Chapitre 52 : Confier l'avenir
Jamais Bélial ne saurait décrire parfaitement ce qu'elle avait ressenti en entrant en contact avec le miroir. À peine avait-elle effleuré l'objet, ce fut comme si le reste du monde autour d'elle avait été effacé, sombrant dans un néant abyssal. Quand la barbare réalisa ce qui se passait, elle se retourna vivement, ne voyant plus personne. La démone tenta de faire quelques pas en avant, mais ses pieds ne touchèrent que de l'air et elle se mit à pirouetter sur elle-même, emportée par son mouvement.
Déstabilisée, la jeune femme chercha des repères, mais où que ses yeux se posent, elle ne voyait plus qu'un néant absolu, le miroir l'ayant emportée dans ce monde vide ayant lui aussi disparu. Bélial sentit sa panique montait en flèche et tenta de se calmer. Elle ferma les yeux avant de réaliser que cela ne changeait rien à sa situation et les rouvrit. Se convainquant qu'il devait s'agir d'une épreuve imposée par ses ancêtres, la démone contrôla sa respiration pour se calmer et éclaircir ses pensées.
Impressionnant. Rares sont ceux qui arrivent à se maîtriser aussi rapidement en arrivant ici.
Bélial tourna la tête et surveilla la direction d'où elle avait entendu cette voix. Elle plissa les yeux et finit par distinguer les contours une figure sombre qui se démarquait à peine des ténèbres qui l'entourait. Elle n'arrivait pas à voir de détails mais la chose avait une apparence vaguement démoniaque avec ses cornes et sa queue qui le distinguait de n'importe quelle race.
– Ouais, ben me chier dessus pendant des heures va pas m'aider... T'es un de mes ancêtres, c'est ça ? Tu m'expliques ce que tu attends de moi ? Parce que là, je pige pas ce que je dois faire...
Il n'y a pas de réponse toute trouvée pour réussir cette épreuve, petite effrontée ! s'écria une nouvelle voix plus grave derrière Bélial qui pivot sur elle même.
Exactement, ajouta une troisième entité plus féminine. Après tout, même si nous partageons le même sang, nous sommes tous différents. Chacun avec nos qualités et nos défauts.
Et que de défauts que nous avons là... souligna avec dédain un être de plus. Vous voyez comment elle s'adresse à nous, ses aïeux ? Aucune marque de respect ! Où a-t-elle était élevée ? Une ferme ?
La barbare ne sut plus où donner de la tête alors que des figures apparaissaient de partout, que ce soit à droite, à gauche, ou en haut et en bas. Ils l'encerclaient en parlant tous à la fois, créant une cacophonie oppressante.
– Bordel, mais vous allez tous vous calmer, oui ? grogna la jeune femme en plaquant ses mains sur ses oreilles. Je comprend que presque personne est revenu d'ici, s'il faut supporter tout votre foin sans devenir fou ! Je sais pas, moi, organisez-vous pour savoir qui prend la parole, sinon, on arrivera à rien.
Un silence pesant s'installa, mais Bélial n'eut pas l'impression que les esprits qui la harcelaient avaient décidé de l'écouter. Elle frissonna quand l'impression d'être scrutée comme une bête de foire par un public ahuri de l'entendre parler.
Décidément, les jeunes de nos jours... De mon temps...
Assez, elle a raison. Nous sommes ici pour l'estimer digne ou non de notre reconnaissance. Si nous l'empêchons de s'exprimer ou de nous comprendre, nous n'arriverons à rien.
Je ne vois même pas pourquoi nous perdons notre temps avec ce désastre... Non mais regardez là ! Aucune grâce, une vraie sauvageonne ! Sommes-nous vraiment supposés reconnaître une telle honte à notre lignée ?
Hé, je ne te permet pas ! Franchement, j'aurais été fier de me battre à ses côtés ! Si seulement j'étais né quelques siècles plus tard... Enfin, ça voudrait dire qu'elle en serait pas né, mais... Enfin, vous m'avez compris ?
Pourquoi laissons-nous ces exilés prendre la parole ? Ses ancêtres de ces quatre derniers millénaires n'ont rien de vrais démons, ils ont été corrompus comme elle par le monde de la lumière.
Nous ne pouvons pas bannir autant d'entre nous juste parce que leurs points de vue te déplaisent. Ce jugement doit refléter notre volonté à tous, chaque point de vue doit être pris en compte.
Exactement. De plus, en ayant vécu dans le même milieu qu'elle, ces fameux exilés peuvent apporter une vision de ses actes qui nous échapperait, justement.
Bélial posa ses poings sur ses hanches en haussant un sourcil. Elle n'avait pas eu la moindre idée de ce qui l'attendrait en touchant le miroir, mais si elle avait su qu'elle devrait supporter le baratin incessant d'esprits décrépis, elle aurait pris de quoi manger en attendant qu'ils aient fini.
– Dîtes, si je vous fais chier, faut pas hésiter à l'avouer. Je repars d'où je viens et je vous laisse vous chamailler en paix.
Silence ! Nous sommes ici pour délibérer de ton cas ! Manque nous encore de respect et...
– Tu te fous de moi ? C'est moi qui se paye la tête des autres ? Alors soyons bien clair, ce que vous pensez de moi, j'en ai rien à cirer ! Je suis pas une femme bien éduquée ou grasse ou je sais pas quoi ? Je suis une brute qui sait rien faire d'autre que se battre ? Changez de disque, je l'ai déjà entendu je sais pas combien de fois ! Vos avis, gardez les, parce que je suis pas là pour moi, et encore moins pour vous ! Dans le vrai monde, là où les gens sont encore en vie pour faire des choix, mes potes sont en danger et y a qu'en revenant d'ici que je peux les sauver !
Ah oui, tes fameux amis... Quelle compagnie tu gardes ! Tu te dégrades en accordant ta confiance à...
Furieuse, Bélial tendit sa main vers l'apparition qui parlait, projetant son pouvoir qui s'enserra autour de son cou avant de la tracter à la barbare. L'entité se débattit mais Bélial attrapa sa tête et se mit à la serrer avec sa main enveloppée de pouvoir obscure.
– On va être clair, vous pouvez dire ce que vous voulez sur moi, mais ceux qui insultent mes amis vont se prendre la raclée de leur vie ! Ouais, c'est pas des démons, et alors ? C'est pas comme si tous les démons étaient des putains de saints ! Et je parle pas juste de Tyrian qui a trahit son clan ! J'ai arrêté de compter le nombre de démons que j'ai croisé dans ce monde qui font souffrir les autres pour des raisons débiles !
Bélial relâcha l'esprit qui s'éloigna précipitamment et croisa les bras en baissant la tête.
– Bon, après, c'est pas comme si les autres races sont mieux, mais c'est justement ça le truc que beaucoup de gars ici arrivent pas à comprendre. Y a pas de race gentille ou méchante, parce que ces trucs là, ça décrit des personnes précises, pas des groupes entiers. Que ce soit des démons, des humains, des nains, des elfes ou autre chose, j'ai pu rencontrer des ordures qui méritaient pas de vivre et des personnes géniales qui rendent le monde meilleur. Au final, avoir des cornes ou pas, des oreilles longues ou non, ou bien si on a du mal à regarder ce qu'il y a sur une table sans aide, c'est pas ça qui dit qui on est. On fait tous des choix, parfois bons, parfois très cons, mais personne est parfait. Alors arrêtez de me sortir des conneries en disant que notre race est meilleure que les autres, parce que franchement, nous sommes tous géniaux et minables à la fois ! Suffit juste de choisir lequel on veut être, et la, plusieurs d'entre vous on clairement fait le mauvais choix.
Parlons-en, de tes choix... Que tu voyages avec des humains, des elfes ou je en sais quoi, soit. Cependant, il y a une faute impardonnable que tu ne sauras pas excuser.
Comment as-tu osé couché avec ce monstre de Raiziak ! Il est l'ennemi de tous les démons !
Il a massacré des milliers de démons à lui seul, il est le pire...
Bélial inspira, concentrant son pouvoir dans ses cordes vocales avant de hurler de toutes ses forces. L'onde de choc frappa ses ancêtres qui furent déstabilisés, laissant à la jeune femme une chance de s'exprimer.
– Bon, je vais dire ça une fois et après, on ne va plus en reparler, parce que s'il y a bien un truc que je supporte pas, c'est qu'on juge Sieg pour ce qu'il a fait. Ouais, il a tué un paquet de démons, mais est-ce qu'on lui a donné le choix ? Notre peuple avait envahi son monde, on a tenté d'en faire des esclaves et tout leur prendre ! Vous réagiriez comment si ça vous arrivait, bande de guignols ? Vous baisseriez vos pantalons avant de vous pencher en avant ? Parce que ça, ça ne ressemble pas au Sieg que je connais ! Il s'est battu pour protéger ceux qui ne pouvaient pas se battre ! Il a tué des gens, mais c'est pas comme si ces gars étaient là pour lui donner des fleurs ! Je me suis jamais battu dans une guerre, mais de ce que j'en ai compris, quand on est dans la bataille, si on tue pas le gars en face de soit, rien promet qu'il sera aussi gentil que toi. Alors oui, Sieg est devenu le cauchemar de toute notre race, mais ça, c'est parce qu'on l'y a obligé ! Si on lui avait foutu la paix, il aurait pas été obligé de tuer des démons !
Tu n'es pas particulièrement bien placée pour critiquer les raisons de la guerre du Crépuscule... Arrêtes moi si je me trompe, mais ton clan a passé des millénaires à piller des petits villages, martyrisant leurs habitants pour leur prendre leurs ressources. Tu te crois noble ? Car tes actions dictent une autre histoire...
Des conversations fusèrent de toute part, certains condamnant le passé de la démone alors que d'autres la défendaient. Bélial, quant à elle, réfléchissait à ce qui lui avait été dit. Elle ne pouvait nier qu'elle avait répété le schéma qu'elle reprochait chez ses ancêtres, elle n'avait de cesse de se maudire d'avoir apporté autant de souffrance.
– C'est vrai, j'ai fait des trucs vraiment pas sympas... Franchement, je suis pas très différente de vous quand il s'agit de s'en prendre à des innocents. Mais un jour, c'est moi qui a été la victime. J'ai découvert ce qu'on ressentait quand quelqu'un de plus fort que soit venait chez nous pour tout détruire. Puis, j'ai vu ce qui est arrivé à mes victimes, ce qu'ils ont enduré à cause de moi. J'ai souffert et fait souffert, je sais ce que ressentent les deux côtés, alors j'arrive à comprendre qu'on doit changer les choses. Faire du mal à quelqu'un juste pour son propre bien, ça n'apporte rien. Quand mon peuple pillait les autres, on n'apportait rien au monde, on faisait que le rendre plus triste et cruel. Mais depuis que je voyage avec les autres Déicides, que je découvre les mondes de la lumière et des ténèbres, j'ai l'impression d'apporter de la joie et de l'espoir.
Bélial inspira, s'attendant presque à être interrompue, mais une seule voix ne s'éleva. Tout ses ancêtres l'écoutaient attentivement, curieux de savoir la suite.
– Quand quelqu'un ou un pays décide de faire un truc qui cause du mal, même si c'est pour le bien d'un autre, il fait que ruiner le monde autour de lui. Et ceux qui souffrent à cause de lui ont envie de se venger et font encore plus de mal qui fait encore plus de victimes. Au final, qui gagne dans tout ça ? Bon, j'avoue que si je suis partie de mon village, c'était justement pour me venger, mais maintenant, c'est différent. Je hais toujours Saga pour ce qu'il m'a pris, mais c'est pas important comparé à ce qu'il veut faire. Si personne l'arrête, il va continuer de massacrer des gens, quelque soit leur race, et ceux qui resteront en vie risquent pas d'aimer ce qui leur arrivera après. Je veux arrêter la souffrance et donner une chance aux deux mondes d'enfin grandir, libres de la haine et de la cruauté. Si vous êtes pas d'accords avec ça, bah vous pouvez aller vous faire cuire un œuf parce que c'est plus à vous de choisir ce qui arrive chez les vivants. Oui, sans vous, on serrait pas là, et pour ça au moins, je vous respecte, mais vous devez aussi comprendre que c'est à notre tour. Notre tour de choisir dans quelle direction va notre vie. Si vous pensez qu'on mérite pas au moins ça, alors ça serre à rien de juger vos descendants. Vous avez eu le droit de choisir votre voie, alors pourquoi pas moi ?
La barbare lâcha un soupir et attendit la réactions de ses aïeux. Des secondes aussi longues que des siècles s'égrenèrent sans qu'un seul son ne résonne.
Une fort noble aspiration, je le reconnais. Mais tu as conscience que ton rêve utopique n'a que peu de chances de se concrétiser ? Je sais que tu n'es pas assez naïve pour penser que l'on peut pleinement effacer la haine et la cruauté de n'importe quel monde, cependant tu parles de changer la façon de penser de tous pour étouffer ces vices que tu as appris à comprendre sous tous leurs angles. Penses-tu y arriver seule ?
Avec une moue d'incompréhension Bélial haussa les sourcils.
– Bah non, évidement que je peux pas faire ça toute seule ! Et non, je pense pas que mes potes pourraient m'aider à changer plus que quelques personnes. Mais si ceux qu'on aide font la même chose avec les personnes qu'ils rencontrent et que ça continue, petit-à-petit, on commence à aller quelque part, non ? Je sais, c'est stupide et naïf, rien promet que ça marchera, mais j'ai au moins envie d'essayer. Parce que sinon, ça sert à quoi de vivre ?
Après un bref silence, un rire commença à résonner, suivi de d'autres. Rapidement, le néant fut rempli de rires qui firent vriller les oreilles de Bélial.
– Ouais, bon, ça va, je sais que vous me prenez pas au sérieux, pas la peine de vous payer ma tête...
Tu te trompes ma chérie...Ils se moquent pas de toi, au contraire...
La démone écarquilla les yeux en reconnaissant instantanément une voix qu'elle avait crue disparue à jamais. La jeune femme se retourna pour découvrir deux ombres près d'elle, sentant irradier d'eux une douceur familière.
Tu devrais écouter ta mère, elle a raison. Ils sont impressionnés par ce que tu viens de dire. Je pense que tu...
Des larmes coulant sur ses joues, Bélial serra les esprits de ses parents dans ses bras et se blottit contre eux.
– Je suis désolée... C'est de ma faute... Si vous m'aviez pas protégée, vous seriez pas...
T'en fais pas, c'était à nous de te protéger, pas l'inverse... la consola sa mère en passant un bras dans son dos pour la cajoler. Tu es ce qu'il y a de plus important à nos yeux, alors si on le devait, on se sacrifierait des milliers de fois si ça te garantissait au moins un jour de bonheur.
Nous sommes fiers de qui tu es devenue, déclara son père en posant sa main sur sa tête pour la frotter. Tu es la lumière qui m'a guidé hors des ténèbres dans lesquelles j'étais plongé et je sais que je ne suis pas le seul que tu as sauvé de leurs tourments. Mais tu es loin d'avoir terminé ta tâche, il y a encore tant à faire.
Oui, il a raison, alors soit forte ma fille. Les choses vont devenir encore plus difficiles à partir de maintenant. De grands dangers et de terribles défis t'attendent, mais je m'en fais pas pour toi. Après tout, tu n'es pas seule. Tu ne l'a jamais été. Au fait, je t'en veux un peu de ne pas m'avoir parlé de Raya ! Si tu avais une aussi bonne amie, j'aurais vraiment voulue la rencontrer !
– Ah ouais, désolée... s'excusa Bélial avec un petit rire. C'est juste que je savais pas comment parler d'elle, vu que j'étais la seule à l'entendre... Mais si j'avais pu, je te l'aurais présentée, je te jure ! Et même chose pour Sieg, je pense que tu l'aurais bien aimé.
Oh, j'ai vu de quoi il est capable, ne t'en fais pas. Je ne peux pas te donner trop de détails vu que tu te tiens encore de ce côté là du voile entre la vie et la mort, mais nous pouvons voir tout ce qui se passe chez les vivants. Tu as trouvé un partenaire fort et vaillant, mais surtout bon et attentionné. Alors oui, j'aurais aimé le rencontrer pour tester moi même sa force et décider s'il est vraiment digne de toi, mais rien qu'avec ce que j'ai pu voir, je sais que je n'ai pas de raison de m'inquiéter.
Je sais que je n'ai pas le droit de peser dans la balance après ce que je lui ai fait, mais je suis heureux que vous vous êtes trouvés. Toute ce que je désire, c'est te voir sourire, et personne n'y arrive aussi bien que lui.
Bélial relâcha ses parents et recula pour mieux scruter leurs formes. Elle ne pouvait pas discerner leurs traits, mais elle arrivait à reconnaître en eux leur présence rassurante.
– Je suis vraiment contente d'avoir pu vous parler. J'aimerais rester plus longtemps avec vous, mais on a besoin de moi...
En effet, Bélial de Sombresang. Les deux mondes ont besoin de toi s'ils espèrent survivre à ce qui se profile à l'horizon.
Surprise, la barbare se pivota sur elle même et eut le souffle coupé par ce qu'elle découvrit. Un brasier de flammes noires, bien plus grand qu'elle, l'écrasait de sa présence. Elle sentit l'incroyable puissance de l'apparition qui dominait les lieux tel un monarque incontesté. Tout autour d'eux, les esprits semblèrent s'incliner en révérence à ce feu intense.
Tu as encore bien des choses à accomplir, toi dont les intentions sont si pures. De grands défis t'attendent, mais je sens que tu as la détermination d'aller jusqu'au bout de tes convictions. Cependant que sans force, les idéaux n'arrivent à rien, tout comme la puissance sans raison ne peut que détruire. Comprends-tu le sens de ces mots ?
Ne sachant que répondre, Bélial haussa les épaules en grognant, ce qui fit rire le brasier.
Au moins, tu es honnête. Beaucoup auraient sorti une réponse toute faite sans saisir le véritable sens de la question, mais toi, je sens que tu sauras trouvé la vérité que même moi, je n'ai pas su trouver. En attendant, je te souhaite bonne chance, toi, la plus digne de mes descendants qui partage mes rêves que les vivants ont oublié.
Bélial ouvrit la bouche pour demander le sens de ces derniers mots, mais le néant autour fut dissipé et elle se retrouva soudainement riche en couleurs et en sons. La démone tituba en devant à nouveau marcher sur un sol tangible et secoua la tête.
– Putain, sympa de dire des trucs bizarre si c'est juste pour se...
Avant que la jeune femme ne réalise ce qui se passait, son pouvoir se déploya de lui même et forma un mur de ténèbres qui fut frappé par une intense rafale magique. Déstabilisée, Bélial vit le bouclier qu'elle n'avait pas consciemment déployé se dissiper et réalisa que toute la cour d'Eclipsia était en émoi. Des regards interloqués étaient posés sur elle alors que des conversations hâtives et paniquées retentissaient. La démone aperçut Saga qui était ceinturé par plusieurs gardes tandis qu'il fixait son ennemie avec une rage intense. À ses côtés, Tyrian serrait les dents et les poings, se contenant à peine.
Alors que le chaos régnait, les Décides s'empressèrent de rejoindre leur compagnon, mais plutôt que des félicitations, Bélial ne reçut d'eux que des regards inquiets alors qu'il prenaient des positions défensives pour la protéger d'un potentiel nouvel assaut.
– Merde, merde, merde... répétait en boucle Farca.
– Sieg, j'espère que tu as un plan là, parce que sinon... cracha Lorelya en bandant son arc.
– Oh oui, bien sûr, parce que je pouvais deviner que ça allait arriver ! Pour le moment, on reste sur nos gardes et on se tient prêt à gérer la situation, peu importe comment elle évolue !
– Mais il se passe quoi, là ? demanda Bélial. Me dîtes pas que tout le monde aime pas que j'ai réussi !
– Heu, Bel... lui chuchota Raya en posant sa main sur son épaule pour la pousser à se retourner. C'est ça qui choque tout le monde...
Perdue, la démone fixa le miroir et ses paupières s'ouvrirent en grand en découvrant son reflet. Ses cornes s'étaient allongées et deux massives ailes dépassaient de son dos. En tentant de bouger des muscles dans son dos dont elle n'avait jamais suspecté l'existence, elle vit les ailes bouger dans la glace. Comme si elle ne croyait toujours pas ce qu'elle voyait, Bélial passa sa main par-dessus son épaule et attrapa le bord d'une aile, ressentant une sensation de toucher inhabituelle là où son nouveau membre était empoigné.
– Je savais bien que tu promettait d'être intéressante, mais là, je dois m'avoue que tu m'impressionnes... s'exclama Sirocion en s'approchant d'elle. Par contre, tu es aussi en train de foutre un désordre pas possible...
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