Partie 22
Les grands immeubles et supermarchés parcourant les rues ne suscitaient aucun intérêt chez Andrea. Adossée à la vitre, les mains croisées, elle semblait complètement ailleurs. Son amie, inquiète de son état d'âme, lui tapota doucement la cuisse, ce qui fit sursauter la jeune dame.
-- Tu voudrais qu'on aille à l'hôpital ? demanda Bria en fixant les pieds d'Andrea qui laissaient voir son sang coagulé.
-- Non, répondit sèchement Andrea.
-- Que t'arrive-t-il ma chérie ? s'enquit Bria.
Andrea se tourna vers son amie et lui fit comprendre d'un vif regard qu'elle n'avait pas envie d'en parler. Bien qu'un peu déçue de cette réaction, Bria n'insista pas et se concentra pleinement sur le chemin. Au bout de plusieurs minutes, elles arrivèrent enfin à destination. Bria descendit de la voiture et se pressa d'ouvrir la porte de son humble demeure qui n'était autre qu'une petite villa de teinte marron claire.
-- Ici a beaucoup changé, tu ne trouves pas ? lança-t-elle à son amie lorsqu'elles entrèrent à l'intérieur.
En effet, dès son retour, elle avait pris soin de changer la couleur des lieux et l'emplacement des objets. Ce nouveau classement des choses rendait la pièce plus unique, plus vivante et plus agréable à la vue.
Sachant tout cela, Andrea resta muette. Bria déposa son sac sur la table à manger du salon et rentra en cuisine se laver les mains.
-- Tu m'as l'air beaucoup trop renfermée aujourd'hui, ce n'est pas dans tes habitudes. Affirma-t-elle devant le calme d'Andrea. Tout à l'heure tu t'apprêtais à me dire quelque chose au téléphone, c'était quoi ?
Andrea devint confuse, elle ne voulait ni ne pouvait en parler. Tout était beaucoup trop récent. Elle se tira les doigts les uns dans les autres à la recherche de mots... mais surtout d'arguments.
-- Arrête d'insister puisque je te dis que je n'ai rien de grave, j'ai juste un peu mal à la tête, riposta-t-elle sur la défensive.
-- Une femme ne pleure pas comme tu l'as fait à cause d'un mal de tête, ce n'est pas juste une fatigue qui va te mettre dans cet état là. Regarde-toi dans un miroir. Ta tête, ta peau, tes yeux... enfin... dit Bria en se levant. Je reviens arranger cela.
Elle disparut du salon pour en revenir quelques secondes plus tard avec une trousse de secours. Bria porta des gants, prit un peu de coton et de l'alcool pour lui désinfecter les plaies.
-- Attention ça va piquer, prévint-elle son amie.
-- Je sais, souffla Andrea.
Bria fut exaspérée de l'attitude d'Andrea mais ne fit aucun commentaire là-dessus. Une fois le travail terminé, elle rangea les outils restants et jeta à la poubelle ceux utilisés.
-- Tu vas me dire une bonne fois pour toute ce qui t'arrive. Chérie je ne peux pas t'aider si tu ne me fais pas assez confiance. Dit-elle en prenant place aux côtés d'Andrea tout en lui caressant l'épaule.
Cette dernière ne fit aucun mouvement et se laissa emporter par la bulle de son amie pendant une trentaine de secondes avant de s'en dégager subitement comme éprise d'un soudain dégoût. Bria haussa d'abord les sourcils d'incompréhension puis de colère.
-- Ok, quand tu auras envie de parler, tu sais où me trouver dans la chambre. Sur ce, à plus, dit-elle assez nerveusement.
Elle emprunta le petit couloir qui ramenait à sa chambre et se coucha.
De son côté, Andrea ne bougea pas du fauteuil où elle était confortablement assise. Ses pensées vagabondaient jusqu'à se poser sur Matteo.
S'il avait demandé sa main plutôt. Tout cela ne serait pas arrivé. Il était aussi coupable à ses yeux.
[...]
Dylan avait depuis un bon moment terminé ses recherches pour la future documentation de Roland. Le dossier était à présent intact et complet. Il décida de visionner un film sur Youstoon.
Horreur... Non, fit-il d'un mouvement de tête. Fantastique.... Non! Amour.... sûrement pas ! Aventure....
Il cliqua sur la dernière option et dévora des yeux le film qui lui fut présenté. "The Bodyguard" était le nom de cette merveille. "C'est fou comme ces personnes maîtrisaient le jeu d'acteur", pensa-t-il.
Dylan déposa à peine son téléphone que celui-ci se mit à vibrer. Il décrocha à l'appel sans même regarder le nom de l'interlocuteur. Après avoir terminé la causette avec Roland, le destinataire de ce coup de fil, il raccrocha ramenant l'écran à l'accueil et là... La photo de Rachel sur son écran avait suffi pour le mettre hors de ses bornes. Cela faisait deux jours qu'elle l'avait abandonné et bien qu'il en fût furieux, Dylan n'arrivait pas à supprimer ses photos et même à l'enlever de son profil. "Ah, sacrée Rachel", murmura-t-il entre ses dents.
Il déposa le mobile et s'allongea à la recherche de sommeil. Il lui fallait un peu de sieste mais ses pensées refusaient de quitter Rachel.
Toc, toc, toc, résonna sa porte. Dylan se leva et adopta une position assise, conscient de qui était à l'extérieur. Malika entra dans la pièce lorsque la réponse positive de son patron lui vint à l'oreille.
-- Bonsoir monsieur, introduisit-elle arrêtée au seuil de la porte. Désolée du dérangement. Je voudrais me rendre au supermarché alors j'aimerais vous demander si vous auriez besoin de papier rame pour que j'en achète, termina-t-elle machinalement avant d'abaisser son regard rempli de tristesse.
Elle constata à quel point son patron fut méprisant au point d'être détesté par Andrea. Comment il l'avait laissée s'en aller sans lui administrer des soins pour ses blessures. Pourquoi était-il aussi insensible à sa femme alors que elle, Malika, à peine avait-elle une crampe qu'il courait la soulager ? Elle lui en voulait, mais comment aborder ce sujet avec lui ? Comment le faire étant donné que c'était sa vie personnelle à lui ?
-- Pourquoi es-tu si attristée ? lui questionna Dylan, très inquiet. Tu ne te sens pas très bien ? Tu aimerais te reposer ? L'état de santé de ta maman a-t-il chuté ? S'inquiéta-t-il toujours.
Malika avala rapidement son courage, un sentiment de vulnérabilité l'envahit tout à coup.
Comment en parler ?
-- Malika réponds-moi s'il te plaît, tu vas bien ?
-- Oui monsieur je vais très bien, dit-elle vivement.
Elle était embarrassée, que fallait-il faire ? Sûrement en parler à sa mère, cette dernière saura l'aider, pensa-t-elle.
-- Je crois plutôt que tu es préoccupée par quelque chose, discerna-t-il toujours en la regardant.
Ce n'était pas de son habitude d'abaisser la tête pour parler alors Dylan sut que Malika lui reprochait quelque chose car il la connaissait par cœur.
-- Viens t'asseoir là, dit-il en tapotant le lit juste à côté de lui.
Malika n'hésita pas une seconde à rejoindre cette invitation, le cœur lourd de peines.
-- Alors alors, commença Dylan en lui essuyant les larmes à l'aide de sa paume. J'aimerais savoir ce qui te torture autant.
Elle leva enfin ses yeux rougis par la peine et croisa son regard. Dylan avait l'air beaucoup curieux de savoir ce qui n'allait pas.
-- Andrea.... monsieur pourquoi maltraitez-vous votre femme ?
L'expression et le ton du visage à Dylan changèrent immédiatement. Son expression de compassion se transforma en colère.
Andrea, pourquoi parler d'elle ? Qu'est-ce que cette femme lui avait apporté de mieux que des ennuis ?
Il s'adossa sur le chevet de son lit et commença à réfléchir. Que dire pour ne pas choquer cette gamine ? Qu'il avait du dégoût pour sa femme ou qu'il ne l'aimait tout simplement pas ?
-- Elle était tellement triste et en colère ce matin, elle en voulait à tout le monde car elle souffrait, je l'ai vu dans son regard, elle...
-- Ça suffit, ordonna Dylan d'un ton très haussé, ce qui écarquilla de stupeur les yeux de Malika. Si elle était triste ce matin, c'est tout simplement parce qu'elle le voulait, il n'y a pas d'autres explications à donner. Tu peux t'en aller car j'ai déjà assez de rame pour terminer le mois.
Malika sortit de la pièce sans pouvoir contenir ses larmes qui coulaient à flot.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro