𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟺𝟹
Bonne lecture !
_____________________
Les Avengers ne sont plus souvent là. Peter n'en est pas vraiment mécontent : il les apprécie, il les respecte, et il aime bien regarder les films qui ont été faits sur eux et acheter de temps en temps une figurine avec son argent de poche. Mais les avoir chez lui, pouvoir croiser Wanda à chaque détour de couloir ou (encore pire) se dire que chacun de ses mots sera passé au filtre bonne conduite de Captain America, c'est un peu trop.
Un peu plus tôt dans l'année, peu de temps après Ultron et l'arrivée des nouvelles recrues des Avengers, Vision avait dû être informé que passer à travers les murs ne se faisait pas. Un jour où Peter ne se sentait pas forcément bien, il l'avait vu arriver depuis le mur de la chambre de Clint jusqu'à celui opposé en flottant dans l'air, et avait cru ne jamais réussir à respirer à nouveau.
En entendant le bruit, Tony avait accouru (quelqu'un avait réussi à le trainer jusqu'au salon, pour une fois) et avait passé au moins dix minutes à chercher son inhalateur dans ses affaires. Depuis, Peter craint toujours un peu de voir quelqu'un apparaitre dans sa chambre.
Mais ces derniers temps, c'est plutôt de l'histoire ancienne. Wanda n'est pas fan de la Tour, et Vision la suit partout où elle va. Captain America préfère le QG au nord de New York, et Barton est parti quelque part on ne sait où.
C'est pour ça que, une nuit où Peter se relève pour aller remplir sa bouteille d'eau à la cuisine, il manque de tomber à la renverse en entendant une voix lui dire :
— Eh bien, je vois que rien n'a changé.
Encore une fois assise sur le comptoir, Natasha avait éteint son téléphone sur lequel elle était en l'entendant arriver. Elle tend le bras pour allumer la petite lumière non loin de là, et une fois qu'il y voit suffisamment, elle hausse un sourcil.
— La dernière fois que je lui ai demandé, il m'a dit que le psy t'avait été bénéfique. Quelle blague.
Elle soupire, et range son téléphone dans la poche de son short. D'un mouvement fluide, elle descend du bar et hausse un sourcil.
— Une petite partie ?
— Je...
— Une seule, et tu vas te coucher, ok ?
Ca ne ressemble pas vraiment à une question, alors il acquiesce et déglutit. Une fois sa bouteille d'eau remplie, il en avale presque la moitié et la suit vers le salon où est rangé l'échiquier. Elle s'installe sur un pouf, et donne un coup de menton en direction du fauteuil en face.
— Alors, dit-elle une fois que Peter s'est assis. Comment ça va l'école ?
— Hum.
Il se racle la gorge et la regarde avancer son premier pion. Elle a pris les blancs sans rien dire : apparemment la pitié c'est terminé depuis qu'il l'a battu trois fois d'affilés. Il a l'impression que ça fait des mois qu'ils n'ont pas fait ça, et c'est sans doute le cas.
— Tu sais, on est pas obligé de faire ça.
— De faire quoi ? Moi qui te demande des nouvelles ou toi qui me répond à moitié ?
— Les deux.
— Comment ça va à l'école ? répète-t-elle et rien n'a changé, le sourire de Black Widow est toujours un peu terrifiant.
Peter déglutit, et se penche pour bouger son pion à son tour.
— Ca va. Je pense que mon prochain bulletin sera bon.
Il s'enfonce dans le fauteuil, et attrape le plaid toujours placé dessus. Son ancienne couverture, celle qu'il a toujours eu ici, a brulé quand Ultron a fait exploser le salon.
— La mère de Ned était une prof de littérature avant qu'elle devienne femme au foyer. Elle m'aime pas beaucoup, mais la grand-mère de Ned m'adore, je crois, et comme c'est elle qui fait la loi dans sa famille alors sa mère nous aide. Je suis toujours nul, mais un peu moins.
Natasha pouffe.
— Oui, nul. C'est ça. Ils ont pas parlé de te faire sauter une classe, y'a pas longtemps ?
— C'était...
Il bouge sa tour, et voit Natasha se pencher légèrement sur le plateau.
— Tu dormais pas ?
— Si.
— Menteur. Pourquoi ?
— J'avais pas sommeil.
— Menteur. Pourquoi tu dormais pas ?
Il se mord la lèvre.
— Je pensais à des trucs.
— Quoi, comme trucs ?
— Des maths.
Elle rit encore.
— Des maths, hein ?
— En quelque sorte.
En ce moment, il ne pense plus qu'à ça. La formule est presque prête, presque terminée, et pourtant il ne lui manque qu'un tout petit truc qui l'obsède jour et nuit. Il est à ça d'y arriver, et la voix de son père résonne tout le temps dans sa tête.
S'il avait accès au labo, ça ferait des mois qu'il aurait trouvé. Mais Karen n'est pas encore au niveau de JARVIS ou FRIDAY, et quand Tony part de la Tour il verrouille son labo comme une véritable forteresse. Même celui du Dr Banner est difficile d'accès, et Peter réserve ce qu'il a volé pour le bon moment.
Natasha l'observe, enfoncée dans son pouf, quand tout à coup :
— T'as parlé de ton oncle à la psy ?
Peter baisse les yeux.
— Pourquoi ?
Ca fait des mois qu'il n'a pas vu la psy. Il fait en sorte que Karen détourne ses appels, mais ça ne va pas durer longtemps.
— Et de ta tante ?
— Comment tu sais ça ?
— Tu lui as parlé de quelque chose d'important ?
— Pepper a dit que je suis pas obligé de leur répéter ce que je lui dis.
— Certes. Mais tu lui dis rien, alors y'a pas grand-chose à répéter.
— Pourquoi tu fais ça ?
Peter se renfrogne vraiment. Avant, Natasha était un peu curieuse mais bien moins directe.
— Parce que je m'inquiète pour toi.
— Pas besoin, ça va.
— Pepper s'en veut de travailler autant, tu sais ? Elle essaye de garder SI à flot, mais l'image de Tony est tellement incrustée que...
— Je sais. Je lui en veux pas. Pas du tout.
— Vraiment ?
— Oui.
S'il y a bien une chose dont Peter est sûr, c'est ça. Il n'en veut ni à Pepper, ni à Tony. Parce que, même si demain ils venaient à le jeter à la rue, ils resteraient ceux qui l'ont élevé pendant toutes ces années. Il est resté avec eux plus longtemps avec ses parents. Plus longtemps qu'avec May et Ben. Plus longtemps qu'au foyer.
Il leur doit tout.
— Tu devrais parler à ta psy, soupire-t-elle. Tu vas pas mieux.
— Si, ça va.
Natasha fait une tête fatiguée, comme si parler avec lui est épuisant et c'est peut-être le cas.
— Si un jour t'as besoin de quelqu'un, Peter. Si un jour tu veux parler, ou si t'as besoin d'un service ou de n'importe quoi —
Elle s'arrête, le fixe, et inspire.
— Alors appelle ce numéro.
C'est un bout de papier. Avec des chiffres griffonnés au crayon de papier. Il hésite, puis range ça dans la poche de son pyjama. Elle semble attendre quelque chose alors il finit par lui répondre :
— D'accord. Merci.
Quand il finit par la laisser gagner, ça ne semble même pas la rassurer ou la calmer. Elle lui souhaite bonne nuit, et une fois dans sa chambre et n'attend que quelques secondes avant de s'asseoir à son bureau pour continuer là où il en était.
________________
🕷️
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro