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Chapitre 19

Ses yeux se rouvrirent, injectés de sang. Face à eux, son bureau. Son ombre, tout du moins. Dessus, Louis, aussi noir qu'un corbeau, à peine visible devant le néant. Richard fit volte-face pour s'éloigner de son purgatoire.

« Tu vas pas nous refaire le coup quand même ? Tu le vois bien que tu te sens mieux depuis la dernière fois.

— Une coïncidence.

— Mon cul ouai. »

Ses pieds changèrent une nouvelle fois de direction.

« T'es censé être quoi au juste ?

— Woah, le camé essaye de comprendre quelque chose, ses trois neurones encore intacts vont rentrer en collision, aux abris ! »

L'oiseau rit frénétiquement puis disparut lorsque ses yeux se fermèrent. Il réapparut sur son épaule. Non. Dans sa tête. S'en suivit la poudre, le nez puis l'extase. Aussi court qu'intense, juste avant la redescente. Tout se joua une nouvelle fois sous ses yeux. Le canapé, le mac & cheese, la table-basse, la télé, le baseball, Dolores et Elza. L'envie de tout oublier, le changement de plan de sa femme, le désespoir.

Le voilà de nouveau dans cette peau quittée depuis des années. Tout lui sembla plus net que la dernière fois, plus clair. Il allait coucher Elza, trop déprimé pour s'occuper d'elle, trop préoccupé pour l'aimer comme il le devait, comme il le voulait. Alors qu'il s'apprêtait à annoncer la nouvelle à sa fille, ses yeux se posèrent sur une sorte de jarre vide entourée de plantes déshydratés, laissées sur la table par Dolores. Sans pouvoir dire exactement où, Richard savait qu'elle trônait depuis quelques années dans un coin de la maison avec des fleurs séchés, sorte de pot-pourri censé embaumer la pièce. Curieux, le père de famille de pencha au-dessus et aperçut quelque chose qui n'avait rien à faire au fond de ce vase. Des photographies.

Cela faisait des mois qu'il la soupçonnait mais à dire vrai, les premiers signes étaient apparus dès le début de leur relation. Des sourires qui s'effaçaient trop rapidement, des caresses sans chaleur, des baisers sans passions. Si Elza n'était pas arrivée dans leur vie, nul doute qu'ils auraient fini par se séparer avec un goût amer dans la bouche. Au lieu de ça, un mariage en grande pompe fut organisé pour sceller leurs destinés. Tout ça pour quoi. Pour sauver les apparences ? Pour faire plaisirs aux caméras ? Non, il l'avait fait avant tout pour leur fille. Cette pièce qu'il jouait avec cette femme, vague connaissance tout au plus, était devenue sa vie. Et le public n'y voyait que du feu.

La vérité lui explosa au visage lorsqu'il aperçut les photos de sa femme avec Erick, son meilleur ami d'enfance. Deux corps dénudés, bien trop proches, bien trop intimes. Davantage de positions farfelues, de muscles tendus, de sourires sadiques. Un sourire qu'il avait aperçu pas plus tard qu'au dîner, lorsqu'elle lui avait annoncé sa sortie vespérale, le laissant seul avec leur fille.

Il n'y croyait pas. Elle ne l'avait pas seulement abandonné un jour de deuil. Elle l'avait jeté pour coucher avec celui en qui il avait le plus confiance. Son confident, celui qui savait tout, toujours présent sur les tournages derrières les caméras. Et à en juger par ces photos, l'affaire ne datait pas de la veille. Il jeta un regard affreux sur sa fille, plein de doutes, à la recherche d'un trait, d'une marque, d'une signature. Le flot noirâtre qui inonda son crâne le répugna au plus haut point, rajoutant de l'eau au barrage qui cèderait d'une seconde à l'autre. Le père prit son plus beau sourire avant de sécher une larme puis emmena sa fille au lit. Elle rechigna un court instant puis, probablement par instinct, cessa son caprice. Elle abandonna ses jouets dans le salon puis le suivit à l'étage avant de s'enfoncer sous sa couette. Ce fut probablement ce même instinct, ce lien si fort, que sa fille lui demanda :

« Tu pleures Papa ? »

Le masque paternel se fissurait.

« Mamie me manque juste ma puce. »

Cette réponse calma sa curiosité maladive. Son mot préféré, "pourquoi", n'avait pas sa place ici. Du haut de ses huit années, elle apercevait le monde comme une gigantesque boule recouverte d'une fumée grise et volatile, prête à disparaître à condition que l'on prenne la peine de s'intéresser à ce qu'elle cache. Le deuil avait perdu ce voile quatre années auparavant mais restait flou et vaporeux, comme les souvenirs qu'elle avait de sa grand-mère. Des membres gonflés couverts de tâches, un lit que l'on pouvait régler avec une télécommande, le gloup gloup de la fontaine à eau. Tout cela ne lui manquait pas vraiment. Par contre, sa mère lui manquait lorsqu'elle était à l'école. Cela devait être la même chose pour son père.

Un bisou sur le front, quelques mots doux au moment de fermer la porte puis le couloir. Tous ces tableaux qui le fixaient, autant d'aveux d'échec. L'envie de les fracasser, de lancer ses poings à pleine vitesse dans les murs, d'abattre cette baraque construite sur une mascarade. D'aller chercher la hache au sous-sol pour pulvériser tous ces meubles qui osaient rester là sans rien faire face à sa souffrance. Le besoin de la frapper de toutes ces questions qui resteraient en suspens jusqu'à sa mort malgré toutes les réponses évidentes. Il s'avait ce qu'il avait à faire. Prendre ces affreuses preuves et les cacher, oui, bien à l'abri pour gagner le divorce. Un troupeau de buffles descendit l'escalier jusqu'à la table basse. La jarre était toujours là. Les photos non.

L'incompréhension. Des images de cette époque où il avait plongé corps et âmes dans ce caisson d'eau salé lui revinrent en mémoire. L'incohérence entre le passé et le présent, l'incompréhension du monde distordu, l'incapacité à mettre de l'ordre dans ses pensées. Les photographies s'étaient trouvées là, sous ses yeux. Il pouvait encore revoir ce visage si froid à son égard illuminé d'une jouissance dont il était depuis longtemps banni. Sous la table ? Non plus. Sous le canapé ? Improbable mais il chercha tout de même. Rien. Une bombe dans l'engrenage. Ce fut tout d'abord son corps dont les poulies s'étirèrent et les pistons s'entrechoquèrent, puis son cerveau qui déjà en surchauffe, rentra en fusion. La seule chose qui lui permit de ne pas exploser fut le visage de sa fille qui reposait paisiblement dans son lit à l'étage. Une seule solution se présentait à lui, celle qu'il avait initialement prévu avant que cette soirée ne parte à vau-l'eau. Il se vit alors s'engouffrer dans la salle de bain, prendre des comprimés –bien plus que la dose prescrite– puis les gober avant de boire un verre d'eau et de ranger la boite en haut du meuble comme à son habitude. Ses jambes le portèrent jusqu'au canapé où il s'écroula après avoir vérifié une dernière fois l'existence de ces preuves qui lui auraient permis une sortie préférable à cette mort sur scène. Sans succès.

Son corps et son être se dissocièrent jusqu'à l'emmener dans un trou noir dont il ressortit en apercevant Dolores tenant leur fille dans ses bras. Ce fut le tour des policiers. L'hôpital. Le tribunal. La chute qui semblait sans fond puis un fracas. Le sol du Tartare.

Ses yeux s'ouvrirent à l'impact. Les insultes jaillirent de sa bouche en même temps que le sang de sa lèvre. La chambre. La baraque. L'île. Le monde réel se rappela à lui mais celui des rêves ne disparut pas pour autant. Tout s'était gravé sur cette vieille disquette oxydée. Des bribes de cette nuit qu'il avait depuis si longtemps chassé, la malmenant jusqu'à la transformer en un monstre abject qui ne voulait plus le lâcher. Il se revoyait avec une netteté parfaite, absurde même, remettre ses médicaments tout en haut du meuble, hors d'atteintes des petites mains si curieuses de sa fille. Il n'y avait pas de marchepied, ni même d'escabot pour qu'elle puisse atteindre une telle hauteur. Quand bien même, pourquoi diable ce serait-elle amusée à sortir de sa chambre et à gober ces médicaments-là en particulier ?

Lorsque les policiers l'avaient sorti de sa torpeur, la boite était là, sur la table, ouverte et son contenu répandu à la vue de tous. Se pouvait-il qu'il soit retourné en chercher après ? Etant donné la dose qu'il s'était enfilé la première fois, cette hypothèse lui sembla invraisemblable. Les ambulanciers avaient dû le transporter sur un brancard tant son état était proche de l'inconscience. Et que dire de ces photos qui avaient mystérieusement disparues ? Il se les remémorait à la perfection, enregistrées sur sa cassette mentale et visionnables à volonté. Avait-il déjà eu des souvenirs aussi précis, aussi éclatant de réalisme ? Cette impression lui rappela ses rails de cocaïne. Le monde qui devient net, trop peut-être. Les sens en ébullition, le cerveau qui tourne plus vite qu'un moulin lors d'une tempête, la sensation d'atteindre un nouveau niveau de conscience.

Ce nouveau souvenir cochait toutes les cases. Ce passé était réel, bien plus que le présent lui-même. Il devait comprendre. Il devait se souvenir de son black-out. Ce fut la gueule ensanglantée et le regard fou qu'il entra en trombe dans le bureau où Charly et Louis se tenaient prêts à commencer une nouvelle journée.

« Louis, j'ai besoin que tu m'en redonnes. »

La guéparde tourna sa tête vers son ami à plume puis il fit de même avant de hausser ses ailes. Il voleta jusqu'au bureau où étaient posées ses fiches et–

« Arrête un peu avec ça, je sais très bien que tu peux me parler. Maintenant dis-moi où tu as caché le reste. »

Il le fixa puis pointa quelques mots. La guéparde prit le relais.

« Tu saignes, t'es en train de t'en mettre partout.

— C'est rien, j'suis tombé du lit.

— Écoute, calme-toi et explique-nous de quoi tu parles.

— Il le sait très bien. Et toi aussi. Je suis venu dans le bureau cette nuit, comme la fois d'avant. Puis Louis m'a fait un rail et j'suis parti dans mes souvenirs.

— Papa, personne n'est rentré dans le bureau cette nuit et Louis est resté avec moi tout le temps–

— JE SUIS, PAS FOU, OKAY ?! »

Son hurlement lui foudroya les cordes vocales qui manifestèrent leur colère par une légère inflammation. Les murs en avaient tremblé. Pas autant que lui.

« Je sais ce que j'ai vu. »

La guéparde n'essaya pas de le rassurer, pas plus que le milan qui ne bougea pas une seule plume, aux aguets. Face à cette peur qui se dessinait dans leurs yeux, Richard parvint à se ressaisir.

« Je veux juste... Je veux comprendre.

— C'était peut-être un rêve... osa Charly.

— Un rêve... Je t'en foutrais moi du rêve. »

Ses pas tordirent le parquet qui grinça de douleur. Il attrapa la clé du cadenas puis ouvrit la porte de la salle de bain face à ses deux collègues qui ne cachaient plus leur inquiétude. Les deux russes étaient toujours là, au fond de la pièce, les yeux rivés vers celui qui hurlait dans une langue dont ils ne comprenaient que des bribes.

« Et dis-moi, toi qui est si maline. Eux aussi ce sont des rêves ? Des hallucinations collectives peut-être ? »

Il continua sa tirade devant un public silencieux.

« Et le bateau hein ? Et l'antenne ? Et la putain de patte de Stipes sur la commode ? Pourquoi tout ça serait réel, sauf ce qui m'arrange ? »

Il se tut. Trouvant une réponse dans sa question, il descendit l'escalier puis alla préparer sa tournée avec le lever du soleil comme seul compagnon.

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