Chapitre 1 - Traîtresse
Astrid était réputée pour être froide. Une poupée de porcelaine, imperturbable. Avec un esprit imprégné de ténèbres et une langue couverte de venin.
Glaciale, impénétrable, indifférente. Méchante, vicieuse, peste.
Sans cœur.
Pourtant, en ce début de quatrième année, elle ne semblait plus elle-même. Son masque neutre avait laissé sa place à son vrai visage, anxieux et douloureux. Ses yeux, habituellement si vides, n'avaient jamais paru aussi vivants, noyés dans de sombres sentiments.
Et si sa posture restait la même, aussi droite et hautaine, les détails de sa tenue ou de son visage laissaient sous-entendre que durant ces vacances d'été, bien des choses avaient changé. Elle qui avait des tenues parfaites, tirées à quatre épingles... La voilà avec une chemise légèrement froissée et des mèches blondes s'échappant de sa tresse chaotique.
Sans la connaître, il était facile de ressentir de la pitié, en la voyant ainsi. Cependant, tout le monde connaissait Astrid Junox, et pour un monstre comme elle, la pitié n'était pas de mise. Certain se délectait de cette douleur, d'autre angoissait à l'idée de devenir la nouvelle victime de sa fureur, apparemment accumulée durant plusieurs semaines. Ses connaissances, elles, étaient partagées.
Si tout le monde connaissait les Junox, ceux qui les connaissaient davantage étaient les proches de la famille et ils savaient que derrière les murs de leur manoir, le sang tapissait les murs. Alors quand quelques uns compatissaient, ceux qui savaient la raison de son mal-être en étaient indifférents, ou s'en moquaient dans le plus grand irrespect qu'il soit.
Car ils savaient que la jeune Astrid Junox, descendante d'une lignée de sorciers au sang-pur, était partie habiter chez sa cousine, une Sang-de-Bourbe. Et ça, c'était la plus grande honte qu'il soit, pour sa famille. Tous les Junox chérissant les sang-purs avaient coupé les ponts avec la sœur de Lenore Junox, Doris (une cracmol déshéritée). Celle-ci s'était mariée avec un moldu, et leur enfant vit le jour entant que né-moldue, chose qui était inespérée pour les parents. L'enfant avait grandit et étudié à Poudlard sous un faux nom, et aujourd'hui, il hébergeait la nouvelle reniée.
Les parents proches de Lenore et Orlando avaient ordonné à leurs enfants de ne plus approcher de la blonde. Elle était à présent considérée comme une traîtresse. Si la plupart avait plutôt bien digérée la nouvelle, celui qui le vivait mal, c'était Drago Malefoy. Lui qui avait depuis toujours considérée la jeune fille comme une grande amie, ou même une grande sœur... Il tombait de bien haut.
Son père lui avait formellement interdit de s'approcher d'elle, pourtant, il en avait envie. Il voulait des explications, il voulait qu'elle lui dise que tout ça, ce n'était qu'un malentendu. Il voulait récupérer son amie.
Et lorsqu'il la vit, se faufilant discrètement jusqu'à sa cabine, la colère prit le dessus. Il avait besoin d'explications et il en obtiendrait. Son père ne pouvait le blâmer pour tenter de comprendre la situation. Après tout, tout ce qu'ils avaient reçu, c'était une bref lettre de ses parents, maudissant leur fille et informant le reniement de celle-ci. Elle était impure, à présent. Impure à son sang, à sa lignée, à son éducation, à ses valeurs.
Mais personne ne connaissait la cause de ce revirement de situation, ni pourquoi cela était arrivé si soudainement.
Le regard coléreux et le corps tendu sous la rage, il se leva, rapidement suivit de Vincent Crabbe et Gregory Goyle, ses deux acolytes et gardes du corps. Le sombre trio s'avança jusqu'à la cabine, que Drago ouvrit d'un geste sec. Il découvrit alors son ancienne amie dans un piteux état. Pendant quelques instants, il eut presque pitié et voulut l'aider, mais comme une piqûre de rappel, une vive douleur lui fit se souvenir de sa trahison.
Il la détailla alors avec un regard dédaigneux, la tête haute.
– Je n'arrive pas à croire que tu aies pu faire ça. Me faire ça, cracha-t-il.
Il vit la blonde fermer un instant les paupières, les traits se décomposant dans la désolation et l'irritation. Elle déglutit avant de regarder le blond. En voyant ses yeux noisettes remplis de peine, ses yeux faibles, il maudit cette fichue cousine et tous ces Sang-de-Bourbes. Comme le disait son père, c'était probablement à cause d'elle si Astrid avait changé. C'était elle qui affaiblissait son amie et qui la rendait si ridicule.
– Alors n'y crois pas, souffla-t-elle comme réponse.
– Tu te moques de moi en plus, Junox ?! J'exige des explications !
Le ton acerbe de Drago, elle l'avait déjà entendue. Contre le binoclard avec sa cicatrice en éclair, la né-moldue aux cheveux en pagaille ou ce jeune et timide Weasley, ou même n'importe qui qu'il ne considérait pas comme méritant la politesse ou le respect. Toutefois, jamais il ne lui avait adressé la parole ainsi. Pas à elle. Elle qui pourtant se souvenait de l'avoir vu grandir, de l'avoir aimé comme un frère, de l'avoir respecté et chéri.
Et dire que perdre son plus grand ami n'était qu'un faible pourcentage des problèmes qu'allaient engendrer la fuite de sa famille. Bien qu'elle savait que cette année serait difficile, elle aurait espéré avoir un instant de repos avant d'avoir à affronter son ami d'enfance.
Que pouvait-elle lui répondre ? Qu'elle avait enfin ouvert les yeux ? Que leurs parents étaient des monstres ? Que croire en la supériorité des sang-purs, c'était insensé ? Qu'il fallait réfléchir par soi-même, se détacher de ses parents ? Elle savait qu'il ne comprendrait pas, ou qu'il ne voudrait pas comprendre.
Il avait subit tant de lavage de cerveau, qu'elle doutait qu'il puisse réfléchir par lui-même, à présent. Il n'était que l'ombre de son monstre de père, et tout ce que Lucius disait, Drago bénissait. Cela ne l'avait jamais vraiment révolté, puisqu'elle avait longtemps été pareille. Mais à présent, elle voulait le sauver.
Toutefois, pour ça, il devait être calme, à l'écoute et surtout, seul. Finalement, elle décida de contourner sa question, reportant la réponse à plus tard.
– Drago, tu n'en veux pas, crois-moi. Elles ne te satisferaient pas.
– Alors quoi, c'est tout ? Tu nous trahis en fuguant de chez toi pour habiter chez cette... sale Sang-de-Bourbe, et tu ne t'expliques même pas ?
Elle voyait bien que derrière ses paroles venimeuses et vils, Drago souffrait.
– C'est bien plus compliqué que cela, bien trop compliqué. Tu sais que je n'irais pas habiter chez des né-moldus sans raison valable.
– Donne-la moi alors, ta raison valable. Vas-y Junox, dis-nous combien c'était important pour que tu humilies ainsi les tiens !
Cette conversation n'avait aucun sens. Il se défoulait, elle encaissait. Ni l'un ni l'autre n'écoutait.
– Drago, je t'en prie... Va-t-en. Nous en reparlerons plus tard. Notre discussion ne mène à rien.
– Cela ne sera pas nécessaire, répliqua-t-il sèchement, méprisant. Père ne veut plus que je t'adresse la parole, car on ne parle pas aux traîtres. Je suis de son avis.
– Le contraire aurait été étonnant, ne put-elle s'empêcher de souffler, attristée.
Le jeune homme, qui s'apprêtait à sortir, se retourna vivement.
– Qu'as-tu dis, Junox ?! fulmina le blond.
– S'il te plait, arrête. Arrête de faire confiance à ton père et de lui obéir aveuglément.
– Tu es juste jalouse ! Jalouse que mon père m'aime plus que le tien ne t'estime! Ta disparition a du les enchanter, sale traîtresse !
Et sur ces charmants mots, qui eurent le mérite de griffer le cœur de la blonde, il s'en alla, avec ses deux objets ambulants. Astrid le regarda partir. Quelques secondes passèrent, le temps que le choc passe et par la suite, elle bloqua la porte derrière lui avec un sort. Il était hors de question de subit un nouvel affrontement.
Mentalement épuisée, elle ferma les yeux en posant sa tête contre la vitre, le cœur lourd. Comme toujours, ce satané blond savait viser là où cela faisait mal. Même si elle savait que ses mots étaient malheureusement faux pour Drago et que son père ne l'aimait pas autant qu'il aurait aimé le croire, le sien la détestait bel et bien.
Elle hésitait beaucoup à demander à sa cousine, Nancy, de lui faire un sortilège d'Oubliette pour ses parents. Le souvenir de ce qu'ils avaient été, des parents aimants et charmants, persistait en sa mémoire, à son grand malheur. Il lui était impossible de les détester et de ne pas espérer qu'ils redeviennent comme avant.
Pourtant, elle devait tourner la page. Le poison de ses souvenirs endormait sa haine envers eux, et Merlin, ce qu'elle aurait aimé les détester de tout son être, eux et tous ceux prônant les Sang-pûrs comme la race supérieure. Elle aurait tant aimé effacer ses souvenirs pour tout recommencer à zéro, balayer son éducation, piétiner les valeurs de ses parents.
Il était si dur de changer. De taire tout ce qu'on a apprit pour tout recommencer. C'est un perpétuel apprentissage, elle devait toujours reprendre ses pensées ou s'éduquer à nouveau sur certains sujets. Par exemple, elle avait du mal à estimer les né-moldus. Pendant pratiquement toute sa vie, on lui avait dit et répété qu'ils n'étaient que des descendants d'animaux, des êtres impures ne méritant que le mépris et la haine, incapables de se servir correctement de la magie.
Toutefois, sa nouvelle cohabitation avec Nancy l'avait déjà beaucoup aidée à taire ces pensées. Bien que leur relation fût quelque peu étrange, elle restait plutôt stable. Astrid la méprisait moins, et lui répondait avec moins de véhémence. Avant de la quitter, elle avait même laissé Nancy la serrer dans ses bras.
Au début, c'est à peine si elle n'exigeait pas un minimum de six mètres de distance. Elle lui crachait au visage à chaque parole et l'ignorait tout bonnement le reste du temps. Sa cousine avait su se montrer patiente et compréhensive, à son plus grand étonnement, et elle avait respecté ses réactions, souvent disproportionnées. Sa patience à toute épreuve l'avait énormément aidée à moins la détester, et même, vers la fin, à ne plus la détester du tout.
Toutefois, elle restait Nancy: sa cousine, ainsi que celle l'ayant sauvée des griffes de ses parents. Elle craignait déjà ses réactions en côtoyant des autres né-moldus en dehors de sa famille. Cependant, c'était décidé: il était hors de question qu'elle retourne avec ses anciennes connaissances.
De toutes façons, plus personne ne voulait lui parler. Elle avait choisi de rester seule, ou alors, de se faire de nouveaux amis. Enfin, elle idéalisait peut-être un peu trop les choses, étant donné qu'à présent, le château entier la détestait. Non, elle resterait seule.
Après tout, ne pouvait-on pas compter que sur soi-même ?
Salut salut!
Voici donc la fin du premier chapitre. Dans un premier temps, il m'a parue important de souligner la relation de Drago et Astrid, qui sera tout de même importante au fil des chapitres. Drago est un personnage que j'apprécie beaucoup, et je ne voulais pas qu'il se résume au simple méchant. Il est bien plus complexe que ça, et j'espère pouvoir le démontrer au fil des chapitres.
Je m'excuse pour les fautes, les problèmes de conjugaison, d'orthographe, de grammaire etc. Si vous en voyez et que vous voulez les corriger, cela me ferait très plaisir!
N'hésitez pas à me partager votre ressenti sur ce premier chapitre, ce que vous aimez ou non, ce qu'il y a à améliorer ou non...
(P.S: j'ai changé le nom personnage principal, alors si vous voyez un prénom inconnu désignant la blonde, ne vous en faites pas, c'est juste une erreur que j'ai oublié de corriger.)
Merci d'avoir lu, et j'espère vous revoir au prochain chapitre!
- patronumos
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