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Chapitre 17

Vestar ne fut pas plus surpris que ça de voir la jeune vipère attendre avec ses parents, le roi et la reine qu'Alrek arrive. À côté d'elle, une väntan de son âge était habillée d'une robe longue en laine d'un jaune criard qui tranchait avec son teint de miel. Le pire était le col de fourrure posé sur ses épaules qui n'allait absolument pas ni avec la robe ni avec le visage de la jeune fille.

- Lady Rahel sera ta cavalière, dit Tindra en désignant la jeune brune qui sourit de toutes ses dents.

- C'est un honneur, Seigneur.

- Et sa compagne sera la cavalière de ton knähund. Ivika, c'est ça ?

- C'est cela, Majesté, répondit Rahel.

Avec une politesse blasée, Alrek rejoignit Rahel et lui tendit son bras sans prononcer le moindre mot et sans la regarder. Elle rayonna en glissant sa main dans le creux de son bras. Vestar offrit un sourire rassurant à Ivika qui détourna le regard en rougissant. Elle prit son bras et le suivit lorsqu'ils partirent vers la salle de réception.

La pièce était déjà remplie par les convives et se tut lorsque les portes s'ouvrirent sur eux. Alrek amena Lady Rahel jusqu'à sa place et Vestar amena Ivika jusqu'au siège à côté de sa maîtresse. Les femmes étaient installées d'un côté et les hommes de l'autre. Tout le monde était serré autour de la longue rangée de tables polies par les années et les verres renversés.

Vestar retrouva son coussin doré et Nicklas qui était installé juste à côté de lui. Le conseiller Linus était l'un des rares gauchers résidant au château et il forçait toute la tablée à se décaler. Seule la famille royale était assise en face de de leur cavalières.

- Sa Seigneurie t'a autorisé à détacher tes cheveux ? lui souffla Nicklas, si bas que Vestar le comprit à peine.

- C'est lui qui a décidé que je devais les laisser ainsi.

- Quitte à paraître céraméen, autant l'être entièrement, je suppose.

Le dédain de Nicklas le surprit. Il se souvint des avertissements d'Alrek à propos du knähund. Peut-être n'était-il pas son ami, au final.

Il commençait à comprendre pourquoi le prince était si méfiant envers tout le monde. Et si seul.

- Je ne pensais pas que la reine t'autoriserait à apparaître.

- Elle a failli défaillir.

Un sourire apparut sur les lèvres de Nicklas qui secoua la tête.

- Ça n'a rien d'étonnant. Elle est trop faible pour supporter la présence de l'ennemi dans ses murs.

Vestar ne répondit pas. Tindra paraissait faible mais il commençait à songer qu'elle avait forgé cette façade pour dissimuler son esprit retors. Si ce qu'il avait compris de l'affrontement entre roi et reine était vrai, il semblerait qu'elle essaie de se jouer de son mari. Dans quel but ? Il l'ignorait encore. Il fallait déjà qu'il sache avec qui elle travaillait.

- Elle semble encore moins supporter son beau-fils.

- Ils s'entendent comme chien et chat, admit Nicklas. Elle le déteste et il le lui rend bien.

- Tu sais pourquoi ?

Nicklas haussa les épaules.

- Personne ne sait vraiment. Ce ne sont que des rumeurs. Comme la plupart du temps lorsque ça concerne la famille royale. Même mon maître parvient rarement à avoir la moindre information sérieuse.

- Et que disent les rumeurs ?

- Pourquoi est-ce que ça t'intéresse tant ?

Vestar sentit venir le terrain glissant. Il s'y était attendu. Obtenir des réponses sur un tel sujet serait difficile. Il avait plus qu'intérêt à surveiller ses paroles, désormais.

- Disons que je préfère savoir d'où vient le danger qui le concerne. S'il meurt, je meurs. Je ne le protège pas par plaisir. J'ai envie de rentrer chez moi et il est ma seule voie de sortie. Alors je n'ai pas d'autre choix que de savoir à quoi m'attendre si je veux survivre.

Nicklas étudia son visage pendant quelques secondes avant de se détourner vers le plateau qui venait de lui être servi. Vestar ne poussa pas la conversation, commençant lui-même à manger. Il jeta un regard vers Alrek qui ne semblait pas se préoccuper des conversations autour de lui. Il ne parlait pas, picorant son assiette. Vestar se rendit compte que les doigts du prince jouaient dans ses cheveux sans que leur propriétaire semble le remarquer. Il le laissa faire, tentant de se connecter aux différentes conversations autour de lui.

- La rumeur dit que c'est elle qui a donné l'idée à certains conseillers de chercher à se débarrasser de Sa Seigneurie. Personne ne croit que c'est elle qui a eu l'idée en premier mais qu'on lui a soufflé ce qu'elle devait faire à l'oreille.

- La rumeur donne un nom ?

- Plusieurs.

- Un plus que d'autres ?

Nicklas hésita, réduisant en miettes ce qu'il restait de son morceau de pain.

- Lord Valdemar. C'est celui qui revient tout le temps.

Soudain, le knähund se pencha sur lui et le força à le regarder droit dans les yeux. Il murmura à toute vitesse.

- Ce que je te dis, tu le gardes pour toi.

- Évidemment. À qui veux-tu que j'en parle ? Même si je voudrais en parler à Sa Seigneurie, tu crois qu'il m'écouterait ?

- Non, probablement pas, c'est vrai. Mais tu ne parles pas. Et si on te pose la question et que tu donnes mon nom...

- Je ne dirais rien, Nicklas. À personne.

L'autre ne parut pas persuadé mais il était trop tard. Il avait déjà parlé. L'information devait être plus sérieuse que ce qu'il n'avait voulu faire croire. Nicklas jeta un coup d'œil vers son maître avant de se pencher un peu plus vers Vestar.

- Retrouve-moi après le bal dans la bibliothèque.

Vestar n'eut pas le temps d'accepter ou de refuser que Nicklas s'était redressé et agissait comme s'ils n'avaient pas échangé le moindre mot. Il fronça les sourcils mais joua le même jeu. C'était sûrement préférable. Si le prince s'était rendu compte de quoi que ce soit, il était passé maître dans l'art de faire comme si ce n'était pas le cas.

Il finit de dîner et écouta ce qu'il se passait autour de lui. Lady Rahel et sa voix de crécelle lui donnaient mal à la tête et l'empêchaient de se concentrer sur les conversations qui se mélangeaient autour de lui. D'ordinaire, il n'avait pas de mal à suivre plusieurs discussions en même temps mais avec cette voix haut perché, il ne cessait de perdre le fil.

Il ferma les yeux et tenta de l'ignorer. Surtout qu'elle ne racontait rien d'intéressant. Elle tentait de se faire remarquer par Alrek qui ne lui jetait pas le moindre regard. Il avait terminé son assiette et jouait avec son verre, son doigt courant sur le bord. Il semblait ailleurs.

La reine Tindra se leva et annonça que le dessert serait servi plus tard et qu'ils pouvaient tous se diriger vers la salle de bal. Elle sortit, escortée par sa väntan, son mari et son knähund. Alrek se leva à son tour et Vestar l'imita, demeurant à son côté. Il ne chercha pas à aller vers Lady Rahel qui dut se presser pour le rattraper avant qu'il ne sorte. Il ne cherchait pas à dissimuler son dédain envers elle.

Il garda une distance entre elle et lui, se rapprochant de Vestar. Ils gagnèrent le fond de la salle de bal où Alrek prit place sur son trône. Il fit signe à Vestar de s'approcher de lui.

- Méfie-toi de Nicklas, lui murmura-t-il. Le conseiller Linus est gaucher.

- Quel est le rapport ?

- Il est connu que les gauchers sont des traîtres. Il a le contrôle de son chien alors fais attention à ce que tu lui dis et à ce qu'il te dit encore plus.

- Pourquoi dites-vous que les gauchers sont des traîtres ? Je connais plusieurs gauchers et tous sont très loyaux et honnêtes.

- Une vaste majorité des traîtres à la couronne sont gauchers. C'est reconnu qu'ils ont un cœur de traître.

- Peut-être en ont-ils un parce que vous attendez d'eux qu'ils en aient un.

Le prince tourna la tête vers lui. Une surprise relâchait ses traits et étincelait dans ses yeux. Vestar prit sa place sur le coussin qui avait été installé pour lui.

Les invités entrèrent et remplirent la salle pendant que les musiciens s'installaient. Ce n'était pas les mêmes que la dernière fois. Cette fois, il y avait cinq musiciens. Trois hommes et deux femmes. Ils installèrent leurs instruments et placèrent leurs tabourets. Tous étaient vêtus richement et simplement.

Ils commencèrent à jouer. La mélodie des violons et des violoncelles emplit la pièce avant d'être rejointe par celle des tambours. La femme commença à chanter, sa voix légère et fluette s'accorda à la mélopée puissante des instruments pour créer une musique typique d'Udlica. Normalement, tout le monde devrait danser mais Isstad n'était pas un royaume de bals et de festivités. S'ils en organisaient, personne ne dansait. C'était une réception où tout le monde discutait et passait de cercle en cercle pour échanger des banalités et créer des liens politiques. Il n'y avait rien d'autre à faire.

Le roi Caspar obligea son fils à se présenter en hôte parfait et à aller rejoindre lady Rahel qui était la seule à ne pas être accompagnée par quiconque d'autre que sa compagne. Il ne chercha pas à s'opposer à la décision de son père et se leva. Vestar l'imita et le suivit à travers la foule. Ivika glissa sa main dans le creux de son bras alors que sa jeune maîtresse se pendait à celui d'Alrek avec un sourire énorme et lumineux. Elle ne tarda pas à l'emmener avec elle pour parader devant toute l'assemblée. Vestar se sentit presque désolé pour lui. Il savait ce que c'était. Sa nouvelle position avait l'avantage de le faire redescendre de plusieurs échelons et de ne plus avoir à être traité comme un cheval de parade.

Avec Ivika au bras, il vogua dans la salle, cherchant une cible qui serait capable de lui donner des informations utiles. Il ne prenait pas pour acquis ce que lui avait dit Nicklas. Il préférait avoir l'avis de plusieurs personnes avant d'accepter une réponse.

Sans compter qu'obtenir le nom de la personne liée à Tindra n'était pas la seule chose que le prince lui avait demandé d'apprendre. Il savait que son père et le conseil lui cachaient des choses sur la véritable situation avec Ceramos et qui de mieux placé qu'un céraméen pour tirer les vers du nez de ses ennemis ?

Ivika se laissa entraîner sans dire le moindre mot. Elle avait le visage d'une biche face à un chasseur. Il se força à lui sourire et à se montrer agréable avec elle. Ça ne la détendit pas. Elle accepta le verre de punch aux fruits et but une gorgée.

Le regard de Vestar croisa celui de nombre de jeunes femmes qui battirent des cils et se détournèrent. Leur intérêt était évident mais elles n'osaient le manifester. Elles avaient trop peur de la réaction de leurs pairs.

- Tu attires tous les regards.

Vestar sourit à Jostein qui venait d'apparaître à ses côtés. Il était seul et richement habillé avec de lourds vêtements aux couleurs profondes. Il avait un verre dans la main, déjà à moitié vide.

- Tu es le seul d'entre nous avec une cavalière alors laisse-en un peu pour les autres.

- J'ai toujours été un homme à femmes. Je n'y peux rien. Ça doit être le charme barbare.

Jostein se mit à rire.

- Probablement ! Il va falloir que tu m'en donnes un peu parce que je suis totalement invisible.

- Baigne dans ma gloire, alors. Fais-toi plaisir.

Jostein roula des yeux mais ne s'éloigna pas. Peut-être pourrait-il lui donner des informations. Jostein semblait en savoir beaucoup plus qu'il ne le disait. Il pourrait peut-être confirmer ou infirmer ce que lui avait dit Nicklas. Le tout était de savoir comment les obtenir.

Le knähund se rapprocha pour remplir son verre.

- Fais-la s'éloigner, je dois te parler.

Surpris, Vestar jeta un regard vers Jostein qui, lui, souriait à une jeune femme de l'autre côté de la pièce. Elle lui tourna le dos en croisant les bras. Jostein souffla, ostensiblement blessé par l'attitude de la väntan.

Vestar croisa le regard d'Alrek qui se tenait droit contre une table de l'autre côté de la pièce, n'écoutant pas le moins du monde ce que sa cavalière lui racontait. Son attention divergea totalement de lady Rahel. En silence, Vestar lui fit comprendre qu'Ivika était encombrante et il vit le hochement de tête léger, à peine perceptible du prince.

Rahel tira sur la manche d'Alrek pour récupérer son attention. Avec un long soupir, il se tourna vers elle. Les yeux de la lady étaient plissés de colère et elle se mit à murmurer à toute vitesse. Avec un sourire en coin, Vestar tourna la tête vers Jostein.

- On dirait que le petit céraméen se rapproche de notre prince adoré.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Non, bien sûr. Ne t'en fais pas, vous êtes si peu discrets que tout le monde vous percera à jour sans que vous ayez quoi que ce soit à dire.

- La seule chose qu'il y a entre lui et moi, c'est un accord pour notre survie à l'un comme à l'autre. Ma survie est inhérente à la sienne et il semble avoir énormément d'ennemis.

Lady Rahel rendit impossible la réponse de Jostein. Elle attrapa Ivika par le bras et l'entraîna avec elle. Elle adressa un bref regard dédaigneux à Vestar en passant.

- Je ne la connais pas mais je ne l'aime pas, souffla le knähund.

- Je ne l'aime pas non plus. Mais, au moins, elle nous a débarrassé d'Ivika. De quoi voulais-tu me parler ?

Jostein posa son verre sur la table. Il ne semblait pas à l'aise, soudain. Il inspira profondément.

- J'ai entendu des choses. Mon maître... Il n'était pas bien et m'a demandé d'aller lui chercher de l'eau fraîche. J'ai entendu des gens parler. Normalement, à une heure pareille, il n'y a personne dans les cuisines et encore moins dans les couloirs. Mais j'ai entendu deux hommes parler. Ils parlaient de toi alors j'ai écouté. Je n'ai pas tout entendu parce qu'ils murmuraient mais il y a une chose que j'ai bien compris.

- Quoi ?

- Ils parlaient de poison. Alors méfie-toi. Je ne sais pas s'ils vont s'en prendre à toi ou à Sa Seigneurie et que tu n'es qu'un obstacle mais il est certain qu'ils vont s'en prendre à l'un de vous deux. Et ce bal est l'occasion rêvée.

- Tu es sûr ?

- Assez pour venir t'en parler.

- Tu en as parlé à ton maître ?

- Évidemment. Mais...

Il hésita et récupéra son verre pour le vider cul sec. Il luttait pour conserver sa contenance. Il était très agité.

- Il ne voulait pas que j'en parle.

- Pourquoi ?

- Il ne m'a pas dit. Il m'a juste ordonné de me taire et de garder ce que j'avais entendu pour moi.

- Pourquoi tu lui désobéi, dans ce cas ?

- Parce que je ne veux pas qu'il arrive quoi que ce soit à Sa Seigneurie. Je refuse de le voir mourir empoisonné.

- Tu trahis ton maître. Que lui vaut une telle loyauté ? Qu'a-t-il fait qu'il mérite que tu mettes ta vie en jeu ?

- Tu ne veux pas le voir mais Sa Seigneurie est une bonne personne. Il fait de grandes choses pour le peuple et les knähund. Il s'est déjà fait avocat pour défendre des knähund qui avaient été accusés par leur maître alors qu'ils n'avaient rien fait de mal. Il s'est élevé contre beaucoup de hauts-culs pour faire valoir les droits des plus faibles.

- C'est pour ça qu'ils le détestent autant.

- Oui. En partie, du moins. Il doit y avoir plus mais c'est la raison principale. Je ne tiens pas vraiment à en parler ici. J'ai déjà pris bien assez de risques.

- Je comprends. Merci de m'avoir prévenu.

- Protège-le, d'accord ? Que je n'aie pas trahi lord Saga pour rien.

- Je le ferai.

Jostein sourit.

Une jeune femme s'approcha d'eux. Tout son visage était déterminé et dissimulait plus ou moins combien elle était anxieuse à l'idée de leur parler. Elle repoussa des boucles blondes par-dessus son épaule et leur offrit un large sourire.

La soirée commença réellement pour Vestar. Cette fille ne fut que la première à venir leur parler. Elle avait osé ce que les autres n'avaient pas su faire en premier. Toutefois, il n'en fallut pas moins pour qu'un défilé commence. Jostein fut ravi d'avoir autant d'attention bien qu'il était évident qu'il n'en était pas la cible.

Malheureusement pour lui, il ne put pas en profiter longtemps. Lord Saga l'appela et il n'eut d'autre choix que de s'éloigner. Malgré tout, il était évident que le grand roux avait fait des émois. Une jolie brunette le regarda partir. Vestar sourit, amusé. Peut-être Jostein aurait enfin l'attention féminine qu'il désirait tellement.

- Je n'avais jamais rencontré de céraméen, avant, admit une väntan aux yeux sombres.

Elle avait des traits puissants, presque masculins, et était loin d'avoir la taille fine des ladies. Il avait vite remarqué que c'était un état récurrent parmi les väntan de la cour. Toutes les ladies paraissaient délicates et toutes étaient fines, jolies et apprêtées. Par contre, leurs väntan étaient loin d'être aussi agréables à l'œil. Elles étaient toutes affectées d'un défaut qui dissimulait leur beauté naturelle.

- Ravi d'être le premier, dans ce cas.

Elle rosit en baissant les yeux. Elle avait de longs cils qui effleuraient ses pommettes hautes. Une autre väntan la poussa légèrement pour se mettre dans le champ de vision de Vestar. C'était une lady, sans aucun doute. Sa coiffure était compliquée, sa robe trop chargée et ses bijoux lourds autour de son cou et de ses poignets.

- Tu ne ressembles pas à un knähund.

- J'étais soldat avec que votre prince ne me trouve un intérêt particulier.

- Tu ne ressembles pas à un soldat non plus.

- À quoi est-ce que je ressemble, dans ce cas ? Un paysan ?

Plusieurs filles pouffèrent autour de lui alors que la lady souriait. Elle posa ses doigts sous son menton pour observer son visage. Il la laissa faire.

- Tu as plus l'air d'un fils d'aristocrate.

- Les héritiers de grandes familles ne finissent-ils pas dans l'armée s'ils n'obtiennent pas de mariage avantageux ?

Elle rit.

- Bien vu. Tu ne devais pas être le premier fils, dans ce cas. Combien ? Trois ? Quatre ?

- Pourquoi ? Vous voudriez marier l'un de mes potentiels frères aînés ?

Elle secoua la tête avec un sourire. Ses doigts glissèrent de son menton et effleurèrent la soie de sa tunique.

- Je pensais plutôt au moment où tu serais enfin libéré de Sa Seigneurie. Car, soyons honnêtes, il ne te gardera pas éternellement à son service.

- Il a l'air d'adorer m'avoir et je doute que vous soyez assez patiente pour attendre aussi longtemps que je retrouve ma liberté. Sans compter que vos parents seront assurément contre.

- Ai-je parlé de quelque chose d'officiel ?

Ce fut à son tour de rire. Elle n'avait pas de honte. Elle ne cherchait pas à cacher ce qu'elle voulait réellement. Dommage pour elle, il n'était pas intéressé.

- Je doute que votre fiancé ou mari apprécie l'idée que vous puissiez frayer avec quelqu'un comme moi, très chère.

- Il n'aura pas son mot à dire, très cher.

Lady Rahel revint avec Ivika et fusilla l'effrontée du regard. Elle mit ses poings sur ses hanches. Le dégoût qu'elle avait pour l'autre lady et pour lui était latent. Elle ne tentait pas de le dissimuler.

- Puis-je savoir ce que tu fais, Elena ? Comment peux-tu oser flirter avec... ça ?

- Ouvre les yeux, Rahel. Il est sacrément bien fait, pour un céraméen. Qui ne voudrait pas découvrir ce dont il est capable une fois les portes fermées ?

Vestar roula des yeux. Il n'aimait définitivement pas être traité comme un animal ou comme un accessoire. Ces filles avaient l'art de le dépersonnaliser.

- Je suis désolé, mesdemoiselles, mais mes services sont déjà réservés pour Sa Seigneurie, dit-il avec un ton posé mais un sourire en coin subtil qui laissait sous-entendre plus que ses mots ne laissaient imaginer. Et il est très exclusif. Si vous voulez bien m'excuser...

Il se fendit un passage parmi les väntan qui étaient restées silencieuses depuis l'arrivée d'Elena. À cause de cette écervelée, il n'avait pas su obtenir la moindre information des väntan qui auraient été la meilleure source puisqu'elles vivaient dans l'aile des femmes. Elles devaient forcément avoir entendu quelque chose à propos des allées et venues de la reine. Les femmes étaient connues pour aimer cancaner. Or, quel meilleur sujet que leur reine ?

Il rejoignit le prince qui le regarda avancer vers lui sans réagir. Il faisait tourner son verre entre ses doigts. Vestar savait ce que cela signifiait. Alrek n'était pas à l'aise. Il devait avoir plus que hâte d'en finir.

Il s'installa à côté de lui et relâcha un court soupir.

- J'ignore comment vous pouvez gérer des ladies aussi sexuellement libérées.

Alrek pivota verslui, un sourcil haussé.

- Pardon ?

- Lady Elena vient de me faire savoir qu'elle avait hâte que vous me laissiez pour un autre pour pouvoir se glisser entre mes draps et découvrir ce dont je suis capable derrière des portes fermées. Votre cavalière a failli faire un malaise.

- Cette conversation serait devenue intéressante si elle en avait fait un.

Vestar ne put se retenir de rire. Comme toujours, le prince demeura sans expression ouvertement lisible mais il le savait amusé.

- Vous l'adorez, on dirait.

- Autant que le crottin sous mes bottes. Mais je ne pense pas que je t'ai lâché dans la foule pour que tu t'amuses avec les filles. Je veux des informations.

- J'en ai. J'aurais pu en avoir plus si lady Elena n'était pas apparue.

- Je t'ai plus vu discuter avec tes amis et flirter avec les väntan qu'aller à la recherche d'informations.

- C'est que je travaille bien, dans ce cas.

Avec un sourire pour le prince, il repartit dans la foule. Il s'approcha d'un groupe de väntan et de knähund qui discutaient, considérant dédaigneusement les hauts-culs qui se mêlaient dans la pièce.

- Je peux me réfugier ici ? questionna-t-il.

- Pourquoi tu voudrais te mêler à notre groupe alors que tu avais toute l'attention de plusieurs ladies et väntan juste pour toi ?

- Parce qu'elles discutent de mes prouesses au lit comme si je n'étais pas là et que je n'en pouvais plus.

Plusieurs väntan pouffèrent de rire.

- Elles ont de l'espoir, ricana l'une d'elles. Tu es le premier knähund de Sa Seigneurie. Il ne te partagera pas avec quiconque !

- C'est ce que je leur ai dit. J'ignore si elles ont accepté cette idée.

- Connaissant lady Elena, sûrement pas, assura un brun qui devait avoir atteint la trentaine. Elle est en perpétuelle chasse. Ses parents ne réussissent pas à la marier parce qu'elle saute sur tout ce qui est beau ou nouveau ou exotique.

- Et tu réunis ces trois critères, ajouta un autre.

- J'ai cru comprendre ça. Je suis parti avant que lady Rahel ne lui saute à la gorge.

- Elles se détestent, admit une väntan d'une petite voix. Lady Elena est la fille du conseiller Merken et elle est en compétition directe avec lady Rahel pour la main de Sa Seigneurie. Ça a créé de nombreuses tensions.

- J'ai vaguement entendu parler du conseiller Merken, tenta Vestar.

- C'est le bras droit du roi Caspar. Tu ne peux qu'en avoir entendu parler.

- J'ai aussi entendu parler du lord Valdemar. Je n'ai aucune idée de qui c'est mais les termes utilisés n'étaient pas... élogieux.

- Valdemar et Merken sont dangereux, souffla un knähund dont le visage de bébé le faisait paraître à peine pubère. Méfie-toi d'eux.

- Dangereux ? Pour qui ?

- Tous ceux qui se mettent en travers de leur route. Il paraît même qu'un jeu a lieu entre eux. Merken manipule le roi et Valdemar manipule la reine.

- Baisse d'un ton ! siffla une femme en frappant la cuisse du garçon. Si quelqu'un t'entend, tu finiras parmi les marguerites au printemps !

Vestar se targuait d'avoir une bonne connaissance de l'argot isstadien mais, cette fois, il n'avait pas la moindre idée de ce que voulait dire la femme.

- Le pauvre est complètement perdu, rit un adolescent.

- J'avoue ne pas avoir tout compris.

- Elle veut dire qu'il mourra, expliqua le plus jeune. Le lord et le conseiller ne font pas de quartiers. Ils sont intouchables.

- À ce point ?

Tous hochèrent la tête sombrement.

Encore ce nom. Valdemar. Nicklas n'avait peut-être pas menti, après tout. La méfiance excessive d'Alrek à son égard l'empêchait de se fier à son ami. Jusque là, Nicklas avait été le seul sur qui il avait pu compter. Pour sûr, il ne devait pas lui vouer une confiance aveugle car il restait sous le joug du conseiller Linus. Ce qui le rendait quelque peu nerveux d'aller le rejoindre une fois le prince couché.

- Nous avions tous nos doutes lorsque tu es arrivé à la cour et que Sa Seigneurie a annoncé qu'il avait fait de toi son knähund, admit l'aînée des väntan. Nous ne savions pas si tu serais un atout ou un fardeau pour Sa Seigneurie.

- Et que suis-je ?

- Jusqu'à présent, tu es le plus grand atout qu'il ait jamais possédé dans un jeu bien plus grand que lui et où il n'a aucun allié.

- Comment est-ce possible ?

- La première chose qu'ils ont fait pour prendre le contrôle de la famille royale, ça a été d'en séparer les membres. Il ne leur a suffi que d'une chose. Une chose essentielle qui n'a jamais été reconnue ouvertement mais que toute la société transverse connaît.

Les väntan et les knähund avaient donc créé leur propre société en parallèle de celle de leurs maîtres. Il n'aurait pas dû en être aussi surpris.

- Laquelle ?

- Quelqu'un parmi les hauts-culs a fait assassiner la reine Sidsel. La mère de Sa Seigneurie.

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NdlA : Ta Ta TAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH !!

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