.4. Je te déteste
Toute sa bonne volonté est partie en fumée. Enfin bonne...En tout cas sa malignité car en réalité, depuis qu'il est entré dans ce club, il n'a pas réussi à jouer la duplicité. Et le voilà dans les toilettes, au-dessus du lavabo, tête penchée et bras tendus à essayer de se persuader d'aller jusqu'au bout.
Tu peux le faire, tu peux être au moins aussi bon comédien !
Non. Clairement non. Il n'est ni bon menteur, ni bon comédien ni capable d'étouffer sa rancune pour une soirée, en tout cas pas assez efficacement.
Lorsqu'il a rejoint Bang Chan dans sa voiture, qu'il a pris une profonde inspiration avant d'ouvrir la portière de sa voiture, il a immédiatement senti ses sens se mettre en alerte. Bang Chan affichait encore ce sourire et semblait plus excité que jamais, lui peinait à le regarder dans les yeux. Les poings serrés, l'ensemble de son corps se collait imperceptiblement à la portière pour essayer de mettre un maximum de distance entre eux. Le fait même de desserrer la mâchoire pour répondre à ses questions était un calvaire.
De toute façon ses questions avaient été assez banales, Bang Chan ne le montrait pas nécessairement mais il semblait un peu nerveux.
En arrivant dans le night club, Changbin se fît rapidement la réflexion qu'il n'avait pas vraiment discuter du lieu avec le blond. Il ne sait pas pourquoi, il s'attendait à un bar plus discret et intimiste comme le Bercail et à nouveau il se demanda si c'était le genre d'endroit que fréquentait maintenant l'australien. Changbin avait un peu bloqué en regardant par la vitre le building de verre et dont l'écriteau du club branché brillait dans la nuit. Il sursauta presque en voyant Bang Chan de l'autre côté lui ouvrir la porte et alors qu'il avait réussi à ne pas vraiment croiser son regard trop longtemps il ne put cette fois manqué de remarquer sa tenue, son élégance qui dans ce cadre semblait sortir d'un film ou d'une série romantique mais pas le genre pour midinette, plutôt adulte et interdit au moins de dix-huit ans car sous sa veste de costume ouverte, Bang Chan ne portait qu'une chaîne en argent.
Changbin ne pouvait pas vraiment se plaindre, il n'aimait pas être traitée en "princesse" mais il était encore un peu tôt pour râler. Il se contenta de sortir ? replaça sa montre tout en attendant que Bang Chan referme la porte. Ils s'avancèrent ensemble vers les petites marches qui menaient vers l'entrée du club où une immense file s'était déjà formé, des belles femmes aux jambes interminables bravaient le froid dans leurs petites robes pour espérer entrer. C'était presque écœurant de voir la facilité avec laquelle Chan s'était juste avancé vers le vigile, qu'il salua en anglais et qui le lassa passer suivi par Changbin qui n'osa pas regarder tous les visages déconfis de ceux qui attendaient.
Il ne se sentait pas à l'aise, les endroits huppés ce n'était pas pour lui. Non pas qu'il n'avait pas confiance en son apparence, il avait fait des efforts ce soir et il savait qu'il collait parfaitement à l'ambiance mais uniquement en surface. Au fond de lui, il avait envie d'une bière au Bercail plutôt que de venir s'engouffrer dans cette pénombre électrique où la musique recouvrait tous les sons ambiants. Il ne remarqua même pas Bang Chan qui s'était dangereusement rapproché de son oreille.
" J'ai réservé une table là-haut, suis-moi."
La voix du blond était trop proche et le fit reculer instinctivement. Cela amusa son vis-à-vis qui laissa apparaître ses dents derrière son petit sourire moqueur. Le noiraud se décida à le suivre, jetant un dernier regard dans la fosse déjà pleine monde. Il montait les marches qui menaient aux balcons qui surplombaient la fosse et qui étaient réservé par des clients un peu plus sélect.
Ils travaillent tous les deux dans la même entreprise, depuis quand Bang Chan avait-il ce genre de privilège ? Il était très apprécié par le directeur c'était un fait mais de là à pouvoir passer chaque vigile, saluer des personnalités assises dans les alcôves, autour des tables VIP, comme s'ils se connaissent depuis toujours, c'était vraiment surprenant.
Bang Chan s'arrêta enfin à proximité d'une table dans l'angle du balcon, un coin discret tout juste éclairé par quelques lumières moins épileptiques et plus intimistes. L'architecteur du bâtiment faisant que le son de la musique était moins fort et cela leur permettait de parler sans crier tout en restant à l'abri des oreilles indiscrètes. Changbin s'assit sur un des fauteuils et très rapidement alors que Bang Chan s'installait en face de lui, une serveuse vint prendre leur commande. Bang Chan avait demandé un cocktail sans alcool mais Changbin avait vraiment besoin de se détendre, son choix se porta sur une boisson plus corsée.
" Tu aimes le whisky ? Demanda Bang Chan
- J'ai appris à l'apprécier.
Bang Chan semblait retenir l'information avec intérêt, il se pencha un peu en avant posant ses avant-bras sur la table pour se rapprocher. Son sourire était plus doux.
- Je suis content que tu aies accepté mon invitation."
Changbin détourna le regard. Toujours peu à l'aise. Il observa la foule dansante sentant toujours le regard de Chan sur lui.
Les boissons arrivèrent rapidement et le noiraud en pris une bonne gorgée, espérant que l'effluve maltais allait un peu l'apaiser. Il aimait bien le whisky, il n'avait pas menti mais ce qu'il appréciait particulièrement dans l'alcool brun c'était qui lui suffisait seulement de quelques gorgées pour rapidement le décontracter.
" Tu viens souvent dans ce genre d'endroit ? Demanda Changbin.
- Pas souvent. Seulement que j'ai envie d'impressionner quelqu'un.
Changbin leva un sourcil.
- Pourquoi tu voudrais m'impressionner ?
Bang Chan arqua un nouveau sourire amusé. Changbin avait à nouveau l'impression qu'il se moquait de lui.
- J'en sais rien. Avoua Bang Chan.
- Et ça marche à tous les coups ? Continua le noiraud.
- En général."
Changbin opina, prenant une nouvelle gorgée et sentit très lentement son esprit s'embrumer. Il expira même alors que ses épaules s'affaissaient, se déchargeant d'un poids invisible. Bang Chan le remarqua et il était secrètement ravi. Changbin semblait vraiment vouloir se débarrasser de sa tension et ça la rassurait un peu.
" Tu travailles beaucoup en ce moment, lui dit alors Bang Chan. Ce n'est pas trop dur à gérer ?
- Ca va. J'aime ce que je fais. Lui répond honnêtement Changbin.
- En tout cas les artistes sont très contents de bosser avec toi, on dirait des gamins qui rencontrent leur idole.
- Hum...C'est plutôt étrange quand on sait que ce sont eux les futures idoles.
- Oui mais il reste des jeunes tout juste sortis de l'adolescence et ils ont le droit d'avoir des modèles qu'ils admirent.
- Hum. Si tu le dis.
Changbin fait signe la serveuse de lui rapporter un autre verre.
- Tu m'as emmené ici pour parler boulot ?" Lui demanda le noiraud en plantant ses yeux noirs dans les siens.
Bang Chan fut un peu déstabilisé par sa franchise. Il faut croire que l'alcool lui avait un peu délier la langue mais ce n'était pas si désagréable après tout.
" Je voulais briser un peu la glace.
- Bah accroche-toi, marmonna Changbin en récupérant son nouveau verre.
- Pourquoi tu me détestes autant ?" Lui demanda finalement Bang Chan.
Changbin s'arrêta. Le verre sur la pointe de ses lèvres, le regard devenu encore plus sombre qui dévia lentement vers lui. Il essayait de savoir si Bang Chan se moquait de lui, s'il y avait de la malice, de l'ironie de sa question mais il ne vit rien. Et ça le désarçonna complètement. Il reposa alors brutalement son verre.
" Je vais aux toilettes."
Voilà où il en était. Dans les toilettes ne sachant même plus ce qu'il devait faire. A la base il avait prévu de se laisser draguer, parce que c'était évident que Chan cherchait quelque chose et il comptait bien en profiter pour le rejeter et le blesser dans sa fierté mais il n'était vraiment, mais alors vraiment pas doué pour ce genre de plan foireux.
Il n'avait même pas essayé. Depuis son arrivé, il essayait de se détendre, de le laisser venir à lui mais c'était vraiment peine perdue et lui demander si brutalement ce qu'il lui reprochait l'avait vraiment choqué. Comment se pouvait-il qu'il lui posât la question ? Il ne savait pas s'il devait rager encore plus ou s'il devait juste rire tant la situation était grotesque.
Changbin n'avait jamais réussi à passer l'éponge et alors qu'il croyait que Bang Chan avait simplement laisser le temps filé, faisant de cette histoire un évènement quelconque, aussi insignifiant qu'un petit-déjeuner, il semblait que c'était encore pire. Bang Chan avait simplement oublié. Comme on oublie le titre d'un livre qu'on a lu en primaire, les paroles d'une vieille chanson ou le nom de cet acteur trop mignon que vous avez vu dans tellement de film. Un souvenir aussi insignifiant que le reste.
Lorsque Changbin revint à sa place, il se sentait un peu tanguer. L'alcool avait sans doute aider à ce qu'il ne pique pas une crise de nerfs, il se contenta de boire une nouvelle gorgée alors que Chan reportait à nouveau son attention sur lui. Il attendait sa réponse.
Changbin se pencha alors en avant, tournant la liqueur au fond de son verre, sans lever les yeux, croisant ses bras sur la table.
" J'ai envie de te frapper juste pour m'avoir posé la question, il avoua d'une voix basse et grondante mais que Chan entendait parfaitement.
- C'était pourtant pas le but. Je veux vraiment savoir ce qui te fait me haïr à ce point-là, continua Chan avec sérieux. On était pourtant ami avant...
Alors il se souvenait au moins de ça ?
- T'as une mémoire sélective Chris.
Le surnom fit frissonner Chan mais Changbin n'en remarqua rien. C'était ainsi qu'il l'avait toujours appelé, du temps où Changbin lui adressait encore la parole.
- Peut-être mais c'est ce qui me pousse à t'inviter, à vouloir te parler tous les jours alors que tu m'ignores continuellement. Parce que je me souviens de plein de chose, de bons moments."
Changbin sourit mais son sourire n'a rien de joyeux. Il boit une nouvelle gorgée et se recule cette fois. Le ressentiment semble endormi au fond de sa poitrine mais au lieu de faire place à des émotions plus agréable, c'est la mélancolie qui le domine.
" Les bons moments ne valent rien si derrière tu t'évertues à tout détruire. C'est mettre de la pommade sur une plaie ouverte.
L'image fait mal. Bang Chan déglutit.
- En quoi j'ai tout détruit ? Osa quand même demander le blond sentant que la question risquait de raviver sa colère.
- Tu l'as détruit, lui."
Changbin n'arrivait pas à empêcher les mots de sortir. Son plan n'avait même plus lieu d'être, si tant est qu'il en est vraiment eu l'intention. Peut-être qu'au fond il voulait avoir cette discussion. Lui faire comprendre qu'il n'y avait rien à espérer. Rien à sauver. Rien à reconstruire.
Bang Chan semblait perdu puis soudainement il comprit, ses yeux s'écarquillèrent et alors une véritable émotion de surprise mêlé à peut-être un brin de culpabilité transparaissait, il s'apprêta à dire quelque chose mais sa voix se terra dans sa gorge. Il se mordit les lèvres entre elles et il sembla soudainement agacé. Une vraie panoplie d'émotions qui traversaient son beau visage si maîtrisé habituellement.
Changbin pencha la tête, sans un mot et Bang Chan lui attrapa le poignet.
" Crois moi, j'ai jamais voulu qu'il le découvre. Je voulais pas lui faire de mal. Ni à lui ni à toi.
Changbin fronça les sourcils.
- Tu voulais pas qu'il le découvre ? Tu plaisantes ? Comment il a su alors où..., Changbin se sent brusquement muet en se souvenant, il a du mal à assumer les mots mais il ravale sa salive et cette fois avec une haine contenue il retire la main de Chan de son poignet. Comment il a su où on était ?
- J'en sais rien...
- Moi je sais. C'était toi ! Il me l'a dit Chris, il m'a dit que tu lui avais donné rendez-vous dans ce putain de vestiaire ! Dans ce putain de vestiaire où tu m'as piégé !
Changbin sent ses poings se serrés. Il a envie de partir.
- Je te jure que non !"
Bang Chan sembla paniquer un instant, il reprit à nouveau ses mains et le tira vers lui, espérant lui assurer ses dires mais Changbin n'arrivait même pas à relever la tête, retenant comme il pouvait son envie d'envoyer la table valser.
" Bin...Tu sais très bien que c'était pas prémédité. On s'est retrouvé enfermé dans ce vestiaire, on avait rien prévu, ni toi ni moi. J'ai pas voulu le blesser, je te le promets."
Bang Chan le sentit essayer de retirer ses mains mais il les retint avec force sentant que s'il le lâchait maintenant, il ne restera vraiment plus rien.
" Mais même si ça te fait mal, je regrette rien...", avoua enfin Chan.
Changbin relèva ses yeux vers lui. Sa bouche s'écara ayant l'impression que le bruit s'estompait et sa poigne se faisait moins forte.
" Ce jour là, dans ce vestiaire...J'ai jamais pu oublier le goût de tes baisers. "
Un frisson parcourut le corps de Changbin et lui donna assez de force pour retirer complètement ses mains. Il se redressa et s'enfuit sans attendre sentant le rythme effréné de son cœur cogné dans sa tête et lui donner le vertige. Il dévala les escaliers manquant de tomber sur les dernières marches, dans la fosse il se faisait bousculer mais il se frayait son passage jusqu'à la sortie. Une fois dehors, il sentit son corps se tendre et son estomac se crisper. Il allait vomir.
Il respira difficilement, la vue embrouillée par les larmes et les oreilles bourdonnantes. Il courut se réfugier dans une ruelle sombre, étroite et ne retint plus sa nausée. Il sentit son corps entier se tordre et des larmes couler.
" J'ai jamais pu oublier le goût de tes baisers "
Alors qu'il croyait sentir le calme revenir, un nouveau spasme le secoua jusqu'à ce que son estomac soit entièrement vide, que ses jambes cèdent et qu'il termine à genoux.
" BIN ! Cria Bang Chan en arrivant à sa hauteur.
Bang Chan passa son bras autour de son épaule mais Changbin se retira violemment.
- NE ME TOUCHE PAS !
- Bin...
- A CAUSE DE TOI ! IL...IL EST MORT A CAUSE DE TOI !"
Bang Chan se mordit les lèvres. Il se sentait fébrile, immobile et incapable de faire un geste pourtant il n'arrivait pas à se résoudre de le laisser. Voyant Changbin pleurer de rage, se tenant la poitrine et tournant en rond, indécis, il a l'impression que sa haine ne lui était pas totalement destinée.
" Il était malade Bin...On est pas responsable. Si tu savais le nombre de fois où il m'a fait du chantage, où il m'a dit qu'il allait se foutre en l'air, où il pleurait pour s'excuser et où je le retrouvais après dans des coins sordides...On savait tous les deux qu'il avait besoin d'aide. Et on a tout fait pour qu'il soit soigné...Je veux pas me sentir coupable pour ça, je suis désolé Bin.
Changbin tomba contre le mur, Bang Chan se précipita et l'empêcha de le repousser une nouvelle fois. Il n'avait pas besoin de mettre trop de force, Changbin semblait tout d'un coup épuisé.
- Il nous faisait confiance..., souffla Changbin. On l'a trahi...Et je t'en veux pour ça. Je te déteste pour ça. Pour m'avoir pris Felix."
Bang Chan sentit la pique plus assassine que les autres. Ce n'était pas tant les mots que le ton. Sa haine était profonde, bien plus qu'il ne le pensait et s'il n'avait rien oublié du passé - contrairement à ce que pouvait penser le noiraud – il s'était lui évertué à avancer sans se sentir coupable. Parce qu'il était en vie. Parce qu'il n'avait rien fait de mal. Si ce n'est tombé amoureux.
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Bien le bonsoir !
Chapitre surprise ! Comme l'attaque d'un Pokémon !
Et celui là...Il pique un peu...
Voilà vous avez un indice non négligeable sur le pourquoi du comment et c'est pas très joyeux... (n'en m'en voulez pas trop...)
Prochain chapitre : Flash back.
A bientôt !
D.
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