Handicapés de la vie

Dans ma courte vie j'ai eu le temps de mûrir quelques réflexions. Je n'en connais ni la véracité ni l'utilité. Elles constituent toutefois mes pensées et dans un pays où la pensée se veut encore plurielle, je ne veux pas la taire.

Dans mon jardin d'été, il y a de l'herbe brûlée. Le soleil en a fait son affaire. Elle s'est desséchée à force d'avoir trop poussé.

Le soleil, ce grand ami de la vitamine D, nous procure joie et bien-être en sa lumière, et nous les ôte en ses ténèbres pour nous laisser taches, rides et cancers.

Un juste milieu s'il vous plaît.

Quand je regarde la Terre, je m'émerveille de ses beautés. Un lever de soleil, des couleurs rose-orangé. Une journée qui passe puis quand on a de la chance, on peut aussi contempler son coucher qui sied à tant d'amoureux. Comment rester de marbre devant un tel spectacle ?

Et puis les réseaux m'emmènent loin, dans le monde entier. Je regarde ces images que certains partagent de leurs voyages et j'en reste bouche bée, partagée entre la beauté de cet instant et le coût que la Terre en a payé. Pourquoi autant déplacer les populations, juste pour un petit amusement, qui pourrait être bien plus grand à côté ?

Je me pose la même question pour le travail. Pourquoi déplacer tant et tant de salariés ? Quand j'y réfléchis bien, certains travaillent bien loin de leurs domiciles alors que dans leur propre commune il y aurait de la place pour eux… mais comme ils avaient cherché ailleurs, il faudrait trouver quelqu'un d'autre, d'un autre ailleurs, ou du même d'ailleurs…. pour échanger avec eux…

Tout ça pour dire que, si j'étais président, je changerais ce mode de fonctionnement. J'imposerais alors une refonte des postes pour que chaque personne accède en premier à ce qui est au plus près de son domicile. Cela réduirait les bouchons et ferait gagner du temps en vie à chaque personne.

Mais je ne suis pas président et chacun sait que réduire toute consommation n'intéresse absolument pas nos dirigeants, même les plus écolos.

Alors ma pensée retourne à ce qui la torture le plus souvent : le je t'aime, moi non plus.

J'ai une personnalité qui n'aime pas les conflits, j'en ai tellement connus, à commencer par mon pays. J'ai aussi connu les disputes familiales et les violences engendrées par des quiproquos, souvent malencontreux. Je souffre dans ma chair quand on me demande : "pourquoi tu es en colère ?" La plupart du temps je ne le suis pas avant la question car je laisse couler mes émotions pour laisser les autres exprimer les leurs. Héritage des mères libanaises.

Puis j'explose car tant et tant de poussières se sont accumulées sous les tapis depuis tant et tant d'années. On me demande de citer des exemples et là j'en pleure. Pourquoi des exemples ?
Je ne les mémorise pas mais la douleur, elle, laisse des traces, souvent indélébiles.

Alors pensez-y quand vous arrachez une plante, que vous criez sur un animal, que vous piétinez un enfant, rien ne s'efface.
Il y a ceux qui gardent rancune et se vengent et il y a ceux qui oublient et chez qui ça déborde, un jour ou l'autre, la digue se rompt. La cascade peut être meurtrière, mais dans mon cas elle laisse des blessures amères.

Et cette Terre, à qui on fait tant de mal, un jour aussi sa soupape explosera. Ce jour n'est peut-être pas si loin… et des fois je me dis que ça ne serait pas si mal…

Mais en attendant, apprenons à profiter de chaque éclair, chaque instant, chaque seconde, chaque minute, heure, jour, semaine et année qui passent.

Quand il y a un beau ciel de nuages cotonneux, regardez-le comme si c'était la dernière fois.

Quand une fleur vous regarde, ne l'arrachez pas. Elle en mourra !

Quand votre animal vous demande une caresse, ne lui offrez pas un coup de pied.

Quand votre enfant veut faire un jeu de société, ne le renvoyez pas vers les jeux vidéo.

Quand une personne vous sourit, souriez aussi. C'est un cadeau de la vie. Même s'il ne dure qu'une fraction de seconde, il a le mérite d'exister.

Et là, vous voyez, je vous souris et je vous offre mes ciels d'hier.

Prenez soin de vous et n'oubliez pas de préserver la Terre.

02/08/22
© WafaBabin