Il fait nuit, mais le clair de lune illumine d'un éclat blafard la plaine qui s'étend tout autour de nous. Cela fait plus de cinq heures que nous marchons en continu ; une énergie nouvelle me pousse à accélérer. Si je pouvais tenir un rythme insupportable pour Léna et lui faire passer l'envie de me suivre, cela m'arrangerai.

Je ne suis pas un monstre, je ne suis pas méchant, bien au contraire. J'ai toujours été le petit garçon gentil de la bande, celui que tout le monde aime et celui qui vient en aide à tous. Pourtant, depuis que j'ai attrapé la Braise, j'ai changé. Un coup de vent au mauvais moment suffit à me faire crier, une personne qui passe suffit à me mettre en colère. Je me contrôle de moins en moins, et je sais que Tommy l'a remarqué, notamment lors de notre départ de la ville.

Depuis, je fais de mon mieux pour rester éloigner le plus possible de tous mes amis. Je passe mes journées à randonner seul dans les broussailles autour du petit village.

C'est pour cette raison que je tente de distancer Léna. Je ne parviens pas à calmer ma colère et sa simple décision me fait rager intérieurement. Elle a tant de choses à vivre là-bas. Nous sommes enfin libre de faire nos propres choix, et même si j'ai entièrement conscience que celui-ci et aussi son choix, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a tout gâcher.

Au-dessus de nous, des nuages qui couvrent par endroits le ciel, bougent à cause d'un vent qui prend davantage de volume depuis notre départ. Aucun bruit ne vient troubler cette douce nuit, mis à part l'agitation des végétations et du ciel. Cette nuit-là aurait  pu être considérée de magique avec ses lucioles qui volent dans les hautes herbes autour de nous, elle aurait pu être si belle avec cette pleine lune splendide, elle aurait pu être tellement agréable et reposante.

Il va falloir qu'on se dépêche d'atteindre l'abri conféré par un petit bosquet que j'aperçois au loin. La dernière nuit que j'ai passé à découvert s'est terminée par un orage électrique et ce n'était pas très agréable.

Derrière moi, Léna reste silencieuse. Elle regarde par terre et n'ose pas lever les yeux.

Je sens la maladie se calmer car une envie de la réconforter et d'aller lui parler s'impose peu à peu à moi. Cela fait tellement du bien de se sentir redevenir soi-même !

Je m'arrête et je me tourne vers elle, le regard compatissant.

《 Je m'excuse pour tout à l'heure. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

—  Ce n'est pas grave. Ce sont les symptômes de la Braise qui t'ont poussé à dire ce que tu penses vraiment de la situation, même si c''était bien plus méchant.

— Oui... 》

Finalement, nous marchons d'un pas vif côte à côte.

Léna possède une longue tignasse rousse comme le feu qui descend en cascade de flammes dans son dos fin. Quant à ses yeux, ils sont aussi bleus que la mer et aussi profond que l'océan. C'est une fille très sympa et je sais que j'ai de la chance d'avoir une telle compagnie, même si celui ne me réjouis pas entièrement.

Désormais, c'est elle qui mène la marche. Nous arrivons vite au petit bosquet : c'est un endroit tranquille sous le couvert de grands chênes. Je ne pense pas qu'il soit utile d'y dormir en hauteur. Construire une tente en bois devrait amplement suffire : le WICKED n'est plus d'actualité après tout.

《 Demain, il faudra se lever tôt, commence-t-elle. Il va encore faire très chaud et il y a une grande étendue sèche à traversée derrière le bosquet.

— Je te fais confiance. Par contre, je dois t'avouer que j'ignore où je vais. J'ai seulement entendu quelques gars parler d'un endroit où la neige est tellement présente que le paysage est blanc et que le froid mord la peau et la fait devenir bleue sur tout le corps. C'est loin, je te l'accorde, mais...

— Je te suis. J'ai toujours rêvée d'aller vers le pôle nord, même enfant. 》

Un sourire vient soudainement étirer mes lèvres. Au final, je n'aurais peut être pas besoin d'être seul pour dire au revoir à ce monde.
    
    
    
     
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10/07/24

Je vous l'accorde, j'ai beaucoup exagérée sur la taille  de ce chapitre qui est très court : il fait à peine 700 mots. Mais je le trouve essentiel pour marquer une pause dans le développement et montrer que Newt parvient encore à avoir des petits moments sereins sans que la maladie ne s'exprime.

Comme d'habitude, j'ai hâte d'avoir vos retours !

— KISS —
Geai.