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J'ai tout essayé. J'ai tout essayé pour écrire ce foutu discours. Tout le monde pense de moi quelque chose de faux. Je ne mérite pas de parler de réussite car j'ai échoué, lamentablement. J'ai sacrifié une de mes amies, ma meilleur amie et je ne pourrais jamais me le pardonner. Alors que vais-je bien pouvoir leur dire? Je n'arrive même pas à savoir ce que ça fait de réussir.
Mon voyage à New-York m'a beaucoup perturbé, je regrette d'être venue finalement. Durant le reste de mon séjour, je n'ai même pas eu d'autres nouvelle de Morgan et plus ça va plus j'ai l'impression d'avoir vraiment eu une hallucination. D'ailleurs cela m'a empêché de dormir correctement depuis et les nuits blanches s'accumulaient. Chaque fois que je fermais les yeux je revoyais Morgan en train de me faire du mal et je m'empressais de les rouvrir.
Depuis que j'ai décollé de JFK, c'est à dire 4 heures, je suis un crayon Bic à la main et une feuille blanche sur la tablette à essayer d'écrire mon discours. Pour l'instant, je n'ai que deux mots:"Mesdames, Messieurs". Et ça s'arrête là.
J'inspire profondément puis je plie la feuille blanche en deux et je la met dans mon sac et j'en profite pour en sortir mon livre. Les romans sont pour moi dans les pires moments une bouée d'air frais. C'est comme un trou noir qui me permet de me déplacer dans un autre univers. Bien entendu je sais que ce ne sont que des fictions mais j'aime découvrira vie des personnages, de découvrir au fil des pages les différentes facettes de leur caractère, de deviner les secrets, les dénouements de l'histoire. En ce moment, j'ai dans mes mains un Danielle Steel, mon auteur préférée. Au début de ses romans, ses personnages ne sont jamais heureux mais au fil du temps ils apprennent de la vie, comprennent que tout n'est pas tout noir et reprennent goût à la vie et tout se termine bien au final.
Quelques heures plus tard, je suis réveillée par une voix féminine:
- Mesdames, Messieurs, nous entamons actuellement notre descente vers l'aéroport de Los Angeles. Veuillez rejoindre votre siège, attacher votre ceinture et ranger votre tablette. Nous espérons que vous avez passé un agréable voyage en notre compagnie.
J'ai fini par rapidement m'endormir après quelques chapitres de mon livre. Je me recoiffe rapidement en sortant un miroir de poche. C'est Quentin qui vient me chercher alors il faut tout de même que je sois présentable. Il m'a rappelé le lendemain après avoir raccroché se brutalement pour s'excuser. J'ai décidé que je ne lui en voudrais pas. Après tout il avais bien le droit de faire ce qu'il voulais.
Une fois sur le goudron de Los Angeles, je me précipite vers les contrôles afin de sortir au plus vite de cet aéroport. Les membres de l'équipage nous ont fait attendre une demie heure au sol dans l'avion pour je ne sais quelle raison et la chaleur était devenue insoutenable. Après avoir récupéré ma valise, je me dirige vers le hall où plains de personnes sont déjà présentes et attendent les passagers. Je tourne la tête mais je ne vois pas Quentin. Soudain, je sens un regard se poser sur moi, je tourne la tête dans ce sens et je vois....Morgan. Non ce n'est pas possible, je suis en train de devenir folle. A ce même instantanée main se pose sur mon épaule. Je me retourne brusquement et dans un hoquet de frayeur je vois Quentin sous mon nez.
- Lucy! Comment ça va? Tu as l'air bizarre.
- Non, non, tout va bien. Tu m'as fait peur c'est tout.
Je me retourne une dernière fois dans la direction où je pensais avoir vu Morgan mais bien évidemment, il n'y est plus. Et une fois encore, je mets ça sur le dos des heures de sommeil manquées depuis quelques jours et je suis Quentin vers sa voiture.
- Alors ces vacances à New York? Comment ce sont-elles passées?
- Tu veux dire si j'ai revu le fantôme de Morgan?
- Ce n'était pas un fantôme puisqu'il est encore vivant.
- Oui merci de me le rappeler mais c'est dans la même idée en tout cas. Qu'est ce que j'aimerais ça.
- Quoi donc?
-Qu'il meurt. Je me dis que je ne pourrais jamais vivre pleinement tant que lui vivra aussi.
- "Aucun d'eux ne peux vivre tant que l'autre survit."
Je rigole à la mention d'une des phrases cultes de JK Rowling tirée d'Harry Potter avant de répondre:
- Oui c'est ça et ça pourrais presque marcher dans la mesure où je l'associe carrément à Vol de Mort. En revanche, je ne suis pas Harry Potter en version féminine.
- Pourquoi pas? Ok tu n'as pas de cicatrices en forme d'éclaire sur le front mais quand même. Tu es aussi douée et intelligente que lui, sans doute même plus.
- Oui mais je ne suis pas courageuse. Harry n'hésite pas la plupart du temps à se jeter dans la gueule du loup pour affronter ses démons. Moi non, je les laisse me ronger de l'intérieur, je laisse la peur prendre le dessus.
- Ne dis pas ça.
- Si, c'est la vérité, je suis terrifiée. Tout le temps. A chaque fois mon esprit me joue des tours. Tiens par exemple, j'ai encore eu l'impression de l'avoir vu tout à l'heure. Je sais que ce n'est pas vrai mais c'est comme ça. Je le laisse m'atteindre même si je sais très bien que je ne devrais pas.
- Et si tu ne te trompais pas? Et si tu l'avais vraiment vu?
- La première fois c'est ce que j'ai vraiment pensé mais même mes parents ne me croient pas. D'ailleurs, ils m'ont même tellement prise pour une folle qu'ils m'ont pris un rendez-vous avec un psy. Ils pensent que la mort de Carla m'a plus affectée que ce que je pensais et donc ils pensent que ça me ferais du bien d'en parler.
- Ils ont peut être raison. Tu sais tu n'as pas que des fous qui vont voir un psy. Ma mère est souvent très prise par son travail et parfois elle n'a tellement plus de temps pour elle qu'une fois de temps en temps elle prend un jour de congé et va voir son psy. Elle y reste des heures et après elle va tout de suite mieux et est prête à affronter quelques mois de travail comme ça.
Nous avons continué notre discussion encore le temps d'arriver à la résidence universitaire. J'ai prétexté un mal de tête pour rentrer rapidement. J'avais besoins de revoir Brooke, j'avais besoin de lui parler. En réalité, je lui avais demandé de faire sa petite enquête. Elle connaît un garçon qui sait tout ce qui se passe dans Los Angeles et qui donnais des informations pour 20$. Mais comme Brooke lui a tapé dans l'oeil, elle était persuadée qu'il ferait ça gratuitement. Depuis, je n'avais pas eu de nouvelles donc j'étais impatiente de savoir ce qu'il en était. Je rentre la clé dans la serrure et je tend l'oreille mais je n'entend pas de bruits. Elle n'est pas là. Je sors mon téléphone de ma poche et je cherche son nom dans mes contacts. J'entends les bips mais je tombe rapidement sur sa messagerie. Je décide de lui laisser une message: " Salut Brooke, c'est Lucy, je viens de rentrer de New York et je suis à l'appart mais c'est bizarre car tu les pas là. Tu peux me rappeler s'il te plait. Bisous.".
Je m'aventure dans ma chambre pour poser ma valise. D'un coup je tremble lorsque j'entend un craquement. Je me retourne brusquement en sentant de l'eau perler sur mon front mais il n'y a rien du tout. Une fois chose faite, je me dirige dans le salon, comme entre temps le soleil s'était couché, je m'apprêtais à allumer la lumière sentant monter mon angoisse. Malheureusement, c'était trop tard. A peine m'étais-je dirigée vers l'interrupteur qu'une mais se précipita sur ma bouche afin de m'empêcher de crier et sur mon cou prête à m'étrangler. Alors je n'étais pas folle, je n'avais pas rêvé. Morgan, je ne l'ai pas cru et maintenant je risque de le payer très cher.
- Enfin on se retrouve ma jolie Lucy. Alors tu vas être gentille et me suivre sans faire d'histoire sinon je peux te jurer que jamais tu ne reverras Brooke. Eh oui ne fais pas cette tête, Carla est morte pour rien car même si tu as réussi à m'échapper ce soir là, maintenant tu es à moi. Ah oui j'oubliais, Quentin viens ici, voici ton argent, maintenant tu peux être sûr que ton secret sera gardé. Merci de me l'avoir livrée sur un plateau d'argent.
A ce moment là j'ai cru mourir, quelqu'un venait de me transpercer avec un couteau. Ce n'étais pas le cas mais au fond quelle importance. Quentin, celui qui m'a aidé à rebondir, celui à qui j'ai tout raconté, celui que j'aimais. Il m'a livrée à Morgan, il sait tout depuis le début, tout était calculé, la balade au bord de l'océan, tout. C'était trop, trop pour ma tête, trop pour mon coeur qui allait bientôt exploser dans ma poitrine, trop pour mes jambes qui étaient en train de me lâcher.
- Lucy je suis désolé, je ne voulais pas. (prononça Quentin)
Et ce furent les derniers sons qui parvinrent à mes oreilles parce qu'après cela, le monde se mit à tourner autour de moi et je perdis connaissance.
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