Point de vue de Quentin quelques heures avant.

- Alors tu as bien compris ce que je t'ai dit hein? Me demande Morgan.

- Oui j'ai compris, c'est bon soufflais-je.

- Parfait et je t'assure que cher papa et chère maman ne connaîtront jamais ton secret.

Je repose le téléphone ou plutôt je le jette sur mon lit. Je n'en revient pas de ce que je vais faire. Mais je n'ai pas le choix, Morgan sait tous mes secrets et s'il décidait d'en parler à une oreille attentive je serai foutu. Qu'est ce que je regrette de m'être embarqué là dedans. 

Tout a commencé il y a deux ans. Mon père venait de devenir sénateur de l'Etat de Californie. A cette époque là, je ne me sentais pas bien, j'étais malheureux, j'en avais marre d'avoir des parents friqués et de vivre une petite vie parfaite dans ma grande villa. Ma mère n'est peut être "que" enseignante mais elle est l'héritière  de William Robbs, le plus grand avocat de tout Los Angeles, mon grand père. Je voulais donc échapper à tout ça, échapper à leur bulle qui ne me faisait voir qu'une seule partie de l'existence, qui me faisait connaître qu'une infime partie des personnes qui existent alors que j'avais tendance à penser qu'ils étaient tous pareil.

Dans mon école privée remplie de gens comme moi, mon meilleur ami et quelques un de ses mauvaises fréquentations avaient prévu d'aller à une fête avec un groupe d'hommes qui leur vendraient de la drogue. Lorsqu'il m'a demandé si je voulais en faire parti j'ai subitement répondu oui. J'avais envie de découvrir le monde réel, d'assister à une soirée sans bouteille de champagne à 200$. 

Une fois arrivés avec Josh, mon meilleur ami, nous nous dirigeâmes vers le bar. Je savais bien que je n'avais rien à faire ici, c'était le bar le plus dangereux de toute la ville et je n'imaginais même pas ce qu'ils feraient à des gens plein d'argent, à des fils à papa comme nous. Mais bizarrement, c'est cette peur, cette envie d'avoir des ennuis qui me poussait à continuer à marcher jusqu'à la porte d'entrée. La musique et le bruit étaient très forts et il y avait tellement de gens que je ne pensais qu'à suivre Josh de très près qui se dirigeait vers une table bien précise. 

- Ah voilà les gosses de riches, lança un homme noirci par des dizaines de tatouages de la tête aux pieds. 

Je savais que ce que je faisait était mal, je savais que je devais partir au plus vite à cet instant précis mais je ne l'ai pas fait, j'ai continué, je me suis assis sur l'une des banquettes à côté d'un brun ténébreux dont le regard me glaça le sang. Celui-là faisait encore plus peur que tous les autres réunis et quelque chose me disait qu'il ne fallait pas lui chercher des ennuis. 

- Je m'appelle Morgan et toi c'est quoi ton nom petit nouveau ? 

- Moi c'est Quentin, Quentin Parker. 

- Il y a quelque chose que tu dois savoir ici, gamin, ne donnes jamais ton nom de famille car il peut tomber dans une oreille attentive. 

Malheureusement, il disait la vérité et c'était moi qui allait en faire les frais. 

- Tu en veux ? dit-il en me tendant une boite remplie de pilules 

- Qu'est ce que c'est ? 

- C'est de la bombe. Ces pilules vont te faire monter très haut. Allez tiens, t'es venu ici pour t'éclater et sortir de ton palace non ? Alors prends ça. 

Je l'ai pris et je l'ai bu avec un verre d'alcool, mauvais mélange. Quelques heures plus tard, j'avais complètement perdu les pédales mais ça me faisait du bien, beaucoup de bien, cela me permettait de vivre quelque chose de différent, de dangereux. Après ça, nous sommes rentrés avec Josh sur ma moto et c'est lui qui conduisait. Au moment de démarrer, l'engin lui a échappé et a percuté quelqu'un violemment. Cette personne était à terre mais je ne réalisait pas ce que nous avions fait. Je me précipite sur lui pour voir s'il bougeait  ou s'il respirait encore mais à peine avais-je posé mes mains sur son torse que Morgan et sa bande étaient arrivés. 

- Allez partez, on s'en occupe.

Il n'en fallu pas plus pour Josh pour me pousser à remonter sur la moto et filer le plus vite possible. Le lendemain, je ne savais pas quoi faire. Après avoir retrouvé mes esprits, la culpabilité s'était emparée de moi. Soudain quelqu'un frappe à ma porte. J'alla ouvrir.

- Salut Parker.

- Bonjour Morgan, comment va le type? Demandais-je une peinte d'appréhension dans la voix.

- Il est mort, on s'est occupé de tout. Ne me remercie pas, disons juste que je penserais à toi la prochaine fois que j'aurais un service à te demander.

Et il reparti comme ça. Sur le coup je n'avais pas compris que je venais de passer un pacte avec lui. Je ne pensais pas d'ailleurs avoir d'autres nouvelles de lui. Après cet épisode, j'ai arrêté de fréquenter Josh qui lui traînait attentivement avec eux tous et je me suis concentré sur mes études. Cela m'a permis de tout oublier ou plutôt c'est ce dont j'essayais de me convaincre. En vain mais grâce à ça j'ai pu obtenir mon diplôme de lycée avec les honneurs. Et c'est normal, je passais mes nuits à bosser tellement je n'arrivais pas à dormir. Après ça, j'ai été accepté à UCLA qui est quand même une bon FAC même si elle ne fait pas parti des meilleurs. Je ne savais pas ce qu'était devenu Josh et je m'en moquait. Ma première année s'est bien passée, j'avais sympathisé avec mon colocataire qui était devenu mon meilleur ami et je n'avais pas entendu parlé de Morgan jusqu'au moi d'Août il y a quelque mois. Je rentrais de mon footing lorsque je vis Josh. Métamorphosé. Il avais désormais des piercings, de tatouages partout, des boots et une tenue de motard et il m'attendais devant ma porte.

- Josh? Que fais tu là?

- Morgan a besoin de toi, suis moi. 

- Hein? Non je ne veux plus rien avoir à faire avec lui, j'ai tourné la page. 

- Oui, sauf qu'il t'a fait une fleur, à toi maintenant de lui rendre la pareille. 

J'étais terrifié mais je voulais absolument savoir ce qu'il me voulait et je comptais profiter de cette occasion pour lui dire que j'avais changé et que ses embrouilles ne m'intéressaient plus. Je sorti avec Josh qui me guidait sur le parking de la résidence. Comme c'était encore les vacances, il n'y avait personne donc aucun risque. Contrairement à ce que je m'imaginais, Morgan était seul. Je pensais que ce genre de gars était tout le temps entouré par une bande surtout que d'après mes souvenirs, sa bande était nombreuse. 

- Quentin, c'est un plaisir de te revoir depuis tout ce temps. 

- Oui, dis-je avec une pointe évidente de sarcasme.

- Bon, on ne va pas perdre de temps avec des futilités. J'ai besoin de toi, tu sais, pour ce que tu m'as promis il y a bientôt deux ans. 

- Quoi ? 

- Une new-yorkaise va bientôt arriver ici à Los Angeles. Je ne sais pas exactement encore où elle sera mais elle s'est bien moquée de moi quand je vivais à New York et je compte bien lui faire payer. Il me l'a fait et j'ai besoin de toi. 

- Comment veux-tu que je fasse ? 

- Disons que tu peux commencer à te préparer un  numéro de séducteur parce que lorsque j'en saurai plus, je reviendrai vers toi et j'attendrai que tu la mettes dans ton lit pour lui tomber dessus. 

Voyant mon inquiétude naissante il précisa aussitôt quelque chose censé me rassurer. 

- Ne t'en fais pas, ce n'est qu'une fille à papa qui passe son temps à s'amuser avec les garçons. Je t'assure qu'elle mérite bien plus que ce que je vais lui faire. 

- Et qu'est ce que tu vas lui faire au juste ? je veux savoir. 

- Ce n'est pas ton problème ça, à bientôt. 

J'étais tellement dégoûté par tout ça que je n'ai même pas retenu Josh pour essayer de le faire revenir à la raison. Je savais que cette histoire allait la tourner. Je ne m'étais trompé, tout ça a effectivement mal tourné et le pire ce n'était pas pour moi justement, mais pour elle. 

J'avais tellement peur de Morgan et de ce qu'il pouvait dire que je lui ai obéit au doigt et à l'œil. Je ne maîtrisais plus rien. Cette fille, dont parlait Morgan, c'était Lucy, celle dont je suis tombé amoureux et avec qui j'étais en train de construire quelque chose de solide. Au lieu de ça, je l'ai vue devant mes yeux se faire prendre par Morgan et Josh. Je n'ai même pas été capable de protéger la fille que j'aime. Et en plus, je suis responsable, j'ai monté la garde quand ils ont enlevé Brooke. Si à ce moment là, elle avait eu des fusils à la place des yeux, je serai déjà mort.  Et sans ça, Lucy n'aurait pas capitulé aussi facilement.   

Une fois ce moment passé, je rentre chez moi avec l'accueil glacial de mon colocataire. 

- Tiens ! Le traître est de retour ! s'exclame t-il. Je trouve que tu as une drôle de façon d'aimer les gens. C'est très classe de balancer la fille que tu "aimes" à un psychopathe qui l'aura sans doutes tuée dans moins de 24 heures. 

- Arrêtes Hegel, ne commence pas. 

- T'es vraiment qu'un pauvre naze. Et dire que j'étais fier d'être ton ami. Et tu sais quoi ? Avant tu avais une mort sur la conscience, maintenant, tu en auras trois. Je te souhaite vraiment que ces meurtres te pourrisse la vie jusqu'à ton dernier souffle. 

Et sur ces belles paroles, il s'en alla. Ses mots me faisaient l'effet d'une bombe. Aujourd'hui, je comprends quelque chose qui m'a toujours échappé : pourquoi les gens comparaient les mots à une arme dangereuse qui peut parfois faire beaucoup de dégâts. Aujourd'hui, j'en ai fait les frais mais autre chose m'a brisé cette soirée là, cette fameuse soirée où je suis allé chercher Lucy à l'aéroport, le regard aussi peut vous détruire. Quand celui de Lucy s'est posé sur moi, j'ai su que jamais elle ne me le pardonnerai.