25. Déclaration
Je retiens mon souffle et l'observe avec attention. Je le détaille, cherchant à trouver ce qui a changé chez lui. Il te regarde avec tendresse ? s'étonne ma cheerleader en remontant ses lunettes de bibliothécaire mises pour l'occasion. Je la fais taire et la renvoie au placard, ce n'est pas le moment.
Sa main chaude, toujours posée sur ma joue, fait crépiter ma peau. Je sens l'électricité parcourir mon corps et mon cœur subit de violentes décharges. Il s'anime d'un nouveau désir, celui d'appartenir à quelqu'un. Il s'autorise un peu d'espoir. Je suis heureuse de ma vie, mais je n'en attendais pas grand-chose. J'avais compris très tôt que le bonheur était fait pour les autres et que je devais me contenter des petites choses qu'elle m'offrait.
Je me retrouve à un carrefour, il est effrayant et exaltant. L'envie de vivre et d'aimer se confronte à la peur de perdre, de le perdre. Elijah est changeant, il me paraît parfois si noir et si distant et, à d'autres moments, si bon et si proche. J'ai peur de ce qu'il pourrait me faire ressentir si je lâchais prise, de ce que subirait mon cœur déjà bien trop fragile s'il s'autorisait à l'aimer. Mais je me mens à moi-même, il le fait déjà depuis bien longtemps.
— Charleen, me supplie-t-il à voix basse.
Mes poumons se gonflent d'air alors que ma cage thoracique se resserre. J'ai l'impression que mon corps ressent trop pour sa taille qu'il ne tiendra pas le choc. Mon regard dévie sur sa bouche et je m'avance doucement. Je suis en apnée tant le moment me semble crucial, j'ai peur qu'en un seul souffle, tout disparaisse. Je me mets sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur puis pose mes lèvres sur les siennes. Elles les butinent avec réserve, comme si le moindre faux mouvement pouvait l'effrayer. Je suis tellement habituée à ce qu'il me repousse que je suis surprise lorsque sa main libre se retrouve dans mes cheveux.
Il incline ma tête et je ne peux empêcher un soupir de soulagement de m'échapper lorsqu'il approfondit notre baiser. Il l'entend et je le sens sourire contre ma peau. Je m'apprête à le réprimander de se moquer de moi, mais sa langue trouve son chemin jusqu'à la mienne et alors, je perds mes mots. Notre baiser presque timide prend un tout autre sens, une toute autre direction. Les mains d'Elijah resserrent leur prise et les miennes s'accrochent avec plus de force à sa chemise. Il se détache de moi, nos souffles erratiques se mêlent.
— J'ai envie de me sentir vivant, m'avoue-t-il dans un souffle.
Je sais ce qu'il entend par là et j'ai envie de lui répondre que moi, j'ai envie de me sentir aimée, mais au lieu de ça, mes doigts desserrent leur prise et s'affairent à détacher un à un les boutons de sa chemise. Mes yeux se concentrent sur la tâche, je n'ose pas le regarder, trop gênée. Je ne remarque même pas qu'il défait ma robe et la fait descendre le long de mon corps pour la faire s'échouer sur le sol. J'arrive au dernier bouton et fais glisser sa chemise pour qu'elle rejoigne ma tenue. Je prends conscience de ma quasi-nudité et me sens rougir. Il m'empêche de me cacher en retenant mes bras, mon regard se relève et je croise ses iris assombris. Ils dégagent une intensité qui me tord le ventre. Ses yeux balayent mon corps avec tendresse et ma peau frémit partout où son regard passe.
Le silence de la pièce est seulement rompu par le souffle retenu de nos respirations. Elijah se baisse et attrape soudainement l'arrière de mes cuisses. Mes jambes comprennent l'ordre et s'enroulent autour de lui. Là, tout s'accélère. Nos bouches se percutent avec violence, elles se dévorent. Mes mains agrippent ses cheveux alors que les siennes palpent l'arrondi de mes fesses. Je me moque à présent du peu de vêtements que je porte. Je ne prends conscience qu'on s'est déplacés que lorsqu'il me dépose sur le lit. Sa bouche parcourt mon corps, il en chérit chaque parcelle. Mon cou, ma poitrine, mon ventre. Rien n'est laissé à l'abandon.
Pour la première fois de ma vie, je me sens véritablement vivante. Je ressens chaque souffle, chaque battement de cœur, chaque frôlement de doigt. Ma peau est à vif, avide de plus de caresses. Je ne sais pas exactement à quel moment, mais mon soutien-gorge disparaît, dévoilant ma poitrine.
Sa bouche remonte et ses yeux s'arriment au mien, un léger sourire prend naissance sur son visage, il comble mon cœur solitaire et mes yeux s'humidifient. Je me cambre pour qu'il comprenne que je veux plus, que je veux tout.
— Je n'ai pas de..., m'avoue-t-il gêné. Mais de toute façon, je ne peux pas... Enfin...
Elijah peut donc être gêné ? Je me sens moins maladroite en apercevant cette facette de sa personnalité.
— Je suis clean et je prends la pilule.
Ses sourcils se froncent et mon visage doit sûrement virer au cramoisi lorsque je mentionne ma contraception.
— Pour... tu sais ?
— Pour ?
D'accord, là ça va vraiment devenir gênant.
— La régularité, réponds-je en arquant les sourcils.
Je vois à son regard qu'il ne comprend pas. On va vraiment parler cycle menstruel à un moment comme celui-ci ? Sa bouche forme un O lorsqu'il comprend enfin ce que je sous-entends.
— Je suis clean aussi, se contente-t-il d'ajouter.
Pourquoi n'est-ce pas un des premiers sujets de conversation que les gens abordent ? Bonjour, je m'appelle Charleen, j'ai vingt-cinq ans et je suis clean... Ça serait gênant sur le coup, mais ça éviterait de...
Mes réflexions sont interrompues par la bouche d'Elijah qui recouvre la mienne.
— Tu penses trop... Ça se voit, tu fais ce truc-là. Tu grimaces.
Je fais ça ? Je ne fais jamais...
À nouveau, mes pensées sont parasitées par ce qu'il provoque en moi. Il accroche mes poignets et les retiens prisonniers d'une seule main tandis que l'autre s'affaire à caresser mes jambes. Ses doigts frôlent mon intimité et ce geste suffit à m'enflammer plus, à court-circuiter mon cerveau. Il me taquine à plusieurs reprises et je sens la transpiration glisser le long de ma nuque. Mon corps est en fusion et j'ai l'impression que les degrés ne font que grimper dans la pièce. Ses doigts effleurent la lisière de mon boxer, mon ventre se creuse.
Ma respiration est de plus en plus saccadée et bon Dieu, je voudrais qu'il accélère tant mon impatience grandit. Comme s'il devinait le cours de mes pensées, ses doigts glissent enfin sous le fin coton et je ne parviens pas à retenir un gémissement lorsqu'ils trouvent enfin mon bouton de chair. Ils descendent plus bas et je rougis à l'idée qu'il constate mon état d'excitation. Au vu de son membre qui grossit un peu plus contre ma jambe, je devine que ce constat lui plaît plus que bien.
Un doigt entre en moi alors que son pouce taquine mon clitoris, mes jambes s'écartent d'elles-mêmes, n'obéissant qu'au besoin de mon corps. Ma respiration se coupe à chaque fois qu'une déferlante arrive. Je n'ai jamais ressenti ça, jamais avec autant d'intensité. Mon corps peu habitué refuse de se laisser aller, de se laisser ressentir. La pudeur m'en empêche. Sa bouche retrouve la mienne et ses dents me mordillent, je ne parviens même pas à répondre à son baiser, paralysée par les sensations qui ne font que grandir. Ses doigts toujours en moi, son pouce ne cessant pas ses mouvements, je suis au bord du gouffre.
— Cha..., lâche-t-il dans un souffle rauque.
C'est à ce moment-là que je saute. Mon corps est parcouru de spasmes et je ressens un bien-être si profond que je voudrais que jamais ça ne s'arrête. Le plongeon est vertigineux, grandiose, il parcourt mon corps de milliers de vagues puis, en douceur, j'atterris. Le constat est clair, je n'avais jamais eu d'orgasme, je m'en serais souvenue. Comment j'ai pu passer à côté de ça toutes ces années ? Elijah se détache de moi et retire sa main. Le froid m'envahit et je me sens honteuse à l'idée qu'il m'abandonne là, mais je suis vite rassurée lorsque ses doigts saisissent les côtés de mon boxer pour le faire glisser le long de mes jambes. Je ne peux réprimer un sourire vainqueur lorsqu'il déboutonne son pantalon. Son regard se lève et trouve le mien. Il ne doit pas comprendre la raison de ce sourire niais et je me retiens de la lui avouer. Je ravale mon sourire lorsqu'il revient se coucher près de moi.
— On en redemande ? se moque-t-il.
Mes joues rougissent et je remercie le ciel que la lumière soit éteinte et que seuls les éclairages de la ville viennent tamiser la pièce.
Je me cache bien de lui dire que je voudrais qu'on fasse ça tous les jours du reste de nos vies. Je me retiens de le lui avouer de peur qu'il ne prenne la fuite, mais oui, je voudrais être ainsi avec lui, pour toujours. Peu importe sa condition d'ange et mon statut d'humaine, on trouvera une solution quand tout sera réglé. Il m'a presque dit qu'il m'aimait, non ?
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