-21-
Quentin
Je n'ai pas réussi, je n'ai pas réussi à la retenir. Je n'ai aucune excuse à mon geste, pourtant je reste figé, je ne cherche même pas à lui donner d'explications. Je suis vraiment minable.
- Bon bah moi je vais me doucher, lance Courtney.
- Tu refermeras la porte en partant, répondis-je sèchement avant de prendre mes affaires et de m'en aller également.
J'ai besoin de prendre l'air, cet appartement m'étouffe, cet immeuble m'étouffe et il n'y a rien que je puisse faire pour y remédier. Chaque jour, je verrai Lucy, rentrer dans la librairie, chaque jour je passe devant espérant la voir. Chaque jour je l'aime un peu plus même si je fais tout pour l'éloigner de moi.
Je sors de l'immeuble. J'aurai du penser à prendre une veste, il ne fait pas chaud aujourd'hui. Même si j'adore mes cours, une chose est sûre, je ne crois pas avoir la force d'y aller aujourd'hui. Hegel a raison, et ce qu'il m'a dit ce soir là, a changé beaucoup de choses pour moi. Oui c'est de ma faute si elle en est là, même si elle ne le sait pas encore, et je préfère la perdre plutôt que de devoir lui avouer la vérité. Je suis un lâche, je le sais bien, mais je sais que ces révélations la détruiront.
Cela fait maintenant 10 minutes que je roule sans savoir où je vais et c'est avec étonnement que j'arrive finalement sur le campus du côté du département du droit et des sciences politiques. Après tout, maintenant que je suis là, je peux aller en cours, ça me changera peut être les idées? En plus, mon département n'est pas loin de celui-ci, alors je pourrai tout à fait m'y garer et continuer à pieds. Je mentirai si je disais que je n'avais aucune intention, parce que la vérité c'est que j'espérais la voir, je l'attendais. Pourtant, elle n'est pas là. Tant pis, j'accélère le pas et je me rend en cours où je trouve Hegel.
- Alors, ça a marché? me demande-il sans me dire bonjour.
- Oui répondis-je méchamment. Mais je ne comprends pas, qu'est ce que ça te fait toute cette histoire ? Pourquoi tu tiens tant que ça à ce que ce soit fini entre nous ?
- Parce que je me mets à sa place, imbécile, parce que je me dis qu'à sa place, j'aurai été dévasté de me rendre compte que la personne que j'aime m'a menti et a pactisé avec le diable, qui en plus, veut ma peau.
- Ce n'est pas si simple que ça Hegel, essaies de te mettre à ma place s'il te plaît.
- Je veux bien comprendre que tu aies une dette, mais à ta place, je ferais tout pour l'éloigner de moi. Tu as fait le bon choix.
- Si tu le dis, dis-je en soupirant.
Le professeur d'astronomie en a visiblement assez de nous voir parler tous les deux, alors il décide de nous interrompre.
- Hum hum ... Excusez moi messieurs. Pensez vous être si en avance sur les autres pour vous permettre de ne pas suivre ce cours ? Ou peut être savez vous voyager dans le temps, et dans ce cas, vous avez déjà assisté au cours, ce qui peut expliquer que vous vous permettez de discuter. Monsieur Kingston, qu'avez vous préparé pour votre exposé ?
Mince, j'avais complètement oublié ce foutu exposé sur les trous noirs.
- Allez Monsieur Kingston, venez nous faire partager vos connaissances au tableau.
Je me lève et je m'avance. Heureusement, le sujet que j'avais choisi, est un sujet que j'adore et dans lequel je me sens à l'aise.
- Quel est le thème de votre exposé Monsieur?
- Les trous noirs.
- Intéressant, la parole est à vous.
J'inspire un bon coup et je me lance dans ma tirade.
- Les trous noirs sont des objets de l'Univers qui sont assez particuliers. En effet, les planètes le sont au même titre qu'eux, sauf que la grande différence réside que nous avoir facilement des informations sur n'importe quelle planète, savoir de quoi elle est constituée, savoir exactement ce qu'il y a. Les planètes n'ont plus vraiment de mystère pour nous aujourd'hui. En revanche, nous ne savons pas vraiment ce qu'il y a dans un trou noir. C'est vrai, que se passe t-il à l'intérieur ? Nous pouvons nous l'imaginer, nous pouvons supposer des choses, en déduire d'autres mais aucun satellite, aucun astronaute n'a pu prouver que ce que nous nous imaginions était vrai. Sur les trous noirs, nous n'avons que des suppositions. Mais parlons tout de même de la théorie scientifique, il est dit que lorsque nous sommes dans un trou noir, nous n'avons plus aucun sens du temps, de l'espace, nous n'avons plus aucun repère, ils disparaissent tous. Et, nous sommes, comme son nom l'indique, au milieu de nulle part, littéralement. J'aimerai aussi mettre en lumière une question souvent posée. Peut-on dire que les trous noirs sont des portes de sortie de l'univers ou peut être un passage secret ? Quand nous sommes dans un trou noir, même si nous mourrons avant même d'être englouti, sommes nous sortis, n'appartenons nous plus à l'univers ou sommes nous peut être passé dans un tunnel qui nous permettra de traverser un bout de la galaxie? Personne ne peut le savoir et je terminerai sur le fait que la science a encore besoin de progresser et de créer des objets capables de comprendre certains mystères de l'univers comme celui-là.
Je suis soulagé quand je vois le prof visiblement satisfait de mon improvisation totale. Il me donne un B+ et me demande de me rassoir et de suivre le cours en silence.
Lorsque je sors, je me mets en route pour retrouver ma voiture qui est garée à 5 minutes à pieds. Mon cours m'avait un peu permis de me sortir Lucy de la tête, mais son image me revient de plein fouet quand je l'aperçois sur un banc, en train de lire un livre. Elle est si belle avec sa robe bordeaux à bretelle épaisse et son pull fin en maille blanches. Ses longs cheveux chatins sont détachés, et ça se voit qu'elle les a légèrement bouclés, flottent dans les airs au rythme du vent léger. Je n'arrive pas à me retenir, je vais la voir.
Elle est dos à moi, par conséquent, elle ne m'a pas encore vue, heureusement, sinon je pense qu'elle serait partie depuis longtemps.
- Hum, salut, dis-je doucement en m'approchant d'elle.
Quand elle me voit, je peux voir ses yeux devenir immenses, intenses, sans doutes remplis de questions et de colère.
- Désolée, j'allais partir, me répond t-elle sèchement.
- Non s'il te plaît, écoutes ce que j'ai à te dire !
_ Non ! Toi tu vas m'écouter ! Je ne comprends pas pourquoi tu as voulu sortir avec moi si c'est pour te comporter comme ça. Je ne comprends pas. Tu es comme ça depuis le début alors si tu n'étais pas heureux avec moi, pourquoi tu n'es pas parti ?
- Je t'aime Lucy, je t'aime. C'est trop compliqué de tout t'expliquer mais crois moi, je t'aime comme un fou.
- Ça, ça ne vas pas pouvoir être suffisant, pas cette fois. Soit tu me dis tout, soit tu peux faire une croix sur moi.
Je ne lui réponds pas, parce que je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. Elle n'attend pas plus longtemps.
- Ok, c'est bon j'ai compris, dit-elle avant de se lever. Tu sais quoi Quentin ? C'est fini entre nous ! Je ne suis pas ton jouet. Si tu veux t'amuser avec un coeur, avec une personne qui a des sentiments, ce sera avec quelqu'un d'autre, pas avec moi.
Je peux voir, quand elle s'éloigne, qu'elle est en train de pleurer. Je suis juste horrible. J'ai faillit tout lui révéler, j'ai faillit mais je préfère encore qu'elle me déteste parce qu'elle pense que je ne suis qu'un con plutôt qu'elle me déteste parce que j'ai, à un moment, aidé Morgan à lui faire du mal.
C'est donc le coeur en miettes que je rentre chez moi où je pensais pouvoir me détendre un peu. Sauf que je n'étais pas au bout de mes peines. Lorsque j'arrive devant ma porte, je vois un colis. Curieux, je prends la boite et je décide de l'ouvrir à la maison. Il n'y a pas de mot à l'extérieur de la boite, juste marqué "Pour Quentin". Il n'y a pas d'adresse non plus, ce colis a donc été déposé directement chez moi, sans passer par la poste.
Je prends un couteau dans un des tiroirs de la cuisine et je coupe le morceau de scotch qui entoure le paquet. Lorsque je le vois ce qui se trouve en face de moi, lorsque je comprends, je manque de faire un malaise. C'est un paquet de Morgan. Je prends l'arme à feu qui se trouve dans la boite, les yeux écarquillés. Mes mains tremblent, et je saisis le petit mot qui accompagne ce joli cadeau.
" Salut Quentin, histoire qu'on ai les mêmes chances tous les deux j'ai voulu t'offrir ce magnifique pistolet. Attention, tu peux tuer quelqu'un avec, je le sais, j'ai exactement le même moi aussi. Tu penses que c'est lequel de nous deux qui tirera en premier ? A bientôt, Morgan."
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Salut tout le monde !
Ce chapitre est un peu spécial parce que j'avais vraiment envie de le centrer sur Quentin (d'où le point de vue) afin de mieux le connaître, de mieux savoir ce qu'il ressent au fond et aussi pour se mettre de l'autre côté du miroir si on peut dire.
En tous cas j'espère qu'il vous aura plus et à bientôt !!
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