Chapitre 24 : Le retour du Cirque
Le lendemain, je rejoins Nido, qui fut surpris une fois de plus, agréablement, de me voir à l'heure. Nous allons commencer à patrouiller, quand je vois poindre Mustébouée.
« Vous avez de la place pour moi, demande-t'il, toujours vêtu de son bandoulière avec ses poches et son carquois, avec flèches et arc.
- Pourquoi veux-tu te ranger, réplique Nido, la chasse au criminel est bien payé pourtant.
- Je veux revoir Typhlosion, et celui qui prend actuellement sa place veux travailler à son retour. Je veux le suivre et l'aider.
- Tu es bien le seul à l'attendre encore. Très bien, je vois que ta spécialité est l'archerie. Si tu veux nous rejoindre, il faut me prouver ton talent. Tu vois cette cible ? Touches-la, et j'y réfléchirai. »
La cible en question, une cible classique, ronde avec ses motifs circulaires, se trouve de l'autre côté de la cour, à une centaine de mètres. Mais Mustébouée se lance, prend son arc, arme une flèche, et d'un calme olympien la décoche. Elle siffle dans les airs, et se plante dans la cible, pas au milieu, mais mais assez prés du centre pour impressionner Nido.
« Très bien. reviens demain, je te donnerai ton équipement. Mais tu sais ce que cela implique d'être de la Police ?
- Oui, je sais, mais je n'ai pas trop le choix. »
il s'en va, en récupérant sa flèche au passage.
« J'ai de meilleur archer que lui, lance Nido. Mais ça nous fera de la compagnie.
- Vous n'avez personne pour vous accompagner ?
- Normalement, je n'ai pas à faire de ronde, mais dans quelques jours, il y aura la fête du Roy, et ce genre de festivité amène avec lui son lot de brigands, d'ivrognes, et de problèmes. Nous renforçons l'entrée, pour éviter tout attentat sur le Roy ou la Reine.
- Vous êtes en guerre avec d'autres régions ?
- Pas depuis quelques générations, mais nous ne sommes pas à l'abris d'un fou. Et pour la géopolitique et l'histoire, nous verrons cela plus tard... »
Je surveille donc comme les dernières fois les personnes, Nido profitant pour m'apprendre un peu plus les ficèles du métier.
Le soir venu, je pense retourner dans ma chambre au château, quand :
« Non, pas ce soir, jeune homme. »
Il me lance une épée en bois, dont l'embase est entourée de métal grossier.
« Être policier ne signifie pas faire des ronde dans Capitale, et chevaucher à la recherche d'un fugitif recherché. Nous avons plusieurs classes : éclaireur, furtif et rapide, capable d'analyser les environs, épéiste, qui manie l'épée et compte sur sa force et sa dextérité pour combattre, et archer, agile et précis, tireur à distance, tu en a même fais les frais dans la forêt près de Pierratte. Il y a aussi des soigneurs et des prêtres qui font aussi partis de l'une de ses classes en plus de ces fonctions, et le chevalier, comme moi, qui commande le tout, et qui doit exceller dans les trois classes. Je pense que tu serais bon en épéiste, mais il te faut de l'entrainement pour pouvoir manier, ne serait-ce cette épée d'entraînement. Tous les soirs, après notre ronde, je te veux t'entrainer jusqu'au couché du soleil. »
Il se retourne pour rejoindre ses appartements, tandis que je vais à côté, m'entraîner avec les autres Policiers. Les humanimaux que je croise sont variés, des oiseaux, des tortues, des lapins, ..., et tout de suite, ils m'aident à m'entraîner, spontanément, comme une famille. Je pensais au contraire qu'ils allaient me rejeter, ou même m'ignorer. Cette soirée, je m'entraîne sur des rondins de bois, à les frapper avec mon épée, ou sur des mannequins de pailles. Elle est lourde, même si elle est en partie en bois, mais je ne compte pas mon effort, et je frappe, encore et encore. Je m'écroule sur le lit le soir venu, fatigué et affamé, mais je trouve quand même de l'énergie à manger comme tous les soirs avec la famille royale, et à leurs parler de mon monde.
Les jours passent, Mustébouée me rejoint, dans un habit plus léger que le miens, dû à sa classe d'archer je suppose, et il s'entraîne aussi, au tir à l'arc, au combat au corps à corps avec d'autres archers. On commence à sympathiser, et à se connaitre mieux l'un et l'autre. Au final, à part un ego surdimensionnée et une tendance fâcheuse à faire la fête avec d'autres à l'auberge le soir, c'est un bon compagnon, qui deviendrai, peut-être avec le temps, un ami. À la fin de la semaine, Nido nous donne notre salaire, chacun à notre tour. Notre salaire est d'une pièce d'or par semaine, se qui pourrait être maigre, mais qui est une solde confortable, que certains arrive quand même à liquider en boissons et en tournées générales à la taverne. Il fait de plus en plus chaud, et la fête du Roy approche à grand pas. Pour l'occasion, toute la ville se part de couleurs, et les marchands commencent à venir en masse. C'est pour moi l'occasion de vérifier les autorisations de chacun, autorisation délivré uniquement par le Roy après audience, d'après les explications de Nido. Ou automatiquement si vous êtes noble, ou que vous en avez déjà eu plusieurs et que vous êtes correct avec les lois de ce pays. Je peux constater néanmoins que Nido est intransigeant, et que chaque personne essayant de passer en force, ou de soudoyer un soldat, se fait expulser sans ménagement, ou trainé en cellule, avant de se faire expulser sans ménagement. Je ne sais pas si je vais rester longtemps, mais ce métier me plait, alors que j'aurai dit le contraire un mois auparavant.
Et puis, le grand jour arrive. Il y a déjà foule devant la herse du château, à attendre d'entrer. Pour l'occasion, Nido m'avait proposé d'emmener mon garçon Salameche avec moi, vu que les soldats du Roy et surveillent avec nous, et nous mâche aujourd'hui le travail. J'aimerai aussi en faire autant avec mon autre Salameche, mais ses cheveux, quoique soyeux, jolis et bénin, traînés avec eux une réputation de maladie, et même à Capitale. j'ai pu constater quelques jours plus tôt que les femmes avec ce fardeau est recluse, bonne à faire le tapin, ou à travailler cachée. Même Nido s'en désole, et croise aussi tous les jours ses femmes qui usent de leurs corps pour gagner leurs vies. Elles le font parce qu'elles n'ont pas le choix, quand elle sont veuve, ou que l'argent vient à manquer. En revenant à Salameche, mon petit ange, je le porte sur mes épaules, et il découvre enfin la métropole, pouce fourré dans sa bouche. Je ne suis pas pour autant en vacance, et je reçois l'ordre de Nido de surveiller le quartier des artistes, où il y a néanmoins moins de problème d'autorisations, et où l'ambiance y est plus calme, mais pas moins festive. Je pense fortement que Nido m'ait envoyé là pour m'occuper de Salameche plus que de surveiller les jongleurs et les théâtres ambulants. Mais je fais tout de même mon travail, et je demande consciencieusement les autorisations de chacun des groupes d'artistes, sous l'œil amusé et curieux de Salameche. Je me perds à regarder les différents spectacles, les lanceurs de couteaux, les cracheurs de flammes, en me disant que je pourrai faire pareil un jour, des vaudevilles des théâtres ambulants,... ce quartier est vivant, très animé, et je me laisse porter par tous ces arts.
« Dardagnan, tu n'aurais pas vu la manivelle ? »
Je m'arrête, une seconde. Cette voix, je la reconnais entre toute. Entre un théâtre mobile et un jongleur, un cirque se tient là. Et je reconnais ce cirque presque par cœur, ces décors, ces locataires, son fonctionnement. Il m'a accompagné durant plusieurs mois, et tous ces événements m'avaient fait oublié le faite que ce cirque revenait pour la fête du Roy : Le cirque de Colosinge est encore debout, sans son propriétaire, mais il existe encore :
« Dardagnan, je t'ai posé une question ? Tu l'as retrouvé la maniv....»
La personne qui réclame la manivelle sort de derrière le rideau de scène, et me voit. Elle a la peau grise, a pris des rides de vieillesses et de stress. Elle a toujours ces cicatrices le long de ses bras, et ses écailles sur le crâne. Il y a un moment d'incompréhension, où chacun s'observe. On se rapproche doucement, l'un de l'autre. Je pose à terre une seconde mon rejeton pour serrer dans mes bras ma maman de ce monde : je retrouve enfin Machopeur. Quelques larmes perlent de nos yeux, tandis que le reste du groupe vient voir ce qui se passe. Ils sont tous là, Hypnomade l'hypnotiseur au pendule, Ossatueur, le jongleur d'os avec son crâne sur la tête, les frères Dardagnans et leurs dards aiguisés, et Machopeur junior, qui avait vieilli aussi, mais avait prit du muscle et de la hauteur.
« Typhlsosion ! Tu es vivant, me pleure t'elle. »
Nous nous réunissons rapidement dans la roulotte des accessoires, pendant qu'Ecrémeuh le cuisinier et les Dardagnans s'amusent avec Salameche.
« Comment vas-tu, me demande Machopeur. Il s'est passé beaucoup de chose depuis ton départ.
- Je sais, Kadabra m'a tout raconté, je sais pour Colosinge.
- Il nous cachait beaucoup de chose, il avait perdu pied. Kadabra nous a tout raconté après son départ, il nous a fallut beaucoup de temps pour tout digérer. Mais que tu sois vivant, c'est merveilleux. Mais pourquoi cette accoutrement ?
- Il y a un mois, je me suis fait attraper, et j'ai dû accepter de devenir membre de la Police pour ne pas moisir en cellule. Kadabra m'a beaucoup aidé. Et vous allez bien ?
- Nous avons perdu trois membres, dont notre dirigeant. C'est plus compliqué, c'est sûr. Je dois trouver d'autres Pokemons, d'autres numéros, pour nous diversifier. »
On échange nos anecdotes rapidement, et je dois mentir encore une fois sur mon histoire. Je ne sais pas comment ils réagirai si je leurs raconte ma véritable histoire. Mais il y a un moment où je dois partir continuer mes rondes. Nous prenons alors rendez-vous ce soir, à la même ferme où nous avions posé le camps lors de la dernière fête du Roy, la ferme d'Insecateur.
Le reste de la journée, je suis ailleurs, et cela dure pendant mon entraînement du soir. Je sors la nuit tomber après avoir prévenu tout le monde de mon indisponibilité. Je suis toujours vêtu de mon manteau de la Police, pour éviter des suspicions des gardes de la citadelles qui patrouillent la nuit. Je rejoins le cirque avec un petit cadeau en poche. Je rejoins mes amis, en train de manger autour d'un autre ami, plus flamboyant, un grand feu de joie. Je les écoutes me raconter l'après l'ère Colosinge. Ils ont dû enterrer leur ancien collègue sous un arbre, faire sans Kadabra qui ne revenait pas, et se passer de ses dons de prévoir une attaques de bandits. Heureusement, les frères Dardagnans se relayent la nuit, et les défendent correctement. Je constate en observant les roulottes qu'il en manque une.
« La roulotte verte sentait horriblement, et nous faisait imaginer des chose qu'on ne devrait pas, m'explique amèrement Machopeur. On ne pouvait rien faire avec, nous l'avons brûler. Salameche est contente avec toi au moins ?
- Oui, je l'espère, je réponds, gêné. Je me suis enfui avec elle, quand je l'ai vu dans cette chariote. Je l'ai caché, et... elle m'a initié au plaisir charnel, en lui donnant un enfant. »
Il y a un moment de flottement, le temps où l'information monte et est décryptée. Machopeur junior rougit, sa mère en fait de même en faisant des gros yeux, les frères Dardagnans se regardent, Ossatueur remet droit son crâne sur la tête, et Hypnomade en lâche son pendule. Alors, comme pour fêter quelque chose d'extraordinaire, il me porte, et de façon paillardes et camarade, me prennent tous dans les bras, me lèvent et me descendent, dans une sorte de trampoline humaine, tout en chantant :
« Il n'est plus puceau, il n'est plus puceau. »
Seul Machopeur junior se cache le visage de honte, tel un pré-adolescent devant des questions de sexes, en rougissant de plus belle. Après ce moment cocasse, nous redevenons sérieux, et je leurs raconte mon parcours vers Pierratte, et l'auberge d'Elektek. On discute une bonne partie de la nuit, en buvant du vin, la dernière bouteille que gardait Colosinge dans sa roulotte. Je dors dans l'ivresse de l'alcool et des retrouvailles de vieux amis.
Le lendemain, le réveil est difficile, et pas seulement par manque de sommeil. J'aimerai que la fête d'hier continue encore, mais je dois repartir faire des rondes. Avant de partir, je lance ma bourse à Machopeur, toutes les économies de Typhlosion.
« Tu ne peux pas, ce sont tes économies.
- Ces économies représentent un lourd passé, ils vous seront plus utile à vous. Et puis, la Police paie bien... »
Elle me serre dans ses bras pour ce cadeau. Elle est heureuse, et je sens un sentiment de soulagement quand elle m'enlace. Elle doit tous encaisser toute seule, j'espère juste que le reste de cette bourse donnera de quoi survivre, le temps de tout reconstruire. Je les quitte, en espérant les revoir pendant mes tournées. Ces retrouvailles me font chauds au cœur, et c'est encore ce muscle plus léger que je reviens en ville. Je fais un crochet à mes appartements pour rassurer mes deux Salameches, et je reviens dans la cours, comme si de rien n'était, reprendre une vie d'Humanimal de la Police...
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