De la solitude et de l'Amitié

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été très entourée. Sœur à peine plus âgée que mon petit frère, petite j'ai toujours connu sa compagnie.

En grandissant chacun est allé vers sa vie. Je me suis mariée et j'ai eu deux beaux enfants. Le choix du roi.

À son tour, il s'est marié, et a fait quatre beaux phénomènes, dont deux jumeaux, les petits derniers. Pour être exact, une belle demoiselle et trois jeunes hommes à la hauteur de leurs parents. Je dis ça, je dis rien...

Mon frère et moi sommes toujours aussi liés. Nous arrivons à aller à l'encontre de nos égos démesurés pour ne pas nous perdre de vue.

Alors comment pourrais-je ainsi parler de solitude quand je suis si bien entourée. Je me plains là où je ne devrais pas... serais-je si ingrate ?

Sans doute...

Ma solitude est un état d'esprit. Peu importe de qui je suis entourée, je n'arrive pas à me remplir. L'essentiel est absent.

Mon essentiel est cet autre qui manque tant à combler mon moi. Le petit morceau du puzzle dont personne d'autre ne cherche la présence. Cette petite chose sans laquelle tout est absence.

Cette chose je l'ai longtemps cherchée. Ne la trouvant pas, j'ai essayé ses succédanés... vous savez comme la chicorée et le café... Je suis entièrement d'accord... beurk !

Alors je suis allée vers la nourriture, j'ai pris 30 kilos. La balance grimace.

Je suis allée vers... en fait vers rien d'autre. Ni l'alcool, ni les jeux n'ont semblé convenir à ma recherche.

Sinon, j'ai essayé de faire la maman poule. Ça plaît parfois, c'est lourd d'autres fois. Mais ce n'est qu'une bombe à retardement, une fabrique d'assistés... ou comment faire retarder la prise d'autonomie de son enfant. Ça aussi j'ai arrêté, mais qu'à moitié.

Donc, je contrôle mieux mon alimentation pour ne plus me ruiner en garde-robe et j'essaie de travailler sur mes envies de couveuse...

Mais alors, où est ce petit bout qui manque à gommer mon ennui.

Pas là, c'est certain...

Le trouverai-je un jour ?

Je n'en sais rien...

Voilà l'état d'esprit dans lequel je me trouve en dehors de la salle d'attente des psys. Car j'accompagne mes enfants pour leurs groupes d'habiletés sociales ou autres consultations et ce COVID nous oblige à attendre dehors, ailleurs que dedans, en somme.

Avec ces températures glaciales, je n'ai pas le courage de faire le tour du quartier à pied en attendant la fin du groupe... alors je gamberge seule dans ma voiture et me demande qui des enfants ou de moi aurait le plus besoin de parler à un psy ?

Donc une solitude subie qui ne laisse pas l'esprit en paix. Elle lui tient compagnie jusqu'à l'abandonner en lui faisant comprendre qu'il ne saura jamais se passer d'elle.

J'en suis donc là à dire à ma solitude, ma loyale compagne de ces dernières années, que j'en ai assez de la voir. Et elle, vous savez quoi... elle me rit au nez me disant que je ne saurais vivre sans elle...

L'une dit oui, l'autre dit non et l'heure et demie d'attente est passée ainsi en chamailleries, entre l'être de mes heures sombres et moi-même.

Suis-je pour autant assez folle à lier ?

Je ne suis un danger pour personne, ni pour moi-même d'ailleurs.

Je suis juste pauvre en compagnie, des discussions à n'en plus finir, nuits et jours, trois cent soixante cinq jours un quart sur trois cent soixante cinq jours un quart.

Je ne suis pas folle mais jalouse de tous ceux qui disent avoir un ou une meilleur(e) ami(e). Je suis jalouse de n'avoir pour compagnie que le clavier de mon smartphone, quand vous autres pouvez parler sans jugement.

Je suis jalouse car mon écran ne me pardonnera aucun faux pas, alors que votre meilleur ami comprendra vos maladresses et vous écoutera avec patience et allégresse.

Je suis jalouse c'est certain. Le cœur à sec, à se briser au premier coup faute d'être adouci par la compagnie d'un ami.

Oui, j'écris, je ris et pleure aussi. Malheureusement seuls vous qui lisez le savez. Et si vous me lisez c'est que vous avez le temps de le faire...

Alors je poste mon annonce, voulez-vous me dessiner un mouton ?

Ce n'est pas comme ça que le Petit Prince a découvert la plus belle des amitiés ?

Parce que le pire dans tout ça c'est que cet ami doit vraiment être, à mes yeux, parfaitement parfait...

À bon entendeur...

PS : ne pas croire tout ce que je peux raconter. Ces textes font partie d'un recueil "de l'absurde ou de la raison". Ce ne sont que des demi-vérités ou des demi-absurdités.

Et je vous remercie toutes et tous de me pardonner mon impertinence sur l'amitié alors que vous me soutenez, et je le sais bien, de tout votre cœur...

Et le mien de cœur vous aime bien fort.

Merci encore.

Wafa 26/01/22