Partie 11
-- Tout cela est de ta faute, je t'avais pourtant demandé de refuser cette offre. Maintenant, à cause de toi, ma fille n'est pas heureuse.
-- Mel... chérie, s'il te plaît, calme-toi.
-- Que je me calme, tu dis ? Mais Raphaël, as-tu vu de tes propres yeux comment ce jeune homme a méprisé notre fille ? Andrea n'avait plus cette lumière dans le regard quand on l'a revue, il y a deux mois.
Mélanie était rongée par la culpabilité depuis ce fameux repas chez les Marcabeli. Elle était en colère contre elle-même, contre le fait de n'avoir rien pu faire pour empêcher sa fille de sombrer aux côtés de Dylan. "Ce jeune homme irrespectueux", comme elle avait pris l'habitude de le surnommer.
-- Cela fait exactement deux mois qu'à chaque occasion tu me fais des reproches à ce sujet, répliqua Raphaël. J'en suis bien conscient, mais on n'y peut plus rien, rien à part espérer que tout aille bien dans sa vie.
-- J'ai été une mauvaise mère pour Andrea. Je suis une mauvaise mère, pleura Mélanie.
-- Mais non, chérie, tu ne vas pas encore pleurer.
Il vint la prendre dans ses bras.
-- Non, laisse-moi. Tu ne comprends rien... Je suis sa mère, je l'ai portée pendant neuf longs mois. Nous avons tissé des liens particuliers... Intenses et tu m'as obligée à lui mentir. Raphaël, c'est ma fille."
-- Oui, tu as raison... Je sais, dit-il en resserrant son emprise. J'espère que tout ira bien pour elle et qu'elle me pardonnera un jour.
Mélanie se souvenait encore de combien fut difficile cette première et dernière grossesse qu'elle porta. Elle avait vingt-et-un ans à l'époque où elle apprit qu'elle allait être mère. Le jeune couple qui totalisait sa deuxième année d'union avait rapidement aimé et accepté la nouvelle. Raphaël était aux petits soins de sa femme et elle en profitait pour faire des caprices juste dans le but de le voir rager. Il y avait une bonne ambiance, et leur modeste vie leur procurait un grand bien-être. Puis, vint le jour où on annonça à Mélanie qu'elle était atteinte d'une maladie cérébrale pouvant être néfaste pour sa vie et celle de son bébé. Il fallait faire un choix. Vivre ou laisser son enfant vivre.
C'est à ce moment-là que la vie du couple bascula. Quand bien même Raphaël avait usé de tous les moyens possibles pour l'en convaincre, Mélanie refusait de se faire avorter. Il en était hors de question pour elle d'éliminer la chair de sa chair pour se sauver elle-même. Les mois avancèrent et la maladie s'aggravait en même temps que la grossesse. Désormais à sept mois, il n'y avait plus grand-chose à faire que d'attendre jusqu'à l'accouchement. Mais Raphaël ne voulait pas courir le risque de perdre cette femme qu'il aimait tant, alors il a demandé un prêt d'une importante somme à son patron pour courir à une opération avant l'accouchement. Nul n'aurait été la gentillesse de monsieur Marcabeli, Andrea et sa mère auraient péri.
Les chaudes larmes et le rappel de tous ces événements douloureux épuisèrent Mélanie qui s'endormit aussitôt.
[...]
Le soleil couchant annonçait à Andrea la tombée de la nuit. Elle venait de finir le nettoyage de la cuisine et de sa chambre. Alors, elle se dépêcha de prendre son repas ainsi que sa douche du soir et de s'installer sur le divan, face à la télévision.
Dans une certaine nostalgie, elle vint à la conclusion que sa vie était plutôt ennuyeuse. Elle ne faisait presque rien dans cette maison et puisqu'elle ne pouvait continuer les études, Andrea décida de se trouver au plus vite un travail.
Elle s'endormit finalement aux environs de minuit sur le divan qui l'avait accueillie plus tôt dans la soirée. Plus tard, elle sentit des bras la soulever. Puis, elle se retrouva sur son lit moelleux. Après lui avoir mis un drap sur le corps, Dylan s'en alla.
Il était épuisé par cette après-midi mouvementée. Il avait d'abord rendu visite à ses amis Romeo et Roland. Des jumeaux aussi beaux et sérieux que lui, les seuls à qui il avait offert sa confiance et ses seuls amis. Il était retourné travailler à l'industrie avant de terminer en beauté chez Rachel. En parlant d'elle, son ventre devenait très visible car elle était à trois mois de grossesse.
Dylan se brossa les dents, s'allongea et s'endormit finalement. Il sursauta et saisit son téléphone lorsque celui-ci se mit à sonner.
-- Allô princesse !
-- S'il te plaît viens vite à la maison, j'en peux plus, cria de panique Rachel.
Dylan s'habilla rapidement, prit ses clés et sortit de la maison. Il était deux heures du matin, mais l'heure lui importait peu.
Le vaste salon de Rachel ne laissait rien d'important à sa vue. Dylan rejoignit la chambre de cette dernière. Rachel y était, couchée sur le dos à manipuler son téléphone. Lorsqu'elle l'aperçut, l'expression de son visage devint plus joyeuse.
-- Enfin, tu es là, mon amour, dit-elle en se redressant. Je suis contente de te revoir. Viens t'asseoir près de moi, s'il te plaît.
-- Tu n'as donc rien de grave? Es-tu sérieuse là ? demanda Dylan, d'un air très agacé. Je te rappelle que cela ne fait même pas plus de deux heures que j'étais ici, j'ai besoin de repos ma chérie. Et là, tu me rends inquiet pour une bagatelle.
-- Mais... mais pourquoi me parles-tu de la sorte? Je voulais juste te voir...ou du moins, ton bébé voulait voir son père."
Cette réponse calma lentement l'irritabilité de Dylan. Il se tourna et ferma la porte à clé puis prit place auprès d'elle en posant la main sur son ventre.
-- Je suis là maintenant pour vous, lui susurra-t-il à l'oreille. Je t'aime énormément!
Rachel lui fit un sourire. Elle se blottit contre lui et ils commencèrent à s'endormir...
-- Bébé ? dit-elle soudainement.
-- Je ne suis pas un bébé, répondit Dylan.
-- Doudou ? retenta-t-elle.
-- Je ne suis pas une peluche, répondit-il.
-- D'accord. L'élu de mon cœur ?
-- Oui ma reine, acquiesça-t-il à présent.
-- Entre la femme la plus belle du monde et moi, qui choisis-tu ?
Dylan fut stupéfait par cette question et il se demandait bien d'où sa petite amie l'avait tirée. Il y réfléchissait...
-- Allez réponds-moi s'il te plaît, insista Rachel.
Dylan ferma les yeux et cria :
-- Je te choisis toi !
-- Oh c'est trop mignon.
Elle lui fit une bise au front.
-- Sauf que c'est du pur mensonge, renchérit l'homme en ouvrant les paupières. Sans blague, je prends la plus belle femme.
-- Et moi qui pensais que j'étais la plus belle femme du monde à tes yeux. C'est bon, je n'ai plus envie de te voir...tu peux t'en aller.
-- S'il te plaît ne me fais pas cela. Je rigolais. Pour moi, tu es la plus belle femme de l'univers et même de la galaxie toute entière.
-- C'est vrai?
-- Oui oui ma beauté, maintenant nous pouvons dormir s'il te plaît !
***
Le lendemain matin, Andrea se mit très tôt à la cuisine, quand une voix l'interpella.
-- Bonjour madame, dit Malika.
-- Andrea irait mieux, répondit la patronne en retournant son omelette. Dis, quel âge as-tu ? demanda-t-elle ensuite avec grande attention.
-- Quinze ans.
-- Seulement ? Seulement quinze ans ?
-- Oui et toi ?
Andrea se sentit tout à coup mal à l'aise pour cette jeune fille. Travailler comme femme de ménage à seulement quinze ans, cela ne devrait pas être facile. Cette fille pourrait être sa petite sœur. Andrea s'en voulait de l'avoir ignorée tous ces mois où elle avait essayé d'oublier Matteo.
-- Je...je vois, dit-elle, bouleversée.
-- N'aie pas peur pour moi. T'inquiète, j'arrive à survivre malgré tout, rassura l'employée en souriant chaleureusement.
Andrea l'admirait rien que pour cette joie qui ne la quittait presque jamais. Elle eut immédiatement envie de l'aider à se soulager des tâches ménagères.
-- Si tu veux, je peux t'aider à préparer le petit déjeuner de Dylan ce matin, pendant que tu te reposes, proposa-t-elle.
-- Oui, madame, cela me ferait vraiment plaisir !
Andrea lui sourit avant de s'approcher du réfrigérateur, de l'ouvrir et d'en sortir trois œufs, une tomate, un oignon et quelques piments, de l'ail et un bouillon.
-- C'est Andrea, ne l'oublie pas ! dit-elle pour rectifier la phrase précédente de Malika.
-- Oui, oui, c'est vrai. Désolée !
-- Ce n'est rien. Sinon, puisque nous sommes en cuisine, parlons cuisine. Tu pourrais me donner les recettes que tu aimes faire. Comment les as-tu apprises ? Quels plats préfères-tu ?
-- J'aime bien les bananes grillées, la soupe de poulet, les galettes, les pop-corn, la salade et les moules-frites. C'est monsieur qui m'a appris à tous les faire à la perfection.
Les moules-frites ?
Andrea tressaillit en elle-même. Ce plat ? Et dire que cette gamine de Malika cuisine mieux que toi, se rappela-t-elle. Elle laissa brusquement le couteau sur la table de cuisine.
-- Andrea, ça va ? s'enquit Malika.
-- Oui, tout va bien, c'est juste que je me suis rappelée de mon bain. Je l'ai fait couler depuis assez longtemps. Excuse-moi pour cette fois, mais tu devras terminer la cuisson. Il faut que je me lave.
Malika la trouvait tout d'un coup assez louche, mais haussa les épaules et se mit à la tâche. Elle avait au préalable pris le soin d'observer sa patronne quitter la cuisine.
Quelques minutes plus tard, la table était prête et Andrea descendit.
-- J'ai préparé un petit-déjeuner pour toi et monsieur, informa l'adolescente.
Au même moment, Dylan entra dans le salon, visiblement épuisé.
-- Bonjour monsieur, dit Malika.
-- Bonjour, renchérit Andrea.
-- Salut Malika, et aussi ma chère épouse, répondit-il rapidement avant de monter les escaliers.
-- Voulez-vous que j'apporte le petit-déjeuner dans votre chambre ? demanda Malika.
-- Non, ça va aller. Je n'ai pas faim, juste fatigué. Je rentre me reposer, répondit Dylan.
-- Après le petit-déjeuner, ça te dirait qu'on aille faire un peu de shopping ? proposa Andrea dès que Dylan disparut de leur vue.
-- Moi ? demanda Malika, comme s'il y avait un intrus dans la pièce.
-- Bien sûr. Installons-nous à table, répondit Andrea.
L'adolescente était surexcitée à l'idée de faire du shopping. Elle mangea rapidement, probablement due à l'impatience qu'elle éprouvait. Andrea ne pouvait s'empêcher de rire. Lorsqu'elles ont fini, la maîtresse des lieux ajouta :
-- Je me charge de la vaisselle. Toi, va d'abord demander la permission à ton patron et on ira.
-- Merci merci merci, s'exclama Malika.
-- Attends encore un peu avant de dire merci.
-- Je prends de l'avance !
Elle alla jusqu'à la porte de Dylan, tapota et entra. Dylan était sur son ordinateur, assis dans un canapé. La jeune fille resta donc près de la porte.
-- Excusez-moi monsieur du dérangement. En fait, j'aimerais m'absenter un moment pour une petite balade, puis-je avoir votre permission ?
-- Évidemment ! Mais ne t'éloigne pas trop de la villa. Et fais attention aux jeunes hommes qui pourraient t'interpeller. Beaucoup ont de mauvaises intentions.
-- D'accord monsieur, merci beaucoup.
Elle se tourna et rouvrit la porte pour s'en aller.
-- Malika, attends !
-- Oui monsieur ?
-- Prends ça pour ta mère, déclara l'homme en lui tendant quelques billets de banque. Et présente-lui mes salutations les plus sincères, j'espère que son état ira mieux. Dis-lui que je compte très prochainement lui rendre visite.
-- Merci monsieur !
-- Et ça, c'est pour toi, ajouta-t-il en lui remettant de l'argent. Pour t'acheter quelques trucs de filles.
-- Je ne le mérite tellement pas, dit l'adolescente dans une forte émotion.
-- Non, ne raconte pas ce genre de choses. Tu es une fille courageuse et respectable et tu mérites plus que cela.
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Malika esther NGo ( camerounaise )
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