* Putain Clara ! *
Je me réveille doucement et me tourne pour pouvoir regarder le plafond. Avant de me lever, j'aime bien réfléchir et me vider la tête avant d'affronter une nouvelle journée. Ça peut paraître saugrenu mais c'est un moyen pour moi de ne pas ressasser la même chose tout le temps. Là, ma grande réflexion : c'est Clara.
Ma meilleure amie a toujours été une jeune fille joyeuse, généreuse, attentionnée et toujours à penser aux autres avant elle-même. Malgré sa timidité et le fait qu'elle avait horreur de se mettre en avant, c'était la personne la plus heureuse de vivre que je connaissais. Mais le lycée l'a changée. Elle est devenue renfermée, vide de toutes émotions, éteinte. Nick voulait à tout prix l'avoir dans son lit mais il a une façon de jouer un peu particulière : il a l'habitude de détruire les jeunes filles qu'il a décidé de mettre dans son lit pour ensuite lui dire qu'il est absolument désolé, qu'il ne savait pas ce qu'il faisait car il était amoureux et qu'il ne savait pas comment lui dire. Les filles désespérées tombent dans le panneau, mais pas Clara.
Elle savait son plan depuis le début et c'est ce qui a frustré Nick. Vu qu'il connaissait ma proximité avec elle, il m'a demandé de l'aider à finaliser ce qu'il avait commencé ou ce serait moi qui souffrirais. J'ai accepté comme un faible car je ne voulais pas redevenir l'homme que j'étais avant et encore moins maintenant que j'ai réussi à me stabiliser et retrouver une vie normale. J'ai été l'homme le plus égoïste de tous et je m'en rends compte maintenant.
Je n'ai jamais été celui que je suis aujourd'hui et je le regrette profondément. J'ai réussi à chasser certains côtés sombres de moi-même que je ne ferai jamais resurgir. Du moins je vais essayer...
[...]
Je sors du dernier cours de la matinée sans avoir aperçu Clara une seule fois et ça m'inquiète. Elle n'est presque jamais absente et si elle est absente, elle me prévenait toujours. Même si elle était au bord de la mort, elle préférerait continuer ses études que de louper des cours. Je sors du lycée et me dirige vers la maison de ma meilleure amie. J'ai peur de ce que je vais découvrir mais je veux être sûr qu'elle va bien.
Je me gare dans l'allée et descends de la voiture. J'essaye d'ouvrir la porte mais elle est fermée à clefs. Je prends les doubles dans ma poche et ouvre lentement. Je rentre dans le hall et vois le sac de Clara où ses affaires de la veille résident à l'intérieur. Je passe toutes les pièces du rez-de-chaussée en vue tout en l'appelant.
Je monte à l'étage et ouvre sa porte de chambre après avoir toqué. Elle me répond d'un faible "entrez". Je rentre et la vois assise en tailleur sur son lit, les avant-bras sous la couverture. Elle regarde un point fixe dans le vide, sans aucune expression : ses yeux sont gonflés et rougis. Je n'ose pas parler mais elle se charge de le faire, avec une voix hautaine que je ne reconnais pas chez elle.
- Tu vois, j'avais espoir que tu m'appelles, je me suis dit que tu regrettais de m'avoir abandonnée mais j'ai été la reine des connes.
Je me maudis intérieurement en ce moment. Moi qui voulais réparer mes erreurs, je suis mal parti. Je passe en revue toutes les excuses possibles mais aucune est assez crédible pour me faire pardonner. Tout ce qui sort de ma bouche est un balbutiement merdique.
- Clara... Je te jure que je voulais t'appeler...
Mais avant que je ne finisse ma phrase, elle se tourne vers moi. Ses joues brillent et ses yeux étincellent de colère. Elle a du pleurer toute la nuit pour se retrouver dans cet état là.
- J'ai cru qu'il n'y avait plus aucun mensonge entre nous ?
Elle l'a dit tellement calmement que j'en ai eu froid dans le dos. Son regard est rempli de haine et de désespoir mais aussi d'autre chose. Elle fuit mon regard, et quand elle fait ça c'est qu'elle culpabilise pour quelque chose. Mais pour quoi ? Au bout de quelques instants, je crois avoir compris et j'espère du fond de mon être que je me trompe sur toute la ligne.
- Promets-moi que tu n'as pas recommencé comme la dernière fois.
Mais sa phrase va confirmer mes doutes et mes craintes.
- Je ne peux pas te promettre quelque chose que j'ai déjà fait.
Eh merde ! Je commence à paniquer et à trembler. J'étais censé la protéger et j'ai échoué ! Je refuse de la revoir comme ça, de revenir un an en arrière.
- Montres-moi tes poignets.
- Non.
- Montres moi tes poignets !
Il ne faut pas que je m'énerve sinon je risque de perdre le fil de mes émotions. A contrecœur, elle sort ses avant-bras de la couverture et laisse paraître ses poignets couverts de traits ensanglantés. Je le savais, Elle a recommencé !
- Putain Clara !
- Ah non ! Ne dis rien ! Elle rétorque en se levant et s'avançant vers moi avec difficulté.
- Pourquoi ça ?
- Parce que si tu ne voulais pas que ça arrive il fallait penser à autre chose que ta petite personne !
Outch. Ça fait mal. Je vous avoue que j'ai merdé sur ce coup-là et que je mérite toutes les insultes du monde. Je soupire et regarde la fenêtre derrière elle, essayant de me calmer le plus possible quand je la sens qui s'appuie sur moi. Je baisse le regard vers elle et vois que sa respiration est saccadée.
- Clara ? Tu n'as pas fait d'autre connerie rassure-moi ?
Elle ne répond pas mais elle tourne la tête vers la table de chevet où trônent deux plaquettes de médicament à moitié vide. Je la vois s'écrouler dans mes bras et j'ai juste le temps de mettre une main sous ses genoux et l'autre dans son dos. Je la porte jusqu'au lit et place ses couvertures sur elle. J'appelle les urgences et reviens à son chevet.
- Promets-moi de ne plus recommencer, je lui ordonne.
Elle semble réfléchir. Elle tourne ses yeux épuisés vers moi.
- Si tu me promets de ne plus m'abandonner.
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