Prologue
Le soleil cognait fort en ce mois de mars 1662. Au loin, Gênes se dessinait, majestueuse. Sa muraille de pierre et ses hautes tours n'étaient pas éclipsées par le nuage de poussière que le vent commençait à soulever, au contraire. L'éclat doré des grains de sable sous les rayons de l'astre du jour donnait à la ville une splendeur toute nouvelle, une majesté imposante. Le gris de la roche, le vert des plantes et les couleurs des habitations se mariaient admirablement bien, offrant au regard un kaléidoscope de teintes agréables.
Le cavalier lança son cheval au galop sur le chemin poussiéreux. L'étalon, fougueux, partit à toute vitesse sur une simple pression de la jambe. Sa robe souris luisait de la sueur que son long trajet avait fait naître, mais l'animal ne rechigna pas. L'homme sur son dos se redressa sur sa selle de cuir, passa ses rênes dans sa main droite, et rabattit à l'aide de l'autre sa cape verte devant son visage pour se protéger du sable que l'air charriait, sans déséquilibrer sa monture.
Il fut bientôt devant les portes de la ville, partiellement couvert de la poussière des chemins, juché sur un cheval épuisé. Il mit pied à terre en flattant l'encolure de sa monture, se débarrassant de sa cape qui l'entravait. Il finissait à peine d'attacher le précieux vêtement au troussequin de la selle que les immenses manivelles actionnant l'ouverture des imposantes portes de Gênes se mettaient en mouvement. Entièrement en bois, les frontières de la ville offraient à voir un aspect vieillot, passé, mais on les devinait encore solides, leurs dorures luisantes brillant doucement sous la lumière.
Dans un grincement désagréable, les portes s'ouvrirent, laissant passer un tourbillon de poussière.
Le tintamarre assourdissant mais pourtant si familier de la ville l'assaillit. Des clameurs s'élevaient de tous côtés, la foule mouvante et bigarrée s'agitait, on ne voyait plus les pavés. C'était jour de marché.
Les carioles et charrettes de commerçants envahissaient la place. On exhibait partout diverses marchandises précieuses : tissus, bijoux, ou nourriture.
Tirant son cheval par la bride, l'homme passa entre toute cette agitation avec un léger sourire sur le visage, traînant sa monture docile . L'agitation ambiante ne sembla pas atteindre l'animal, qui suivit paisiblement son maître, ses sabots ferrés claquant bruyamment contre les pavés. Ce paysage familier offrait une toute nouvelle sérénité. L'homme prit une grande inspiration, secouant ses cheveux mi-longs emmêlés.
Malgré la poussière qui maculait son pantalon et ses bottes de cavalier, on pouvait tout de même deviner sans mal que son costume était neuf, et taillé pour lui de surcroît. Richement brodé de fils d'or, coupé dans un tissu vert soyeux de très bonne qualité, le vêtement coûtait à lui seul au moins trois mois du salaire d'un honnête travailleur.
Sur son passage, on murmurait, on le fixait avec insistance puis on détournait le regard dès qu'il s'en rendait compte. Une rumeur commença à naître parmi la foule.
Les marchands intrigués arrêtèrent leur activité, les clients cherchaient à savoir ce qui causait tant d'émoi. Puis, enfin, un page cria dans la foule :
« C'est le seigneur Santo De Lucchi ! Messire est rentré ! »
Un sourire étira les lèvres de l'homme.
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