Chapitre 13 - Rouge et bleus 2/2
Ensemble, ils recherchaient la tête brune. Rusard faisait de temps à autre son apparition, mais le petit groupe trouvait toujours un moyen pour lui échapper. Les minutes passaient sans nouvelle d'Opal-Saturnin et ils commençaient à réellement s'inquiéter. Au cas où, Astrid était repassée dans sa chambre, mais il n'y avait toujours aucun mot ni trace de sa colocataire.
Astrid se trouvait stupide. Minuit approchait et elle cherchait une inconnue dans un château en compagnie de trois Gryffondors qu'elle n'appréciait pas particulièrement. Au final, elle n'avait qu'une envie: retourner dans sa chambre, quitte à retrouver cette stupide Serpentard blessée. Même avec la menace planant au-dessus de Poudlard, elle était sortie et elle en payait les conséquences, c'était tout.
Mais... mais elle espérait tout de même la retrouver saine et sauve.
Peut-être serait-elle pétrifiée, comme les autres ? Ou mutilée par ses propres camarades ? Et si ils ne la retrouvaient simplement pas ? Le sable s'écoulait dans le sablier et toute supposition était bonne à prendre. Aussi, quand George proposa de vérifier l'extérieur du château et non l'intérieur, il ne leur en fallut pas plus pour avoir les pieds dans l'herbe, dix minutes plus tard.
Ils longeaient les murs et se fondaient dans l'ombre. Depuis le début de leur recherche, il était rare qu'un membre du groupe prenne la parole: si au début, leur silence était du au stress palpable de la blonde, il devint finalement du à leur propre angoisse. Ils ne savaient pas dans quoi ils s'étaient embarqués, mais cela ne semblait pas bien jolie et sans même connaître Opal-Saturnin, les trois garçons espéraient de tout cœur la retrouver et se donnaient au maximum.
Minuit arriva et lorsque la plus grande aiguille se pencha vers le premier chiffre, un doigt tremblant pointa l'orée des bois. Une silhouette assise se trouvait au pied d'un arbre. Immobile. Astrid ne réfléchit pas plus et courut le plus rapidement possible jusqu'à elle, les trois amis juste derrière elle.
Elle ne put s'empêcher de soupirer en reconnaissant les traits et ls formes de la brune. Et elle eut envie de s'arracher le cœur lorsqu'elle le sentit de serrer stupidement. Pourquoi avait-elle mal ? Elle s'en fichait, elle ne la connaissait pas. Et pourtant... elle s'abaissa à son niveau et chercha son pouls, inquiète.
Opal-Saturnin était dans un mauvais état. Le sang (le sien?) couvrait les bleus parcourant son corps. Son arcade était ouverte, son nez violet, sa mâchoire enflée. Ses vêtements étaient déchirés à certains endroits, froissés à d'autre. Malgré ça, son cœur battait encore. Elle était seulement inconsciente.
Astrid ne put retenir la vague de colère qui s'empara d'elle. Celle-ci allait autant à l'encontre de sa colocataire, qui ne pouvait s'empêcher de se balader sans sécurité pendant la nuit, qu'elle allait à ses assaillants, aux Serpentards et à quiconque penserait qu'elle l'avait méritée. Elle mordit sa langue jusqu'à ce que la douleur étouffe ses pensées.
– Eh, elle va bien ? demanda Fred, inquiet.
– Elle pète la forme, siffla Astrid. Aidez-moi à la porter, on va l'amener à Pomfresh.
– Je vais la porter, se proposa George.
Le roux se baissa et prit le corps inconscient dans ses bras. Tous les quatre coururent alors jusqu'à l'infirmerie. A cette heure-là, l'infirmière dormait et ils durent la réveiller à coups de cris et de coups sur la porte. Quelques instants plus tard, elle leur ouvrit, la mine sombre et colérique. Cela s'accentua en voyant les jumeaux, puis se calma lorsqu'elle vit le corps d'Opal-Saturnin dans les bras de George.
Une grimace horrifiée déforma ses traits, puis l'inquiétude prit le pas, mêlée à la tristesse.
– Encore ? murmura-t-elle, affligée. Déposez-la sur n'importe quel lit, j'arrive tout de suite. Faites très attention surtout ! Vous les garçons, vous pouvez être de grosses brutes sans cervelle...
Tout en marmonnant, elle partit chercher des soins dans un placard, non loin de là. George déposa doucement la jeune fille sur le lit. Alors que Lee partit aider Pomfresh à porter tous les remèdes sont elle avait besoin, les jumeaux et Astrid attrapèrent des chaises et les positionnèrent autour du lit. Ils s'assirent sur trois d'entre elle, la dernière étant pour le meilleur ami des Weasley.
– Alors... c'est pas la première fois ? demanda Fred, intrigué.
Astrid haussa les épaules, le regard noir de colère flottant dans le vide.
– J'en sais rien.
– C'est pas ton amie ? enchaina George.
– Non.
L'infirmière arriva et râla en leur demandant de se pousser.
– Ne croyez pas pouvoir rester là toute la nuit ! Je vous laisse jusqu'à ce que j'aie finis les soins et après ça, tout le monde retourne dans son dortoir ! Que faisiez-vous dehors à cette heure-ci, d'ailleurs ?!
Elle commença à appliquer de la pommade à certains endroits, mélangea plusieurs liquides à côté, analysa son corps avec sa baguette à la recherche de blessure plus grave et invisible.
– On cherchait Opal-Saturnin, mentit qu'à moitié George.
– Vous ?! répéta la femme. Me prendriez-vous pour ce que je ne suis pas, monsieur Weasley ?! Vous ne la connaissez même pas.
– Je suis sa colocataire, intervint Astrid.
– Par Merlin, je le sais ! soupira-t-elle. Je sais aussi que ces trois garnements n'étaient pas de sortie pour la retrouver.
Un court silence suivit sa phrase, durant lequel les jumeaux grimacèrent et Lee baissa la tête.
– Cependant... je ne dirais rien.
A l'entente du ton adoucit de l'infirmière, tous levèrent la tête vers celle-ci.
– Opal-Saturnin vous doit sûrement la vie. Les blessures semblent très récentes alors je pense que ses assaillants sont partis en vous voyant arriver... leur apprit-elle.
Les trois amis se lancèrent un regard. Astrid, quant à elle, se plaça confortablement sur sa chaise, rapprocha ses jambes de son corps et ferma les yeux. L'infirmière arqua un sourcil.
– Vous croyez que je vais vous laisser dormir ici, Miss Junox ?
– Si vous voulez me ramener jusqu'à mon dortoir, alors portez-moi jusqu'à mon lit parce que je n'irai pas de moi-même.
– Bien dit, Junox ! sourit Fred. C'est pareil pour nous, madame Pomfresh !
Une fois les soins finis, l'infirmière soupira, les poings sur les hanches. La blonde somnolait déjà tandis que les garçons avaient sortis un jeu de carte, pas le moins du monde fatigués. Elle hésita quelques instants avant de soupirer, résignée.
– Je vous interdis de la réveiller, de faire du bruit ou de l'embêter d'une quelconque manière.
– On a Junox pour ça ! blagua Lee.
– Je parlais justement d'elle, car il me semblait évident que vous n'embêteriez pas Opal-Saturnin durant sa convalescence. Est-ce bien clair ?
Les trois acquiescèrent, le sourire aux lèvres.
– Il n'est cependant pas question que vous manquiez les cours, demain. Vous pouvez retourner dans votre dortoir si vous le souhaitez mais interdiction de faire des allé-retours sans fin. Me suis-je bien faite comprendre ?
A nouveau, ils acquiescèrent. Elle sourit très légèrement.
– Merci, les garçons.
~•~
Le lendemain, quand les jumeaux entrèrent à nouveau dans l'infirmerie, ce fut avec un Harry Potter sans os dans le bras, une dizaine de Gryffondors inquiets ou curieux, le reste du trio d'Or et Olivier Dubois. Un rideau était tiré autour de la brune et la blonde, les cachant aux regards des curieux.
Astrid somnolait quand elle entendit Pomfresh s'agacer.
– Oh, monsieur Malefoy, vous n'êtes pas à l'agonie ! Vous pouvez partir !
Si cela la sortit de sa torpeur, elle n'ouvrit pas les yeux pour autant.
– Écartez-vous, écartez-vous ! Il aurait fallut tout de suite me l'amener ! Je peux ressouder des os en un rien de temps, mais les faire repousser...
– Vous pensez quand même y arriver ?
– Oh, j'y arriverai, c'est certain. Mais ce sera très douloureux. La nuit va être pénible, Potter. Avoir des os qui repoussent, c'est une épreuve.
Potter avait perdu un os ? Ce questionnement lui fit ouvrir les yeux dans un râle. Elle tira le rideau d'un coup sec pour voir ce qu'il se passait et tout ce qu'elle vit, ce fut le jeune binoclard recracher un jet d'eau de sa bouche tandis que ses camarades se reculaient, surpris.
– Vous vous attendiez à quoi ? A du jus de citrouille ?!
Astrid soupira tandis que madame Pomfresh remplit à nouveau le fond du verre.
– Bon, je vous laisse entre de bonnes mains.
Sur ce, elle partit Merlin savait où. Astrid s'étira avant de se lever, contemplant le jeune Harry avec un œil moqueur, sans toutefois laisser ses lèvres s'étirer.
– Junox ! la saluèrent les jumeaux. Comment vas-tu ? continua George.
– Pas trop dur, de veiller sur Opal-Saturnin toute la nuit ? se moqua Fred.
– Moins que de jouer aux cartes, siffla-t-elle.
Sans prévenir, elle attrapa le bras du jeune Harry et fut surprise de constater qu'il ne restait que de la peau. C'était tout mou. C'est vraiment écœurant, pensa-t-elle en refoulant sa nausée, lâchant le bras de Harry avec dégoût.
– Le touche pas ! intervint une Hermione fulminante, le corps raide.
– Tout doux, Crockdur, je ne compte pas l'abîmer plus qu'il ne l'est déjà. Comment tu t'es fais ça ? demanda-t-elle.
– En jouant au Quidditch...
– Je n'ai jamais vu quelqu'un perdre un os en jouant au Quidditch, fit-elle remarquer froidement en arquant un sourcil.
– Parce qu'aucun des joueurs n'avaient encore laissé le professeur Lockhart s'occuper de ses blessures, répondit Hermione en roulant des yeux.
Le blonde hocha lentement la tête. Elle remarqua alors que les autres Gryffondors s'étaient enfuis ou la regardaient avec des yeux ronds. Les plus hardis, hein ? Elle roula des yeux.
– Eh, Astrid ? Comment va Opal-Saturnin, alors ? demanda George.
Son cœur loupa un battement tandis que ses yeux s'arrondirent. Astrid. C'était bien son prénom, alors il n'y avait pas de quoi être choquée, et pourtant... cela faisait si longtemps que quelqu'un de son âge ne l'avait pas prononcé (surtout sans haine). Si longtemps qu'on la définissait par Junox et non Astrid. Elle se reprit dans la seconde.
– Bien, je crois. Elle est à côté.
Sous les regards perdus et choqués de leurs camarades, les jumeaux hochèrent la tête.
– Et toi ? continua Fred. Comment tu vas ?
– Tu t'inquiètes pour moi, Weasley ? Je ne suis pourtant pas cette allongée sur un lit de l'infirmerie. Mais si tu tiens vraiment à le savoir, je vais toujours aussi bien.
Sur cette réplique pleine d'ironie, elle leur sourit légèrement (elle-même ne savait si son sourire était sincère ou non) et retourna au chevet de sa colocataire. Mais avant, elle s'arrêta. Serra les dents et les poings. Ferma les yeux. Prit sur elle autant qu'elle le put.
– Hum... Merci.
Pour hier, et pour demander comment je vais, pensa-t-elle en reprenant son chemin.
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