Chasses Guerriers
Une jeune fille se tenait devant une grande porte en fer entrouverte
- Entre, Lorelei, dit une voix provenant de l'intérieur.
Lorsque la porte s'ouvrit, Lorelei vit que la voix provenait d'un homme portant une couronne qui avait visiblement ouvert la porte d'un simple courant d'air créé d'un mouvement de main.
Elle entra, vêtue de sa tenue rouge et noire, un sabre à lame noir dans la main. Sa peau était foncée, ses cheveux noirs attachés en natte serrée et ses yeux bleus cristal. Ses talons, assez petits, claquaient sur le sol carrelé de la salle du Trône.
Elle jeta un œil à l'intérieur de la pièce: le grand trône d'or serti de rubis flamboyants, les grandes arches culminant à près de 6 mètres de hauteur, un record dans ce royaume connu pour une certaine instabilité.
Leur inspection terminée, ses yeux se posèrent sur l'autre jeune fille de la pièce, assise sur un trône plus petit que le premier, entièrement noir avec des turquoises polis, un beau contraste.
- Approche, que les présentations puissent avoir lieu, dit l'homme à la couronne d'une voix forte malgré ses cheveux blancs trompeurs.
Le claquement des talons reprit et, en quelques enjambées, elle avait traversé la pièce. Prostrée devant les trônes, elle se pencha, laissant sa natte toucher le sol froid.
- Lorelei, voici Alenna, ma chère fille.
La jeune fille hocha la tête.
- Vois-tu, continua l'homme, des gens malhonnêtes la cherche pour faire l'Obscurité ne sais quoi. J'ai entendu parler de vos exploits sur les champs de bataille, dans les royaumes en guerre. On t'appelle de partout pour te demander de l'aide... à mon tour de t'en demander.
Il la tutoie. Si ce n'était pas le roi, il serait condamné à l'échafaud. Mais il est le roi, il a la loi de son côté. L'impatience gagne la pièce, la réponse se fait attendre.
- Je vous écoute, Siyr, que puis-je pour votre belle famille ?
Son ton est nonchalant. Elle ignore beaucoup de choses, sur ce royaume. On ne peut pas lui en vouloir, elle ne vient pas d'ici.
- Protège la, protège Alenna, devient son amie, sa confidente, tout ce que tu veux, protège la d'elle-même.
Son discours grandiloquent cache quelque chose. Le Roi Siyr est connu dans tout Venally. Va-t-il garder le tutoiement ou va-t-il changer ?
- Tu seras son garde du corps, son garde secret, tout. Tu acceptes ?
Ladite Lorelei ne répondit pas, elle jouait avec la petite perle qui tombait entre ses clavicules.
- Si j'accepte, qu'est-ce-que j'y gagne ?
Une fois de plus son ton est nonchalant.
- Tu vivras ici, avec ta propre chambre, tu vivras comme si tu faisais partie de la famille... Tu seras notre égale et tu auras quelques avantages
Le silence est pesant dans la pièce. On pourrait presque entendre les chevaux chanter.
- J'accepte.
Sa brève réponse suffit à faire respirer les occupants de la pièce. Elle les libère de la pression qu'il y avait, de la menace du refus... Les quelques gardes présents dans la pièce sourient, le roi aussi, tandis que la princesse lit un livre ancien et interdit.
- Par quoi on commence ? demande-t-elle en mettant ses gants renforcés. Parce que j'aimerais m'entraîner, moi.
Les gardes se jettent des coups d'œil furtifs, inquiets de la réaction du patriarche.
- Ja'spar va te montrer ta chambre et Alenna t'enseignera une partie de la politique du Palais ainsi que les règles à suivre.
Le vieillard était désormais debout devant son trône, les mains jointes. Il encouragea la guerrière à s'approcher des trois marches qui le surélevaient.
Lorelei s'avança, puis, ne sachant pas trop quoi faire, elle resta de marbre lorsque le Roi glissa une petite clé en fer noir entre ses mains fines.
- Votre salle pour les entraînements. Enseignez l'art du combat à Len, elle en aura besoin, il fit un clin d'œil se voulant discret mais qui ne l'était pas.
Puis Ja'spar s'approcha, il était grand, il la dominait de plusieurs têtes, il était vêtu d'un semblant de costume de majordome noir avec une lorgnette en argent dans la poche de sa veste.
- Veuillez me suivre
De loin, Lorelei observa la fille du roi se lever tandis que son père ouvrait la grande porte décoré d'entrelacs et de sarments de vigne creusés dans le bois blanc d'un simple mouvement de main.
La jeune Alenna sortit avant le majordome et Lorelei.
Elle avança un long moment dans les étroits couloirs carrelés, puis elle bifurqua et disparut. Le couloir droit par lequel elle était partie était très étroit comparé aux autres. Sans s'en rendre compte, Lorelei avait elle aussi bifurqué dans ce même couloir.
Distraitement, elle laissa ses mains glisser sur les murs frais.
- Miss Lorelei, par ici, fit la voix du majordome dans son dos, la faisant sursauter.
- Oh.. je me suis égarée, j'ai vu... je l'ai vue rejoindre ce couloir et.. je l'ai pris.
Il hocha simplement la tête, avant de rejoindre le couloir principal, se dirigeant vers la chambre de la guerrière au fond du couloir.
Sa chambre était grande, très grande. La pièce principale était deux voire trois fois plus grande que tout les petits appartements dans lesquels elle avait vécu.
Le lit était immense, avec un édredon blanc épais couvert d'un fin drap en soie noire. Il y avait plusieurs étagères couvertes de livres et une grande armoire en bois de cyprès ouverte et pleine de vêtements en tous genres.
Dans un des coins de la pièce trônait un grand piano à queue.
Lorelei, ne sachant pas quoi dire, se contenta de crier de joie en sautant. Elle avait un chez elle.
- Plusieurs mois plus tard -
Dans la grande salle à manger, assises l'une à côté de l'autre Alenna et Lorelei entretenaient une discussion passionnée.
Un ami très proche de la famille des Kogs n'était pas ressorti vivant de L'Ascension.
Les mois qui avaient suivi son décès avaient été très compliqués pour Alenna, entre le deuil et la maladie de son père.
Il y avait un rituel entre les deux amies: chaque nuit, elles se retrouvaient au bord du Lac privé, le Lac Noir.
Là, Alenna marchait jusqu'à l'eau bleue avant de plonger pour être entièrement immergée tandis que, sur la rive, la guerrière enchainait les figures avec ses sabres.
Cette nuit-là, les deux jeunes femmes eurent un mauvais pressentiment.
Ce n'était pas courant mais pas rare non plus. Malgré la peur, elles décidèrent d'aller à ce fameux Lac.
Comme à leurs habitudes, Alenna se dévêtit de moitié, ne laissant que ses sous-vêtements blancs unis sur sa peau puis marcha jusqu'au Lac pendant que Lorelei, ou Lei comme on l'appelait souvent, vérifiait le tranchant des lames avant de les utiliser.
Le rituel touchait à sa fin quand, au centre du Lac, il y eut un mouvement suspect.
Soudain, Alenna disparue la tête la première dans l'eau. Une auréole argentée l'entourait, assez puissante pour que Lei puisse la voir de la rive. La lune se couvrit alors d'un quart noir comme l'obsidienne.
Lorelei restait sans voix devant ce spectacle.
Son sabre tomba sur le sol dans un tremblement, sa lame noire, aussi difficile à briser qu'un roc, s'était fendue dans sa longueur.
À ce spectacle, un mélange de stupéfaction et de fureur noua la gorge de Lorelei.
Quelques minutes plus tard, Alenna ressorti du lac sur l'autre rive, ses longs cheveux noirs dégoulinant le long de son dos, ses sous-vêtements foncés lui collant à la peau. Une brise chaude souffla et ses cheveux comme ses vêtements se séchèrent en quelques secondes.
Elle fit le tour du Lac en courant puis se rhabilla une fois devant Lei. Son regard noir tomba sur le sabre au sol, son visage exprimant la même stupéfaction que celui de son amie. Lorelei se baissa pour récupérer son arme mais, une fois la garde dans sa main, la lame se fissura un peu plus et tomba sur le sol, coupée.
Soudain, une voix se fit entendre:
'Dans l'ombre d'une terre déchirée par la guerre, une prophétie murmure à propos d'âmes choisies destinées à inverser la tendance.
Elles portent le fardeau de pouvoirs imprégnés de malédiction, mais dans leur sacrifice réside l'espoir d'un monde renaissant.
Le chemin pavé d'épines, où chaque pas qu'ils feront façonnera le destin de tous.
Armés des dons maudits qu'ils possèdent, ces porteurs de destin doivent s'unir, car seul leur sacrifice peut mettre fin au chaos, et par la suite, permettre à une nouvelle ère de s'épanouir.'
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