Chapitre 20 : Ouverture d'esprit
Maï s'affairait rapidement parmi les blessés et alternait onguents, remèdes et bandages afin de venir au maximum en aide aux multiples blessés du camp. Alors qu'elle tentait de soigner la jambe d'un jeune garçon qui hurlait de douleur et pleurait malgré les paroles réconfortante de sa mère, Lyze se rapprocha d'elle.
— Hum hum, fit cette dernière dans le but d'attirer l'attention de sa sœur d'arme.
— Tu vois bien que je sus occupée Lyze... Je dois rester concentrer au risque de monter la jambe à l'envers.
Ses paroles eurent pour effet immédiat de faire crier de plus bel le jeune enfant, son hurlement semblant être le mariage parfait entre la douleur et la terreur.
Voyant le jeune garçon s'emballer et Maï s'agacer de plus en plus n'étant pas connue pour sa grande patience, Lyze s'agenouilla à côté du blessé et le prit par l'épaule :
— Mais non ne t'inquiète pas, elle te fait une blague. Tu ne risques rien.
— C'est faux, la coupa d'un ton tranchant Maï, la probabilité d'un tel risque est minime certes mais existante.
— Maï, souffla Lyze. Je te rappelle que nous sommes ici pour aider ces gens et non pour les tuer de terreur.
Les paumes de Maï cessèrent de s'illuminer, immobilisant l'aiguille qui jusque-là dansait et effectuait une chorégraphie d'une précision chirurgicale. Elle sortait et entrait dans la peau du jeune garçon avec un rythme presque hypnotisant.
La jeune soigneuse, la saisit dans les airs et la posa dans une large besace située à ses côtés puis s'empara d'un rouleau de bandage qu'elle utilisa pour couvrir l'entièreté de la blessure de l'enfant. Toujours muet, ce dernier regardait d'un œil peu assuré l'œuvre de Maï, comme-ci s'obstruer partiellement la vue allait diminuer la douleur. Il s'empara soudainement de la main de sa mère et cacha son visage sur ses genoux. Cette dernière remercia la paladin à sa place, se leva et tendit deux bâtons à son fils pour que ce dernier puisse se déplacer et la suivre.
Tous eux s'éloignèrent ainsi des deux paladins toujours plongés dans le silence. Maï finit par rassembler ses affaires et à se lever en quête d'une nouvelle tâche forçant ainsi Lyze à la suivre.
— Allez Maï ! finit par implorer sa sœur d'arme. Tu vas m'ignorer encore longtemps ? Je veux juste t'aider moi. Je dis simplement que nous ne sommes pas là uniquement pour guérir leurs blessures, mais aussi pour les rassurer, les réconforter...
— C'est exactement ce que j'ai fait, répondit d'un ton froid Maï en se figeant sur place forçant ainsi Lyze à s'arrêter d'une manière maladroite.
— Comment ça ?
— Soigner les blessures de leur esprit c'est exactement ce que j'ai tenté de faire, mais apparemment c'était contre nature.
— Si tu parles bien de ce que je crois, alors oui ! Parler avec les morts ne devrait pas être permis.
— Eh bien chez moi sache que ça l'est... c'était même mon rôle au sein d'Horiansola à Naka alors si tu trouves que c'est contre nature ça signifie que moi dont l'existence se résumait à cela... je suis contre-nature donc un monstre.
— Quoi ? Non, ce n'est pas...
— Et pourtant c'est ce que tu as dit. Je pensais que tu étais capable de faire preuve de tolérance Lyze. Je ne suis pas du genre à mentir, je trouve cela aussi inutile que non-productif alors voilà, je te le dis, je suis déçue.
— Ce n'est pas de ma faute ! C'est ce que ma religion me dicte. "Ce qui est passé, ne passera plus, emporté par le courant du temps qu'il est impossible de contrer". Ce n'est pas juste ce que tu me reproches.
— C'est amusant, c'est exactement ce que j'ai dit avant. Ce n'est pas juste ce que tu me reproches.
Face à ces mots, le visage de Lyze prit une teinte triste et amère.
— Je regrette Maï, ce n'est pas contre toi que...
— Mais c'est contre ma coutume et ma religion.
Maïs soupira d'agacement, puis tenta de passer outre. Lyze était bien la personne la plus douce qu'elle connaissait. Elle savait bien qu'elle ne lui disait pas cela à mal. Elle aimerait juste lui faire comprendre que ses dieux à elle étaient peut-être en tords et non les siens.
— Allez, laissons tomber cette embrouille, lâcha finalement la jeune soigneuse, ne supportant pas de voir l'air apeuré de sa sœur d'arme. Essaye de voir si tu peux me récupérer des bandages, ma réserve s'amoindrit.
Lyze acquiesça vivement, heureuse de voir que son amie ne soit plus fâchée contre elle et se dépêcha d'aller s'enquérir de sa demande.
***
Le soleil se couchait lentement et la lumière se faisait de plus en plus rare. Le vent commençait lentement à se lever au travers des feuillages qui frémissaient à chaque nouvelle vague d'attaque.
Les chants des oiseaux se turent petit à petit et progressivement la forêt sembla s'emprisonner d'elle-même dans un mutisme profond et inquiétant.
Le groupe de chasseurs rentraient tranquillement et finit par entrapercevoir l'orée de la forêt.
— Dites-moi, commença Ethan d'un ton hésitant. Je peux vous poser une question ?
Denatra le regarda fixement et finit par arborer un sourire mesquin.
— Bien entendu. Si je peux vous aider à gagner en sagesse.
Le soufflement d'Eirin faillit presque réveiller l'ensemble de la forêt, mais même elle se garda de parler se contentant de rajouter un grognement bien plus éloquent.
— Je me demandais si... Vous connaissez la forêt qui sépare Tredan d'Oscia ?
— Faut pas aller dans les endroits où on est pas invités Skroa ! C'est pas très poli Skroa !
— Nissa a raison, poursuivit Denatra tout en gardant un œil sur sa camarade qui lança son cheval au galop levant ses ailes pour imiter et poursuivre un vol de corbeaux. On évite de parler de Versyl par ici... Elle n'aime pas beaucoup les voyageurs...
— Pourtant, nous nous sommes passé en son sein pour arriver ici.
Denatra stoppa sa monture et jeta un regard surpris à Ethan.
— Vraiment ?
Elle baissa le regard et sembla songeuse.
— C'est étonnant... Elle est célèbre pour son inhospita... Pour sa volonté de se défendre face aux intrusions.
— Notre directeur a conclu un accord avec elle.
— Garth ? J'en ai entendu parler, il est très célèbre même ici. L'un de nos sages ne tarit pas d'éloge à son sujet.
— Du coup, je me demandais si la forêt dans laquelle on a chassé... elle est différents non ?
— Eh bien oui mais non .... Cette forêt est le domaine d'Arlis. La légende raconte qu'il y a fort longtemps, en ce lieu, ne régnait que la mort. Plus rien ne poussait et c'est comme si toute vie avait quitté ses lieux. Arlis finit par intervenir se souvenant de sa beauté du passé et fit un pacte avec l'esprit de la forêt en échange de son allégeance elle lui rendrait sa forme d'origine, et ce, pour l'éternité.
— Donc il y a bien un esprit dans cette forêt également.
— On ne le sait pas... Je n'ai jamais croisé la moindre présence dans cette forêt autre que celle de ma déesse.
— Peut-être que la présence divine n'est autre que... je ne sais pas... L'esprit de cette forêt ? signala ironiquement Eirin ne pouvant se retenir davantage.
Denatra vira violemment à gauche et barra le chemin à la monture d'Eirin.
— Je t'interdit d'insulter Arlis ! Je ne me permets pas d'insulter Karyn ou Kahol, moi ! Le minimum serait de respecter ma croyance, non ?
Alors que la monture d'Eirin commençait à s'agiter. La jeune fille tenta de la calmer, mais elle se mit soudainement à ruer.
— Calme-toi ! Oh ooh !
La jeune paladin tenta de flatter l'encolure de son cheval, mais ce dernier pour toute réponse fit une violente ruade qui fit tomber Eirin à terre.
Se cognant brusquement la tête à terre et s'éloignant aussi rapidement qu'elle pouvait de son cheval qui ne cessait de ruer afin d'éviter de se prendre un coup de sabot, Eirin afficha malgré elle une mine effrayée ne comprenant pas l'attitude de l'animal.
Denatra et Ethan tentèrent de reprendre le contrôle du fougueux destrier d'Eirin qui semblait de plus en plus hors de contrôle et surtout totalement paniqué, ses yeux dirigés vers les tréfonds de la forêt témoignant d'une peur profonde et sincère.
Alors qu'Eirin tentait de se relever, elle remarqua la source de panique de sa monture. Une branche s'était agrippée à l'une de ses pattes et semblait nullement vouloir se dégager.
— Attendez ! Sa patte et prise dans une sorte de branche. Il faut...
Sa consigne fut violemment coupée par une nouvelle chute qui l'amena à se cogner brutalement de nouveau le visage contre la terre.
— Non mais ce n'est pas possible d'être à ce point maladroit ! On ne vous apprend rien à votre Académie ? rala volontairement exagérément Denatra en affichant un sourire mauvais qu'elle adressa à Nissa toujours au loin, poursuivant ses corbeaux.
— Nissa ! On a besoin d'aide.
— Y a quelque chose qui m'a fait tomber ! Je ne tombe pas toute seule merci !
Eirin se tourna sur elle-même et ne put finir sa phrase. Une branche s'était accaparée de sa jambe à l'image de son cheval.
— C'est quoi cette farce ?
Tout d'un coup, elle se sentit tirée vers l'arrière par la branche et commença à rapidement glisser à même la terre.
— Non mais ce n'est pas possible ! hurla-t-elle, la peur commençant à se dévoiler derrière son apparente colère.
Elle se rattrapa à une racine d'arbre et tenta du mieux qu'elle pouvait de résister à cet ennemi qui n'était autre qu'une branche. Maintenant, même les arbres voulaient la tuer !
Pendant que Denatra tentait de garder les chevaux sous contrôle, Ethan descendit de sa propre monture pour tenter de venir en aide à Eirin.
— Donne-moi la main !
Alors qu'Eirin tendit sa main vers Ethan, elle en profita pour se saisir de son épée pour abattra la racine qui lui entravait le pied.
Elle finit par se relever avec l'aide Ethan et souffla :
— Merci...
Ethan la saisit par les épaules et commença à se rapprocher des montures.
— On ferait mieux de partir d'ici.
Une fois de nouveau en selle le groupe reprit rapidement la route pour sortir le plus vite possible de la forêt.
— Elle fait souvent ce genre de chose votre forêt ?
— Non... jamais, avoua à demi-mot Denatra d'un ton bas semblant avoir perdu toutes capacités sarcastiques.
— Peut-être qu'on..., tenta d'entreprendre Ethan.
— Non c'est bon, le coupa rapidement Eirin. J'ai juste envie de rentrer au campement, d'accord ?
Alors qu'ils reprirent leur chemin en silence pour retourner à la tribu, le crépuscule finit par apparaître et soudainement comme répondant à un appel silencieux des éclats de lumière finirent par naître progressivement, un à un aux quatre coins du campement formant un amas lumineux.
— Ils ont finit par allumer les feux, sourit doucement Denatra. C'est le moyen que nos frères et sœurs ont trouvé pour combattre l'obscurité qui guette nos frontières comme nos cœurs.
Sur ces mots, elle décala sa longue chevelure d'ébène sur le côté dévoilant son visage fin et matte. Elle avait tout au long de ses cheveux des multiples fleur et plante qui formait une sorte de construction maintenant ses cheveux en une natte solide. Son arc était solidement attaché à son dos et semblait avoir connu de nombreuses parties de chasse.
— Tu sembles énormément aimer ta tribu, souffla Eirin qui s'était tu jusque-là se penchant ponctuellement pour masser sa cheville endolorie et commençant à bleuir sous l'effet de l'attaque qu'elle venait de subir.
— Oui... c'est un village paisible loin des drames politiques qui régissent la capitale. Je suis bien mieux ici avec mes sœurs.
— Ça fait longtemps que tu es devenue une chasseresse ? demanda Ethan
— Même si j'ai été accepté après la sélection pour devenir prêtresse, j'ai refusé. Je ne voulais pas finir ma vie à la capitale, mais à courir dans la forêt, à chasser et à vivre parmi mes frères et sœurs qui avaient choisi la même voie que moi. Au final, j'ai fini par me rendre compte que j'avais toujours été une chasseresse. Cette voie avait toujours été faite pour moi. Je n'ai pas choisi de devenir chasseresse, c'est Arlis qui m'a désignée pour la représenter.
Elle donna un coup à son cheval qui se mit à trotter pour arriver plus rapidement à l'entrée du village ne prenant pas la peine d'en dire plus.
***
Hey ! Nouveau chapitre ! Bon, désolé de sa qualité, je n'en suis pas totalement satisfaite non plus, mais je voulais continuer d'avancer au lieu de rester bêtement bloquer. J'espère que la lecture vous a tout de même été suffisamment agréable et à la semaine prochaine !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro