籠の鳥 雲を慕う

Mon état actuel, ma façon de parler, mes actes,
Je sais que je ne devrais pas être comme ça,
Mais tout va dans le mauvais sens.

- Grrr, Stray Kids.

☪︎⋆｡˚

Une porte qui se ferme doucement, des chaussures qui sont enlevées, des bonjours échangés, des baisers volés, des éclats de rires qui fusent et des journées racontées, encore et toujours.

Chaque jour n'était que le clone du précédent, que son vulgaire jumeau. Tout se répètait de la même manière, à l'heure exacte. Rien n'échappait au schéma quotidien de la vie de Minho et de Jisung.

Rien.

Pas même leurs moments d'intimité, à l'abri des regards les plus indiscrets. Même pour ça ils avaient leur routine bien huilée. Ils savaient toujours exactement quoi faire, à quel moment pour que l'autre atteigne le septième ciel.

Ce soir là n'avait d'ailleurs pas échappé à la règle. Le bleuté fraîchement rentré de son cours de danse, avait enlevé ses chaussures, embrassé Minho qui se trouvait dans le salon et s'était affalé à ses côtés tout en lui racontant sa journée bien loin d'être passionnante.

Le châtain lui, s'était simplement contenté de passer distraitement sa main dans les cheveux de son copain tout en l'écoutant d'une oreille.

Il en avait marre. Marre de cette routine agaçante qu'avait adopté leur vie de couple. Ils se connaissaient tellement sur le bout des doigts que ça en devenait frustrant.

Minho voulait à tout prix retrouver les étincelles, la passion, les imprévus et toutes ses petites choses que leur relation avait connue au début. Ces temps là lui manquaient terriblement.

Il passa nerveusement sa langue sur sa lèvre inférieure, réfléchissant à ce qu'il pourrait bien faire pour changer un minimum leur cadre de vie.

Le plus grand avait déjà tenté d'en discuter calmement avec son copain, lui expliquant son ressentis vis à vis de la situation, lui disant qu'il commençait a être à bout, qu'il saturait, mais il s'était bien vite heurté à un mur, froid et intraitable.

Jisung n'était pas d'accord avec lui, sur aucuns des points abordés. Celui-ci trouvait leur routine reposante et sans prise de tête. Il disait que ça lui faisait du bien, que ça le rassurait. Il avait donc refusé catégoriquement d'y changer quoi que ce soit.

Alors le photographe n'avait rien rajouté, se sentant profondément blessé que son amoureux ne cherche pas à ce qu'il soit lui aussi un minimum épanoui.

Depuis, ils n'avaient plus remis le sujet sur la table, l'un parce qu'il n'avait absolument pas la même opinion à propos de la situation et l'autre parce qu'il ne voulait tout simplement pas perdre sa moitié.

Minho avait peur que si il venait de nouveau à évoquer le sujet, Jisung ne vienne subitement à le quitter. En réalité, c'était une peur totalement infondée, parce que jamais le plus jeune n'allait l'abandonner, surtout pour un motif qu'il jugeait aussi débile.

Le châtain continuait de faire fonctionner ses méninges, cherchant par tous les moyens une solution à son calvaire.

- Mon cœur ?, une petite voix, douce et calme résonna, sortant lentement Minho de ses pensées.

- Hm ? Malgré tout, il continua de caresser affectueusement les mèches de son cadet.

- Quelque chose ne va pas ? Je te sens distrait depuis toute à l'heure... Jisung n'en avait pas l'air comme ça, mais il s'inquiétait facilement. Surtout quand il était question de son copain.

- Je, Minho hésita à parler de ce qui le tracassait réellement, non, ne t'inquiète pas tout va bien, avait il fini par mentir.

Il savait pertinemment que le mensonge ne résoudra rien, mais il ne voulait vraiment pas se prendre la tête avec le garçon qui partageait sa vie.

Il termina par faire un petit sourire à son copain et captura ses lèvres dans un doux baiser, cherchant à clôturer aussi vite que possible la discussion.

Le bleuté n'avait pas insisté, même si il avait bien remarqué l'inconfort qui avait frappé sa moitié, et avait juste continué à raconter sa journée.

Le châtain lui aussi avait recommencé à sonder son esprit toujours à la recherche d'un quelconque plan.

Et puis tout avait reprit son cours, normalement, comme si tout ça ne s'était jamais déroulé.

☪︎⋆｡˚

Le lendemain, lorsqu'il ouvrit les yeux, prêt à démarrer une nouvelle journée, la situation était toujours à son point mort. De toute la soirée, il n'avait plus eu le courage d'ouvrir la bouche, hormis si ce n'était pour sortir de courts sons, signalant qu'il était d'accord avec telle ou telle chose.

Il s'était donc endormi l'esprit complètement en vrac, tracassé et prit au piège entre deux choix. Il désirait à tout prix résoudre ce problème. Tout ce qu'il voulait lui, c'était retrouver le bonheur qu'il avait pu connaître quelques années auparavant, rien de plus. Alors pourquoi diable cela était-il autant compliqué d'en parler avec le principal concerné ?

En se redressant légèrement dans son lit, Lee Minho prit enfin une décision, probablement l'un des plus grands choix de sa vie, il était temps que tout ça cesse. Il allait en discuter avec son copain, ce soir, et c'était non négociable.

Content qu'une telle décision fut prise, il se leva du lit qu'il occupait habituellement avec son écureuil, s'habilla sommairement rien que dans l'unique but de ne pas avoir froid, et partit vaquer à ses diverses occupations.

☪︎⋆｡˚

Lorsque le soir pointa le bout de son nez, le châtain était comme à son habitude installé dans le canapé, attendant patiemment que son adorable danseur ne vienne à rentrer de sa longue journée de cours.

Il avait eu plusieurs heures pour penser à ce moment, laissant mille et un scénarios tout aussi fous les uns que les autres se jouer dans son esprit.

Il ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Tout pouvait se passer, que ce soit positif ou même négatif. Jisung pouvait soit très bien prendre la chose soit complètement voler en éclat.

Un léger soupir franchit la barrière de ses lèvres. Le photographe en avait marre de se prendre autant la tête, marre de tout ça, tellement marre.

Sur un coup d'adrénaline, il se leva du mobilier et partit s'installer au comptoir de la cuisine. Après tout, si leurs habitudes devaient changer, autant que ça commence dès maintenant.

Il eut à peine le temps de s'installer correctement que le bruit d'une clé que l'on vint insérer dans une serrure se fit distinctement entendre.

De légères sueurs froides commencèrent à faire leur apparition, trahissant l'état de profond stress dans lequel se trouvait actuellement le châtain.

- Minho ?, la voix de Jisung avait sonnée, curieuse de ne pas le trouver dans le salon, comme à son habitude.

Malgré la question de son petit ami, le dit Minho ne répondit rien, pas même une petite indication pouvant lui signaler où il se trouvait. Il attendait juste patiemment que le bleuté arrive à lui. Il savait qu'il finirait par venir de toutes façons.

De là où il était, le plus vieux entendit les bruits de pas se rapprocher de plus en plus. Son cœur battait désormais la chamade, résonnant jusqu'à hauteur de ses tempes.

- Oh tu es là ! J'ai eu peur en ne te voyant pas dans le salon.

Le jeune homme assis, se releva sur ses deux jambes et s'excusa doucement de lui avoir fait une telle frayeur. Il vint par la suite déposer un tendre baiser sur ses lèvres, faisant office de bonsoir.

Il ne chercha pas à approfondir leur échange, pour le moment tout ce qu'il cherchait c'était du courage. Une once suffisamment forte pour ce qu'il s'apprêtait à dire.

Une fois que le plus jeune fini par décoller leurs lèvres, le photographe lui fit signe de venir s'assoir à côté de lui, chose qu'il fit sans poser trop de questions.

Il trouvait cela étrange. Le comportement de son amoureux plus particulièrement. Il était rare que les deux jeunes hommes sortent de leur chemin déjà tout tracé, alors voir Minho, assit sur ce tabouret arborant une toute petite mine, faisait atrocement peur à Jisung. Avait-il fait quelque chose de mal ? Le châtain voulait-il le quitter ?

Les questions, les doutes, les reproches tournaient en boucle dans son esprit, à la recherche d'une quelconque correspondance, d'un morceau de vérité, mais rien ne vint, l'angoissant encore plus.

Il avait peur que ce moment signifie la fin. Leur fin.

Alors, au lieu de patienter calmement que son beau châtain ne se mette à parler, le jeune homme aux joues quelques peu rondes entama la discussion.

- Min', quelque chose ne va pas ?

Il savait que ça n'allait pas. Pas du tout même. Mais de cette manière, avec cette question ouverte, il lui laissait l'occasion de parler, de vider son sac.

Le bleuté observa son vis à vis se mordre furieusement la lèvre inférieure, luttant contre quelque chose qu'il ne comprenait pas mais qu'il espérait, finirait par s'expliquer.

- Je... Sa voix finit par s'éteindre.

Ils étaient enfin arrivés à ce moment tant attendu, surtout de la part du plus vieux, et maintenant que Minho avait la possibilité de parler, il coincait.

Malgré le stress qui rongeait de plus en plus son estomac, le châtain prit une grande bouffé d'air, et relâcha la pression qu'il tenait enfermé en lui quelques instants encore auparavant.

- J'en peux plus Sungie...

Il lui avait dit, enfin. Ce n'était peut-être pas encore très compréhensible, surtout aux yeux de Jisung, vu que celui-ci dévisageait ouvertement son copain, mais c'était déjà un excellent début.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Jisung n'avait pas hésité à répondre, la voix tremblante, suintant de peur.

Minho mordit de nouveau sa lèvre inférieure, comme un tic nerveux, complètement terrifié de devoir avouer à voix haute ce qu'il lui causait tant de mal.

- Cette routine que nous avons m'épuise... Son souffle se coupa pendant quelques instants. Je veux retrouver cette dose de piment que nous avions avant, pas cette désagréable copie conforme de la veille, de la veille et encore de la veille.

Ça y est, il l'avait enfin dit. Le châtain avait réussi à sortir cette phrase, cette explication de ces cordes vocales.

D'un côté, il était incroyablement heureux d'y être parvenu, se sentant comme libéré d'un poids invisible, mais de l'autre, à en croire la tête que faisait sa moitié, ce n'était absolument pas bon signe, voire pas du tout même.

Le visage du plus jeune se décomposa lentement, arborant à première vue des traits complètement sidérés. Il ne comprenait pas, mais alors pas du tout pourquoi son petit ami disait une chose pareille.

Il savait que cette thématique avait déjà été abordée, mais jamais, celui-ci n'aurait pu penser que c'était un tel calvaire pour lui.

À cette réflexion, son expression changea totalement, passant de la sidération à la profonde tristesse. Affreusement triste de ne pas avoir été vigilant, d'être passer à côté.

- Pourquoi tu n'as pas insisté en me disant que c'était véritablement un enfer pour toi..? Pourquoi ? J'aurais compris tu sais... Sa main chercha à toucher la joue de son aîné, toujours dans le but de le réconforter, sauf qu'il se décala avant que Jisung n'y soit arrivé.

Il déglutit rapidement, laissant sa pomme d'Adam rouler de haut en bas tout en finissant par avouer:

- Parce que je ne voulais pas te faire du mal bon sang ! Je ne désirais pas te priver de ce rythme de vie que tu jugeais reposant. Je m'interdisais de t'enlever tout ça, mais je n'en peux plus...

Finalement, Minho avait haussé le ton, faisant sursauter son vis à vis. C'était rare de voir le châtain en colère, alors le fait qu'il soit dans un tel état signifiait qu'il ne jouait absolument pas la comédie et que cela l'affectait véritablement. Bien plus qu'il n'aurait aimé le faire croire.

- Qu'est-ce que je peux faire alors ? Dis moi, s'il te plaît...

Ses yeux couleur noisette imploraient, demandeurs d'une quelconque réponse. Jisung était prêt à tout faire pour se rattraper, il ne suffisait que de regarder dans ses yeux pour l'apercevoir.

Voyant que le plus grand hésitait, il insista.

- Min', dis moi, je suis prêt à tout pour toi.

À cette phrase, les barrières du châtain tombèrent telles un château de cartes, le faisant éclater bruyamment en sanglot.

- J'ai besoin de temps... Minho ne voyait que Jisung dans son avenir, lui et rien que lui. Mais, d'une certaine manière il voulait que le bleuté se rende compte lui-même de ses erreurs, et pour ça, il fallait qu'ils s'éloignent, même si le châtain ne le voulait en aucun cas. Loin de toi.

Cette phrase lui avait brûlé la gorge, faisant redoubler les perles scintillantes coulant le long de ses joues.

Ça vaut mieux ainsi, pensa t'il.

Minho s'était levé, avait enfilé sa veste et avait quitté l'appartement, ses chaussures déjà aux pieds.

Il avait délibérément ignorer les pleurs du garçon ayant volé son cœur.

Le châtain était parti sans se retourner.

Pour mieux revenir.