Le temps des cerises
J'ai dix-huit ans et je veux vivre
Rien n'a ni sens ni beauté
Dans ce monde en préfabriqué
Indéfiniment les heures coulent
Ma vie infinie s'écoule
Devant mes yeux, instants brisés
Sans clarté, sans unité
Creux, vides et envolés
L'automne a frappé à ma porte
Puis ne l'a jamais plus quittée
Je souffre je ne sais plus rien
Plus de lueur et plus d'espoir
M'éveillant le matin dans le noir
Me brisant devant le miroir
Comme pour m'éveiller le soir
Hier encore j'étais moi-même
Si j'avais connu ma chance
Si j'avais su la saisir
Si seulement j'avais su vivre
J'ai dix-huit ans, la vie c'est maintenant
Pas dans dix ans, pas dans vingt ans
Mais le temps est comme suspendu
Pendu macabre et membres noirs
J'ai dix-huit ans je voulais vivre
Ou du moins exister enfin
Mais l'ombre m'a remplacée
Couverte d'un souffle ivre
Un jour devant ce miroir
Quand j'aurai trente, vingt, soixante ans
Je pourrai enfin me voir
Les rides les cheveux blancs
Blanches années du temps passé
Vie de non sens se révélant
Je pourrai jurer à mes proches
Qui ne seront sans doutes plus les mêmes
Qui peut-être auront disparu
Que je les reconnais enfin
Fin du cauchemar, nouvelle conscience
Science macabre du souvenir
Et devant le vide abyssal
De ma jeunesse perdue
Je pleurerai le temps suspendu
Enfin délivré des chaînes
Libéré et endolori
Riant à ma face engourdie
Après n'avoir pas su vivre
Après avoir vu le vide
Je regretterai le passé
Être incomplet et inachevé
Comme je l'ai toujours fait
Passer le reste de ma vie
À demander quand elle commence.
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