Alors que le soleil pointe le bout de son nez sur l'état du Minnesota, je m'introduis dans une petite supérette quelque peu éloignée de toutes activités touristiques. Je rentre dans le local et baisse directement la tête, voulant me méfier des potentielles caméras existantes.

Je fonce directement au fond du petit commerce et attrape une casquette, avec comme inscription « I love Minnesota ». Je soupire, mais la prends tout de même dans mes mains. J'en profite pour attraper un sweat au même slogan ainsi que de grosses lunettes de soleil, camouflant mes yeux, ainsi que mes sourcils. J'observe rapidement mon reflet dans le miroir en espérant que cela suffira pour me cacher.

-Tu devrais te dépêcher, le vendeur arrête pas de regarder dans ta direction. M'informe mon frère en faisant le guet.

-Je sais. Murmurais-je doucement pour ne pas me faire entendre. Est ce que je devrais prendre une teinture selon toi ?

Je me tourne vers lui alors qu'il me regarde en fronçant les sourcils, jetant quelques coups d'œil vers ma chevelure brune.

-Je t'aurais bien dit oui mais on a pas d'argent pour ça. Déjà que ces stupides attrapes touristes vont déjà liquider tout ton budget.

Je soupire, sachant donc que je n'ai pas le choix. Je m'avance vers la caisse de la supérette en essayant de ne pas paraître trop louche. Je relève donc légèrement la tête tout en gardant le menton vissé vers le sol. Je dépose mes articles que l'homme prend du temps à scanner. Je sers les poings, tout en surveillant autour de moi. 

-Ça fera 30 dollars.

Je sors donc avec regret les quelques économies que j'avais mit de côté pour me payer un billet de bus pour quitter l'état. Je lui donne et il me rend la monnaie. Et alors que je récupère mes achats, l'homme attrape soudainement mon bras alors que je grimace, je relève sans hésitation la tête vers lui et je le vois plisser les yeux avant de jeter un œil à ses côtés. Je fais de même et un hoquet de surprise sort ma bouche lorsque je remarque une affiche de moi-même.

« Norah Brown, recherchée pour troubles mentaux importants, très dangereuse. Récompense généreuse contre toutes informations. »

L'affiche s'en suit d'une photo de moi, dévoilant mes cheveux bruns longs arrivant au milieu de mon dos, mes yeux verts perçants et ma peau pâle.

-Ne bouges-pas, j'appelle les flics.

-Non ! hurlais-je en reculant.

Je me retourne pour fuir à toute allure mais un bruit dans mon dos me fait me figer. Ma respiration se bloque alors que je lève les mains en l'air, tout en me retournant lentement.

L'homme tient un fusil de chasse dans ses mains qu'il braque vers moi. Ses doigts frôlent la gâchette alors qu'il m'observe en souriant d'une manière malfaisante.

-Tu n'iras nulle part. Ça fait des années que je me tue à la tâche pour vivre avec cette putain d'épicerie, mais maintenant, je vais me faire un bon paquet de fric avec toi.

Je lui lance un regard noir en regardant autour de moi. Je croise le regard de mon frère derrière lui qui me fait comprendre que si je veux agir, je dois le faire tout de suite.

Alors après quelques secondes d'hésitation, je tends une main vers l'homme qui plisse des yeux juste avant de rire.

-Quoi qu'est ce que tu comptes faire avec ça ?

-Laissez-moi partir et je vous promet que je ne vous ferai aucun mal.

Ses rires repartent de plus belle alors qu'il me regarde comme la fille folle qu'ils décrivent dans les journaux.

-Les infos ne mentent pas, tu as de sacrés problèmes mentaux, tu mérites de te faire enfermer.

Je ferme les yeux, essayant de résister à ses pulsions qui me pousse à lui faire du mal, de le torturer pour ensuite écraser son misérable cœur dans ma main.

-Norah, fais pas ça, tu dois résister. me dit mon frère.

Je secoue la tête pour faire échapper toutes ses voix de mon esprit.

-J'y arrive pas. avouais-je.

-Et tu entends des voix en plus de ça. intervient soudainement l'homme.

Je rouvre les yeux, ayant presque oublier sa présence pendant quelques secondes. Il se met à rire, dévoilant ses dents jaunes alors que son emprise sur son arme se fait plus légère. J'en profite et lève la main vers lui tout en penchant la tête sur le côté.

-Potentiam.

Comme avec un effet de recul, le fusil suit les mouvements de ma main que je fais aller vers le vendeur. La crosse de sa propre arme frappe violemment sa tête alors qu'il tombe lourdement au sol dans un état d'inconscience. Je soupire de soulagement tout en récupérant mes articles, j'en profite pour ouvrir la caisse.

-Clauditis.

Le tiroir caisse s'ouvre sur quelques dizaines de dollars y comprit ce que je viens de donner. Je récupère tout l'argent et prends quelques minutes pour me faire un vrai ravitaillement dans le magasin. Je vole un sac à dos que je rempli de nourriture, de bouteille d'eau ainsi qu'une fameuse teinture pour les cheveux.

Je m'approche de l'épicier et m'accroupis pour poser mes mains sur ses tempes. 

-On a pas le temps pour ça, dépêches-toi. s'exclame mon frère. 

-Si je ne lui fait pas oublier ma présence, il va me signaler à la police dès qu'il sera réveillé. J'ai pas le choix. 

Je prends une grande inspiration et ferme les yeux. 

-Memorian oblivione delebitur.

Mes mains se mettent à picoter d'une légère intensité et je me relève en soufflant. 

Avant de sortir, je visse la casquette sur ma tête avant de rabattre la capuche de mon nouveau sweat. J'enfile mes lunettes de soleil malgré le temps maussade. Je vérifie autour de moi et remarque que la ruelle est presque vide. Je sors donc et me met à marcher rapidement, ne voulant pas m'attirer plus de problème que je n'en ai déjà. 

-Alors on fait quoi maintenant ? demande mon frère dans mon dos. 

Je ne répond pas, ne voulant pas alarmer les gens autour de moi. Tout ça parce que je suis la seule à pouvoir voir mon frère. Ce dernier est mort il y a plusieurs mois dans l'incendie de mon ancienne maison avec mes parents à l'intérieur. Depuis, je me retrouve à la rue, faisant tout mon possible pour vivre ou plutôt pour survivre. 

Je ne peux pas aller dans un centre d'accueil pour les jeunes orphelins tout simplement, parce que les responsables devront mettre ma photo dans un fichier et que la police sera directement avertit de mes moindres faits et gestes. Malheureusement, j'ai découvert que ce n'était pas de simple policiers, mais des agents spéciaux travaillant pour une organisation, qui fait froid dans le dos à toutes les personnes de mon espèce, l'ORS. A savoir, l'organisation de recherche surnaturelle, en résumé, ce groupe est constitué de chercheurs, de scientifiques et de soldats, n'ayant que pour but de trouver un sens à ce qui n'en a pas, car de nos jours, l'Homme se voit dans l'impossibilité de vivre avec quelque chose qu'il ne connaît pas, car il en a peur. 

Alors il envoie des sondes dans l'espace pour découvrir ses limites, il déterre des cadavres de plus de milliers d'année pour en apprendre plus sur leurs modes de vie, il essaye de trouver des explications possible au lieu de reconnaître l'existence des fantômes et enfin, il capture les personnes comme moi pour leur ouvrir leur cerveau et essayer de comprendre d'où vienne nos pouvoirs. 

Mais cela ne date pas d'hier. Depuis le moyen-âge, les sorcières sont tuées, brûlées vives sur les bûchers. Malgré les quelques mortels qui sont passés au barbecue, la plupart étaient bien des êtres surnaturelles, craints de tous. 

Et cela continue, sauf que maintenant, on souhaite nous torturer juste avant de nous tuer. Alors nous devons faire profil bas et ne surtout pas utiliser nos pouvoirs comme nous aurions pu le faire avant. 

Je ne sais pas encore comment l'ORS a pu découvrir mon existence, je me suis toujours tenu à carreau et je n'ai rien dit ou fait qui aurait pu me compromettre. Mais depuis quelques semaines, je suis pourchassée partout où je vais. Le seul moyen que j'ai trouvé pour être tranquille est donc de quitter le continent mais les billets d'avions ou de bateau sont beaucoup trop chère et surtout, je me ferais rapidement repérer par un simple contrôle d'identité. 

Ma tête est affichée presque partout, signalant les différents problèmes mentaux dont on m'afflige, car cela donne une raison au gouvernement de m'enfermer. 

-Norah, tu m'écoutes ? 

Je secoue simplement la tête en empruntant une petite ruelle assez étroite. 

-On peut pas rester plus longtemps ici, on doit bouger et rapidement. 

-Tu penses que ça s'arrêtera un jour ? Cette chasse aux sorcières ? 

Mon frère soupire avant de s'avancer vers moi. Il tend sa main vers moi avant de la poser sur ma joue. Et malgré le fait qu'il soit mort et enterré dans un cimetière à San Francisco, je ressens la sensation de sa peau contre la mienne. 

Si je peux le voir, c'est seulement parce que je suis une nécromancienne, un type de sorcière plus que rares, car les plus tués durant le moyen âge. Il ne reste que quelques individus de mon type dans le monde et moins d'une dizaine dans le pays. 

-J'aimerais te dire que oui mais je n'en sais rien. 

Je soupire tout en reprenant une grande inspiration. Je retiens mes larmes, je m'interdis de pleurer, j'ai beaucoup trop pleurer depuis l'incendie, tellement que je me demande comment est ce que j'ai pu ne pas me tailler les veines avant aujourd'hui. 

-On va y arriver, petite sœur, j'en suis sûr. 

-J'espère que tu as raison, Josh. Parce que à ce rythme, je ne survivrais pas très longtemps. Je suis fatigué de courir. 

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Que pensez-vous de ce premier chapitre ? 

Vous aimez ? 

Le personnage de Norah ? 

Sa capacité à voir son frère ?

Josh ?

L'ORS ? L'organisation de recherche surnaturelle ?

Norah qui se fait pourchassé par l'ORS ?

Déjà des théories pour la suite ?

Je me suis fixé un rythme de publication. Ce sera deux fois par semaine, le mercredi et le dimanche.

Je vous dis donc à dimanche !

Manon.