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Chapitre 5

Le sprint qui s'en suivi fut le plus rapide de sa vie. Lui qui avait côtoyé les animaux les plus dangereux du globe, jamais il n'avait eu aussi peur qu'à cet instant précis. Ses pieds écrasèrent les hautes herbes pour le tirer en direction de la maison, abri austère mais étonnamment rassurant maintenant que l'intérieur était éclairé.

Quelque chose le suivait. Il en était certains. Ces pas le pourchassaient en rythme avec les siens, eux-mêmes calqués sur les battements de son cœur. Une ombre sans forme qu'il ne pouvait semer car omniprésente dans cette nuit pourtant si jeune. Impossible de savoir s'il s'agissait d'un homme, d'un animal ou d'autre chose. Enfoncé dans sa terreur, Richard n'émit même pas l'hypothèse que ce soit le fruit de son imagination.

Pris dans sa course folle, il trébucha une première fois, puis une seconde qui signa l'arrêt de mort de sa lampe torche, éclaté contre un caillou. Pas le temps de la récupérer, il se remit sur pied et longea le mur de la bâtisse. Sa tête tournait, n'était-il pas déjà passé par là ? Pourquoi diable n'était-il pas encore arrivé à la porte d'entrée ? L'avait-il loupé ? Le voilà qui se retrouvait de nouveau derrière la maison, là où gisait sa lampe torche.

Quelque chose bougea entre les cocotiers et les arbustes. C'est alors qu'il l'entendit à nouveau.

« Rrrrrun. »

Ce cri relança un vent de terreur qui emporta Richard dans ses notes graves et distordues, symphonie sortie tout droit de l'orgue des enfers. Ses jambes se remirent en marche, fonçant au travers de ce brouillard mental dans lequel il s'était égaré. Par hasard ou par miracle, il trouva la porte d'entrée qu'il s'empressa de traverser avant de la refermer à double tour derrière lui, persuadé que ce bout de bois pouvait le sauver du mal qui rôdait.

Ce lieu où il espérait trouver le repos se révéla étonnamment angoissant. Certaines lumières s'étaient allumées, projetant d'immenses ombres dont les contours semblaient onduler sur les murs. Tout ce qui l'entourait était vague et vaporeux, à croire que la maison s'était transformée en four où la chaleur déformait la réalité. Un monde en perpétuel mouvement semblable à celui dans lequel terminaient très souvent les piliers de bar.

Face à ce bordel monstre, ni son souffle ni son cœur retrouvèrent leur calme. Richard tenta tant bien que mal de marcher mais chuta tout aussi tôt, s'écroulant de tout son long sur le sol. Le plafond tournait, encore et encore telle une tornade qui l'aspirait afin de l'emprisonner pour l'éternité. Il voulut s'aider d'une commode pour se relever mais sa main ne parvint pas à l'attraper, le faisant tomber une seconde fois.

Quelqu'un toqua à la porte. Ou plutôt quelque chose. Il rampa pour s'éloigner de cette créature qui le poursuivait sans relâche et cogna sa tête contre la dite commode. C'étaient eux. Ils venaient pour la prendre. Richard se mit quelques grandes baffes pour retrouver un semblant de lucidité. Suffisamment pour se souvenir de l'endroit où il se trouvait. La chose toqua de nouveau, lentement et obstinément. Est-ce que le calamar était sorti de l'eau pour le retrouver ? Ou est-ce qu'un prédateur se baladait librement sur l'île en dévorant les soigneurs ?

Ses jambes réussirent à le soulever boostées par l'adrénaline. Il grimpa alors à l'étage puis s'enferma dans son bureau. Sa curiosité le poussa à regarder l'entrée du bâtiment au travers des carreaux mais sa peur l'en dissuada. Ses yeux roulèrent dans la pièce à la recherche d'une échappatoire lorsqu'ils tombèrent sur la radio.

Ni une ni deux, il s'assit et ouvrit le petit journal contenant toutes les instructions avant de réaliser qu'elles n'avaient rien de sorcier. La majorité du matériel datait d'un autre siècle et se révélait inutile pour les appels satellites. Il n'eut qu'à se servir d'un téléphone posé sur le côté après avoir effectué quelques branchements. C'est tout de même après plusieurs reprises qu'il parvient à faire sonner l'appareil, puis à avoir Thomas au bout du fil. Est-ce que sa voix avait changé, ou avait-elle toujours été aussi calme et rassurante ?

« Richard ! Je ne m'attendais pas à avoir de tes nouvelles aussi vite ! »

Le nouvel employé se trouvait dans un état tel qu'il ne comprit pas le ton sarcastique et inquiet de son interlocuteur.

« Thomas !... »

Sa voix s'arrêta en même temps que sa respiration. Que pouvait-il bien lui dire ?

Qu'il avait été poursuivi par quelque chose ? Une chose qui lui avait ordonné de courir puis avait toqué à sa porte ?

Un tantinet rassuré par la voix en provenance du continent, Richard parvint à jeter un coup d'œil par la fenêtre. Il n'y avait absolument rien ni personne devant la porte, pas plus que dans la rue aussi immobile que silencieuse.

Plus le temps passait, plus ses souvenirs s'embrouillaient entre imagination et réalité dans un délire paranoïaque. Richard se conforta en regardant son bras. Il était au moins sûr d'une chose : l'attaque du calamar. Mais face à cette certitude, une nouvelle interrogation. Était-ce vraiment une bonne idée de raconter cet incident ?

« Tout va bien Richard ? »

Cette fois-ci, il repéra l'inquiétude dans la voix à moitié endormie. Thomas devait déjà regretter son choix. Quelle idée d'embaucher un drogué après tout ! Il n'allait avoir d'autre choix que de revenir pour renvoyer ce pauvre fou chez lui et trouver rapidement un remplaçant à la hauteur. A moins que...

« Oui ! Oui tout va très très bien ! Je t'appelle juste pour vérifier que les communications fonctionnent. Tu sais, en cas d'urgence !

— Oh ! Très bien vu ! Alors comment c'est passé cet après-midi ? »

Une esquive digne de Mike Tyson qui parvint à calmer son angoisse.

« Ma foi très bien ! Un peu de fil à retordre avec certains animaux mais rien d'insurmontable !

— Nickel ! J'savais qu'tu serais la personne la plus à même à t'occuper de bestioles aussi exotiques ! »

Il n'avait pas complètement tort. Qui d'autre qu'un fou comme lui pouvait rester sur cette île plus d'une journée ? Richard n'était même pas encore sûr d'y arriver.

Ils continuèrent cet échange de banalité pendant quelques minutes puis finirent par se dire au revoir. C'est en raccrochant le téléphone qu'il réalisa à quel point cet élan de lucidité lui avait sauvait la mise. Il était passé à deux doigts de perdre cette chance inespérée de revenir sur le droit chemin. Tout ça à cause de quoi ? De ses foutus démons.

S'il comptait s'en débarrasser une bonne fois pour toute, il devait prendre une décision radicale. Il se leva et déverrouilla la porte, toute sa peur transformée en haine. Il fonça dans sa chambre où ses valises l'attendaient bien sagement et ouvrit l'une d'entre elle avant d'en sortir une petite pochette. Richard profita de cet élan de courage et ouvrit l'un des carreaux du côté de la mer avant d'y jeter de toutes ses forces le petit objet qui disparut dans les ténèbres.

Le sevrage pouvait officiellement commencer.

***

Richard fût levé avant le soleil. Pour cause : il n'avait pas dormi.

Il attendit tout de même les premiers rayons du gardien millénaire pour retourner à la cave afin d'avoir son premier repas. Il ramena quelques conserves et autres sachets lyophilisés qu'il posa dans les placards avant de se remplir le ventre. Cette nuit-là était sans nul doute l'une des pires nuits de sa vie. Son corps n'avait pas cessé de trembler, il s'était gratté jusqu'au sang et d'horribles hurlements avaient accompagnés son insomnie. Perdu entre rêve et réalité, il était tout bonnement incapable de dissocier le vrai du faux. Ce ne fut par exemple qu'en sortant du lit au petit matin qu'il eut la certitude d'être complètement seul, après avoir eu l'impression d'être tantôt avec son ex-femme, tantôt une ombre faite de poils et de plumes.

C'est volontiers qu'il aurait donné toute sa fortune pour avoir une vraie nuit de sommeil. Ou pour une dose. Plusieurs fois il s'était mis à hurler à la mort pour se dissuader d'aller chercher sa précieuse substance. Probablement était-elle tombée dans la mer de toute manière. C'est en tout cas ce qu'il se répéta en boucle pour accepter son sort.

Sa main tremblait tellement qu'il mit plus de trente secondes à rentrer la clé dans la serrure de la voiture. Était-il en état pour travailler ? Probablement pas. Avait-il le choix ? Absolument pas. Il passa deux bonnes heures à déballer puis préparer les repas de ses pensionnaires en faisant particulièrement attention à ne pas se couper puis commença sa tournée.

Pour se donner du baume au cœur –et faire taire cette envie viscérale qui l'obsédait– il se mit en route pour l'enclos de la guéparde. Il attrapa le seau contenant son repas puis rentra dans l'enclos avant de suivre le même trajet que le jour précédent. Lorsqu'il était repassé la voir pour la nourrir, Richard avait trouvé l'emplacement de sa cachette. Un acacia particulièrement imposant au milieu de l'enclos dont les branches s'allongeaient sur de nombreux mètres. Le spécialiste animalier avait également de nombreuses connaissances en botanique qui mirent ses méninges à rude épreuve. Comment des arbres des plaines arides pouvaient pousser avec autant de facilité sur une île tropicale ? Ce dernier possédait bien quelques différences avec ses cousins africains, que ce soit la quasi-absence d'épine ou la grande quantité de feuille, mais les couleurs et la forme lui rappelaient vraiment ces arbres caractéristiques sous lesquels il s'était protégé du soleil des centaines de fois.

Il arriva sous l'acacia, posa le seau puis fit mine de chercher la guéparde. Sans grande surprise, cette dernière sauta d'une branche et lui bondit dessus. S'étant préparé, Richard l'esquiva avant de la charrier.

« Pas assez rapide ! Le comble pour un guépard ! »

L'animal grogna puis repartit à la charge. Même après avoir passé des mois avec ces gros chats, Richard ne pouvait les surpasser sur la terre ferme. Il ne fallut qu'une seule enjambée à l'animal pour atteindre sa proie qui s'écroula immédiatement sous la force de l'impact.

« Okay okay, je suis vaincu ! »

La guéparde sembla sourire puis lâcha sa victime avant de se diriger vers le seau pour commencer son repas. Richard n'en revenait toujours pas de la facilité avec laquelle il pouvait communiquer avec Charly. Comme si la barrière de la langue n'existait pas. Il décida alors de mener une petite expérience au moment généralement le moins propice chez tous les animaux : le repas.

Richard avait pour habitude de parler avec les animaux comme s'ils étaient des êtres humains. Bien qu'il sût pertinemment que la complexité du vocabulaire des Hommes ne pouvait être comprise par les autres espèces, il était prouvé depuis bien longtemps que toutes les bêtes arrivaient à comprendre la tonalité avec laquelle était dite une phrase. C'était notamment pour cela que cet adage millénaire avait survécu : "ils ressentent la peur". Ce n'était cependant pas la seule émotion qu'ils pouvaient détecter. En allant de la joie à la tristesse en passant par l'angoisse ou l'amusement, voire même le sarcasme, n'importe quel animal avait ce pouvoir de comprendre les autres êtres vivants, à condition de vouloir les écouter avec attention.

Ce dont Richard voulait s'assurer ici, c'était la capacité de ce félin à comprendre des mots. Il s'assit alors en face de Charly.

« Est-ce que je peux te parler pendant ton repas ? »

La guéparde finit son morceau de viande puis poussa le seau avec sa patte. Richard en resta bouche bée, à croire qu'elle avait écarté la viande par politesse, comme pour dire "Tu as toute mon attention. "

« Est-ce que tu comprends tout ce que je dis ?

— Miaouw. Miaouw ?

— Hé bien oui je... »

Oui. Il la comprenait aussi. En surface tout du moins. Il fallait creuser.

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