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Chapitre 23

Midi ou minuit, difficile de faire la différence dans cette tempête.

La bâche qui remplaçait le mur du salon s'envola puis disparut dans ce ciel noir. Aidé des deux Russes, le gardien déplaça les meubles encore intacts pour boucher le trou avant de tendre des draps puis de les clouer. Le torrent continu qui tombait du ciel intriguait Richard autant qu'il l'effrayait. Jamais il n'avait été témoin d'un tel phénomène, d'une telle puissance. L'île, rapidement arrivée à saturation, recrachait l'excédent dans la mer, créant de véritables cascades qui allaient s'écraser au pied des falaises. La rue principale était complétement inondée, au même titre que le rez-de-chaussée des bâtiments. La bicoque du gardien, étant légèrement en hauteur, avait été épargné. Jusqu'à présent.

Le drap s'arracha à son tour lorsqu'une bourrasque particulièrement violente frappa la maison de plein fouet, faisant exploser plusieurs vitres au passage. Tout prenait l'eau désormais et cela malgré les planches placardées aux fenêtres. Le rez-de-chaussée ressemblait à s'y méprendre à la cale d'un bateau s'apprêtant à sombrer dans les abysses. L'équipe tenta d'écoper à l'aide de balais puis abandonna bien vite devant l'ampleur de la tâche. Tout était déjà trempé, à quoi bon s'acharner. Foutu pour foutu, ils ouvrirent la porte pour que l'eau puisse s'évacuer avant de monter à l'étage. Une véritable rivière dégringolait l'escalier, rendant l'ascension particulièrement glissante. La porte menant au phare se révéla être grande ouverte, laissant un flux d'eau continu descendre jusqu'en bas. Les vitres de l'édifice avaient probablement volé en éclats mais Richard ne s'en inquiéta pas, content de voir que l'eau s'évacuait d'elle-même et ne stagnait pas.

Par chance –ou par paranoïa–, le gardien avait particulièrement bien protégé la fenêtre de sa chambre, empêchant l'eau de s'infiltrer même une fois que la vitre eut explosée. La bande se partagea le lit et le sol puis attendit, à peine étonné qu'une telle catastrophe leur tombe sur le coin du nez.

Les tuiles s'envolaient. Le ciel foudroyait le paratonnerre. Les vagues en contrebas atteignaient des tailles invraisemblables. Richard se demanda tout d'abord si une telle tempête avait déjà frappée l'île auparavant. Pas depuis son arrivée en tout cas. Il tenta alors un savant calcul pour trouver le temps qu'il avait passé ici avant d'abandonner, incapable de connaître ne serait-ce que le mois où il se trouvait. Son esprit divagua ensuite vers les deux russes qu'il n'avait pas pris la peine d'attacher. Charly montait la garde et les deux hommes s'étaient montrés on ne peut plus sympathique ces derniers jours. Simple jeu d'acteur ? Syndrome de Stockholm ? Richard préféra penser qu'ils étaient simplement reconnaissants de ne plus crever de faim dans leur terrier. Ce dernier était forcément inondé désormais au même titre que le–

« Les photos ! » hurla-t-il, réveillant la ménagerie exténuée par le combat aquatique du rez-de-chaussée. La grotte menait forcément à l'extérieur, l'eau allait donc pouvoir s'infiltrer jusqu'au laboratoire. Et avec un temps pareil, même une force de la nature comme Freddy devait rester dans son nid à l'abri. Impossible d'aller les récupérer maintenant. Ne serait-ce que sortir relevait de la folie. Il voulut s'énerver mais n'en ayant pas la force, se rassit, priant pour qu'elles soient encore intactes lorsqu'il y retournerait.

Le fil de ses pensées continua ses zigzags et autre détours, réfléchissant au design de chaque enclos pour vérifier que les animaux ne risquaient rien. Des arbres allaient tomber, cela ne faisait aucun doute. Ce n'était malheureusement pas de son ressort. Cela lui fit penser à un couple en particulier. Ses sourcils se froncèrent au fur et à mesure qu'un schéma se dessinait sous ses yeux.

Le gorille allait accoucher. Cela ne faisait aucun doute. La parturition avait peut-être déjà commencé...

S'il y allait, le mâle le laisserait-il s'approcher de la femelle ? Et la femelle se laisserait-elle faire sans broncher ? Cette affaire ne pouvait pas se passer sans accroc, pas avec un ventre aussi volumineux. Une déchirure au quatrième degré était à prévoir, ce qui allait forcément provoquer une hémorragie post-partum. Sans même parler des risques infectieux avec toute la boue. La liste des complications potentielles s'allongea jusqu'à sortir par sa bouche en une série de mots marmonnés dans sa barbe, inaudibles sous le vacarme incessant de la pluie et du tonnerre.

Il finit par se lever, suivi par le regard de ses camarades

« J'vais faire accoucher le gorille. Pas besoin de m'accompagner. »

Frappés par une puissante résignation face aux Dieux qui saccageaient l'île, personne n'osa s'y opposer. Seule Charly se rapprocha de son ami qui s'accroupit puis piocha dans ses réserves pour lui offrir un sourire sincère.

« T'en fais pas, ça va bien se passer.

— Et si Freddy attaque ? Et si les gorilles ne te laissent pas approcher ? Et il faut que tu ailles chercher tout le matériel si la césarienne est nécessaire ! Et–

— Du calme, du calme. Tout ça c'est mon problème. Puis je ne sais pas... J'ai comme l'impression que je n'aurais pas besoin de tout ça. »

Il posa sa main sur son pistolet puis vérifia qu'une balle était bien chambrée. La possibilité que Freddy soit là pour l'accouchement lui traversa l'esprit. Sans réellement comprendre pourquoi, Richard eut le présentiment qu'il n'aurait pas besoin de se battre contre lui. Pas aujourd'hui tout du moins. Il caressa la tignasse du guépard puis ouvrit la porte. Cette dernière claqua contre le mur dans une bourrasque qui vint faire tomber la lampe de chevet. Ses pieds descendirent les marches pour arriver au rez-de-chaussée transformé en étang. Il délaissa ses baskets pour une paire de botte puis passa le seuil de la porte. Dehors, la pluie qui s'abattit sur lui manqua de le clouer au sol. Ce débit infernal lui donna l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules. La visibilité quant à elle était nulle. Il n'apercevait qu'un rideau d'eau et cela même lorsque les éclairs déchiraient le ciel aussi noir qu'une nuit sans lune. Ses pieds manquèrent de glisser plusieurs fois jusqu'au Land Cruiser qui par chance démarra –sacrés japonais– puis il s'enfonça dans cet océan inversé, s'attendant presque à croiser des poissons nageant devant le plexiglass qui remplaçait son pare-brise.

***

Il ne revint que trois heures plus tard alors que la pluie s'était complètement arrêtée, laissant une vision apocalyptique de l'île autrefois paradisiaque.

Ses habits n'étaient plus les mêmes. Il portait une blouse et un pantalon blanc où trainait quelques traces de main ensanglantées. L'une de ses jambes boitait et il avança jusqu'à la maison à l'aide d'une canne. Charly faillit ne pas le reconnaître et le bombarda de questions. Il posa son pistolet sur la table de la cuisine puis, sans oser croiser son regard, lui répondit que tout s'était bien passé. Ses pieds l'amenèrent jusqu'à la salle de bain où il dût convaincre Charly de ne pas rentrer, lui expliquant qu'il allait se doucher et qu'il avait besoin d'un peu de calme.

Lorsque la porte fut enfin verrouillée, il sortit moultes compresses et autres fournitures hospitalières de ces poches. La blouse finit sur le sol, révélant les bandages tout neufs mais déjà ensanglantés qui striaient son corps sur toute sa longueur. Il entreprit alors de les retirer puis désinfecta une aiguille avant de se regarder dans la glace.

Il jura au cadavre dans la glace de ne jamais raconter cette histoire à qui que ce soit.

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