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12. Les renforts

Elijah :

La nuit est tombée depuis plusieurs heures sur Seattle. Debout, sur le toit de la Space Needle, je scrute l'horizon et sors de ma veste une chaîne. Mes doigts la portent à hauteur de mes yeux et la lumière de la lune se reflète sur les initiales « E.P. ». Je ne le lui ai pas rendu. Non pas que j'y porte une grande importance, mais ce médaillon m'est nécessaire. Étant la dernière chose que l'âme errante ait touchée, elle me permet de la localiser.

Je ferme les yeux et des vibrations me parviennent pour m'indiquer quelle direction prendre. Je déploie mes ailes et prends mon envol à sa recherche.

Les immeubles défilent à mes pieds et le vent ébouriffe mes cheveux. Mon regard scanne les alentours jusqu'à la repérer. Elle est là, plus bas, cherchant du mal à engloutir.

Je me pose sur un toit et saute dans le vide pour retomber lourdement sur le bitume. Pourtant, mon corps n'en ressent pas le choc. À genou, je guette le moindre son, la moindre présence. Je me relève tandis que mes ailes se rétractent, laissant pour seule trace une plume qui vole loin de moi.

Je lisse mon costume et marche d'un pas affirmé jusqu'au coin de la rue. Pour la détecter, je me concentre sur mon ouïe. Elle est là, je la sens. Son parfum est un mélange de soufre et de rouille, une odeur qui me fait plisser le nez. La pénombre me masque, l'empêchant de me voir.

En quelques jours, elle a changé. Beaucoup. Elle ressemble désormais à une créature démoniaque, difforme. Ses cheveux ont disparu et ses ongles ainsi que ses dents se sont acérés. Voilà ce qui arrive lorsqu'on reste coincé dans cet entre-deux. Elle renifle et s'agite, sans doute à cause de ma présence. Lorsque j'apparais, elle se met aussitôt à fuir loin de moi. Je scrute les cieux à la recherche d'un indice qui m'indiquerait qu'un autre que moi serait à ses trousses, mais rien. Pour l'instant, mes supérieurs ne semblent pas douter de moi. Ils me laissent gérer seul.

Je reprends ma route et marche sur ses traces. Ma cage thoracique vibre alors que je me rapproche. Ma poitrine émet des vibrations, je sais que c'est mon halo qui se prépare à accomplir sa tâche. Je suis juste un hôte et je n'ai aucun contrôle sur mon portail, c'est lui qui dirige. De peur de ne pouvoir le retenir plus longtemps, je repars. Mes ailes se déploient et battent d'un coup franc pour que je m'élève. Je me retrouve à nouveau dans le ciel et vole loin de cette créature qui est ma seule assurance. En la gardant prisonnière de cet entre-deux, je cache ma faute. Tant que ce monstre ne passera pas dans l'autre monde, ils ignoreront son identité et donc ma trahison.

***

Cela doit faire deux semaines que j'évite Charleen. Mais de toute façon, je passe mes nuits à surveiller le rodeur et à m'assurer qu'il ne commette rien d'irréparable. À force de se gorger des énergies malfaisantes du monde qui nous entoure, les créatures de l'entre-deux, les âmes errantes, gagnent des pouvoirs. Nous ne connaissons que des légendes, des « on-dit », mais rien de concret sur ce qui peut arriver de pire. Tout ce qu'on nous enseigne, c'est que plus elles gagnent en puissance, plus elles peuvent interagir avec le monde des humains et avoir une influence sur lui. Elles sentent leur présence et agissent pour se nourrir de leur dernier souffle. De là sont nées les légendes sur les poltergeists.

La créature change encore plus et je sais que, bientôt, je devrais trouver une solution. La détruire d'une façon ou d'une autre. Hélas, je ne peux ralentir sa transformation, c'est impossible. Après tout, c'est pour ça que nous existons, pour les conduire dans un monde où les âmes peuvent se reposer ou bien payer pour les crimes commis de leur vivant.

Une note est livrée en milieu de journée et l'appréhension m'envahit lorsque je l'ouvre.

« Le toit. Dans dix minutes. »

Je ne m'attarde pas et me téléporte directement sur celui-ci.

— Vous faites preuve d'imprudence, grince une voix dans mon dos.

Je me retourne pour me trouver face à un semblable. Je ne le connais pas, mais entre nous, dans la rue, on se repère facilement les uns les autres.

— Dean, se présente-t-il.

— Elijah, le salué-je à mon tour.

— Oui, je sais bien.

Nous nous toisons, longuement. Si longtemps que ça en deviendrait gênant. Charleen aurait déjà trouvé une dizaine de sujets de conversations. Le dénommé Dean est à l'opposé de moi. Il a une attitude décontractée et sa tenue le démontre. Un simple jean et un t-shirt, des cheveux décoiffés.

— Pourquoi êtes-vous là ?

— Dès à présent, je suis votre renfort, m'annonce-t-il gaiement.

— Mon renfort ? répété-je.

Les renforts, je les déteste. Une autre catégorie d'ange de la mort ou de faucheuse. Les humains nous ont affublés de tout un tas de noms différents. Les renforts font partie de ceux qui parcourent le monde, résolvent les cas les plus complexes. Pour cette raison, ils se sentent supérieurs.

— C'est ça. L'administration se pose des questions, répond-il nonchalamment. Elle trouve que c'est un peu long.

Je soupire, blasé.

— L'administration ne sait pas ce qu'est une chasse. À part leur paperasse et leurs statistiques, ils ne connaissent rien à notre tâche.

— Sans doute... Toujours est-il que la traque prend beaucoup trop de temps à leur goût.

— Je vois.

Je ne peux rien dire de plus, les règles sont les règles et les ordres doivent être suivis. Si je me plains de cette nouvelle association, ils vont se poser encore plus de questions. Je vais juste devoir être plus prudent, redoubler de vigilance.

— Ils se demandent aussi comment elle a pu vous échapper. Que s'est-il passé ?

— La victime a été étouffée dans une ruelle, je n'ai pas eu le temps d'ouvrir mon portail qu'elle fuyait. Je l'ai pourchassée sur deux blocs, mais elle s'est volatilisée.

— Étrange..., soupire-t-il, les mains dans les poches en observant le ciel nuageux.

Il commence à m'agacer celui-là.

— Je ne suis pas le premier à qui une âme échappe. Je n'ai qu'à la retrouver et le problème sera réglé.

— Avez-vous un objet nous permettant de la localiser ?

— L'assassin a récupéré son sac et ses bijoux, mens-je. Il ne restait rien quand je suis revenu sur le lieu du crime.

Un silence s'instaure. Il semble réfléchir à un moyen de retrouver l'âme errante alors que moi je cherche une façon de sauver ma peau et celle de Charleen. De toute façon, maintenant, je suis autant dedans qu'elle, je ne peux plus reculer.

— On commencera les patrouilles demain. Chacun une zone. Ça vous va ?

— C'est parfait, acquiescé-je.

Heureusement que mon erreur est voulue, j'aurais mal pris l'idée qu'on me colle des renforts comme si je n'étais qu'un incompétent. Je n'attends pas et me retourne pour entrer dans l'immeuble.

***

­— Je n'ai rien de mon côté, me dit-il par la pensée.

— Moi non plus, mens-je.

Je suis quelques mètres de lui, caché par les nuages. J'ai besoin de m'assurer qu'il ne s'approche pas trop près de l'âme. Le pendentif dans la main n'émet aucune vibration, ce qui me confirme que nous en sommes loin.

— On tourne depuis des heures...

Bien ! Que cette nuit prenne fin, j'ai juste envie que cette angoisse me lâche.

— On continuera demain, poursuit-il. Elijah ?

Je suis incapable de lui répondre lorsque dans ma main, le bijou vibre en direction de Dean.

— Côté Nord, je perçois quelque chose.

C'est faux, complètement faux, mais je dois me sortir de là, je dois l'éloigner.

— J'arrive.

Toujours caché par les nuages, je fuis au nord, espérant le duper. Je pique une pointe en direction du sol et me pose dans une rue déserte. Mes ailes se rétractent et disparaissent.

— Où es-tu ?

Je regarde autour de moi pour tenter de me localiser.

— Au sud du Sendel Park.

Quelques minutes plus tard, mon binôme se pose à mes côtés. Ses ailes noires se terminent par des pointes dorées, comme si elles avaient frôlé la surface d'un pot de peinture. Je ne suis pas dupe, je sais que plus les ailes sont sombres et ornementées, plus l'ange a récupéré de derniers souffles. On reconnaît la puissance d'un ange à ses ailes et à voir les siennes, je sais que je vais avoir du fil à retordre.

— Où est-elle ? me demande-t-il directement.

­— J'ai senti quelque chose, dans le parc.

­— Bien, tu fais le tour et moi, je le traverse.

Amuse-toi bien.

Comme demandé, je contourne le parc jusqu'à me retrouver au point de départ. Bien entendu, je n'ai rien trouvé. Dean sort quelques minutes plus tard et secoue la tête.

— Rien de mon côté.

— Pareil pour moi, mens-je.

Dean me scrute de haut en bas, suspicieux. Je tente de rester de marbre, c'est ce que je fais de mieux, être impassible, cacher mes émotions.

— C'est étrange, me dit-il de façon décontractée, les mains dans les poches.

Je ne lui réponds pas, je ne vais pas lui donner encore plus matière à douter.

— Je suis habitué à jouer les renforts, j'étudie toujours les états de service des concernés et sur toi rien, rien d'autre qu'un dossier parfait. En quoi ? En plus de soixante-dix ans de services, rien... Ta plus longue chasse a duré combien de temps ? Moins d'une semaine, c'est bien ça ?

— Quatre-vingt-treize ans, le corrigé-je. Et ?

— Je trouve ça curieux... Une pauvre fille meurt et en plus de deux semaines tu n'as toujours pas mis la main dessus.

— Visiblement...

Il affiche une grimace, songeur, et j'espère pouvoir le duper.

— Tu devrais surveiller tes arrières. Je ne vais pas te lâcher et eux non plus.

J'empêche une grimace d'agacement de déformer mon visage et me tourne vers lui impassible.

— Bonne perte de temps, le salué-je avant de me téléporter jusqu'à mon appartement.

Les choses se compliquent et si je ne trouve pas rapidement une solution, je suis mal. Je me dirige vers mon buffet et en sors la bouteille de Whisky que je garde pour les coups durs. Je m'en sers un verre et l'avale cul sec. S'ils comprennent ce qu'il se passe, je vais devoir me débarrasser d'elle... Alors pourquoi l'avoir sauvée ?

Une putain d'impulsion.

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