
Chapitre 16 - Étrange quatuor 1/2
Astrid étira autant qu'elle le put son pull, mais il restait bien trop petit pour elle. Elle soupira avant d'abandonner. Nancy lui avait prêté des habits qu'elle portait à son âge, mais étant donné que sa cousine la dépassait que d'une dizaine de centimètres alors qu'Astrid avait seulement treize ans, il semblait prévisible qu'à son âge, Nancy devait avoisiner les cinquante centimètres.
Ses habits d'hiver étaient tous bien trop petits. Ainsi, il n'était pas inhabituel de la voir habiller avec l'uniforme de Poudlard pendant les vacances. Seulement, pour la sortie au Pré-au-lard, la blonde aurait bien aimé être habillé normalement, comme les autres élèves. Elle soupira avant d'enlever son pull d'un geste rageur, se trouvant en top à bretelle alors que dehors, une épaisse couche de neige couvrait le sol et ne cessait de s'épaissir à cause des flocons tombant à souhait des nuages d'hiver.
Pendant ce temps, Opal-Saturnin la regardait avec un sourcil arqué. Elle attendait de voir combien de temps elle tiendrait avant de mettre sa fierté de côté pour lui demander un pull. Mais plus les minutes passées et plus la brune se disait qu'elle avait en face d'elle la personne la plus têtue existant au monde.
Cela se confirma quelques minutes plus tard, quand après avoir essayé une pairs de hauts supplémentaires, elle resta en t-shirt à bretelle et enfila un manteau deux fois trop grand pour elle, avec l'écharpe, les gants et le bonnet de sa maison. En bas, elle avait enfilé un pantalon de survêtement et des baskets.
– Ça va peut-être te surprendre, mais j'ai des habits à te prêter, si tu veux, proposa Opal-Saturnin dans un élan de pitié.
Astrid lui adressa un regard dédaigneux.
– J'ai ce qu'il faut.
– Je vois ça... Si tu te choppes une maladie, tu dors dans la Salle Commune les prochaines semaines.
La blonde lui lança un regard beaucoup plus noir. À l'intérieur, une rude bataille était menée: sa fierté combattait son envie avec ferveur. Évidement qu'elle voulait un pull d'Opal-Saturnin, évidement qu'elle savait qu'elle allait avoir froid et qu'elle allait tomber malade. Mais... lui emprunter un pull... il ne fallait pas pousser les limites, elles n'étaient que colocataires.
– Si j'attrape une quelconque maladie, Opal-Saturnin, sache que c'est toi qui dormiras dans la Salle Commune, car c'est toi qui as accepté cette maudite invitation.
– Tu serais allée au Pré-au-lard dans tous les cas ! s'exclama Opal-Saturnin, bondissant de son lit.
– J'aurais pu annuler.
– Tu peux annuler !
– Et leur donner le plaisir de m'embêter avec ça jusqu'à la fin de ma scolarité ? Pour quoi me prends-tu, une imbécile ?
– Très bien, ne te plains pas alors !
Astrid se dit que finalement, si elle tuait Opal-Saturnin, elle n'aurait pas à mettre sa fierté de côté et elle pourrait lui prendre ses pulls. Mais alors que la brune s'avança vers la porte pour partir, Astrid serra fortement les poings et les dents, le corps tendu au possible pour se contenir. Son envie prit le dessus et chassa sa fierté.
– Attends !
Dos à elle, la brune se permit de sourire. J'ai gagné, pensa-t-elle.
~•~
– Ton pull est laid, lui fit savoir Astrid pendant qu'elles attendaient dehors.
– Pas sur moi.
– C'est parce que vous vous accordez bien, grommela la blonde.
– Je peux le reprendre à n'importe quel moment, répondit-elle.
– Tu peux toujours courir, il est à moi maintenant.
La jeune Arbutus se tourna vers la Junox avec un regard incendiaire. Elle s'avança vers elle pour lui arracher le pull, mais au même moment, les jumeaux les appelèrent, arrivant en courant de nul-part. Opal-Saturnin abandonna sa tâche, se contentant de prendre un visage haineux et désintéressé. Et quand elle se tourna vers Astrid, elle s'empêcha de sourire en voyant qu'elle aussi avait arboré son fameux masque froid et hautain.
Elles se ressemblaient bien plus qu'elles ne l'auraient aimé.
– En retard, fit remarquer Astrid.
– Oui, mais nous on n'est pas venu en pyjama, sourit George à l'attention d'Astrid.
Elle se contint autant qu'elle put pour ne pas les étrangler avec leurs écharpes. Les jumeaux s'étaient tous deux vêtus d'un pull gris et d'un jean large marron foncés. Ils avait mit, avec ça, un bonnet blanc avec des motifs gris. Astrid remarqua que si Fred et George portaient une veste similaire, l'intérieur était différent.
– Vous auriez peut-être du, ça n'aurait pas pu être pire, répliqua Astrid.
– Ne crache pas tout ton venin maintenant, commença George.
– Tu n'en auras plus pour notre sortie, enchaina Fred, en bousculant la blonde.
– J'en aurai toujours en réserve quand ça vous concerne, marmonna-t-elle.
Ils se sont donnés le mot pour me pousser à bout ? pensa-t-elle, irritée. Les autres élèves commencèrent à partir, ainsi Astrid suivit le mouvement, sans attendre ses... compagnons. Ils la regardèrent partir, dépités et amusés.
– Elle m'a l'air de bonne humeur aujourd'hui, sourit Fred.
– Ta gueule George, grogna Opal-Saturnin avant de se mettre en route.
Les jumeaux se lancèrent un regard.
– Techniquement, c'est toi qu'elle a insulté, débuta Fred.
– Non, c'était toi, Freddie.
– Non, c'est ton nom qu'elle a utilisé, Georgie.
– Mais c'est toi qui parlais, Freddie.
Et ainsi, les jumeaux se chamaillèrent jusqu'à ce qu'ils soient arrivés à Pré-au-lard. Et ce n'est qu'à cet instant qu'ils réalisèrent une chose.
– George... ne me dis pas que c'est ce que je pense.
– C'est exactement ce que tu penses, Fred, soupira-t-il.
– On s'est fait poser un lapin, réalisèrent-ils.
Cependant, ils eurent quelque doute lorsqu'ils virent Opal-Saturnin seule, plus loin, les bras croisés et l'air énervé. Ils la rejoignirent rapidement, espérant retrouver le dernier membre du quatuor.
– Op-Op !
– Non, trancha-t-elle à l'entente de l'horrible surnom.
– Astrid n'est pas avec toi ? demanda Fred.
– Astrid n'est pas avec vous non plus, remarqua-t-elle. Cette garce s'est barrée.
Ils se regardèrent. Qu'allaient-ils faire, maintenant ? La chercher de partout ? Abandonner ? Opal-Saturnin partirait-elle, ou resterait-elle avec eux ? Mais avant qu'ils ne puissent réfléchir, la porte de chez Gaichiffon s'ouvrit brutalement de l'intérieur, les faisant sursauter.
– Écoutez-moi bien, tous les trois. Je n'ai jamais dis oui à cette sortie et pourtant, me voilà ici, avec vous. J'ai fait l'effort de venir et je vous honore de ma présence. En échange, vous essayez de me pousser à bout en-
– On t'attendait, la coupa Opal-Saturnin, avant qu'Astrid ne se laisse trop aller.
Astrid ouvrit la bouche, avant de la refermer, les sourcils froncés.
– Non, c'est moi qui vous attendais.
Sur ces mots, elle rentra à nouveau dans le magasin.
– Je lui ai trouvé un nouveau surnom: la furie blonde.
Fred sourit.
– Ça lui va parfaitement bien.
Une quinzaine de minutes plus tard, Astrid sortit les pièces nécessaires pour payer ses nouveaux habits. Elle ne put s'empêcher de sourire. Dépenser de l'argent ne la dérangeait pas: cet argent de poche provenait de son compte en banque, qu'elle avait vidé avec sa cousine avant que ses parents ne réalisent son absence et récupèrent l'argent. C'était un peu comme si elle utilisait l'argent volé à ses parents et cela lui fit l'effet d'une petite vengeance.
Elle prit alors ses sacs de vêtements et se tourna vers les autres. Les jumeaux s'amusaient à embêter les élèves visitant le magasin et Opal-Saturnin était assise sur un fauteuil, plus ennuyée que jamais. À la vue de la brune, elle eut un pincement de culpabilité.
– Tu veux qu'on aille où ?
Surprise, la brune releva la tête vers Astrid. Même si c'était la moindre des choses, c'était étonnant qu'elle lui propose de choisir leur prochaine destination.
– Les Trois Balais ?
Avant que la jeune Junox ne puisse répondre, une voix se fit entendre derrière, la faisant fermer les yeux d'agacement.
– Étrange, tu ne trouves pas, Fred ?
– Si, c'est étrange... ça ressemble à une bonne idée.
– Vous êtes détestables, soupira Astrid.
Alors qu'Opal-Saturnin regarda la blonde avec les grands yeux, surprise qu'elle prenne sa défense, George et Fred rirent.
– Je rêve ou c'est la peste de Junox qui nous trouve détestables ?
Cette fois, c'est Astrid qui fut troublée; de ne ressentir aucune haine à son surnom, de ne pas être irritée d'être appelée ainsi. Mais surtout, troublée de réaliser que c'était peut-être parce que c'était Fred Weasley qui l'avait dit et troublée que ce fut lui qui rende ce surnom si naturel et affectif.
Mais ils restaient détestables.
– Maudits soient les Weasley, soupira-t-elle.
Ils sourirent et ensemble, ils sortirent du magasin pour se diriger jusqu'aux Trois Balais. L'air froid les attaqua directement, faisant frissonner Astrid. Opal-Saturnin le remarqua et soupira. Et dire qu'elle voulait refuser mon pull, pensa-t-elle. Ils firent quelques pas avant que les jumeaux ne se lancent un regard complice.
– Attrape, Junox !
Fred et George donnèrent un coup de pied dans la neige, soulevant une vague de neige qui vint s'écraser sur la blonde. Pétrifiée, elle fixa le vide, se questionnant sur la réalité des faits. Les jumeaux Weasley venaient-ils vraiment de la couvrir de neige ?
– Ah... pas de réflexe, à ce que je vois.
Astrid les assassina du regard, avant de foncer vers les Trois Balais, en colère. Opal-Saturnin soupira. Elle ne sait plus rire ?, se demanda-t-elle.
~•~
Astrid, Opal-Saturnin et les jumeaux étaient assis à une des tables des Trois Balais. Un silence désagréable régnait. La blonde grelottait en ignorant totalement les jumeaux et son amie, qui elle semblait profondément énervée. Les jumeaux tentaient quelques blagues pour détendre l'atmosphère, mais rien n'y faisait.
– Oh allez, les filles ! On est si insupportables que ça ?
À ces mots, Astrid se tourna vers eux leur lança un regard meurtrier, lourd de sens.
– C'est bientôt Noël ! geignit George. Ce n'est pas humain d'être aussi grognon avant Noël !
– Et ce n'est pas humain de couvrir quelqu'un de neige alors que la personne n'est pas habillé pour !
– Ce n'est qu'un peu de neige, Junox !
Et c'était repartit. Junox. Cela la refroidit davantage. Elle fronça les sourcils et finit sa boisson, l'air énervée.
– Pourquoi vous avez accepté de venir si c'est pour refuser de nous parler ? soupira Fred, qui parut étonnement agacé par le comportement des filles.
– Je n'ai rien accepté, grogna la blonde.
Opal-Saturnin se tourna vers elle, énervée.
– Personne t'a obligée. Je t'ai dit que tu pouvais dégager quand tu le voulais.
Astrid fronça les sourcils tandis que la brune se leva de table, déposant l'argent pour sa boisson sur la table. La blonde se leva pour la rattraper mais avant qu'elle n'ait pu dire quoique ce soit, Opal-Saturnin lui fit face, les yeux noirs de colère.
– Je vais te parler honnêtement Astrid, parce que tu commences à me gonfler et que quelqu'un doit te dire les choses. Tu es égoïste, égocentrique, froide, hypocrite, insupportable mais surtout, décevante. Je croyais que t'avais changé, que tu t'ouvrais aux autres. Mais finalement, qu'est-ce qui a changé ? Tu me traites décemment, c'est tout. Tu restes la peste de Junox que tout le monde déteste et tu détestes tout le monde. Qu'est-ce que tu crois ? Que ça te donne un air cool, que ça te protège ? Si personne te fait de mal, c'est juste parce qu'ils ne voient aucun danger en toi. Tu fais pitié, c'est tout.
Ça, c'était terriblement douloureux. Mais le pire, c'était bien que ces mots auraient sonné vides s'ils avaient été prononcé par n'importe qui d'autre qu'elle. Que sa colocataire, son... amie. Astrid garda les sourcils froncés alors qu'Opal-Saturnin se dirigea jusqu'à la porte. Elle la regarda partir, le cœur serré.
Elle déglutit. Elle pensait que tout ça se trouvait derrière elle, qu'elle avait des efforts. C'était peut-être le cas. Cependant, aujourd'hui, Astrid c'était très mal conduit. Opal-Saturnin avait insisté pour lui prêter un pull et sans ça, Astrid serait sûrement morte de froid. Ils avaient visité son magasin en premier, ils n'avaient rien dit. Les jumeaux avaient tenté de s'amuser en lui lançant de la neige dessus.
Et tout le long, elle avait été désagréable. Égoïste. Égocentrique. Froide. Insupportable. Décevante. Elle avait agit comme la Peste de Junox. Ses yeux se dirigèrent vers le sol, brûlants. Elle les ferma pour les soulager.
Pour une fois dans sa vie, Astrid ne rejeta pas la faute sur les autres. Elle comprit, purement et simplement, qu'elle avait tout gâcher.
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