Chapitre 11 - Pots de colle
Astrid ne savait pas qui l'avait maudite, mais elle se promit de se venger lorsqu'elle retrouverait ladite personne.
Alors que quelques semaines auparavant, c'était encore la guerre avec ces satanés jumeaux, à présent, ils ne la lâchaient jamais. Et Merlin savait qu'elle passait son temps à les ignorer ou à leur demander de partir et malgré toutes ses tentatives, aucune ne fonctionnait. Elle était obligée de supporter les deux Weasley. La plupart du temps, ils ne lui parlaient même pas, se contentant de planifier certaines de leurs blagues.
En fait, elle se sentait espionnée. Harry Potter aurait-il envoyé les frères de son ami pour épier chacun de ses faits et gestes ? C'était fort possible. Apparemment, plusieurs personnes la suspectaient comme étant l'auteure de la pétrification de la chatte de Rusard et de ce sinistre mot sur ce mur.
Elle avait beau fuir les siens, on continuait à lui coller l'étiquette de sa famille sur son dos et cela la rendait folle. D'accord, elle n'y mettait peut-être pas tellement du sien en adoptant ce tempérament exécrable mais ceci était son dernier bouclier contre le monde et surtout contre les Serpentards. On la détestait peut-être autant qu'on la craignait et c'était bien cette dernière partie qui intéressait la blonde.
Le problème était que ce masque, elle pouvait l'enlever lorsqu'elle se retrouvait seule. Seulement, maintenant que deux carottes vivantes avaient décidé de lui pourrir la vie, elle ne pouvait même pas avoir une heure de tranquillité. Des minutes (quand elle réussissait à s'échapper), oui, mais sans savoir comment, ils arrivaient toujours à la retrouver et lui tombaient dessus de nul part.
– Tu en penses quoi, Junox ?
Elle ne répondit pas, se contentant de réviser ses cours. C'était un samedi et dans la semaine qui arrivait, Astrid avait plusieurs interrogations. Elle était donc assise dans l'herbe, entourée des deux Weasley qui discutaient d'un sujet qui ne l'intéressait pas assez pour qu'elle arrête de réviser.
– Junox ?
– Je m'en fiche complètement, répondit-elle simplement.
La colère avait peu à peu laissait place à la lassitude. En ayant marre de constamment leur cracher à la figure pour leur répondre ou leur demander de partir — elle avait bien vu que c'était inutile — , elle leur répondait de manière neutre. Il n'y avait qu'avec eux et Opal-Saturnin qu'elle faisait ça et les trois chanceux savaient que c'était un immense privilège.
– Tu révises quoi ? lui demanda Fred, se penchant sur son cours.
– Rien qui ne t'intéresse.
– Tu te trompes, Junox. Si je te demande, c'est que ça m'intéresse.
– Ah oui ? répondit-elle machinalement, sans l'écouter.
Fred et George s'échangèrent un regard.
– On a mit des bombabouses dans ta chambre, dirent-ils d'une même voix.
Elle ne répondit pas.
– On en a profité pour fouiller tes affaires, dit alors George.
– Il parait que tu es la fille cachée de Rogue et McGo, continua Fred.
Toujours rien.
– C'est vrai ça, Junox ? demanda Fred.
Elle haussa les épaules. Un sourire taquin s'installa sur ses lèvres. Il lui vola son cours et se leva. Astrid jura en le regardant s'éloigner avec ses feuilles et, agacée, elle croisa les bras, attendant simplement qu'il les lui rende. Le courser, ce serait tomber dans son piège et elle ne lui donnerait pas ce plaisir, ni aucun autre.
– La révolte des Gobelins au XVIIIème siècle, lut Fred. L'histoire de la magie... c'est ça qui t'empêche de nous écouter ?
– N'importe quelle distraction m'empêcherait de vous écouter. Vous ne dites jamais rien d'intéressant.
– Comment tu le sais ? Tu ne nous as jamais écouté, nargua George.
– Je le devine bien, siffla-t-elle. Maintenant, rends-moi mon devoir, George.
– T'entends ça, Fred ? C'est la première fois qu'on arrive à nous différencier ! s'exclama Fred, faussement sidéré.
– A moins qu'elle ne se trompe, qui sait ! Hein, Forge ?
– Ça me donne une idée, Gred. Junox, sourit-il en se tournant vers elle. Si tu arrives à déterminer lequel est Fred et lequel est George, on te rend ton devoir et on te laisse tranquille pour le moment.
Elle arqua les sourcils.
– Si simple que ça ?
– Eh oui... Il semblerait que nous soyons de bonne humeur, finit-il avec un clin d'œil. Alors ?
– Tu es Fred et toi George.
Elle dit cela sans hésitation, nommant correctement chaque jumeau. Ils sourirent grandement.
– Perdu ! Dommage pour toi, Junox, soupira George, feignant d'être attristé. Tu auras au moins eu le mérite de blesser nos petits cœurs.
– Ne te fiche pas de moi, George.
Devant leur regard insistant, elle grimaça. Allait-elle vraiment devoir l'avouer ? Ils penseraient sûrement avoir une quelconque importance à ses yeux, après... Mais elle tenait vraiment à sa tranquillité. Abattue, elle soupira et reprit sa confiance.
– Je sais vous reconnaître.
– Ah oui ? s'amusa Fred.
Ils commençaient à vraiment lui taper sur les nerfs. Elle se leva, le regard noir et elle s'approcha de Fred de façon menaçante.
– George a un visage plus rond que toi. Il a également un grain de beauté dans le cou, alors que toi, tu n'en possède pas. Quelques traits du visage diffèrent, mais rien de très voyant. Tu as donc un visage plus fin, et tu es également plus grand que son frère. Ai-je bon, Fred Weasley ?
Les jumeaux avaient, pour la première fois, perdu leur langue. Comment était-il possible que leur ennemie savait les différencier et surtout, avait remarqué tant de différence entre les deux, alors que leur propre famille se faisait parfois avoir quand ils échangeaient de nom ? C'était surréaliste.
– Tu n'as pas besoin de répondre, je sais que j'ai bon.
D'un geste sec, un sourire hypocrite au visage, elle arracha ses feuilles de cours des mains d'un Fred pantois et elle partit, laissant les jumeaux en plan. Astrid était définitivement bien étrange...
~•~
– Après tout le temps que vous avez passé à ses côtés, tout ce qui vous inquiète, c'est qu'elle sache vous différencier ? demanda Hermione, sceptique.
– Oui et je pense que même si on avait découvert que c'était elle l'héritière et elle qui avait ouvert le Chambre des Secrets, tout ce qui nous choquerait, c'est qu'elle sache que George a un visage plus rond que moi et que je suis plus grand que lui.
Harry et Hermione soupirèrent.
– Donc votre espionnage n'a mené à rien ?
– Sur la Chambre des Secrets, non, avoua Fred. Mais on ne pense pas que ce soit elle dans tous les cas.
– Elle n'a pas de comportement suspect et les seules fois où elle est réellement seule, c'est pour aller aux toilettes ou quand elle réussit à nous fuir.
– Donc jamais plus de cinq minutes, précisa le plus grand des jumeaux.
– Donc Astrid est juste une peste, soupira Ron. Moi qui pensais qu'on était sur la bonne piste...
Les jumeaux se lancèrent un regard.
– En fait... commença Fred.
– Astrid n'est pas si détestable que ça.
Le trio les regardèrent avec de grands yeux.
– Pour la semaine qu'on a passé avec elle, même si au début elle a été, disons... Exécrable, froide, venimeuse... sourit Fred.
– Et bien vers la fin, elle était plutôt calme, désintéressée et impassible.
– C'était presque agréable de lui tenir compagnie, ironisa-t-il.
Le trio se regardèrent. Et si Dumbledore ne leur demandait pas de l'espionner, mais de simplement sympathiser ? Après tout, Hermione avait remarqué que le vieux professeur adressait souvent des sourires à la blonde, sourires qu'elle rendait toujours. Se pouvait-il qu'ils se soient trompés sur toute la ligne ?
– Harry, soupira Hermione. Tu devrais retourner voir Dumbledore et lui demander clairement ce qu'il en pense.
~•~
Nancy lui avait écrit une lettre.
Lorsque sa chouette était venue lui déposer l'enveloppe dans son assiette, ce matin, elle avait eu du mal à y croire. Effrayée que des Serpentards puisse découvrir la provenance de la lettre, elle s'était empressée de la cacher dans sa robe, fusillant du regard ceux qui osaient la fixer un peu trop, elle et sa lettre.
Et maintenant qu'elle était enfin seule, elle pouvait la lire. Elle avait décidé de rejoindre sa chambre pour cela. Elle savait qu'il n'y avait qu'Opal-Saturnin pour l'importuner, et cette dernière dessinait, assise sur son lit, sans porter la moindre attention sur Astrid.
Une semaine qu'elle était arrivée et entre les deux jeunes filles, un accord silencieux c'était fait: aucune ne juge l'autre, aucune ne s'intéresse à l'autre, aucune ne se mêle des affaires de l'autre, aucune ne parle à l'autre. Cela les arrangeait toutes les deux. Parfois, elles avaient l'impression de cohabiter avec un fantôme mais cela ne les dérangeait pas. Les fantômes étaient après tout de meilleure compagnie que les vivants.
Précautionneusement, Astrid ouvrit l'enveloppe et fit glisser le papier hors de sa prison. Elle le déplia avec douceur, peut-être trop pour sa réputation, et posa ses yeux noisettes sur la première ligne.
« Bonjour, jeune fille !
Ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé, toi et moi. Te connaissant, je me demandais si t'envoyer une lettre serait une bonne idée. Ça casserait un peu ton image de fille insensible qui n'a aucun ami, non ? Désolée si ça a été le cas ! Je ne doute pas de ton talent pour réussir à les convaincre à nouveau du contraire. Tu es douée pour être jouer le rôle de quelqu'un d'autre, malheureusement moins quand tu dois être toi-même.
Cette lettre n'est d'ailleurs pas anodine. Tu n'en as probablement rien à faire de ce qui se passe à la maison, je le sais. Il ne se passe d'ailleurs rien d'intéressant, excepté le fait que j'ai reçu une lettre de tes parents, menaçant de brûler l'appartement si tu continues sur ce chemin. Ils t'ont aussi interdit de rentrer chez toi. Il n'y a aucune logique, comme tu t'en doutes. Je suis donc chez mes parents et on va sûrement déménager, toi et moi.
Une préférence ? Près de la mer, de la forêt, de la ville ? Dis-moi ce qui te plairait, de mon côté, tout me va.
Enfin, ce n'est pas vraiment ce dont je voulais te parler. Je n'ai pas osé te le dire, quand tu es partie, mais je compte bien me rattraper maintenant. Je ne suis peut-être pas assez proche de toi pour te le dire et pourtant, je suis sûrement la personne la plus proche de toi en ce moment. Astrid, j'aimerais vraiment que tu cesses de te faire passer pour quelqu'un que tu n'es pas.
Je sais. Je sais que tu crois être invincible, protégée derrière cette crainte que tu entretiens, que tu nourries par tes remarques acerbes et tes yeux coléreux. Mais Astrid, sache que ce n'est pas la seule manière de te protéger. La crainte ne repoussera pas tes ennemis longtemps. Elle repoussera seulement ceux qui auraient pu être tes alliés. Tu finiras seule, faible et vaincue. Quand le monde s'écroulera et que la mort viendra te chercher prématurément, la vie qui défilera sous tes yeux se résumera à la réjection des autres, mais surtout de toi-même.
Il est hors de question que je te laisse finir ainsi.
Les plus grand héros de l'histoire n'y sont pas arrivés seuls. Sans alliés, sans amis, sans amours, ton chemin ne sera jamais éclairé par une quelconque lumière. Tu ne trouveras jamais la paix. Seule dans ce monde que tu te crées, c'est sur ce chemin sombre que tes ennemis ne cesseront de t'attaquer. Parce que la haine succède à la peur, car personne ne veut avoir peur. Tout le monde combat ses peurs, après tout. Quand ils cesseront de te craindre, ils te tueront Astrid. Ils te tueront car tu les as trahis, à leurs yeux. Tu ne pourras pas te défendre contre tous et tu auras le choix entre la mort ou la folie, ou les deux.
Survivre, ce n'est pas dans la solitude. C'est en acceptant des autres dans son monde, en acceptant leur lumière, leur ombre et leur aide. C'est eux qui te défendront, qui sauveront ta vie et t'aideront à avancer dans tu n'arriveras plus à voir tes propres pas. Tu n'arriveras à rien toute seule... Même notre cher et tendre V n'était pas seul, Astrid. Personne ne survit seul parce que la solitude est un monstre vicieux qui se nourrit de tout ce qui te construit. Un jour, c'est à ton cerveau qu'elle s'attaquera et tu deviendras aussi folle qu'eux, ou que Bellatrix Lestrange.
Ton masque est inutile. Ton bouclier est fragile. Où cela t'a-t-il mené ? Cela te réussit-il ? Les gens te détestent-ils moins ? Non, bien sûr que non. En agissant ainsi, tu te mets le monde entier à dos. Si tu montrais qui tu es vraiment, cette fantastique et courageuse petite fille qui se cache derrière tant d'indifférence... Alors tu n'aurais plus que les Serpentards contre toi.
Tu imposeras le respect. Les gens te comprendront, te soutiendront. Ils te respecteront car tu es une des seules Serpentards à t'être retournée contre ce que tu as toujours connu pour choisir ta propre destinée, pour tes propres convictions, pour un monde que tu espères meilleur. Y a-t-il plus beau que ça ? Plus courageux qu'une enfant reniant sa monstrueuse famille pour ses idéaux ? Plus ambitieux qu'une fille Junox mettant sa vie en péril pour simplement un peu de lumière ?
Et à ce moment-là, Astrid, tu verras que le monde est beau. Que tu as eu raison d'y croire. Que tu es à ta place. Tu réaliseras aussi que la crainte que tu imposes sur des adolescents est ridicule comparé au respect que tu susciteras chez n'importe quel être vivant. Les gens t'aimeront et ils te protègeront.
Sache juste que cette solitude, c'est ce que tes parents veulent. Que tu sois seule, si seule que lorsqu'ils se retourneront contre toi, tu n'auras personne pour te défendre, personne pour te pleurer. Je refuse de leur donner raison, parce que je sais que ce qu'ils ont été n'accepterait jamais une telle chose. Ce qu'ils veulent maintenant n'est pas ce qu'ils voulaient avant.
Car avant, ils auraient tout fait pour te garder en vie. Serais-tu prête à salir leur souvenir ? A donner aux monstres qu'ils sont devenus ce qu'ils veulent ? A leur donner raison ?
Alors pour moi, ta cousine. Pour le souvenir de tes parents, qui auraient voulu que tu illumines le monde.
Et surtout pour toi, Astrid.
Jette ce satané masque et laisse tes sentiments exister. Laisse-toi vivre. »
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