𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 (𝟿)
Bonne lecture !
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Leur appartement se trouve dans un bon quartier de New York.
Pas le meilleur, loin de là, mais il y a des maisons et des pavillons, ainsi que des petits rez-de-jardin. Certaines d'entre elles possèdent aussi des allées, avec des voitures garées devant. C'est un joli quartier, avec un bus qui fait le tour des rues pour amener les enfants à l'école du coin.
Leur appartement n'est pas très grand : pas non plus tout petit, mais le salon est étroit et la chambre de Peter est collée à celle de ses parents.
Assis dans le canapé, Peter gémit et essaye de taper du pied sur l'accoudoir.
— Peter, gronde son père.
Ses yeux sombres se relèvent vers lui, et Peter se recroqueville sur lui-même. Sa lèvre inférieure tremble, il se sent tout froid sous son pull, et sa manche est remontée jusqu'à son coude. Sa peau est si pâle que même lui peut voir ses veines : il n'avait sûrement pas besoin du garrot.
Il gémit à nouveau.
— Mary, souffle Richard. S'il te plaît...
Sa mère, dans son dos, le serre un peu plus fort contre elle. En se penchant légèrement, Peter sait qu'il peut voir son expression mais il ne le fait pas car c'est toujours la même, à chaque fois. Ses traits serrés, des lèvres blanches, des yeux humides. Ça ne change rien, car au final elle le fait quand même.
Elle lui frotte le dos pour qu'il arrête de bouger.
L'aiguille s'approche de son bras, tandis que Richard se concentre en resserrant ses doigts autour de son biceps. Peter renifle, inspire : ce n'est pas la seringue qu'il sent le plus. Il déteste les piqûres, mais pas vraiment car ça perce sa peau et que ça pique. Plutôt car, comme d'habitude, quelques secondes plus tard, Peter sent quelque chose de brûlant et d'affreusement douloureux remonter jusqu'à sa poitrine et descendre jusqu'au bout de ses doigts.
Son sanglot est comme un éclat.
Il tape des pieds, sent ses joues devenir humides, tremble. Sa mère frotte son dos puis son front en lui embrassant le haut de la tête. Elle tente de le bercer, mais chaque mouvement est encore plus douloureux.
Il se contente de se recroqueviller encore plus, jusqu'à n'être qu'une boule sur les genoux de sa mère.
— Pourquoi c'est aussi douloureux à chaque fois, murmure-t-elle en continuant de passer dans sa main dans ses cheveux. Tu avais dit que son corps s'y habituerait.
— Si le produit n'est pas efficace, alors ça ne sert à rien. Mieux vaut un peu de douleur maintenant, que bien pire plus tard.
Il se redresse, et range la seringue dans la mallette habituelle. Quand il le sort de son bureau, Peter sait toujours qu'il va passer un mauvais moment.
Quand la douleur commence doucement à passer, son corps se relâche et il n'a même plus l'énergie de descendre du canapé pour marcher jusqu'à sa chambre. À chaque fois que ses parents font ça, il se sent vexé et en colère pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que sa mémoire finisse par lui échapper peu à peu.
Ses paupières sont si lourdes qu'il se laisse aller à les fermer.
— Tu ne les laisseras pas le prendre, hein ?
Le murmure de sa mère est à peine audible. Son père relève la tête, et observe Mary longuement.
— C'est pour ça qu'on fait tout ça.
— Je sais. Je sais, mais...
Elle renifle.
— Le voir comme ça... parfois je me dis qu'on devrait quand même essayer de partir.
— Mary...
— Je suis désolée. Je suis désolée, Richard. Aujourd'hui, je sais pas ce qui m'arrive mais je...
Elle renifle encore. Son père lève une main, et vient la déposer sur son épaule.
— Je sais ce que tu penses. Et je comprends. Mais même s'il en vient à me détester, je dois faire en sorte qu'il soit immunisé à nos recherches. Toi et moi, on sait très bien qu'ils ne les utiliseront pas à des fins purement médicales.
Peter n'entend pas la suite. Il pense qu'il s'endort, mais il n'en est pas tout à fait sûr. Les dernières choses qu'il ressent, ce sont les bras de son père qui finissent par le porter jusqu'à son lit.
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FIN PARTIE UNE
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