Du crédit à petit prix
Du crédit à petit prix
Quand je regardais la télé, c'était pour la réalité : faits divers, politique et autres commentaires. Je déprimais.
Aujourd'hui, je ne l'allume plus qu'à l'heure du déjeuner. Un émission sur la chaîne première intéresse tant mon cadet. Au milieu de sa journée, il y boit les paroles de son animateur vedette et moi je l'observe ébahie de cette fascination que la petite lucarne induit.
Le JL me semble un bon gars, avenant et drôle à la fois. Dans un monde plus humble, j'aurais aimé faire sa connaissance. Prendre le temps de l'écouter et de rire à ses blagounettes, pas toujours du meilleur esprit… je vous l'accorde, mais j'ai appris à aimer ses délires au même titre que mon fils, je me laisse ébahir.
Mais le JL n'est pas la seule star, il y aussi l'étoile. Zette me pardonnerez-vous de vous négliger dans l'histoire mais malgré vos talents oratoires, vous n'apportez rien à mon histoire…
Donc revenons en à l'étoile : une voiture et des suites. Télé géante, écran plat avec des K, de plus en plus grands ces cas… puis des jeux, qui tonnent en vidéo. Des ustensiles de cuisine, des séjours touristiques, jamais linguistiques. Et j'en passe…
Des envies d'ailleurs… des envies d'être à cette place : celle du maître qu'on appelle celui de midi… Il rafle la mise et partage avec un des pigeons des numéros surtaxés qui rêvent de l'égaler.
C'est sûr que des sommes pareilles, ça fait rêver.
Nous avec nos petits salaires, pour ceux qui ont la chance de travailler, ne pourrions nous payer pareil, même après des dizaines, des centaines, voire des milliers d'années que nous n'aurons jamais la possibilité de consommer.
Mais la télé apporte ce truc qu'on ne peut imaginer : le rêve, mais pas n'importe lequel le rêve mercantile, celui qui donne la nécessité d'acheter.
Il dit quoi ce rêve :
Je voudrais une belle voiture.
Je voudrais une grande et belle télé. Elle devra être plus impressionnante que celle d'à côté.
Je voudrais toutes les nouveautés.
Je voudrais voyager…
Je voudrais tout ce que Zette a présenté…
Et oui… et du "voudrais" conditionnel, je fais du "veux" indicatif et du "j'ai" et je deviens passif, endetté pour vouloir ressembler à ce que je n'ai jamais été.
Car pour acheter ce qui brille, moi qui trime toute la journée, je dois faire crédit. Mais il n'y en a jamais assez. Alors un autre crédit pour ce que je n'ai pas encore acquis, puis encore un autre pour avoir plus que l'ami, et encore et encore…
Aujourd'hui les crédits servent à payer les anciens crédits. J'ai soif, j'ai faim de consommer mais je m'amaigris et me brise la santé car je ne sais pas dépenser.
Ces crédits qui au départ voulaient améliorer ma vie ont fini par coûter le prix de celle-ci... Est-ce si petit ?
Un proverbe libanais résume tout mon propos : "n'étire pas tes jambes au-delà de ton tapis"...
À bon entendeur…
©Wafa Babin 12/02/22
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