𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟽
Bonne lecture !
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Natasha Romanoff sait que ces derniers temps, quand Tony Stark souhaite être seul et tranquille et qu'il a envie de jouer à l'ermite, il se terre dans sa maison privée à deux heures de New York. Elle s'y est déjà rendue une ou deux fois, juste avant des missions, mais à son humble avis la maison ressemble plus à une immense garçonnière pour geek de sciences.
Un labo géant, presque.
Sa moto fait crisser les petits cailloux de l'allée et quand elle s'arrête enfin à quelques mètres de la porte d'entrée, Natasha retire son casque avec joie : au bout d'un moment ses cheveux finissent toujours par mal se placer et par la faire chier.
Il y a quelques petites marches pour atteindre le perron alors elle les monte et ne prend pas la peine de sonner ou frapper : Tony a dû être averti de sa présence et son IA ouvre tout sur son passage. Tant mieux, il doit savoir que si elle est là, les portes font mieux de s'ouvrir plutôt qu'elle ait à le faire elle-même.
Elle suit les bruits de mécanique qui résonne dans le salon jusqu'au sous-sol où Tony est penché sur une armure, encore une.
— Tu t'amuses bien ?
— C'était le cas, jusqu'à ce que tu te pointes avec cette expression.
— Une expression.
— Celle qui me dit que ce que tu vas dire va m'emmerder.
— Mmh.
Elle s'appuie contre un plan de travail assez propre, croise ses bras sur sa poitrine, et hausse un sourcil. Tony lui lance un coup d'œil, mais quand il parait évident qu'il ne compte pas s'arrêter pour l'écouter, elle décide de parler quand même.
— Comment va ton fils ?
Tony fronce les sourcils.
— Il va bien.
— C'est vrai ? C'est marrant, parce que la dernière fois que je t'ai vu lui parler c'était... quoi, il y a deux semaines ?
Tony grogne quand quelque chose dans son armure crée des petites étincelles.
— Ca fait pas si longtemps.
— Ah, vraiment ?
Il fait la moue, parait réfléchir, puis grimace.
— Ah, merde. Faudrait que je rentre.
— Il faudrait, oui. En fait, c'est Pepper qui m'envoie. Comme tu réponds pas à ton téléphone.
Natasha apprécie Pepper Potts. C'est une femme qui possède des goûts douteux en matière d'hommes, mais en attendant elle est forte et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense. Elle le fait toujours avec droiture.
C'est également une femme assez secrète, alors elle ne s'est pas plus étalée que ça quand elle lui a confié la veille que Tony était... perturbé, depuis l'attaque de Manhattan. Et qu'ils avaient eu un différend, à propos de toutes ces armures, de ce manque de sommeil, et de son comportement avec Peter.
— Ah. Elle est encore énervée ?
— Elle paraissait surtout inquiète. Il parait que vous avez eu un différend ?
— C'est ce qu'elle t'a dit ? Ouais. Si on peut appeler ça comme ça. Si un différend c'est « tenter de tuer sa femme en appelant son armure pendant son sommeil », alors oui c'était un sacré différend.
Natasha grimace. Malgré ses tentatives pour ne pas trop s'attacher à cet homme narcissique et insupportable, son temps à la Tour l'a rendue plus calme. Plus attachée. C'est presque comme une grande famille, avec un frère énervant qu'elle aimerait bien lancer par la fenêtre, mais dont elle se sent obligée de s'occuper tout de même.
— Ca pue l'alcool, ici.
— Ah, super. T'as d'autres choses à me dire ?
Il est de mauvaise humeur. C'est dommage, mais elle ne va pas s'arrêter là pour autant. Car si elle est venue, ce n'est même pas pour parler de Pepper ou de lui.
Une image de yeux noisette épuisés de l'autre côté d'un échiquier lui revient en tête.
— Tony, à propos de Peter, qu'est-ce que tu sais de sa vie avant le foyer ?
— Quoi ?
Il fronce les sourcils, et cette fois enlève ses bras de tous ces câbles qui court-circuitent.
— Pourquoi tu me demandes ça ?
— Réponds.
Il soupire, et attrape le torchon le plus proche pour s'essuyer les mains.
— Ses parents sont morts quand il était petit, et il a vécu dans des familles d'accueil avant d'arriver au foyer.
— Et ?
— C'est tout ce que la femme du foyer m'a dit. Pourquoi ?
Natasha soupire. C'est un peu irritant d'être face à quelqu'un comme ça : quelqu'un qui prend tout à la légère, même quand sa concerne les personnes qu'il aime.
— Tu fais chier, tu sais ?
— ... oui ?
— J'ai cherché un peu plus, moi. Parce que ton gamin, je le croise presque toutes les nuits à des heures où un collégien devrait pioncer. Il dort à peine. Il a peur de tout. Je suis presque certaine qu'il n'a même pas d'amis. T'as pas vu sa réaction devant certains films ? La manière dont il va aux toilettes dès qu'il a des scènes d'action ? La seule chose qu'il accepte de regarder en entier, c'est Star Wars.
Tony semble se vexer. Sa posture ne change pas, mais son expression se fait pincée et il se sent obligé de répondre :
— Je sais que Star Wars c'est son film préféré, pas besoin de...
— C'est vraiment pas le problème, Tony. Le problème, c'est que ton fils ne dort pas, et qu'à son âge c'est n'importe quoi. Il parle à peine, il mange à peine : il est complètement à côté de ses pompes sauf quand il monte ses kits de lego que tu lui offres par dizaine. Alors tu sais quoi ? Moi j'ai été fouiller un peu. Et tu sais ce que j'ai trouvé ?
Tony ne le sait pas, mais il doit avoir une idée aux vues de son expression. Il croise ses bras sur son torse, baisse les épaules, et fait un petit coup de menton dans sa direction pour lui dire de continuer.
— Il est orphelin, ça c'est sûr. Ses parents sont morts dans un accident d'avion. Je sais même pas si tu lui as demandé, m'enfin maintenant tu sais pourquoi il ne veut pas y foutre les pieds.
Tony ouvre la bouche, mais Natasha continue :
— Il est pas allé en famille d'accueil tout de suite. Il lui restait encore de la famille : son oncle et sa femme. Il est resté avec eux moins d'un an.
— Pourquoi ? Est-ce qu'ils l'ont...
— Il était pas maltraité. Enfin, je pense pas. Non, en revanche à peine quelques mois plus tard son oncle s'est fait descendre dans une pauvre épicerie.
Tony serre la mâchoire.
— Merde.
— Ouais. Et tu sais le meilleur ? Peter était là. Il était juste devant, et il a tout vu. J'ai lu le rapport, et ce sont les flics qui sont arrivés sur place au moins vingt minutes plus tard qui l'ont éloigné du corps.
Cette fois, Tony ne jure même pas. Il la regarde avec des yeux écarquillés, et même Natasha peut voir la sueur sur son front et sa lèvre supérieure. Elle aurait aimé faire ça autrement, mais avec Tony Stark il n'y a que quelques méthodes qui fonctionnent. Et la culpabilité fait partie de ces méthodes.
Un électrochoc.
— C'est pas terminé.
— Ah non ?
— Il restait encore la femme de l'oncle. Elle s'est occupée lui pendant un petit moment après ça, jusqu'à ce qu'un soir, elle se tue dans un accident de voiture.
Tony serre les lèvres. Il lit la suite sur son visage.
— Et Peter était...
— ... dans la voiture.
Il souffle quelque chose qu'elle n'entend pas, mais la seconde d'après il tire un tabouret de sous le grand bureau plein de technologie et s'assoit dessus. Il parait épuisé, et brièvement elle se demande depuis quand il n'a pas dormi, lui.
— J'ai merdé.
Elle ne répond rien.
— Je vais... ok. D'accord.
Il déglutit bruyamment. Et, au bout de plusieurs secondes de silence, Natasha finit par soupirer. Quand elle se redresse depuis le plan de travail sur lequel elle était appuyée, elle hésite une seconde à poser sa main sur son épaule en passant.
Elle finit par le faire, tout en murmurant :
— Il vous apprécie beaucoup, Tony. Tous les deux. Alors fais juste mieux, ok ?
Puis elle quitte la pièce, et remonte les escaliers pour aller retrouver sa moto sur le devant de la maison.
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