La troisième lettre : Accident
Cher Niall,
Je t'écris sous la pluie. Je ne sais pas si tu es au courant de la météo qu'il fait en Irlande puisque tu es encore au Japon mais, ici, il pleut. Cela n'à rien avoir avec cette lettre. Je ne vais pas te parler de la pluie et du beau qu'on a dans le pays. Sache, au moins que je suis toujours mal, que tu me manques et que parcourir le monde avec toi me manque aussi. J'aimais bien te suivre partout dans le monde, aux quatre coins du globe terrestre. J'aimais bien, j'aimais tellement que ça me manque maintenant.
Mais revenons au sujet de base ; encore un autre souvenir.
Après avoir reçu le ballon dans la figure, nous nous sommes regardés dans les yeux pendant un long moment avant que je ne tourne la tête sur la droite, la baissant aussi et en la hochant pour enfin répondre à ta question. Avant que je ne te vois, je pensais à la mort et même à me suicider mais en quelques minutes, tu avais chamboulé ma vie. Tu m'as fais tourné la tête vers toi et nos regards se sont à nouveau croisés et c'était comme magique, comme si tu m'attirais jusqu'à toi. Je crois que j'aurais été capable de t'embrasser sur le coup tellement que tes lèvres étaient attrayantes mais je me suis retenue et je ne sais même plus pourquoi, sûrement parce que j'avais peur que tu m'envoie bouler.
Alors, tu m'as souris de toutes tes dents et je me suis contentée de rendre un petit sourire à la con de rien du tout. On aurait plutôt cru à une grimace qu'à un sourire. J'ai baissé la tête par honte, parce que oui, j'avais terriblement honte d'être moi-même. Tu as pris mon menton entre tes pouces et tu m'as relevé la tête, encore une fois, puis en me regardant dans les yeux, tu m'as dis ; « Relève ta tête, princesse, sinon ta couronne va tomber ».
J'ai écarquillé les yeux sur le coup, parce que je ne m'y attendais clairement pas. Tu n'avais même pas cessé de sourire, ou si ça avait été le cas, je ne l'avais même pas remarqué. Je t'ai souris assez gauchement en retour. Tu me regardais toujours dans les yeux, comme si j'étais belle et importante, comme si j'étais vraiment une princesse. Et cela me mettait mal à l'aise, terriblement, atrocement même. Je ne savais plus du tout où me mettre. Tu avais été la première personne, en 20 ans d'existence à me regarder ainsi. La toute première et sûrement la tout dernière aussi.
Ton ami avait crié ton nom, assez fort. Il devait sûrement se demander ce que tu foutais pour prendre autant de temps. Je l'avais vu sur son visage et quand nos regards se sont rencontrés plus tard. Tu m'as souris un peu maladroitement et tu es parti chercher le ballon. Tu n'avais même pas eu besoin de t'excuser avec des mots parce que cela était passé à travers nos yeux, nos regards. Tu es reparti jouer avec ton ami et vous rigoliez bien. J'étais retournée dans mes pensées sombres et obscures alors qu'elles avaient été belles et fascinantes quand nous nous regardions ou quand, simplement, tu avais tes yeux posés sur moi. J'avais finis par partir alors que tu jouais encore avec ton ami. J'enfilais ma veste et jetait mes cheveux en dehors, à ce temps-là ils étaient longs puisqu'ils descendaient presque jusqu'à mes fesses, et tu me regardais. Tu me fixais même et je ne savais plus vraiment où me placer ni quoi faire. Mais je n'ai fais que te jeter un regard en coin et je suis parties.
Mais le hasard fait bien les choses, parce que notre « relation » aurait pu très bien se terminer là et n'avait allé plus loin, ne jamais aller jusqu'à devenir celle qu'on avait avant que tu ne casses et ne détruises tout. Elle n'aurait pu ne jamais avoir de suite mais nous étions sûrement destinés à nous recroiser et à finir en couple puisque, durant la même journée, nous nous sommes revus à cause d'un « malheureux » petit accident. Tu t'en mordais encore les doigts la vieille de notre rupture, mais sache que sans ce minable accident, nous ne nous serions sûrement jamais recroisés.
Je marchais dans les rues avec des écouteurs dans les oreilles et bien sûr, de la musique. C'était une musique calme, douce, qui se berçait dans mes oreilles. Je broyais un peu du noir et je ne me souviens même plus pourquoi. Il faut dire que tu m'avais marqué. Je commençais à passer sur un passage pour piéton, assez petit qui était sûrement sur une petite route résidentielle –de luxe je crois. J'étais plongée dans mes pensées, dans mon petit monde jusqu'à ce que je sois percutée.
Au début, j'ai cru que j'allais mourir et que j'étais même déjà morte mais c'était juste mon corps qui était endormi par la chute. Quelques minutes plus tard, je ressentais déjà la douleur reprendre le contrôle de mon corps. Je ne savais pas comment faire pour me relever jusqu'à ce que je voie une main se tendre juste devant mes yeux. Je la pris sans même essayer de voir le visage de celui qui me venait en aide. Puis, j'ai relevé la tête et c'est là que je t'ai vu. Tu étais sur ton vélo et c'était toi qui m'avais percuté et tu avais cette putain de mine inquiète sur le visage. J'avais la nette impression que de toute ta vie, tu ne feras que t'inquiéter pour moi ; tout le temps. La sensation que j'avais sur le coup n'est jamais s'avérer être fausse puisque tu t'es toujours inquiété pour moi, pas une seule fois tu ne pas montrer que tu ne te faisais pas de soucis pour moi et je vais t'avouer qu'à la fin, j'en avais assez et que cela m'étouffais. Tu me demandais tout le temps si j'allais bien, que je n'avais même plus envie de te répondre, c'était pour cela que tu croyais que j'étais froide, j'en avais juste assez en faite.
« Ca va ? » fût à nouveau ce que tu m'avais dis en premier lieu alors que l'inquiétude était encore visible sur tes traits. Mais j'étais plus concentrée sur ton beau visage que sur le fait que j'allais bien ou non. La douleur que j'avais dans la cheville s'était comme volatilisée alors que l'on se regardait dans les yeux. J'étais totalement plongée dedans, dans cet océan que sont tes orbes. Je n'arrivais pas à décrocher mon regard de toi et il fallut que je me ressaisisse par un bruit de klaxon au loin pour que je puisse enfin te répondre par quelques mots bégayer. Ça devait sûrement ressembler à « Oui... euh... o-oui... n-non... o-oui » ou quelque chose comme ça. Autrement dit, c'était totalement incompréhensible. Tu m'as souris maladroitement, sûrement parce que tu voyais que j'étais assez mal à l'aise. Sur le coup, je me suis demandé si tu n'étais pas ainsi avec tout le monde, si tout le monde n'était pas mal à l'aise sous tes prunelles océans.
C'était la seconde fois où nous nous sommes croisées. Nous n'étions pas vraiment à nos aises ensembles et tu m'avais proposé un café pour t'excuser de m'avoir renversé alors que si je n'avais pas été dans mes pensées, jamais cela ne se serait passé. Mais j'étais certaine d'une chose alors qu'on se rendait jusqu'au café, c'était qu'on n'avait pas forcément besoin de mots pour se comprendre, pour se parler. On n'en avait pas forcément besoin, je dirais même qu'on n'en avait pas besoin parce nos yeux parlaient pour nous. Quand j'y repense, j'en ai le sourire aux lèvres mais quand je me souviens de la façon dont notre histoire s'est terminée il y a quelques mois, il s'efface directement. J'ai encore tellement mal. Je t'aime encore terriblement.
-Jersey
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Musique ; Agnes Obel - Riverside
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