⌜𝚗𝚎𝚞𝚏⌟
Note d'auteur.
Et voilà, les choses sérieuses commencent ! Les chapitres sur Pouldard sont terminés, maintenant on peut commencer avec des Draco et Harry adultes : enfin, bien sûr pdv Harry (un Harry triste et mélancolique, sinon c'est paaas droole) :)
J'ai hâte d'avoir vos retours, j'espère que ça vous plaira !
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Harry entend la sonnette retentir à l'intérieur, mais ne relève même pas la tête.
Si c'est important, si la personne derrière la porte a le droit d'entrer, alors elle le fera : un sort simple et efficace, en plus des clés qu'il a données à quelques personnes. Si c'est encore un journaliste ou un voisin curieux, sa magie fera le reste.
Aujourd'hui, le ciel est bleu. Harry l'a remarqué en se levant, au premier étage de sa petite maison. Il l'a acheté seul, avec son salaire d'auror : le coffre de ses parents est encore plein, et pour l'instant il ne compte pas vraiment y toucher. Sirius lui dit de ne pas se sentir gêné, et Harry lui répond de s'occuper de Teddy plutôt que de venir lui casser les pieds.
Sirius est gentil, Sirius est sûrement la seule famille qui lui reste, mais Sirius est aussi un peu trop collant et Harry a besoin de son espace.
Alors il a loué un appartement, a attendu de recevoir des mois de salaires astronomiques et indécents (car bien sûr, on ne peut pas payer le héros du monde sorcier à la petite cuillère, il faut au moins prendre une louche) puis s'est acheté cette maison dans le Londres moldu. Des terrains de Quiddich à proximité, un quartier calme. Le bureau est loin et Harry est obligé de prendre la voiture, les transports, ou un port-au-loin périodique pour s'y rendre. Parfois, il y va même en vélo s'il veut prendre son temps.
Ça lui va. Il ne se sent pas trop mal. En plus, il a un jardin.
— Pourquoi est-ce que tu ne réponds jamais quand on sonne à ta porte ?
C'est Hermione qui passe la baie vitrée et qui s'avance sur la terrasse en bois, puis sur la pelouse verte. Elle a retiré ses petites sandales à talons, et marche pieds nus jusqu'à lui. Harry ne se retourne toujours pas, il l'entend simplement se rapprocher.
Les mains pleines de terre, il dit :
— Parce que mon adresse est presque publique, et que des gens sonnent au moins six fois par jour. J'ai laissé la sonnette, c'est déjà bien.
Il compte l'enlever bientôt. Son numéro de téléphone, lui, est encore privé : un coup de fil avant de passer ou une porte fermée, ça sera au choix. De toute façon, ce sont toujours les mêmes qui viennent.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je profite de mes jours de congés forcés. Je jardine.
— Tu jardines, répète-t-elle.
Il la voit, à présent. Elle se penche à ses côtés, et Harry relève la tête. Il n'a même pas mis de gants, et ses doigts sont tout écorchés. Peut-être qu'il les laissera comme ça, en retournant bosser. Ou peut-être pas. C'est incroyable, les choix que la magie peut offrir.
Si, petit, on lui avait laissé ce choix-là, ses bleus n'auraient pas disparu pendant la nuit et personne n'aurait eu envie de les faire réapparaître le lendemain, simplement pour prouver qu'Harry était un monstre. Ce mot est vide de sens, à présent, mais avant il en avait beaucoup, parce que c'était lui qu'on appelait ainsi, et c'était lui qui y croyait.
— Tu fais quoi, précisément ?
— Je plante des fleurs. J'ai commandé des tas et des tas de fleurs et de plantes sur un catalogue sorcier, et je vais tout planter avant lundi.
On est samedi. Il pointe son doigt sale en direction du mur en pierre qui délimite son jardin et celui du voisin. Personne ne peut l'entendre, il a au moins mis une dizaine de sorts pour ça. Et à côté de ce mur, une montagne de pots colorés, d'arbustes et de fleurs attend simplement qu'il les mette en terre.
— C'est... bien, je crois. Tu t'occupes.
— Je m'occupe, confirme-t-il.
Sa psy lui demande à chaque fois de trouver un équilibre. Harry lui dit que tout va bien, et elle lui demande si tout va toujours aussi bien lorsqu'il n'est pas occupé, lorsqu'il a le temps de réfléchir, lorsqu'il est seul, à fixer son plafond.
Il résiste difficilement à l'envie de l'envoyer se faire voir. Il déteste cette psy. Il déteste tous les médecins qu'il est obligé de voir, car Hermione et Sirius le traitent comme un gamin.
— Elles sont belles, dit Hermione.
— Ne t'approche pas trop de la violette, là-bas. Elle m'a mordu hier.
Quatre jours de repos, c'est beaucoup trop. Il a du mettre son enquête en pause, donner des congés à son équipe (bon, peut-être que ce n'est pas si mal car deux d'entre eux ont pleuré de joie à leur bureau en entendant la nouvelle) et à présent il plante des fleurs sorcières agressives.
Tant qu'elles ne font pas de bruit, Harry est prêt à faire des concessions.
— Et alors ? Tu es tout seul ?
— De toute évidence.
Hermione fait la moue. Elle n'aime pas beaucoup Harry, en ce moment, il le sait bien. Il ne parle pas beaucoup, grogne, semble énervé en permanence, et dort deux heures par nuit. Irritable, isolé, et de mauvaise compagnie.
— Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi est-ce que tu es tout seul ?
Il arrête de creuser la terre un instant. Agenouillé dans l'herbe, sous le soleil fort de l'après-midi, transpirant dans son pantalon en toile et son t-shirt trop grand. Les yeux de Harry se perdent un peu, il se mord la lèvre.
Il ne répond pas tout de suite, alors Hermione reprend :
— Harry, où est Draco ?
C'est la question, en ce moment. Où est Draco Malfoy, que fait Draco Malfoy. Parfois, c'est bien attentionné : comme maintenant, Hermione attend une réponse simple avec des sourcils froncés. Et parfois, c'est une moquerie lancée dans des couloirs, dans la rue, dans une lettre. Un ricanement, une maturité qui forcent Harry à soupirer et à serrer le poing.
Il n'est plus aussi calme qu'avant. Plus aussi doux. La guerre, les morts : il a l'impression d'être à la fois anesthésié et tout le temps en colère. De temps en temps, la coupe est pleine et il se bat. Avec les poings, comme un moldu, ou avec sa magie, comme un sorcier. Elle est devenue une part de lui, récemment : il pense, n'a même pas besoin de sortir sa baguette, et le sort est formé. Ça impressionne du monde, mais Harry s'en fout.
Il veut juste qu'on le laisse tranquille, et qu'on arrête de lui poser cette question.
— Il est parti il y a deux semaines, répond-il.
Le dire à voix haute lui donne envie de pleurer, alors il reprend sa tâche et creuse avec ses ongles jusqu'à ce que le trou soit assez profond pour y placer cette plante rouge dont il ignore le nom.
— Parti ?
— Oui, parti.
Bien sûr qu'Hermione est étonnée, et Harry aurait sûrement dû avoir un peu plus de sympathie. Draco Malfoy est son ami, à elle aussi, et il craint autant qu'Harry en ce moment. Peut-être qu'elle se sent seule ?
Harry se mord la lèvre encore plus fort.
— Désolé, Hermione, souffle-t-il tout de même. Il est parti en France, pour apprendre la médecine moldue. Il m'a dit qu'il allait faire un voyage, et il est parti.
— En France...
— D'abord en France, puis en Espagne, puis en Suisse. Puis je ne sais pas trop où. Il m'a pas dit quand il revenait. Il a appelé, avant-hier. C'est déjà bien, non ?
Elle se répond pas tout de suite, et il sait que son ton était pathétique. Draco est arrivé un soir, lui a fait un câlin et du café, et lui a dit qu'il prenait l'avion à la première heure. « Pour fuir ? » voila ce qu'Harry lui a demandé. Il a eu l'air peiné, mais lui a quand même dit que non, il ne fuyait pas.
Il prenait des vacances. Il allait apprendre des choses, se rendre utile, laver sa réputation.
Et laisser Harry Potter tout seul. Mais ça, personne ne l'a dit à voix haute.
— Harry, je suis désolée.
— Ne le sois pas. Je devrais l'être, moi. C'est moi l'ami de merde, en ce moment.
Il le dit car il le sait, et quand sa tête se relève leurs yeux se croisent — ceux d'Hermione brillent et ceux de Harry flamboient. Il a envie de casser quelque chose, de se battre, se voler sur un balai, si haut dans le ciel jusqu'à ne plus sentir que la morsure du froid.
Il a envie de se laisser tomber, jusqu'à avoir le choix : se rattraper, ou non.
— Harry, ne dis pas...
— Hermione, tu pourrais repasser un autre jour ? Je dois.... planter tout ça. Je reprends le travail lundi, et j'ai encore des fleurs à planter.
Il se reconcentre, essaye de se vider la tête.
— Si tu vois Sirius, dis-lui de ne pas passer non plus.
Harry l'entend se relever, lentement. Il fait chaud, tellement chaud, et sa tête est en fusion. Hermione lui sourit.
— Repose-toi quand même. Je t'appellerai lundi, alors.
Elle n'attend pas de réponse, et Harry ne compte pas vraiment lui en donner. Il attend, immobile, d'entendre ses pas remonter les quelques marches depuis l'herbe jusqu'à la terrasse, de la sentir entrer dans son salon, traverser la pièce, puis atteindre la porte d'entrée.
Hermione la ferme gentiment, comme toujours, car elle est comme ça.
Harry Potter soupire avec force, la gorge serrée, et se lève pour porter cette foutue plante rouge, et la mettre dans le trou. C'est bien. Il s'occupe.
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