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Les Tombes Métalliques - Fin

Le bureau dans lequel il entra lui apparut vide et froid. Sur les murs vierges se découpait un unique meuble tangible, un bureau transparent, derrière lequel un vieil homme travaillait, le regard perdu dans le vide. L'immense baie vitrée qui laissait pénétrer la lumière tamisée d'un crépuscule naissant, l'aspira. Gaël s'approcha. Asylia referma la porte derrière lui. Neo-Paris se dévoilait dans toute son ignominie, une plaie d'immondice où les décharges pointaient à l'horizon.

« J'espère que vous appréciez la vue !, s'amusa son hôte en se levant.

— C'est-à-dire que...

— Monsieur Sforza ! Adjoint du Bureau aux Prévisions ! »

Il se présenta à lui la main tendue.

« Des prévisions de quoi ?, demanda naïvement Gaël.

— De votre futur, bien entendu ! »

Gaël l'empoigna. Elle était sèche et tachetée.

« D'ici, on peut voir l'étendue de notre ville bien aimée.

— En êtes vous vraiment sûr ?, le défia Gaël. Sûr qu'on puisse tout voir d'ici ?

— Parfaitement ! »

Le trentenaire suivit son doigt.

« En face de nous, la Seine qui serpente et nous charme de ses eaux cristallines.

— On s'y baignerait ! ironisa Gaël.

— Si seulement ! »

Quel plaisantin ! L'homme continua.

« Un peu plus loin, la sublime Tour Eiffel 2.0, posée dans le Jardin des Tuileries.

— Ma - gni - fique !

— Sous cet angle, Néo-Paris n'a rien à envier à Pékyo.

— Étonnant ! »

L'homme ne comprenait pas les sarcasmes de Gaël.

« On ne peut rêver d'une vue aussi inspirante, non ? »

Le spectacle était saisissant, en effet !

Le fleuve boueux assombrissait les rues maussades. La Dame de Fer, allongée dans un champs de Mars envahi par les ronces, attendait patiemment que la nature ait raison de sa peinture écaillée et de ses boulons rouillés. Gaël le savait très bien, l'homme ne pointait pas cette réalité. Après tout, comment pouvait-il se douter une seule seconde que son client ne portait pas d'oreillette ? Que cette cité, ce Neo-Paris, se montrait alors sous son vrai visage ? Le vieillard n'y pouvait rien. La ville virtuelle l'engloutissait. Il plongeait avec elle, là où les emblèmes de la république se dressent encore fièrement, là où la Tour Eiffel prend des allures de mémorial fantomatique, de souvenir d'un passé tremblotant qui rappelle aux touristes la dure loi du terrorisme.

Aujourd'hui, le si tristement célèbre monument avait atteint l'éternité, l'immunité, l'immortalité. Elle n'était plus, mais demeurait pour toujours dans les lignes de codes, hébergées quelque part, dispersées, éparses. Elle flottait dans les rêveries éthérées, intouchable et téléchargeable, là où tout le monde pouvait se la procurer, la répliquer, la miniaturiser pour l'afficher sur ses murs, ses fenêtres, dans ses toilettes et apprécier la vue augmentée d'un Paris fantasmagorique.

Gaël soupira. Le vieil homme reprit la parole.

« Je suis ravi de vous savoir parmi nous !, dit-il en retournant s'asseoir. Cela fait déjà plus d'un mois que nous vous attendions. Je commençais à désespérer, à vrai dire !

— Justement... J'aimerai que vous m'expliquiez...

— C'est très simple, quelle modèle avez vous choisi ? Le Phoenix ? L'Osiris ? »

Gaël s'assit à son tour.

« Je ne suis pas ici pour ça, bordel ! lança-t-il sèchement

— Je sais que c'est difficile, monsieur Debra. Mais je pensais que...

— Je ne comprends rien à votre charabia !

— Pourtant tout vous a été dictécrit dans le message qu'on vous...

— Lequel ?

— La réclame, bien entendu !

— Vous voulez dire que...

— Vous ne l'avez pas écouté jusqu'au bout ?

— Non...

— Oh... ! »

Il se tourna vers Asylia.

« Apportez nous deux verres de Scotch, je pense que Monsieur Debra va en avoir besoin.

— Oui Monsieur, synthétisa la gynoïde avant de sortir du bureau.

— Une vraie merveille. Elle vous plaît ? »

Gaël le dévisagea.

« Excusez moi ! J'essayais de détendre l'atmosphère ! »

Le vieil homme s'embourbait. Il passa sa main dans ses implants artificiels.

« Habituellement, je n'ai pas à expliquer cette phase à mes clients. Alors,... »

Il clignait désespérément de l'oeil droit.

« Une poussière, peut-être ?, se moqua Gaël.

— Vous n'avez pas votre ID sur le réseau ? Vous n'êtes pas connecté ?

— Mon oreillette est.. défectueuse.

— C'est embêtant ! »

Il agitait ses doigts dans le vide.

« Oh ! Je vois ! Je pense pouvoir me synchroniser !

— Ah ! Mais non ! »

Le vieillard ne l'écoutait plus.

« Arrêtez ça !», hurla Gaël, en se relevant pour l'agripper.

Mais il était trop tard.

La réalité augmentée se réactivait sur sa rétine. Il aurait voulu s'arracher les yeux. Mais comment faire quand vos lentilles s'y intégraient parfaitement, quand elles devenaient une part de vous-même, une seconde peau protectrice, une double vue ? Gaël recula en titubant, sonné par le flash lumineux qui persistait en une image rémanente.

Derrière les vitres, Neo-Paris miroitait. La ville explosa de mille couleurs.

Dans l'espace aérien, des libellules géantes planaient paisiblement, tournoyaient autour de montgolfières pétillantes. La Tour Eiffel 2.0, la Dame de Pixels, s'habillait au couleur de la France. Sur le champs de Mars, là où sa consoeur reposait, des gerbes d'orchidées cyclopéennes se balançaient au grès d'un vent virtuel, occultant la carcasse oubliée. Puis la pièce changea à son tour. Les murs vierges se parèrent de rouge et d'or. Un olivier s'érigea au milieu de la pièce, dominant un bassin où carpes koi et esturgeons nageaient paisiblement.

Gaël avait le pied sur l'eau. Par instinct, il l'ôta.

L'homme devant lui avait changé, il portait une chemise impeccable, doublée d'un costume élégant au manchette travaillée. Sa cravate irréelle aux motifs floraux s'accordait aux tapisseries baroques. Sur son bureau, une multitude de fenêtres flottantes et translucides s'affichaient. On y distinguait, en miroir, des schémas détaillés rappelant l'homme de Virtuve.

Gaël s'agitait pour chasser les pop-up qui l'assaillaient à nouveau.

« Calmez vous !», murmura le vieillard dont le visage avait rajeuni miraculeusement.

Il écarta l'index et le pouce d'un geste vif. Les cadres virtuels disparurent.

« C'est mieux ainsi ? », demanda-t-il.

Le trentenaire, à bout de souffle, se laissa retomber sur la chaise.

« Merci, confia-t-il. Je... je ne savais pas comment m'en débarrasser...

— J'ai quelques compétences en la matière. »

L'homme souriait, malicieux.

Le monde brillait à nouveau. C'était une impression formidable. Durant un mois, il avait vécu ailleurs, dans la réalité qu'il avait appris à apprécier, mais replonger, ainsi... sans les inconvénients publicitaires, sans les contraintes des plates-formes sociales qui vous serinaient à longueur de temps, replonger, ainsi... c'était pire qu'une drogue, plus kiffant que n'importe quoi !

Gaël se laissa submerger par le plaisir.

« Messieurs ! », synthétisa Asilya, deux verres à la main.

Lorsqu'elle les déposa sur le bureau, ils tintèrent sous l'action des glaçons.

« Nous avons beaucoup à vous raconter. Buvez un coup ! », proposa Sforza.

L'homme le fixait du regard.

« Allez-y ! », insista-t-il alors qu'il attrapait le sien.

Gaël plongea ses lèvres dans le liquide. Une bouffée de chaleur emplit sa bouche.

« Commençons par ce fameux message ! »

Le vieillard claqua des doigts.

« Asilya ? Lecture, s'il vous plait ! »

Le pop-up apparut juste à côté de la gynoïde qui entonna la réclame.

« Message dictécrit par : LiFE Corporation - France ! La vie est précieuse ! Chérissez là ! Choisissez LiFE, la seule et unique. Choisissez LiFE. Looking For Eternity ! »

Puis sa voix se fit solennelle.

« Bonjour Monsieur Debra. », commença une tête minuscule.

C'était celle de Sforza. En se voyant, le vieillard se redressa sur sa chaise.

« Suite à l'acquisition de données vous concernant, nous vous convions à une réunion de la plus haute importance concernant l'avenir de votre fille, Émilie.

— Mais...

— Écoutez, donc !

— Il s'avère que d'après les codes génétiques compilés sur plusieurs générations de ses deux parents ; vous et votre épouse. Nous avons constaté une redondance inhabituelle sur la 12ème paire chromosomique, laissant sous entendre une prédisposition à la diminution supposée des capacités cérébrales liées à la mémoire.

— Hein ?

— Suivez, je l'explique ensuite !

— Les traces de produits encore dans son organisme, utilisés lors de sa maturation In Vitro sont entrés en interaction avec votre environnement d'habitation actuel, à savoir, le IIIème arrondissement, là où se situe l'antenne relais du Néo-Voile.

— Je...

— En résumé, votre fille souffrira très prochainement des premiers symptômes d'un grave et rare trouble cérébral. »

Gaël écarquilla les yeux.

« La maladie atteindra son point de non retour aux alentours du mois prochain.

— La maladie ?

— Si vous ne faites rien, monsieur Debra, le malheur frappera... »

Gaël blanchit.

« ...Il n'est pas trop tard pour protéger votre unique enfant, reprit la vidéo. Nos...

— Ça suffit !

— Mais, monsieur Debra...

— ... cinquante-six agences françaises sont en mesure de...

— Ça suffit, éteignez moi ça tout de suite !

— ... la sauver ! Alors venez vous... »

Gaël se releva furieux et sauta sur Asilya qui trébucha en arrière dans un bruit sourd.

« ... présenter dans l'une d'elle pour que nous puissions... »

L'homme donna un violent coup de pied dans son visage. Puis un second.

«...v..ous.. soute...nir... »

La pop-up disparut.

Sforza s'était levé lui aussi. Face à la rapidité et la violence dont Gaël avait fait preuve, le vieillard restait abasourdit. Le trentenaire continuait à frapper la droïde. Elle gisait au sol, le crâne enfoncé par les coups. Un liquide verdâtre coulait depuis l'un des câbles sectionnés de sa mâchoire.

« J'ai tout fait foiré ! J'ai tout fait foiré ! », hurlait Gaël.

Sforza s'approcha lentement et attrapa son client par les épaules.

« Mons... Monsieur Debra ! On peut encore faire en sorte de la sauver !

— Lâchez moi ! »

Gaël se défit de l'emprise.

« Nous pourrions la transférer ! »

Sforza transpirait à grosses gouttes.

« C'est une nouvelle technologie encore en test, mais... », essaya-t-il.

Gaël ne tenait plus en place. Il passait à travers l'olivier, marchait sur l'eau du bassin.

« ...mais avec votre accord, nous pourrions lui offrir un nouveau corps.

— Vous ne la toucherez pas !

— Je vous assure que c'est faisable. Allez, reprenez vous ! »

L'homme posa sa main sur son épaule.

Gaël, meurtri, lui envoya de toute ses forces son poing dans la figure. Lorsque ses doigts heurtèrent le visage du vieillard, la réalité augmenté disparut. Néo-Paris redevint Paris, le bureau, une pièce vide, et l'homme... l'homme n'avait pas bougé d'un iota. La peau de son visage s'était déchirée, laissant entrevoir une couche d'acier. L'oeil roula dans son orbite comme une bille, puis se stabilisa, accusateur.

Gaël réalisa son erreur, une de plus.

Il n'avait pas affaire à un humain, mais à un cyborg de nouvelle génération, l'un de ceux dont LiFE Corporation faisait l'apologie lors de nombreuses annonces prévisionnelles, une âme flottante dans un corps mécanique. Derrière lui, Asylia s'était relevé discrètement, la gueule arrachée. Avant qu'il ne s'en rende compte, elle le ceintura. Gaël se débattait, mais les bras bioniques l'emportaient sur ses muscles organiques.

Sforza se frottait le visage, circonspect.

« Pourquoi êtes-vous ici, monsieur Debra, questionna-t-il.

— Allez tous vous faire foutre !

— Pourquoi êtes-vous ici, si ce n'est pour sauver votre fille ? »

Gaël lui cracha au visage. Le cyborg soupira.

« Vous vous croyez supérieur, parce que du sang circule dans vos veines ? »

Soudain, le bureaucrate l'empoigna à la gorge.

« Croyez-vous que l'homme est fait pour être immortel, monsieur Debra ? »

Gaël sentit la pince écraser sa trachée.

« Est-ce qu'il le peut ? Est-ce qu'il le doit ? C'est l'éternel dilemme !

— Kof, répondit Gaël.

— Bien sûr ! Nos recherches actuelles soulèvent toutes ces questions. Elles dépassent votre esprit étriqué qui raisonne encore autour de besoins primaires comme le sexe, la faim, l'amour. Mais les réponses qu'on y trouvent font-elles de nous des monstres ? Suis-je vivant d'après vous ? Qu'est ce que la vie, monsieur Debra ? Qu'est ce que la vie, si ce n'est l'existence, la raison et l'acceptation de soi ? Pensez vous que la vie est synonyme de souffrance ? D'oubli ? »

La pièce se dissipait.

« La mort n'est qu'une effrayante éternité, monsieur Debra. »

Gaël tournait de l'oeil.

« Désormais, c'est la vie ! C'est la vie qui bascule vers l'éternité ! »

Il le relâcha.

« Difficile de protester dans cette position, j'imagine ! »

Tout devint flou. L'univers autour de Gaël sombra dans la folie. Que... Que venait-il faire ici ? Pourquoi avait-il franchit le portillon ? Il voulait n'avoir jamais éteint cette fichue oreillette, n'avoir jamais quitter le doux confort de son appartement où les murs brillaient sur ses rétines. Il pensa à sa fille, à Émilie. Il toussait, respirait avec difficulté. Il n'avait plus de force. Juste assez pour crier sa douleur, agenouillé sur les dalles glacées.

« J'ai pitié de votre carcasse ! », commença Gaël à voix basse.

Il se massa la gorge. Sforza le regardait avec dégoût. La peau de sa joue pendait lamentablement.

« Vous n'avez plus rien d'humain ! Vous croyez peut-être en l'immortalité, mais regardez à quoi vous en êtes réduit ? Des capteurs, des câbles, de l'huile et des moteurs, un agrégat de minuscules pièces réglées comme une horloge. »

Gaël se releva tant bien que mal.

« Vous souvenez vous de qui vous a donné naissance ? Qui vous à porté en son sein ? Qui vous a appris à marcher ? Où est votre lignée, vos ancêtres, votre héritage ? Vous venez du néant pour retourner au néant ! Votre coeur n'est plus qu'un ramassis d'ordures qu'on recyclera comme tant d'autres. »

Doucement, Gaël s'était rapproché de la baie vitrée.

« Et votre esprit ? Est-ce vraiment le vôtre ? Ou bien est-ce un programme qu'on réplique à l'infini, comme une Tour Eiffel de pacotille, un bout de code, de pauvres zéros et de uns inutiles ? Contre rien au monde, je n'échangerai ma vie contre la vôtre. Contre rien au monde, je ne vous offrirai ma fille en sacrifice ! »

Gaël s'appuya contre la fenêtre.

En dessous de lui, les cent vingt et un étages attendaient d'être dévalés. Le vieillard souriait. Les muscles élastiques de son visage se tordaient en un rictus démoniaque. Il cligna simplement de l'oeil droit. Les vitres s'ouvrirent lentement. Le vent s'engouffrait.

Gaël évita la chute de justesse.

« Mon esprit ? Est-ce le mien ou une pâle copie ? C'est très simple, monsieur Debra. Pourquoi ferais-je cette chose insensée, si j'étais l'original ?

— Quoi ? Quelle chose ? »

Sforza cligna. Gaël gémit. La réalité augmenté se réactivait sur sa rétine.

Profitant de l'effet de surprise, le cyborg se projeta tête la première vers le jeune homme propulsé par ses jambes hydrauliques. L'autre, ébloui, tenta désespérément une esquive, mais le bras puissant du vieillard le saisit par le col. Entraîné tous les deux dans le vide, ils sombrèrent inexorablement vers le bitume. Leurs deux corps heurtèrent les baies vitrées, traversèrent le sigle flottant de LiFE Corporation, avant la rencontre fracassante devant les passants ahuris. Le choc, les cris, les curieux.

De Gaël, il ne restait plus qu'une plaie béante amalgamée au bitume.

Sforza, en pièces détachées, fut rapidement évacué par les droïdes.

Des murs virtuels se dressèrent autour du corps.

Il n'existaient plus aux yeux de Néo-Paris.

Suite à ce déplorable évènement, la commission d'Éthique et de Robotique signa une loi visant à assurer la protection des cyborgs de nouvelles générations. Toute attaque les prenant pour cible, serait assimilable à un blasphème, de part le caractère sacré que représentait l'immortalité robotique. S'attaquer à l'un d'eux équivalait à profaner une tombe où le mourant serait encore blottit.

Profaner une Tombe Métallique.

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