Partie 38
Au bout de plusieurs minutes, Urielle, ayant réussi à calmer Andrea, demanda à se retirer un moment. Elle sortit pour se poser dans un couloir et composa le numéro de Dylan, inscrit sur un bout de papier dans sa main droite.
-- Urielle Dongmo à l'appareil. Monsieur Marcabeli ? Où êtes-vous? Revenez ici puis appelez-moi. J'ai des choses à vous dire.
Elle raccrocha et retourna dans la pièce. Andrea l'y attendait, les paupières lourdes de sommeil.
-- Ma chérie, tu dors déjà ? demanda Urielle.
Andrea ouvrit les yeux.
-- Excuse-moi, je suis vraiment très fatiguée, répondit-elle faiblement.
-- Viens par ici alors.
Urielle l'aida à se lever et la conduisit dans une petite cabine où un lit avait été dressé. Elle souleva le coussin avant de le replacer lorsque Andrea se coucha.
-- Allez, repose-toi, lui dit-elle.
Dylan arriva une quinzaine de minutes plus tard. Il appela Urielle pour qu'elle le rejoigne.
-- Il vaudrait mieux que nous nous retirions dans un autre endroit, dit-elle. Nous devons avoir une conversation sérieuse.
Dylan accepta la proposition et ensemble, ils se mirent à marcher tout au long de la cour.
-- Elle va très mal, lui dit Urielle, une pointe de tristesse dans la voix. Vous devez faire bien plus que lui témoigner gentillesse. Montrez-lui à quel point vous regrettez votre barbarie. Pour cela, il faut plus que des mots. Agissez ! Vous devriez par exemple envisager de déménager, changer votre eau de toilette et renouveler votre garde-robe. Tant que vous resterez dans cette maison, Andrea ne pourra pas guérir. Vous devez absolument vous éloigner d'elle quand elle le demande et rester auprès d'elle quand elle ne dit rien.
-- Je...
-- N'essayez pas de répondre quoi que ce soit, lui coupa-t-elle la parole. Ramenez simplement votre femme à la maison puis laissez-la se reposer. Et aussi, faites ce que je vous ai suggéré. Le plus rapidement possible, insista-t-elle avant de quitter Dylan pour rentrer à l'hôpital.
Elle réveilla Andrea pour lui annoncer qu'elle devrait maintenant rentrer chez elle. La jeune femme remercia Urielle et monta dans la voiture de son mari. Durant le trajet, la fatigue eut raison d'elle et Andrea s'endormit. Plus tard, elle se sentit soulevée jusqu'à ce qu'elle touche enfin son lit moelleux.
Dylan pénétra dans sa chambre. Se remémorant les paroles d'Urielle, il informa son père de son intention de changer de domicile au plus vite, car cela serait bénéfique pour la thérapie d'Andrea. Monsieur Marcabeli lui donna son feu vert pour qu'il puisse occuper sa troisième villa, située à plusieurs mètres de la sienne. Il dépêcha immédiatement des domestiques pour nettoyer la maison.
Une cigarette à la main, après avoir bu trois verres d'alcool, Dylan activa le WiFi pour naviguer sur TikTok. Il abaissa la luminosité de son écran et baissa le son de son téléphone afin de ne pas faire trop de bruit.
-- Madame, vous ne pouvez sortir seule, monsieur a dit...
-- Va te faire voir, as-tu compris ?
Lorsque ces paroles parvinrent à ses oreilles, Dylan se leva brusquement et regarda par la fenêtre. Il vit Andrea vêtue d'une robe rouge, essayant de partir tandis que le gardien refusait d'ouvrir le portail.
-- J'aurai de sérieux ennuis si je vous laisse sortir seule, dit ce dernier, suppliant presque Andrea de ne pas le mettre dans une situation délicate.
-- Pour qui se prend ton crétin de patron, pour mon père ? répliqua-t-elle avec véhémence.
-- Madame, je vous en prie, calmez-vous.
-- Laisse-la sortir ! cria Dylan depuis l'étage.
Andrea se retourna et leva les yeux.
-- Tu te prends pour qui toi ?
-- Andrea, cela ne va vraiment pas le faire. Tu voulais sortir alors vas-y et évite de te faire remarquer.
-- Moi je me fais remarquer ? Pauvre type, tu crois que j'ai que ça à faire ?
-- Toujours hors sujet, souffla Dylan, n'arrivant pas à dissimuler son exaspération.
Andrea, énervée, quitta le gardien et pressa le pas vers l'étage. Elle monta jusqu'à la porte de Dylan qu'elle frappa avec nervosité. L'homme lui ouvrit, un verre d'alcool à la main. Dès qu'elle le vit de plus près, sa colère vira au noir.
-- Penses-tu que...
-- Chut !
-- Ne me parle pas de la sorte, je ne suis pas muette pour que tu me fasses "Chut", d'accord ? J'entends parfaitement, donc parle-moi normalement ou...
-- C'EST ASSEZ, ordonna fermement Dylan. Tu vas arrêter ces sauvageries, sinon je pourrais vraiment t'enfermer dans la maison jusqu'à ce que tu accouches.
-- De ton raté de bébé, n'est-ce pas ?
-- Contrôle ton langage, Andrea, contrôle ton langage.
-- Je dis ce que je veux, quand je veux, cria la jeune femme en repoussant son époux. Je ne vais pas me retenir de dire à quel point tu es un homme minable.
Le verre tomba sous la pression qu'elle exerça.
-- C'est compris, se résigna Dylan. Minable je suis. Idiot je suis et puis quoi d'autre ?
-- Et puis ça !
Elle avança sa main pour lui donner une claque, mais Dylan la bloqua à temps. Il ne fallait pas tenter cela, et Andrea avait déjà été prévenue. Il maintint sa main pendant plusieurs secondes, le regard rempli de colère, il la dévorait des yeux.
-- N'essaie pas de refaire cela une prochaine fois, dit-il les veines palpables.
-- Qu'est-ce que tu ferais si je le refaisais, hein ? réponds !
-- Andrea, tu m'énerves à la fin, comprends-tu cela ?
-- Sentiment partagé, maintenant lâche ma main.
-- Je n'en ai pas envie.
-- Laisse-moi, j'ai dit.
Elle essaya de retirer sa main et lorsqu'elle y parvint, elle se retourna violemment. En un instant, elle se retrouva presque au sol. Andrea venait de glisser et si son époux n'avait pas été là pour la rattraper, elle aurait fait une belle chute. Dylan la saisit par le rein ce qui déclencha les contractions de la jeune femme vu le secouement rapide de son corps. Andrea se mit à hurler de douleur.
Au même moment, Malika entra dans la pièce.
-- Mais qu'est-ce que vous avez fait monsieur ? s'écria-t-elle.
Andrea criait toujours pendant que Dylan essayait de se défendre.
-- Ce n'est pas ma faute, elle s'agitait trop et elle a fini par glisser.
-- C'est compris ! Dépêchez-vous de la conduire à l'hôpital !
Dylan souleva immédiatement Andrea, cette dernière souffrait terriblement. Elle avait très mal au ventre et ne savait où poser la tête. Malika prit son téléphone gravement déchargé, trois pour cent précisément. Elle composa le numéro de Bria qui répondit immédiatement.
-- Excuse-moi chérie, mais je suis très occupée en ce moment. Je dois urgemment faire une commande pour un...
-- Andrea est sur le point d'accoucher.
Bam. L'assiette que tenait Bria dans sa main droite venait de lui échapper.
-- Pardon... quoi... que dis-tu ?
-- S'il vous plaît, venez à...
Le téléphone venait de s'éteindre. La gamine l'engouffra dans son sac et courut monter dans la voiture de son patron. Dylan démarra. La jeune fille regarda Andrea souffrir sans rien pouvoir faire. Son cœur se serra de douleur.
Pendant ce temps, Bria quitta précipitamment son lieu de travail et monta dans le premier taxi qu'elle arrêta. Elle ne pouvait conduire dans cet état de panique. Ce fut une confusion totale dans son esprit ; elle se dépêcha d'informer les parents d'Andrea. Quarante minutes plus tard, elle arriva à l'hôpital le plus proche du domicile de Dylan. Bria donna un billet de cinq mille francs au chauffeur et sans même prendre la monnaie, se pressa à l'intérieur.
Elle vit tout de suite Dylan qui faisait les cent pas, l'air nerveux et Malika assise sur une chaise d'attente dans sa tenue d'école.
-- Où est Andrea ? demanda-t-elle en criant.
Bria ne reçut aucune réponse. Alors qu'elle s'apprêtait à parler de nouveau, une sage-femme sortit à leur rencontre.
-- Rassurez-vous tout va bien ; le liquide amniotique vient de rompre et la patiente est toujours en proie aux contractions. Restez calmes et positifs. Nous attendons la dilatation du col et comme vous l'aviez peut-être déjà entendu...
-- Cela prend plusieurs heures, termina Dylan. Oui, nous en sommes conscients. Merci beaucoup.
-- Soyez fort, monsieur, cela ira !
-- Puis-je entrer dans la salle ? intervint Bria. Je voudrais être là pour elle. Andrea a besoin de moi, s'il vous plaît.
-- Désolée, mais vous ne le pouvez pas.
-- Mon amie a besoin de moi, comprenez-vous cela ou pas ? Et puis, depuis quand une proche est-elle restreinte à pénétrer la salle d'accouchement de son amie ?
-- Bria, tu ne vas pas encore recommencer, fit Dylan. Ce n'est ni le moment, ni le lieu adéquat.
-- Non, laissez-la, défendit la sage-femme. Madame, vous pouvez me suivre.
Lorsqu'elles entrèrent dans la pièce, le corps de Bria se crispa. Voir Andrea couchée, se retournant chaque seconde dans le but de calmer cette grande douleur qui la submergeait. Voir Andrea pleurer ou crier à chaque contraction lui brisa le cœur. Son amie souffrait et elle ne pouvait rien y faire. C'était trop dur. Impossible à supporter. Bria retourna aussitôt dehors pour se jeter sur Dylan.
-- Tout est de ta faute, tu es un homme cruel. Je te déteste, dit-elle les larmes aux yeux.
-- Laissez mon patron, s'interposa Malika. "Arrêtez de l'insulter. Vous ne saviez pas ce qu'il endure lui aussi, vous ne saviez pas ce qu'il a affronté comme douleur alors ne l'insultez pas.
-- Ma fille, mon bébé, cria Mélanie en avançant à leur rencontre, son époux à sa suite.
Elle lança un regard noir à Dylan pour ensuite le dépasser. Seul Raphaël accueillit les salutations de ce dernier.
-- Mieux vaut que je m'en aille d'ici, affirma Dylan plus qu'énervé. Malika suis-moi, il faut que tu rentres.
-- Non, je voudrais rester encore un peu.
-- C'est un ordre !
Elle se leva le cœur lourd de peines et avança avec nonchalance jusqu'à la voiture. Dylan la déposa chez elle et sans donner d'explications à Djalika, s'en alla pour une boîte ouverte en journée. Il but deux verres d'alcool et alluma une cigarette. Alors qu'il s'emparait d'un troisième verre, une jeune femme vint près de lui.
-- Alors besoin de compagnie, beau gosse ?
Dylan repoussa immédiatement la proposition et sortit du lieu. Il s'enferma dans son véhicule pour pleurer un bon coup.
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