Chapitre 30 : Un cadeau et des surnoms
Lorsque Béatrix se calma enfin, encore tremblante, elle poussa un long soupir. C'était une journée épuisante. Elle tourna la tête vers le colis. Son cadeau d'anniversaire de la part de son père. Encore bouleversée, elle se contenta un moment de fixer la boite. Ses pensées, toutes tournées vers son père et la lettre, la firent pleurer de nouveau.
Elle finit par attraper le colis. Elle se leva pour aller s'asseoir au bureau, sur lequel elle posa le carton. Encore hésitante, elle mit du temps avant de se décider à l'ouvrir.
Dedans, il y avait une enveloppe, et un assortiment de bijoux. Émerveillée par leur beauté, ce fut ces derniers que Béatrix regarda de plus près en premier, déposant l'enveloppe sur le côté. Il y avait une broche dorée, décorée de perles et d'un papillon en tissu. Les boucles d'oreille étaient pendantes, avec des perles finissant sur un papillon en tissu. Ce dernier se retrouvait également sur le pendentif du tour de cou qui allait avec. Le tout était dans des teintes de rose, violet et bleu pâles. La châtaine les trouva magnifique.
Elle prit ensuite l'enveloppe dans ses mains. Dedans, il y avait quinze mille Poké dollars et une lettre. La jeune fille commença à lire cette dernière.
Joyeux anniversaire, ma puce !
J'espère que le cadeau que je t'ai fait te plaît. J'ai préparé des cadeaux pour quelques années à venir, et tes goûts évolueront sûrement, mais j'espère que malgré ça, tu apprécieras mes présents.
J'ai joint à mon cadeau un peu d'argent, car je suis certain que, si tes grands-parents étaient encore vivants, ils auraient aimé que tu te fasses plaisir le jour de ton anniversaire.
Tu as déjà douze ans... que le temps passe vite. Ma petite Béatrix, j'espère que tu grandi bien et que tu vis pleinement ta vie. Je te souhaite tout le bonheur du monde.
Avec tout mon amour,
Ton papa.
Encore une fois, la châtaine se mit à sangloter. Malgré ses larmes, elle prit les bijoux et les mit sur elle. Cela lui fit esquisser un petit sourire. Elle se demanda si cela lui allait bien.
Deux heures plus tard, Béatrix descendit jusqu'à la cuisine pour se préparer un goûter. Elle avait retiré les bijoux et les avait soigneusement rangés. Elle avait beaucoup pleuré mais s'était calmée, bien que ses yeux soient encore tous rouges.
En l'entendant passer devant son bureau, la professeure le quitta et alla rejoindre la jeune fille.
« Souhaites-tu que je prenne une pause dans mon travail maintenant ? Proposa la femme.
–... Si vous avez envie d'écouter ce qui m'est arrivé...
– Bien. Faisons ça, alors.
– Est-ce que mes Pokémon peuvent venir goûter ici aussi ?
–... Pas tous, bien entendu.
– Alors je vais faire venir Raiju, Lapyro, Chef et Sancoki. Ce n'est pas trop ?
– Mon salon devrait survivre si ce sont eux.
– Super ! »
Béatrix alla chercher les quatre créatures concernées, qui acceptèrent avec plaisir de partager un goûter dans la maison. Pendant ce temps-là, la professeure sortit du pain frais, du beurre et de la confiture, et prépara du thé.
La jeune fille et son hôtesse s'assirent face à face à la table du salon. Alors que la châtaine se découpait un morceau de baguette, elle commença à raconter ce qui lui était arrivé.
« Quand je suis allée voir Alice, c'est Anne qui a ouvert.
– Ta tante ? N'était-elle pas censée être absente, aujourd'hui ?
– Alice a menti parce que Anne voulait me parler, pour nous "réconcilier". »
La professeure fronça les sourcils à l'entente de ce mot, ayant conscience que Béatrix et sa tante étaient loin de s'apprécier l'une l'autre. La châtaine expliqua donc la discussion que toutes deux avaient eu.
« Et je ne sais pas pourquoi, mais ça m'énerve ! S'emporta la jeune fille à la fin de son récit. Je devrais être rassurée de savoir que je ne subirai plus l'injuste traitement que j'avais avant, mais au lieu de ça, je suis en colère, et triste, et... »
Béatrix se tut, serrant des poings. Des larmes montaient à ses yeux, qu'elle frotta avant même qu'elles eurent le temps de couler. Elle en avait vraiment marre de pleurer.
« C'est normal. Cela doit te donner l'impression qu'elle décide comme il lui vient de te traiter, et que tout ce que tu as vécu jusqu'à maintenant pourrait être effacé par quelques paroles de sa part... Que tous tes traumatismes n'ont plus de raison d'être juste parce qu'elle a changé. Il est donc tout à fait normal que tu sois dans cet état...
« De plus, même si ta tante a dit qu'elle ne voulait pas de ton pardon, tu dois avoir réalisé que ce n'est pas le cas, n'est-ce pas ? Au fond, elle espère sûrement que tu lui pardonnes. Car, si tu lui pardonnes, elle pourra espérer que son frère lui pardonne également. Maintenant qu'elle a réalisé que ton père tenait plus que tout à toi... Mais tu n'arrives pas à supporter qu'elle puisse te demander pardon. Pas après tout ce qu'elle t'a fait... »
La châtaine se demanda comment la professeure faisait pour si bien la comprendre. Parce qu'en entendant son explication, elle avait bien l'impression que c'était ça.
« Mais comment faire pour que ce que j'ai vécu ne soit pas oublié ? En plus, je ne suis même pas sûre qu'elle soit sincère...
– Premièrement, toi, tu n'oublieras jamais ce qu'il t'est arrivé. Donc c'est à toi de le rappeler à ta tante si tu en sens le besoin... Quand à connaître sa sincérité... J'imagine que tu retourneras voir Alice bientôt ?
– Oui, bien sûr...
– A ce moment-là, tu pourras, peut-être... essayer de récupérer les affaires que ta cousine Viviane t'a volées et voir comment ta tante réagit. »
Béatrix hocha la tête.
« Je vois... Je vais faire ça. Merci beaucoup.
– Ce n'est rien. »
Béatrix croqua un morceau de sa tartine de confiture, savourant un peu plus son goûter à présent qu'elle s'était confiée. Elle posa sa main sur le pot de confiture et le tourna pour lire l'étiquette.
« Confiture de baie Fraigo vanillé... de la marque Apitrifruit. Les confitures de cette marque sont super bonnes ! S'exclama la châtaine.
– N'est-ce pas ? C'est un collègue qui me l'a conseillée.
– Un collègue ?
– Le professeur Platane. Tu le connais peut-être ?
– Oui ! J'ai vu une interview sur lui, quand on était à Greenbury... Il étudie la méga-évolution, et l'Histoire de la région de Vallonia, c'est ça ?
– C'est exact.
– Maintenant que j'y pense... C'est quoi, la méga-évolution ?
– C'est un stade d'évolution supérieur. Certains Pokémon, s'ils possèdent une pierre spéciale appelée méga-gemme, ainsi qu'un lien puissant avec un dresseur qui possède lui une autre pierre, la gemme sésame, alors ces Pokémon peuvent méga-évoluer pendant un certain temps.
– Pendant un certain temps ? Ce n'est pas une évolution définitive ?
– Non, effectivement. Avec la méga-évolution, les Pokémon deviennent beaucoup plus puissants, mais seulement temporairement.
– Je vois... C'est un peu comme le gigamax, non ?
– C'est exactement la remarque que c'était fait le professeur Platane ! Il avait trouvé des similitudes entre la méga-évolution et le gigamax, et a voulu savoir s'il n'y avait pas un lien entre les deux. C'est comme ça que nous sommes entrés en contact. Et, même si les recherches n'ont pas abouti, nous sommes restés bons amis.
– Je vois... Il a envoyé des dresseurs à la découverte de Vallonia, je crois ? Et l'un d'eux doit lui faire des rapports sur ses découvertes...
– C'est vrai. C'est une jeune fille de ton âge, d'ailleurs. Elle s'appelle Sakura, il me semble.
– L'assistante dans les recherches sur Vallonia du professeur Platane... à mon âge ? Wouah... J'aimerais bien découvrir Vallonia, moi aussi...
– Vraiment ?
– Oui... Vous connaissez Rayquaza, le Pokémon légendaire, qui est très présent dans les légendes de Hoenn ? »
Sancoki s'était approchée de la table et était en train de grimper sur l'un des pieds.
« Bien sûr... Si je me souviens bien, il a fait une apparition dans le ciel de Vallonia, il n'y a pas si longtemps.
– Oui. Je me suis demandée ce qu'il pouvait bien voir, de là-haut... J'aimerais aussi voyager et découvrir toutes sortes d'endroits. Pas que je puisse faire ça sans avoir des économies ou sans avoir un travail qui me permette de le faire... »
Sancoki s'approcha de l'assiette de biscuits qui se trouvait sur la table, mais Béatrix l'empêcha de s'en approcher. Il ne fallait pas qu'elle mange trop de sucreries.
« Tu auras sûrement l'occasion de visiter Vallonia dans le futur. Je dois avoir un guide touristique de cette région dans ma bibliothèque, si tu veux y jeter un coup d'œil.
– Vraiment ? Génial, j'irais regarder ça après.
– Sancoki ! »
La limace, qui venait de râler, attira l'attention de sa dresseuse. La Sancoki afficha alors une moue des plus mignonnes, suppliant pour avoir un petit biscuit. Béatrix soupira, mais céda. Elle lui donna une friandise, puis la caressa un peu.
« Maintenant que j'y pense, c'est vraiment joli, Sakura, comme nom... fleur de cerizier. Sancoki, je sais que tu est une Sancoki bleue et pas rose, mais que dirais-tu de t'appeler Sakura ? »
La limace afficha un air ravi, quelques miettes autour de la bouche.
« Tiens donc...
– Oui, professeure ?
– Oh, rien. C'est juste que, Sakura, l'assistante du professeur Platane, a une particularité physique : elle est blonde, mais a naturellement deux mèches colorées, l'une rose, l'une bleue.
– Et les formes de Sancoki sont roses et bleues... Sakura, dit-elle en s'adressant à sa Sancoki, tu devais être destinée à t'appeler ainsi !
– Coki !
– Lapyro... »
Ce soupir venait de la part du lapin de feu. Intriguée, sa dresseuse tourna la tête vers lui, pour le voir face au mur, l'air ennuyé, en train de taper la paroi du pied.
« Lapyro... Je te trouverai le surnom parfait en temps voulu.
– Pyro... » Soupira-t-il, toujours déprimé.
Béatrix se leva de sa chaise et alla rejoindre le lapin. Elle posa sa main sur sa tête et le caressa un peu pour le réconforter.
« Tu es vraiment tout doux... Je pourrais t'appeler Fluffy, si tu veux ? » Proposa-t-elle.
La châtaine avait sorti cette idée sans croire que cela pourrait plaire à son Pokémon. Et pourtant, Lapyro tourna soudainement la tête vers sa dresseuse, les yeux pétillant de joie, et hocha vivement la tête.
« Bon, bah... Va pour Fluffy ! »
« Ce sera assez pour l'entraînement d'aujourd'hui. » Annonça Béatrix à ses Pokémon en claquant dans ses mains.
Il était bientôt midi, et elle allait partir aider la professeure à préparer le déjeuner. Elle passa rapidement sa main sur son front, fatiguée des efforts qu'elles venaient de faire. Après tout, quand ses Pokémon s'entraînaient, elle s'entraînait avec eux.
Alors qu'elle s'apprêtait à retourner dans la maison, son Motismart l'interrompit.
« Vous avez un appel de Rosemary. Vous avez un appel de Rosemary. » Dit-il alors qu'il vibrait.
Surprise, la jeune fille attrapa son téléphone et répondit.
« Allô ?
– S'lut, Trixie !
– Salut, Rosemary... Comment vas-tu ?
– J'vais bien, et toi ?
– ... Ça va.
– T'es sûre ? Je suis arrivée à Old Chister hier, et j'ai croisé Nabil... Il m'a dit qu'vous vous étiez disputés. Il avait vraiment pas l'air dans son assiette, et j'imagine que c'est pareil de ton côté...
– C'est... »
La châtaine décida de rester à l'extérieur le temps de l'appel et s'adossa au mur de la maison. Elle était anxieuse à l'idée de laisser transparaître comment elle se sentait vraiment, elle en tremblait même un peu. Sauf que, en plus de son angoisse de se confier, une nouvelle peur apparut en elle, et elle lui prit violemment l'estomac.
Celle que, si elle ne disait pas ce qu'elle ressentait vraiment, sa relation avec Rosemary finirait comme celle avec Nabil.
La jeune fille resta muette un instant, ouvrant et fermant la bouche sans que sa voix ne puisse dépasser ses lèvres, ignorant comment elle devait réagir, en proie à deux angoisses contradictoires.
« Béatrix ? » S'inquiéta Rosemary face à ce silence.
Qu'est-ce qui était pire ? Se demande la châtaine. Qu'est-ce qui était pire entre se faire abandonner parce qu'elle ne s'était pas confiée, ou se faire abandonner parce qu'elle s'était confiée ?
Puis Béatrix réalisa. Elle ne s'était persuadée qu'on allait l'abandonner parce qu'elle se confiait que parce que sa mère le lui répétait sans cesse. Mais cela avait créé l'effet inverse avec Nabil. Et la professeure était toujours aux côtés de la jeune fille, bien que cette dernière lui ait raconté toute sa vie et tous ses problèmes.
Cela ne fit pas disparaître sa peur, loin de là, mais sa nouvelle angoisse, celle que Rosemary arrêterait d'être son amie si elle ne lui disait pas un minimum comment elle se sentait vraiment, prit largement le dessus.
«... Oui, ça ne va pas fort, effectivement... Avoua finalement Béatrix, la voix tremblante..
– J'm'en doutais... Faut dire qu'tu t'es disputée avec ton meilleur ami, quand même. Et puis, j'ai l'impression qu'il n'y avait pas qu'ça qui peut te mettre mal, donc j'suis inquiète. »
Cette remarque surprit Béatrix. La dresseuse de Smashings était-elle au courant... ?
« Que veux-tu dire... par là ? Demanda la châtaine, la gorge nouée.
– Ben... Je sais pas si tu te souviens, mais qu'en on était à la pension de la route 5, tu m'avais posé une question. "Comment tu fais pour que tout le monde t'aime alors que tu ne souris pas beaucoup ?", un truc du genre... On a été interrompu après, et comme t'as pas ramené ça sur le tapis, j'ai pas abordé le sujet, mais... ça m'a fait comprendre qu'un truc clochait, et qu'tu pensais pas toujours ton sourire. Il y avait aussi à Skifford, quand on était allées faire du shopping, ça s'voyait que t'aimais certains vêtements, mais tu disais l'contraire, alors j'ai pensé que t'avais grandi en apprenant à réprimer c'que t'aime... C'est c'qui m'inquiétait. »
Alors Rosemary avait compris. Béatrix lâcha un soupir inquiet, une boule s'étant formée dans son ventre.
« Ma dispute avec Nabil... a un rapport avec ça.
– J'm'en doutais... Il m'a rien dit, mais... des relations comme ça, ça peut pas durer. Tu veux en parler ?
–... Tu m'écouteras ?
– Eh ? Bien sûr ! J'suis ton amie, j'te signale. 'Fin, j'crois. J'te considère comme mon amie, en tout cas. Toi aussi, non ?
– Oui ! Je te considère comme mon amie, mais... j'ai déjà connu quelqu'un qui disait être mon amie mais qui ne m'écoutait pas quand je lui parlais de mes problèmes...
– Alors c'était pas une amie ! Moi, j'suis ton amie, t'as pas à douter de ça. »
Les yeux de la châtaine s'humidifièrent, et un sourire se forma sur ses lèvres.
« Merci, Rosemary.
– C'est rien.
– A force de tout cacher à Nabil, qui ce soit ma personnalité ou ce que j'ai vécu... Il en a eu marre. Il a dit... que nous avions une amitié à sens unique, puisque lui se confiait et pas moi. Que je savais qui il était mais qu'il ne savait pas qui j'étais...
– J'peux comprendre son point de vue...
– Je suis en train de travailler sur ça... Déjà, j'ai réussi à me confier à toi, même si juste un peu, c'est pas mal, non ?
– C'est vrai, c'est un avancement ! J'suis sûre que, quand tu s'ras prête, t'auras aucun problème à t'confier à Nabil. Parce que vous allez vous réconcilier, pas vrai ?
– J'espère... »
Il y eut un petit silence. Puis Rosemary reprit la parole.
« Tu travailles pour être toi-même, c'est ça ?
– O-Oui, c'est ça...
– Alors, tu penses quoi qu'on se fasse une p'tite séance shopping, toutes les deux ? Et cette fois, t'achètera des vêtements que t'aimes ! »
Le cœur de Béatrix se gonfla. Rosemary l'avait vraiment écoutée, et lui proposait même son aide. Elle avait du mal à y croire. Elle s'était confiée sur ses problèmes, même si juste un peu, et la dresseuse de Smashings n'avait pas fui, ni raccroché, mais voulait la voir.
« ... Ça sera parfait, Rosemary.
– Super ! J'essaie d'vaincre le champion d'Old Chister tout à l'heure, alors ça t'va si on s'rejoint demain en début d'après-midi ?
– Ça marche ! Mais où ?
– Tu penses quoi de Motorby ? Il y a un centre commercial bien sympa, là-bas, j'pense que ça s'ra parfait.
– Okay ! Quatorze heure ?
– Yep ! »
Elles raccrochèrent bientôt. Béatrix était si heureuse. Elle avait une amie. Une vraie amie.
Et c'est tout pour aujourd'hui ! J'espère que ce chapitre vous a plu. qu'en pensez-vous ?
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