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de la Lumière dans les ténèbres


#défimoulin. De Jonathan De Loeuw

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- 2 personnages : une révolutionnaire et un scarabée bousier ;

- 2 lieux : une épicerie Coccimarket et une rampe de lancement pour les fusées ;

- 2 objets : un chausse-pied et une tondeuse à gazon.

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Alice tient fermement la petite boîte à musique à l'effigie du Moulin Rouge où sa mère travaillait comme barmaid.
Elle se rappelle de l'anniversaire où elle l'a reçue en cadeau : elle venait de souffler ses 9 bougies quand sa maman chérie la lui a offerte. C'était malheureusement la dernière fois qu'elle la voyait.

Elle enjambe quelques débris de feuilles emportées par le vent avant de frapper à la porte de l'hôtel particulier des Rouge. Un majordome l'accueille et l'introduit dans un vestibule bien plus grand que son T1 sous les toits. Elle ouvre à nouveau la boîte pour écouter un petit bout du "Lac des Cygnes" de Tchaïkovski, mais un toussotement la fait sursauter. Elle referme aussitôt la madeleine de ses souvenirs. Sa grand-mère est là, juste derrière son dos.

— Bonjour Alice.

— Bonjour grand-mère. Vous vouliez me voir ?

— Tu es ponctuelle. J'apprécie.

Alice reste perplexe devant cette dernière affirmation. En attendant d'en savoir plus, elle suit Robert à la chambre qui sera la sienne aussi longtemps que durera son séjour. Ce majordome — diplômé d'un institut anglais — est au service de sa famille depuis avant la naissance de sa mère. Alice aimerait lui poser toutes les questions qu'elle a sur le cœur, mais elle sait qu'il lui faudra s'armer de patience.

Elle dépose ses affaires dans la chambre rose, celle qui jadis accueillait sa mère. C'est la première fois qu'elle y a accès, ce qui la questionne d'autant plus. Outre son sac à dos et la boîte de musique, Alice sort un chausse-pied en ivoire qu'elle met à côté d'une reproduction d'un vivarium, grouillant de mini vies, digne des plus grands entomologistes. Elle se laisse perdre en observation de ce château de terre créé en papier mâché peint à la main. La voix de sa maman résonne dans ses souvenirs avec les histoires du prince Sisyphe, le scarabée bousier, de Maya l'abeille, de Camille l'araignée et de Mathilde la princesse fourmi.

Quelqu'un frappe à la porte. Alice ouvre à sa grand-mère qui balaie la chambre du regard. Ses yeux s'arrêtent au niveau de l'objet en ivoire. Elle s'en approche et du bout des doigts le frôle à plusieurs reprises. Alice observe la scène abasourdie.

— La pièce manquante !

— Pardon grand-mère.

Cette dernière ouvre un des placards de la chambre et en sort une reproduction de la base de lancement de Kourou. Elle attrape le chausse-pied et l'imbrique à droite de la fusée.

— La rampe de lancement parfaite pour la fille à son père.

Alice continue de fixer la rampe de lancement : de chaque côté de la mini-Ariane se trouve un chausse-pied en ivoire. C'est étonnamment ressemblant se dit Alice. Elle s'imagine prendre une potion de rapetissement pour embarquer en direction d'une lune sculptée, accrochée au plafond.

— Elle l'avait construite avec son père. Elle l'aimait beaucoup. Des larmes jaillissent en reflets de lumière mais Alice devra attendre pour en savoir plus.

— Le dîner sera servi à 19 heures. Tu es priée d'être en tenue pour te joindre à nous.

— J'ai bien peur de ne pas avoir l'une de ces tenues suffisamment correctes grand-mère.

Du regard sa grand-mère prend les mensurations d'Alice avant d'annoncer qu'elle pouvait considérer les vêtements du placard comme siens, et de prendre congé.

Après la sortie de cette mamie parisienne, Alice retourne à son observation de la faune figée sous ses yeux. Les fourmis s'affairent dans différentes galeries, et le bousier, fidèle à son habitude, pousse une boule sur une pente pour poursuivre son travail de titan, ou plutôt de Sisyphe. Camille se repose sur sa toile et Maya semble dormir sur de la poussière d'étoile. Ce petit monde paraît tellement réel ; ils semblent si heureux. Alice se dit qu'elle aimerait être comme eux et suivre seulement son instinct. Mais la vie des humains ne laisse pas tant ce type de possibilités. « On quête la lumière mais nos chemins ne nous mènent que vers les ténèbres » répétait souvent sa maman.

Forte des méditations philosophiques de sa maman, Alice ouvre l'impressionnante penderie pour se choisir une robe. À un motif près, elle se rappelle avoir vu la même dans la vitrine d'une boutique de luxe. Il lui vient alors en mémoire une autre expression de sa maman : « dans nos ténèbres, tout n'est que pâle imitation, seul le Créateur de la lumière sait faire du nouveau.»
Elle enfile la robe, arrange sa coiffure avant de rejoindre sa grand-mère dans le petit salon, et de se diriger ensemble vers la salle à manger.

À table, Alice ne peut s'empêcher de fixer la peinture accrochée en face. Sa grand-mère le remarque et répond à sa question silencieuse :

— Tu connais l'amour de ton grand-père pour le jardinage.

— Mais une tondeuse à gazon, tout de même !

— Oui, j'en conviens mais ton grand-père aimait tellement ce tableau que je n'ai pu me résoudre à le jeter.

— De là à l'afficher à côté de la Cène. Et puis, on dirait une affiche publicitaire d'un mauvais goût.

— C'est une toile de Marie.

— Maman ?

— Oui mon enfant. Ta maman peignait et ton grand-père achetait ses toiles au prix fort. Il le faisait pour qu'elle ne manque pas d'argent.

— Je ne comprends rien. Maman était serveuse.

— Quand ta maman s'est enfuie avec le caissier du Coccimarket, elle était étudiante aux beaux-arts. Tout ce que tu as pu voir dans la chambre rose a été sculpté ou peint par elle. Elle aimait passer ses journées dans le jardin avec Charles et croquer tout ce qu'elle voyait. Il lui expliquait tout du monde mystérieux des insectes et elle buvait chacune de ses paroles.

— Que s'est-il passé grand-mère ?

— Je ne connais de l'histoire que ce que ta mère m'a confié à la fin de sa vie : un jour, elle est entrée dans un coccimarket. En caisse son regard a croisé celui d'un charmant garçon. Lui aussi était étudiant, mais en psychologie. Ils se sont fréquentés quelques mois. Ta mère était très amoureuse et aurait fait n'importe quoi pour lui plaire. Il avait une influence néfaste sur elle. Elle a commencé à se droguer et à boire. Selon elle nous étions les dirigeants à abattre. Ton grand-père en était malade mais il n'a jamais abandonné l'espoir.

— L'espérance mène à la lumière…

— Pardon ?

— Une phrase que maman me répétait quand j'étais triste. Que s'est-il passé ensuite ?

— Un jour elle nous a annoncé qu'elle était enceinte, mais que le père ne voulait pas de l'enfant. Nous lui avons dit qu'elle était trop jeune pour devenir mère et que ça allait gâcher sa vie. Le lendemain elle était partie. Je ne sais pas comment Marie a vécu ces années d'errance. Mais un jour elle a frappé à la porte et a demandé qu'on s'occupe de sa fille. De toi mon enfant.

— Elle était malade.

— Oui, une tumeur décelée dans l'os de la cuisse. Après ça nous avons fait de notre mieux pour vous apporter notre aide. Tu as intégré la meilleure école pour jeunes filles.

— Peut-être mais j'étais loin de tout et surtout je n'ai plus revu maman.

— Nous avions besoin de ce temps avec Marie. Lui dire adieu après nos retrouvailles a été un déchirement. Mais tu as raison. Nous n'aurions pas dû t'éloigner. Sauras-tu un jour nous… me pardonner ?

— Voyez-vous, grand-mère, je pense encore beaucoup à elle. Elle m'emmenait parfois avec elle au Moulin Rouge. Pendant qu'elle servait les clients, je me cachais dans les loges des danseuses. À cette époque, elle me parlait aussi de vous et de sa vie d'avant. Elle me disait qu'elle l'aimait beaucoup mais qu'elle ne regrettait rien, pas même sa révolte. Car si elle n'avait pas fui, jamais je ne serais venue au monde. Elle vous avait pardonné alors moi aussi je vous pardonne.

— Charles et Marie me manquent énormément, mais je suis ravie que tu sois enfin de retour.

08/05/23
©WafaBabin

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