore !
– Le cadeau, ou ma grand-mère ?
– Les deux !! »
Sonya rit doucement face à l'adorable attitude de la châtaine. Nabil, ayant entendu la voix de sa petite amie, quitta son bureau et alla la rejoindre.
« Trixie ! »
Il la salua en lui faisant un petit baiser sur la joue. Béatrix sentit ses joues chauffer, surtout en remarquant du coin de l'oeil l'expression amusée de Sonya. Mais elle était heureuse, car depuis leur rendez-vous, elle avait l'impression que Nabil et elle étaient plus proches qu'avant. Le garçon aussi se sentait un peu gêné, mais le sourire de sa petite amie lui disait qu'il avait bien fait.
« C'est quoi, ça ? Un appareil photo ? Demanda-t-il.
– Oui ! C'est même un appareil photo professionnel. J'ai trop hâte d'apprendre à m'en servir !!
– Tu vas faire des chef-d'œuvre avec, j'en suis sûr ! Donc ton après-midi s'est bien passé, j'imagine ?
– Oui !! Et mes Pokémon se portent tous bien. Et toi ? Tu ne t'épuises pas trop avec tes recherches ?
– T'inquiète, ça va. Et puis, j'ai trouvé !
– Trouvé quoi ?
– Ce que j'allais faire pendant ces prochains mois, pour m'améliorer !
– Vraiment ? Moi aussi, j'ai trouvé ce que je voulais faire ! »
En répondant cela, Béatrix se paralysa soudainement. Si Nabil avait trouvé ce qu'il voulait faire... Est-ce que cela serait seulement compatible avec le fait d'aller à Vallonia ? C'était peu probable...
Les deux enfants s'assirent sur le canapé, à côté du fauteuil où se trouvait Sonya. Ils discutèrent de ce qu'ils avaient envisagé : Béatrix, visiter Vallonia, et Nabil, s'inscrire au Dojo de la Maîtrise à Isolarmure. L'ambiance passa à la déprime, puisque les deux enfants savaient que si tous deux faisaient ce qu'ils voulaient, alors ils ne seraient pas ensemble. Sonya, qui avait écouté la conversation d'une oreille, intervint.
« C'est parce que vous n'allez pas vous voir pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que vous tirez ces têtes ?
– Du coup, j'irais peut-être pas à Isolarmure... Je vais accompagner Trixie à Vallonia.
– Mais non ! Cet entraînement est important pour toi ! C'est moi qui devrait peut-être pas aller à Vallonia... La professeure trouvera quelqu'un d'autre...
– Non ! Protesta le garçon. Tu as tellement envie d'y aller !
– Trixie, Nabil, intervint Sonya. Vous devriez tous les deux aller là où vous avez prévu. Nabil, à Isolarmure et Trixie, à Vallonia.
– Mais... commença Béatrix.
– Mais vous allez être séparé pendant longtemps ? La coupa Sonya. Malheureusement, c'est quelque chose qui arrive dans la vie. Vous êtes encore très jeune, votre vie n'est pas du tout posée, donc vous allez sûrement vous retrouver souvent séparer l'un de l'autre, que ce soit pendant quelques jours ou plusieurs mois, que ce soit à cause du travail, de la famille, des amis, des cours... C'est important que vous sachiez être séparés. Ce qui est clairement quelque chose que vous ne connaissez pas.
– C'est vrai qu'à part quand on s'est disputé, on a toujours été ensemble... fit remarquer Nabil.
– Exactement. Vous allez être séparés pendant de nombreuses semaines. Est-ce que vous allez vous manquer ? Évidemment. Est-ce que cela va impacter négativement votre relation ? J'en doute fort. Vous connaissant, je parierai même plutôt le contraire. Et puis, même si en tant que couple, vous êtes une unité, n'oubliez pas que vous êtes deux personnes individuelles quand même. Vous avez une vie commune, mais également chacun votre propre vie. Si vous vous retrouvez à laisser passer des opportunités pour rester avec l'autre, vous allez finir par être malheureux. Et ça, ça va mettre à mal votre couple. Parce que vous allez finir par ressentir l'autre pour toutes les opportunités que vous aurez laissé passer. Vous devez pouvoir soutenir votre partenaire sans mettre votre propre bonheur en péril.
– Mais... Trixie va me manquer...
– Et moi, Nabil...
– Naturellement, confirma Sonya. Mais je n'ai aucun doute que vous allez vous appelez tous les soirs, sans compter que vous serez très heureux lorsque vous vous retrouverez et vous aurez plein de chose à raconter. »
Béatrix et Nabil ne répondirent. Ils se jetèrent un coup d'œil, puis se tournèrent l'un vers l'autre et se prirent les mains.
« Je vais aller à Vallonia, Nabil.
– Et moi, à Isolarmure... Et tu verras, quand on se retrouvera, je serais devenu super fort !!
– Par contre... Ça veut dire qu'on ne passera pas ton anniversaire ensemble. Il a lieu lors de la Ligue de Vallonia...
– C'est pas grave ! On fera une super fête pour ça quand on se retrouvera si tu y tiens, d'accord ?
– ... D'accord ! On fera ça. »
Sonya poussa un léger soupir, rassurée que les deux enfants aient pu se décider. Elle n'avait aucun doute, tout se passerait bien pour eux.
«Au fait, Trixie, Nabil, vous devrez me laisser mettre à jour vos Pokédex sur vos téléphones, pour qu'ils reconnaissent les Pokémon des endroits où vous allez vous rendre. »
Ils acceptèrent.
Après ça, Nabil et Béatrix retournèrent chez le garçon. Tous deux parlèrent de ce qu'ils avaient prévu à Julia, qui les soutenait de tout son cœur dans tout ce qu'ils voulaient entreprendre. Magnolia avait même déjà réservé le billet d'avion pour sa protégée, qui partirait donc trois jours plus tard de Winscor pour se rendre à Eushin Cité, la capitale de Vallonia. Cela allait arriver très vite.
Malheureusement pour la châtaine, Julia n'était pas la seule personne qu'elle devait prévenir de son voyage... Après tout, sa tutrice restait Anne. Elle rentra donc chez elle. Alice, qui regardait la télévision dans le salon, s'empressa de venir la saluer. Viviane, qui travaillait sur la table de la même pièce, lança juste un regard agacé à sa cousine, encore énervée par sa récente défaite face à elle. La châtaine laissa Alice pour aller trouver son oncle et sa tante dans leur bureau, et demanda à leur parler.
« Je vais partir dans une autre région pour plusieurs semaines, peut-être plusieurs mois, d'ici trois jours.
– Vraiment ? Où vas-tu ? Demanda Lucas.
– Dans la région de Vallonia. La professeure Magnolia m'a demandé de lui rendre service, et ça fait longtemps que j'ai envie de visiter la région.
– Merci de nous prévenir. Tu auras besoin de quelque chose ? S'enquit Anne.
– Comme pour le Défi des Arènes... juste de quoi m'acheter le nécessaire.
– Oh non ! »
Béatrix haussa les sourcils, étonnée, et tourna la tête vers la porte. Alice se trouvait là, ayant sûrement voulu écouter la discussion discrètement. Mais en voyant que sa cousine et ses parents l'avaient remarqués, elle se précipita vers la châtaine pour la prendre dans ses bras et s'accrocha à son t-shirt.
« Tu vas encore partir pendant longtemps ? Tu veux pas rester un peu à la maison ? Demanda la petite, presque suppliante.
– ... Si tu veux, je peux rester ici jusqu'à ce que je parte. »
Alice baissa la tête. Elle avait espéré que sa cousine passerait plus de temps chez eux, depuis que tout le monde s'était réconcilié... Et c'était le cas, mais seulement un petit peu, c'était loin de ce que la petite espérait. Même si sa cousine ne refusait jamais de passer du temps avec elle, elle n'était jamais là pour les moments en famille.
« Mais j'ai cours...
– On passera nos soirées ensemble.
– Et le matin ? Et tu m'emmèneras à l'école, s'il te plaît ? Et me ramener ? Dis maman, elle peut Trixie ?
– C'est elle qui voit, Alice. Béatrix ? Est-ce que tu as envie ?
– Oui, ça me va. Faisons ça.
– Et tu me montreras tes Pokémon ! »
Béatrix accepta la demande de sa petite cousine. Il n'y avait pas grand-chose qu'elle pouvait lui refuser... Surtout en sachant qu'elles ne passaient pas tant de temps que ça ensemble.
« Lucas, Alice, vous voulez bien nous laisser un peu seules, toutes les deux ? » Demanda Anne.
Le père et sa fille acceptèrent, et cette fois-ci, Lucas ferma bien la porte et s'assura qu'Alice n'essaie pas d'écouter la conversation.
« N'hésite pas à t'assoie, Béatrix. »
La jeune fille ne se fit pas prier et s'assit sur le fauteuil de bureau que son oncle venait de quitter. Anne ouvrit un tiroir, et en sortit un épais bracelet jaune, qu'elle donna à sa nièce. Celle-ci lui lança un regard perplexe.
« Ne fais pas cette tête. Ce n'est pas un simple bracelet. C'est un micro. Regarde. »
Anne montra à Béatrix le fonctionnement de cette petite machine : le bouton caché pour activer le micro, le fait qu'ouvrir le bracelet qui donnait accès à une clé USB, et qu'il y avait également l'option d'envoyer automatiquement les enregistrements à son téléphone.
« Ce base, c'est pour au cas où Élisa essaie de nouveau de te prendre avec elle. Toute preuve contre elle est bonne à avoir. Mais si j'avais pu le recevoir un peu plus tôt, tu aurais peut-être su ce qui a eu lieu sur la période de temps qui couvre ton amnésie...
– ... Merci, Anne. Élisa est toujours à Galar, pas vrai ?
– Oui. Elle vit sa vie de mannequin. Mais j'ai l'impression qu'elle gagne en popularité... Je crains qu'elle ne soit en train d'augmenter son influence pour pouvoir nous mettre la pression plus tard.
– Mais pourquoi est-ce qu'elle est aussi insistante à essayer de me récupérer ?
– Elle en a après ton argent et ta popularité. Je pense que le choc du... de la mort de Karl, en plus du fait qu'il l'avait rayée de son testament, a fait qu'elle n'a pas réfléchi et a juste préféré se débarrasser de toi sur le moment. Mais maintenant, elle a pu te voir devenir une sorte de petite célébrité ici, à Galar, et ça a du lui rappeler ce que tu pouvais lui apporter. Attends, je vais te montrer, ce sera plus clair. »
Anne fouilla de nouveau dans ses tiroirs, et en sortit des documents, qu'elle tendit à sa nièce.
« Tiens. C'est une copie de ce que ton père t'a laissé. Tu n'y auras pas accès avant tes quinze ans, mais c'est une bonne chose que tu saches ce que tu possèdes. »
Béatrix attrapa la feuille, incertaine, et commença à lire son contenu. Au fur et à mesure que son regard parcourait les lignes, ses paupières s'écarquillèrent. En plus d'une très, très grosse somme d'argent, il y avait différentes possession relatant du travail de son père, ainsi que la propriété de leur maison à Nénucrique et tout ce qui se trouvait à l'intérieur.
« Mais... Mais c'est... bégaya la châtaine.
– Beaucoup, oui. Élisa en a sûrement après tout ça. Après tout, si elle parvient à te faire retourner à ses côtés, elle espère sûrement pouvoir te manipuler comme elle veut et donc obtenir tes biens. Elle t'avait sûrement oubliée avant de voir un de tes matchs en arène...
– Oui, je comprends... Ça lui ressemble bien, tiens. »
Béatrix poussa un soupir, et rendit les documents à Anne, qui lui expliqua où les trouver si elle voulait les récupérer, ou en faire une copie pour elle. Un petit silence s'installa ensuite, et la jeune fille se dit qu'elle devrait sûrement partir, mais sa tante reprit la parole.
« Béatrix, est-ce que... Est-ce que tu voudrais bien me parler de Karl... de ton père ? Comment était-il ? »
Béatrix eut le souffle coupé, prise de court par la question. Anne avait la tête baissée, et semblait si vulnérable... Elle qui était toujours si forte. La châtaine hésita un peu. Après tout, sa tante et elle n'avaient pas une si bonne relation... mais elle n'avait jamais eu personne avec qui parler de son père. Aucun autre de ses proches ne l'avait connu. Alors la jeune fille accepta.
Béatrix parla avec nostalgie de la douceur de son père avec elle. Et pourtant, elle se souvenait avoir été très surprise quand elle l'avait vu au travail, car il dirigeait les autres d'une main de fer. Après tout, il fallait bien ça pour être président d'une entreprise telle que la Société Nippone des Soins pour Pokémon ! Mais ça lui avait presque fait peur. Cela dit, il restait toujours le plus gentil des pères avec elle. Il aimait bien la gâter, même s'il devait s'en empêcher pour ne pas qu'elle finisse pourrie-gâtée – même si ça ne risquait pas d'arriver avec le traitement qu'elle subissait d'Elisa, mais ça, il l'ignorait.
Béatrix se souvenait aussi qu'ils avaient cette petite tradition, le vendredi midi, que son père vienne la chercher pour qu'il mange ensemble, malgré son emploi du temps chargé. Ils mangeaient toujours au même endroit, un petit restaurant de ramen familial. La châtaine se souvint également de la fois où elle pleurait parce qu'elle avait déchiré sa peluche Charmillon, et son père, bien que n'y connaissant rien en couture, avait fait de son mieux pour la réparer. Béatrix sortit sa peluche de son sac, et montra à Anne l'endroit maladroitement réparé par son père, qui la fit doucement rire. C'était aussi son père qui l'avait aidée à capturer Lottie...
Les paroles de Béatrix étaient décousues, racontant ses souvenirs au fur et à mesure qu'ils lui revenaient et essayant de continuer à parler malgré les larmes qui coulaient sur ses joues. Anne n'était pas dans un meilleur état, et elle aussi parla à Béatrix de la partie de la vie de son père que la jeune fille ne pouvait pas avoir connu.
Anne lui raconta comment il avait un faible caractère lorsqu'il était jeune, et qu'en tant qu'aînée, elle s'était donnée le devoir de le protéger. Il se faisait embêter à l'école, mais elle accourait toujours pour l'aider. En revanche, Anne avait beaucoup plus de difficultés que son frère en cours, alors sur ce point, c'était lui qui l'aidait. Après tout, il était un petit génie qui avait rapidement sauté une classe, faisant que la fratrie s'était retrouvé au même niveau scolaire très vite. Anne et Karl étaient inséparables, toujours là l'un pour l'autre. La femme avait été si fière de la fois où son frère avait rabattu le clapet de ses harceleurs lorsqu'ils avaient essayé de la harceler. Mais ils n'étaient pas aller ensemble à l'université, visant des chemins différents. Très jeune, il avait été recruté par la Société Nippone des Soins pour Pokémon, et il avait monté les échelons à une vitesse que personne d'autre n'avait pu accomplir. Mais pendant ce temps, Anne n'était pas avec lui, et il avait rencontré Élisa...
Anne se stoppa là. Après ça, c'était le moment où son lien pourtant si fort avec son frère s'était brisé, et elle ne voulait pas en parler. Béatrix s'en douta et ne posa plus de questions.
« Merci, Béatrix.
– Merci aussi, Anne... Ça fait du bien de parler de papa.
– Je te comprends... Il était vraiment un père aimant avec toi, pas vrai ? Et dire que s'il n'avait pas été si aveugle, toi comme moi, on aurait pu... »
Anne ne finit pas sa phrase, et heureusement, car Béatrix ne voulait pas imaginer cette réalité alternative où tout irait bien pour tout le monde.
« Au fait, Béatrix, tu veux jouer avec nous, ce soir ?
– Comment ça ?
– Avec Lucas, Viviane et Alice, nous avons commencé à jouer régulièrement à des jeux de société ensemble, pour essayer de retrouver un peu notre unité familiale. Est-ce que tu veux y jouer ? »
Béatrix sentit son cœur se réchauffer. Anne l'incluait dans cette unité familiale qu'ils voulaient former. Mais cela la mit également mal à l'aise. C'était déjà une grande étape d'avoir parlé de son père avec elle, elle ne se sentait pas prête à accepter ça. Alors elle secoua négativement la tête.
« Merci de m'intégrer, Anne. Sincèrement. Mais...
– Tu n'es pas prête. Ne t'en fais pas, c'est normal.
– Je... Je vais aller chercher quelques affaires chez Nabil. Comme ça, tu pourras m'envoyer un message quand vous aurez fini de jouer, et Alice ne sera pas triste que je refuse.
– Très bien. Je lui expliquerai pourquoi nous ne jouerons pas jusqu'à ce que tu partes. Tu sais, elle comprend très bien la situation...
– Je sais, mais ça ne l'empêchera pas d'être déçue. C'est son rêve que nous soyons une famille unie.
– ... Je sais. Oh, au fait...
– Oui ?
– Début juin, Lucas, Viviane, Alice et moi serons tous à Hoenn. Viviane va y passer des examens, donc nous en profitons pour prendre quelques vacances.
– Mais... Alice n'a pas cours ?
– J'ai pu m'arranger avec son professeur. En tout cas, si tu le souhaites, tu pourras nous rejoindre. Tu pourras repasser dans ton ancienne maison et... rendre visite à Karl. »
Les doigts de la jeune fille se crispèrent sur ses vêtements. Depuis sa mort... elle n'avait pas pu une seule fois aller voir la tombe de son père, à part lors de l'enterrement.
« Je... Je verrais. »
Béatrix sortit du bureau, bouleversée. Le visage d'Alice s'illumina en la voyant, avant de prendre un air catastrophé. Elle se précipita vers sa cousine, inquiète.
« Trixie ! Maman, elle t'a rien dit de mal, hein ?
– Non, pas du tout...
– Alors... pourquoi t'as pleuré ? »
Oh. Béatrix avait oublié, mais vu la dose de larmes qui avait coulé, elle devait avoir les yeux sacrément rouges et gonflés. Elle sourit à sa cousine et lui caressa gentiment la tête.
« C'est parce qu'on a parlé de ton oncle.
– Mon oncle... ton papa ?
– Oui. Nous avons partagé nos souvenirs de lui, donc c'était un très bon moment, mais c'est aussi difficile de parler de quelqu'un qui n'est plus là.
– Oh, je vois... Dis, tu me parles de mon oncle ?
– Pas tout de suite, d'accord ? Je vais aller chercher des affaires chez Nabil. »
Les trois jours qui suivirent passèrent à la Vitesse Extrême. Nabil s'était inscrit au Dojo de la Maîtrise à Isolarmure. Béatrix s'était occupée de voir le trajet qu'elle allait faire à Vallonia et de ce qu'elle allait y visiter à l'aide de la professeure. Elle avait également appris à utiliser son nouvel appareil photo, tout en passant ses soirées avec Alice, et en devant supporter les défis que ne cessait de lui lancer Viviane, mais elle essayait aussi de passer du temps avec Nabil comme elle et lui n'allaient pas se voir pendant longtemps... Cela l'avait tenue bien occupé, et elle avait eu beaucoup de mal à gérer son temps, même si elle avait pu s'en sortir.
Béatrix avait dit au revoir à tout le monde. Viviane l'avait priée de ne jamais revenir, ce qui avait valu un très long soupir de Anne, qui avait du mal avec la forte rivalité entre sa fille et sa nièce. Alice eut le droit à la promesse que sa cousine allait lui envoyer des photos, ce qui apaisa un peu sa tristesse. La châtaine prit aussi le temps de dire au revoir à la professeure Magnolia, à Sonya et à Julia, cette dernière ayant eu le droit à un très long câlin. Seul Nabil accompagnait la jeune fille jusqu'à l'aéroport. Ils prirent le taxi Corvaillus pour se rendre jusqu'à la capitale de Galar.
Winscor était une ville très grande et très moderne, attirant beaucoup de touristes. Entre sa grande roue, son parc, la place centrale décorée d'une magnifique statue de Corvaillus et le plus grand stade de la région où aurait lieu la Ligue Pokémon, elle avait de quoi attirer. En plus de ça, le centre des opérations de Macro Cosmos, la Shehroz Tower, se trouvait là, jouant un grand rôle économique pour la ville. L'aéroport, quant à lui, se situait à l'est de la ville, un peu à l'écart, pour éviter que le bruit des avions ne dérange trop les habitants, et pour pouvoir avoir le terrain pour simplement faire atterrir les immenses véhicules.
Béatrix était déjà venue rapidement quelques jours plus tôt, après avoir obtenu son huitième badge, pour s'inscrire à la Ligue qui aurait lieu en juillet. Et à présent, tout ce qui l'importait, c'était l'aéroport et l'avion qu'elle devait prendre.
Il était temps pour la jeune fille d'aller passer le contrôle des bagages, ce qui signifiait dire au revoir à Nabil. Elle se tourna vers son petit ami et le prit dans ses bras.
« Tu vas me manquer...
– Toi aussi... On s'appelle, hein ?
– Évidemment ! »
Béatrix portait le sweat-shirt à capuche bleu foncé de Nabil sous sa veste en jean noire, et lui portait à son poignet la montre de la châtaine. Ainsi, même éloignés, ils auraient un petit bout de l'autre avec eux.
« Bon, je vais y aller... » Soupira la jeune fille, tête baissée.
Les yeux humides, elle lâcha son petit ami et se retourna. Nabil, le cœur lourd, fut soudainement prit d'un courage qu'il ne se connaissait pas.
« Trixie, attends ! »
La châtaine s'arrêta. Elle se retourna vers Nabil, interrogative, pour le voir se rapprocher d'elle. Sans réfléchir plus, il posa ses mains sur les joues de sa petite amie et l'embrassa. Béatrix écarquilla les yeux, choquée, puis devint toute rouge. Son cœur faisait des bonds incontrôlables dans sa poitrine. Mais elle ferma les paupières et profita de la douce sensation des lèvres de Nabil sur les siennes.
Lorsqu'ils s'écartèrent, le garçon était très tendu et complètement écarlate, très embarrassé. Il n'osait pas regarder Béatrix dans les yeux, ne sachant pas trop comment elle allait réagir à son initiative. Mais elle prit juste sa main dans la sienne, un sourire sur le visage.
« Je t'aime, Nabil.
– Je... Je t'aime aussi, Trixie. »
Ils échangèrent un sourire, et Béatrix s'en alla pour de bon cette fois.
Quelques heures plus tard, la jeune fille posait pied sur le sol de Vallonia. Appareil photo autour du coup, Sakura sur son épaule, Béatrix était plus qu'impatiente de découvrir cette nouvelle région qu'elle rêvait d'explorer.
Trixie est à Valloniaaaaa !! ☆*:.。.o(≧▽≦)o.。.:*☆
Ce moment est la seule et unique raison pour laquelle je n'ai jamais abandonné cette histoire (en plus de tous vos commentaires adorables, bien entendu) UwU
Je sais que (la plupart d'entre) vous espériez que Nabil et Trixie restent ensemble, mais non ! Il est temps pour eux de grandir un peu séparément et de ne pas laisser ce qu'ils souhaitent faire leur passer sous le nez :D
Donc voilà ! Une petite discussion avec la professeure Magnolia, de laquelle Trixie a récupéré un magnifique appareil photo, une petite mise au point entre Trixie et Nabil avec l'aide de Sonya, et une longue discussion avec Anne avant le départ ! Départ juste avant lequel Trixie et Nabil se sont embrassés, un peu dans la précipitation parce qu'ils vont être séparés pendant plus d'un mois. Que pensez-vous de tout cela ? J'espère que ça vous a plu ! (*'▽'*)
Et maintenant, Trixie est partie pour Vallonia ! Que pensez-vous qu'elle vivra là-bas ? Pour ceux qui ont lu le premier tome de Pokémon Éléments, à quels endroits pensez-vous qu'elle se rendra ? Vous allez tous pouvoir découvrir la région de Vallonia à travers mes yeux ! Je ferais en sorte que ceux qui n'ont pas lu Pokémon Eléments (même si je conseille très, très fortement la série, c'est la meilleure fanfiction Pokémon que je connaisse) puisse quand même comprendre ce qui se passera, ne vous en faites pas. J'espère que ça vous plaira (ノ◕ヮ◕)ノ*:・゚✧
J'ai toujours deux chapitres d'avance, donc tout va bien, il y aura un chapitre la semaine prochaine ! Alors à jeudi °˖✧◝(⁰▿⁰)◜✧˖°
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro