Je cours, cours jusqu'à m'en déchirer les poumons, empêchant l'air de rentrer correctement à cause de l'essoufflement que je ressens. 

Je suis une bonne coureuse, je l'ai toujours été, mais il y a une différence entre courir autour de son quartier et fuir des policiers armés qui ne cherche qu'à nous envoyer dans un centre psychiatrique. 

-Mademoiselle, nous vous ne voulons aucun mal, au contraire ! Nous voulons seulement vous aider ! me cri l'un deux. 

Une partie de moi voudrait les croire et m'arrêter pour qu'ils m'emmènent dans un lieu sûr, mais je sais que cela ne serait que me jeter dans la gueule du loup.

Si je me faisais attraper par ces deux policiers, ma photo et mon nom seraient directement inscrit dans un dossier et l'ORS viendrait me cueillir pour m'emmener dans leur laboratoire.

Et je n'ai aucune envie de me faire lobotomiser par des hommes en blouses blanches, ne pouvant se satisfaire d'un peu de mystère dans notre monde.

Je me fiche de savoir pourquoi mes dons se sont manifestés dans ma famille et pas dans celle de mes voisins. Je remercie seulement les esprits de m'avoir donner ces pouvoirs.

-Elle va pas s'arrêter ! Accélères !

Je ne prends pas le temps de me retourner pour observer les deux policiers. Je sais qu'à entendre l'intensité des bruits de pas derrière moi, qu'ils ne sont qu'à une dizaine de mètre de moi.

Je regarde rapidement autour de moi et aperçois une ruelle piétonne, bondée de monde. Je ne prends pas le temps de réfléchir et tourne dans cette rue. Je suis ralentit par le monde et suis obligé de donner des coups d'épaules pour avancer. Les gens se mettent à râler, pester mais je n'ai pas le choix.

-Arrêtez cette fille ! Hurle un des policier.

Je me retourne rapidement avant d'observer la foule autour de moi, qui me regarde attentivement. Beaucoup ne font que me regarder, mais heureusement pour moi, personne n'intervient.

-Tu dois faire quelque chose, utilises tes pouvoirs.

Entre un couple de vieilles personnes, la silhouette de mon frère se dessine.

-Utilises tes pouvoirs. Me répète-t-il.

Je hoche rapidement la tête avant de reprendre ma course entre les passants. Je dois trouver un coin tranquille, je ne peux pas utiliser mes pouvoirs en public.

J'aperçois une ruelle sombre où semble traîner de vieilles poubelles et me dirige vers celle là. Je me cache derrière une benne à ordure et me dépêche de reprendre mon souffle. Les pas des policiers se font entendre dans mon dos alors que je ferme les yeux.

-Inuisibilitas.

Je pose ma main sur ma bouche, coupant ma respiration alors que je rouvre les yeux pour voir les deux hommes avancer prudemment dans la ruelle. Un d'eux s'arrête près de moi et regarde dans ma direction. Je prie sincèrement pour que le sort d'invisibilité que je viens de prononcer fonctionne. Et lorsque je vois que l'homme s'éloigne de moi, je comprend que j'ai réussit.

-Elle doit être ici. Regardes, c'est sans issue.

Je remarque en effet, qu'au fond de la ruelle, un mur de brique se dresse sur trois mètres. Je mors ma lèvre, alors que l'oxygène commence à me manquer.

-Tu penses qu'elle a pu franchir le mur ?

-Aucune idée. Si elle est vraiment aussi folle que le disent les informations, alors elle a sûrement dût trouver un moyen de passer.

Ils ne savent pas qui je suis, ou plutôt quoi. Le contraire m'aurait aussi étonné. L'ORS se préserve bien de garder le secret sur la raison de ma recherche. Si ils avaient dit aux autorités que j'étais une sorcière, ces derniers n'auraient pas prit le temps de me courir après. Ils se seraient arrêter à la moindre difficultés, croyant à une blague de mauvais goût.

-Elle est pas là, on se tire.

Les policiers repartent enfin alors que je me permet de reprendre ma respiration.

-Attends, tu as entendu ?

-Quoi ?

-Je suis presque sûr d'avoir entendu quelqu'un respirer.

Un silence s'en suit alors que je ferme les yeux.

-Faut vraiment que tu arrêtes de boire.

Je les entend enfin s'éloigner jusqu'à partir totalement. Je prends une grande inspiration alors que je pose ma tête sur la benne à ordure derrière moi. D'un claquement de doigt, je me fait redevenir visible alors que je me lève pour observer autour de moi.

Rien.

J'avance prudemment vers le mur de brique au fond de la ruelle.

-Nos parents seraient fière de toi.

Je me tourne vers Josh qui me sourit.

-Parce que j'ai réussit à faire un sort d'invisibilité, qu'on apprends à 10 ans ?

-Parce que les émotions influencent nos pouvoirs et que tu as réussit à tenir le sort malgré la peur.

Je souris.

-L'adrénaline, c'est magique. Allé, maintenant je dois me concentrer.

Je me retourne vers une poubelle et tend la main vers cette dernière.

-Potentiam

J'attire l'objet vers moi et le colle au mur, et le fait rejoindre par une benne à ordure. Je monte sur la première poubelle puis sur la deuxième avant de me hisser de mes bras pour monter au dessus du mur. Je redescend de l'autre côté et regarde autour de moi.

-Tu devrais te reposer, je sens que tes forces sont épuisées.

Je me retourne vers mon frère, derrière moi.

-Je vais bien.

-Norah. Souffla mon frère. Tu dois dormir. Je vais m'éclipser pour que tu puisses récupérer tes forces.

-Josh, non.

J'avance ma main vers lui mais il disparaît avant que je n'ai pu l'attraper. Je soupire alors que ma main descend le long de mon corps.

Si je peux voir mon défunt frère, c'est grâce au fait que je sois une nécromancienne. Je suis lié aux morts, mes pouvoirs viennent de la mort autour de moi.

Lorsque mon frère a comprit qu'il allait mourir, il a utilisé un sort, le liant à moi. Il disait qu'il ne me laisserait jamais seul et il a tenu sa promesse. Mais depuis, le lien puisse une partie de mes pouvoirs à chaque fois qu'il est près de moi. Et lorsque enfin, Josh disparait, je peux sentir une force soudaine me revenir.

Un regain d'énergie me prend et je comprend que Josh n'est plus là, ou en tout cas, pas visible. Je sais qu'il est tout de même autour de moi, me surveillant, prêt à réactiver notre lien à n'importe quel danger.

Je sors de mes pensées et continue mon chemin dans la ville, observant que la nuit est sur le point de tomber. Je dois trouver un lieu où dormir.

Au loin, je remarque l'enseigne d'un motel illuminé par un néon orange, qui clignote irrégulièrement. Je m'arrête devant la porte du bâtiment pour observer les tarifs d'une nuit.

25 dollars, cela me paraît plus que raisonnable.

Je pénètre dans le hall du vieil motel à la façade écaillée tandis que je m'approche du guichet à l'accueil. Je vois le haut d'un crâne dégarni mais plus j'avance et plus je perçois le visage d'un homme sûrement proche de la retraite vu son âge.

Il lève les yeux vers moi et m'observe en levant un sourcil et pendant un moment, j'avoue me demander si il me voit à travers mes grosses lunettes de soleil noires et les plusieurs couches de pulls que je porte.

-Bonjour, je voudrais une chambre. Déclarais-je en m'accoudant au bureau.

-Papier d'identité et montrez moi votre sac.

Je soupire alors que je sors mon passeport, ou plutôt mon faux passeport, je l'ai fait faire lorsque j'ai apprit que l'on me recherchait. Je lui tend donc mon document tandis que j'ouvre mon sac bien en grand. Il jette rapidement un œil à l'intérieur et je prit pour qu'il ne fasse que regarder. Il me fait un geste pour me faire comprendre que c'est bon avant de se tourner vers son vieil ordinateur encore en forme de cube, je ne savais même pas que ce genre de chose marchait encore. Il dépose ses doigts sur sa souris et ses touches, jaunies pas le temps.

-Chloé Simmons ? Lit l'homme sur mon passeport.

Je hoche vivement la tête alors qu'il m'observe attentivement, peut être trop pour que ça ne paraisse pas suspect. Je détourne le regard vers un miroir poussiéreux derrière l'homme et fronce les sourcils en observant des lettres apparaître sur la glace.

« J'aime pas cet endroit. »

Je me retiens de répondre à mon frère qui a écrit ces mots. Je me contente de me redresser en observant les alentours. Le hall est aussi accueillant que l'homme au guichet. Les murs sont tapissés d'un papier peint à motif rouge très sombre et le peu de lumière donne cette ambiance encore plus terrifiante.

Je secoue la tête, je suis une sorcière bon sang, je n'ai pas à avoir peur d'un papier peint. Je continue mon inspection et aperçois des plantes qui hurlent pour un peu d'eau vu leur état.

-Vous comptez rester ici longtemps ? Me sort de mes pensées la voix de l'homme.

Je me tourne vers lui et lève un sourcil à mon tour, me demandant comme il peut encore arriver à tenir ouvert ce taudis avec cette décoration et ce caractère de tueur en série.

-Seulement une nuit.

-Très bien, les paiements se font immédiatement.

Je reprends mon sac que j'avais posé au sol et sort une trentaine de dollars que j'ai réussit à piquer à un homme en fouillant discrètement dans ses poches. Je lui tend l'argent alors qu'il ne me rend que quelques pièces, je souffle.

-Pas d'animaux, pas de cigarette, d'alcool ou de drogue. Pas d'invité et il faut que vous soyez partit demain avant 10h.

Moi qui aurait espéré faire une grasse matinée, me voilà fichu. Je hoche la tête en récupérant la monnaie. Il me donne une clé et ne prend même pas la peine de de m'accompagner à ma chambre. Je comprends donc que je dois me démerder sans plus d'indication. Je remarque le numéro « 25 » sur la clé et suppose qu'il s'agit du numéro de la chambre. Alors j'arpente les couloirs à la recherche de la pièce et me vois surprise de constater qu'il y a plutôt du monde ici, il faut croire que les gens préfèrent la quantité à la qualité. Car en effet, une semaine ici conviendrait à seulement trois jours dans un autre motel disons plus qualitatif.

Quant à la population qui vit ici, je ne m'y attarde pas trop. Entre les cris d'enfants à travers les murs, l'odeur de cigarette malgré l'interdiction formelle et une flaque de vomis sur la moquette verte, je me demande vraiment ce que je peux bien faire ici.

Je trouve finalement ma chambre et rentre à l'intérieur avant de m'enfermer à clé. Je ferme les yeux et inspire l'odeur du tabac froid encore présente dans la moquette.

-J'ai cru que ce type n'allait jamais nous lâcher.

Je rouvre les yeux pour voir mon frère déjà installé sur le seul lit de la chambre. Il m'observe avec inquiétude alors que je souris doucement, ne souhaitant pas plus l'inquiéter que cela même si je sais qu'il sait que je ne vais pas bien.

-Norah, ça va aller. On va s'en sortir.

-Comment Josh ? Soufflais-je. L'ORS court après nous chaque jours et je suis fatigué. On arrivera jamais à la Nouvelle Orléans à temps.

-Hey petite sœur, je t'interdis de penser ça. C'est pas la course d'accord, le plus important est de ne pas se faire repérer par les autorités, sinon on sera foutu.

-Tu as tendance à oublier que c'est moi qui serait foutu, pas toi, tu es qu'un putain de fantôme ! Hurlais-je.

Je regrette immédiatement mes paroles et lève mes prunelles vers celles de mon frère mais je vois qu'il a déjà disparu. Je soupire alors qu'un regain d'énergie me prend soudainement, annonçant le départ de mon frère. Je me contente de m'asseoir sur mon lit comme faisait Josh quelques secondes plus tôt et ferme les yeux, me concentrant sur le lien entre moi et mon frère. Mais sans réussite, je comprends qu'il ne daigne pas me montrer un quelconque signe de sa présence.

Je comprends donc que je passerais cette fin de soirée seule et me décide à faire ce pour quoi j'ai prit une chambre ici, à savoir le point et un nouveau départ. J'attrape mon sac et récupère la fameuse teinture que j'ai volé à la supérette. Je regarde le produit deux secondes dans mes mains, m'imaginant pendant quelques secondes à remplacer mes cheveux bruns par des mèches aux reflets rouges. Je soupire finalement et m'avance vers la salle de bain. Après avoir vérifier que aucun cafards ne se cache dans la douche, je me décide enfin à entamer la procédure qui va littéralement changer mon visage.

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Vous avez aimé ? 

Norah qui utilise ses pouvoirs ? 

Sa deuxième identité ?

Josh ?

Sa relation avec son frère ?

Des théories pour la suite ?