« Tu t'es amélioré en cuisine.

- Je suis loin d'égaler mon père.

- Ça viendra si tu t'entraînes mais tu sais, j'aime déjà beaucoup ainsi ! »

Ma réponse fut reçue par le doux rire de mon gardien. Nous étions allongés sur un tapis d'herbe, non loin de la demeure de Jimin. Nous n'avions pris que peu de choses avec nous, voulant nous faire discrets et pouvoir partir au plus vite si les troupes de GD venaient à apparaître. Jimin nous avait assuré qu'ils étaient toujours du côté des côtes tafendëloises, mais nous n'étions jamais trop prudents.

« Tes cheveux ont bien trop repoussé, me dit mon gardien. Je ne peux même plus contempler ta nuque.

- Tu peux être le seul à la voir maintenant comme bon te semble, vois le bon côté des choses », je lui fis avec un sourire en coin.

Il se redressa, ses yeux soudainement pétillants et se rapprocha soudainement de moi, puis me tourna de façon à ce que je sois dos à lui avant de fourrager son visage à l'arrière de mon crâne rapidement.

« Tu me chatouilles », je riais en me tortillant dans ses bras qui m'emprisonnaient contre son torse.

Je l'entendis glousser derrière moi, mais il ne s'arrêta pas pour autant, et je sentis bientôt la pointe de son nez titiller la peau de mon cou.

« Trouvé », souffla-t-il derrière moi.

Je sentis alors quelque chose d'humide sur ma peau qui électrisa mon corps.

« Jungkook... », soupirai-je de plaisir.

Il ne me répondit pas mais multiplia ses attentions, me donnant des frissons qu'il dût sentir puisqu'il frotta mon torse et mes bras tout en m'attirant plus contre lui, sa bouche ne quittant pas ma peau, allant même jusqu'à la mordiller. Une sensation délicieuse coula dans mon ventre et ma respiration se fit plus lourde.

Et lorsqu'un gémissement s'échappa de mes lèvres, je le sentis sourire contre ma nuque

« Tu me flattes », souffla-t-il à mon oreille avant d'apposer sa bouche sur ma carotide.

Je fus incapable de répondre, étourdi par ces sensations délicieuses qu'il me faisait découvrir. Instinctivement je jetai ma tête en arrière, voulant renforcer ce contact si chaud et agréable. Je poussais des soupirs de plus en plus courts au fur et à mesure qu'il se déplaçait sur ma peau.

« Je deviens fou », couinai-je en sentant ma poitrine se gonfler de papillons.

Ses baisers devinrent plus doux, ses caresses plus lentes, et j'en profitais pour rouler sur le dos, et enfin voir son visage. Il semblait avoir également la respiration plus courte, ses joues roses et son regard noir, ses pupilles dilatées.

Nous n'avions pas besoin de mots pour nous comprendre. Il fondit sur mes lèvres et les goûta avec une douceur qui dénotait de son air sauvage. Il se retenait, je le sentais.

A bout de souffle, il se recula, son regard toujours brûlant, et m'embrassa une dernière fois la joue avant de se laisser retomber dans l'herbe et de m'attirer de nouveau à lui.

« Je crois que moi aussi », avoua-t-il dans un souffle.

Je rougis en entendant sa voix devenue bien plus rauque que d'ordinaire.

Nous étions en train de reprendre nos esprits doucement, je me sentais si bien dans ses bras que je pensais pouvoir m'endormir tel quel. Jungkook avait ce don assez impressionnant de me faire sentir en sécurité lorsqu'il me prenait ainsi entre ses bras, me serrant contre lui comme si j'étais quelque chose de particulièrement précieux pour lui.

« Nous devrions préparer nos affaires, murmura mon gardien.

- Nous devrions, j'admis. Mais je n'en ai aucune envie.

- Ce n'est pas sage. »

Je fronçai les sourcils et me redressai, avant de le surplomber, et de caresser ses cheveux qui se déployaient sur l'herbe autour de son beau visage tourné vers le mien.

« C'est ton anniversaire Jungkook, sois égoïste.

- Mais...

- C'est ton seigneur qui te l'ordonne ».

Il eut un faible sourire et posa ses mains sur mes hanches pour me maintenir.

« Je suis votre gardien, je dois vous prévenir des situations qui pourraient vous mettre en échec, cher seigneur. »

Je souris, attendri par ses paroles.

« Très bien, capitulai-je en caressant encore ses mèches brunes. Mais nous avons du temps devant nous, profitons encore un peu. »

Il parut sceptique, alors je me baissais pour embrasser ses lèvres. Depuis qu'il m'avait fait découvrir ses baisers, je m'étais rendu compte que j'adorais ça, et je profitais de chaque occasion pour le sentir contre moi, pour sentir son souffle s'échouer contre le mien.

J'étais sûr qu'il était le seul à pouvoir endormir mes angoisses.

Mais il y avait forcément un revers de médaille, et je le sentais à chaque fois que je me séparais de lui. Plus je me sentais plus proche de lui, plus mon cœur me faisait mal quand je m'en séparais. Ce sentiment m'effrayait atrocement, il ne fallait pas que je dépende de lui.

Une main sur ma joue me tira de mes pensées et je vis le regard redevenu noisette de mon gardien qui cherchait le mien, visiblement inquiet.

« Tout va bien ? »

Je me repris et forçai un sourire.

« Bien sûr. »

Sa main caressa ma joue, ses yeux cherchant toujours à lire en moi. Il me dit alors avec douceur :

« Tu sais, j'ai conscience que tout ce qui se passe entre nous peut aller trop vite pour toi. Si tu ne te sens pas encore à l'aise avec certaines choses je veux que tu m'en parles, je veux faire les choses bien avec toi. »

Je le regardais avec l'émotion serrant ma gorge, il était si prévenant avec moi que je me demandais comment j'avais pu faire pour me voiler aussi longtemps la face.

Mais sa remarque me fit penser à ma conversation que j'avais eue plus tôt avec Yoongi.

« Et bien..., j'hésitai.

- Dis-moi, m'encouragea-t-il avec son beau sourire.

- Je... »

Je ne savais pas par quoi commencer, et il dut le comprendre puisqu'il m'enveloppa de nouveau de ses bras et me caressa doucement mon dos d'une main, ma joue de l'autre en me regardant avec tendresse, son sourire disparaissant petit à petit pour être remplacé par une moue encourageante.

« Tu... ?

- Je... Ce n'est pas facile de te demander ça... Je me pose des questions. »

Il hocha la tête imperceptiblement, et fermai les yeux en posant sa tête dans l'herbe, poursuivant tout de même ses caresses affectueuses. Son regard n'étant plus sur moi, je pus rassembler mes mots dans mon esprit et tentai :

« Je me rends compte qu'il y a énormément de choses que j'ignore sur toi. Des choses comme ton lien avec la mère de Mïro, ou ta mère, ou ce que tu faisais avant que je ne te rencontre, des expériences que tu as eu avant moi... »

J'observais sa réaction et sentis mon cœur rater un battement quand je vis son visage se durcir.

« Mais si tu ne veux pas m'en parler je comprendrai », j'ajoutai avec prudence.

Je détournai mes yeux avant même qu'il ne rouvre les siens, et me maudis d'avoir lancé toutes ces questions d'un coup. Nous venions à peine de nous dévoiler l'un à l'autre, je ne voulais pas tout gâcher à cause de ma curiosité qui le mettrait mal à l'aise. Mais au fond de moi, je savais que c'était important.

« Taehyung, regarde-moi », soupira-t-il.

Je lui obéis timidement, et sentis mon cœur s'alléger en rencontrant son sourire.

« Tout va bien, c'est juste ça fait beaucoup, et ce n'est pas forcément facile pour moi d'en parler. »

J'acquiesçai, la gorge sèche.

« Je comprends, c'est juste que... C'est frustrant de ne pas en savoir plus sur toi alors que tu dois connaître l'intégralité de ma vie ».

Il me regarda un long moment, et prit une longue inspiration :

« J'ai perdu ma mère lorsque j'avais sept ans, je n'ai pas beaucoup de souvenirs d'elle mais suffisamment pour savoir que je l'aimais beaucoup.

- Je suis désolé, je chuchotai en le serrant contre moi.

- C'était il y a longtemps maintenant, mais je me dis que j'aurais aimé la connaître. »

Je me hissai jusqu'à son niveau et cherchai son regard.

« Ne me regarde pas comme ça, me dit-il avec un sourire crispé. J'ai tout de même eu une enfant plus heureuse que d'autres de mon âge, j'avais Lotë et j'avais Jimin.

- Lotë, la mère de Mïro ?

- J'ai grandi avec elle », me sourit-t-il.

Je lui rendis son sourire, bien qu'insatisfait de sa réponde, et allai embrasser sa joue avant de me replacer correctement contre lui.

Nous restâmes quelques instants alors à nous regarder, je me délectais de ses iris noisette qui pétillaient, de son sourire joueur et de son beau visage tourné vers moi, semblant vouloir me transmettre toute l'affection qu'il avait pour moi, et remplissant mon cœur d'une chaleur que je ne croyais pas exister.

C'était dans ce genre de moments que je me disais que je ne voulais pas partir.

« Tu avais d'autres questions à propos de ce que je faisais avant de te rencontrer, c'est ça ?, me demanda-t-il d'une voix calme.

- Oui...

- Et à propos de mes anciennes... expériences ?

- Si tu ne veux pas en parler... »

Il me sourit encore, et vint chercher ma main pour entrelacer nos doigts.

« Que veux-tu savoir précisément » ?, demanda-t-il en exerçant de petits cercles de son pouce.

Mon cœur se gonflait de tendresse quand je pris conscience de la douceur qu'il dégageait quand il me regardait ainsi, soucieux de mon bien-être.

« Je me demandais ce que tu faisais avant notre rencontre, si tu étudiais... Et si tu as fait des rencontres sur ta route ? »

Il sourit quand j'hésitais sur la dernière partie de ma phrase, et vint poser ses lèvres sur ma joue longuement, chatouillant mon ventre.

« Mon père a fait mon éducation, dès que j'ai eu l'âge adéquat j'ai quitté le château pour partir dans une école de guerriers pour apprendre à manier l'épée, mais aussi à survivre en terres sauvages, j'ai aussi appris à monter à cheval et à naviguer sur les mers. »

Je l'écoutai attentivement, fasciné.

« Lors de mes rares permissions pour rentrer j'allais voir mon père, il essayait de m'apprendre à cuisiner mais je n'étais pas très bon élève, alors au fur et à mesure des années il a laissé tomber et il m'a aidé à construire ma maison, où je t'ai recueilli lors de notre première rencontre. »

Plus il parlait, plus je me rendais compte du fossé qui nous séparait lors de notre rencontre.

« Quant à mes expériences... »

Il marqua une pause, puis lâcha un soupir.

« Tae... Pourquoi veux-tu savoir ça ? »

Je me repositionnai, mal à l'aise, et fuis son regard. J'étais curieux de connaître ses autres expériences parce que je n'étais pas sûr de comprendre ce que je représentais pour lui. Bien sûr, je ressentais toute son affection mais je ne savais pas me situer parmi ce qu'il avait pu vivre par le passé.

Mais peut-être qu'après tout, c'était mieux qu'il ne se sente pas trop impliqué dans cette relation, ainsi la douleur serait moins aiguë.

« J'ai eu ma première expérience à l'âge de treize ans, avec un compagnon qui s'entraînait à l'épée avec moi, c'est le premier garçon que j'ai embrassé, et c'est lui qui m'a fait comprendre que je n'étais guère attiré par les filles de mon âge. Après lui, j'ai eu plusieurs expériences avec mes frères d'armes, mais je n'ai jamais été dans une relation que l'on pourrait qualifier de sérieuse. »

Je me retins de lui demander le nombre d'expériences qu'il avait pu avoir avec ses frères d'armes, car je n'étais pas sûr de vouloir cette réponse. De plus, s'il avait hésité ou s'il m'avait répondu qu'il n'en avait aucune idée, je pense que cela m'aurait blessé.

« J'espère que tu as conscience qu'aucune de ces expériences ne se mesure à toi. »

Mon cœur rata un battement.

Je le sentis bouger contre moi et séparer nos mains, me laissant un frisson de vide, et chercher quelque chose autour de son cou, qu'il détacha. Je n'eus à peine le temps de me retourner que je sentis quelque chose de métallique dans la paume de ma main.

« Qu'est-ce que... »

Je fus étonné de découvrir ce qu'il venait de poser dans le creux de ma main. Il s'agissait d'une sorte d'anneau métallique très irrégulier. L'ensemble était assez grossier mais je pouvais aisément deviner qu'il s'agissait d'une bague.

« Je croyais que tu te moquais de mes bijoux », je lui soufflai.

Je le vis sourire, et il prit le bijou pour l'enfiler à mon index, ses yeux noisette légèrement brillants.

« Je l'ai faite avec le métal de mon premier poignard, comme ça je me suis dit que tu pouvais porter un peu de moi. »

J'étais bouche bée, et ne réalisais pas tout à fait ce que cela voulait dire.

« Jungkook..., je soufflai la gorge nouée. C'est magnifique.

- Bien sûr elle n'est pas parfai... »

Je le coupai d'un baiser, bien plus avide que les précédents, alors que sa déclaration m'étourdissait encore.

« Elle est parfaite », je le corrigeai avant de replonger sur sa bouche rosée.

J'attirai son buste contre le mien de mes bras, et il finit par placer ses deux mains à l'arrière de mon crâne, me caressant doucement le cuir chevelu, avant que nous nous séparions, toujours envieux. Il me regarda alors avec insistance, avant de se pourlécher lentement, me donnant des bouffées de chaleur. Mais alors que j'allais me concentrer sur ses lèvres, ses yeux redevenus sombres me happèrent, si bien que je sursautai lorsque je sentis quelque chose d'humide et de chaud sur mes lèvres.

Il se recula, sembla jauger mon expression un instant, avant de fondre de nouveau sur mes lèvres. Je sentis sa langue franchir la barrière de mes lèvres alors qu'il tenait ma tête vers lui, m'entraînant dans son baiser enflammé. Curieux de sentir cette présence dans ma bouche, je mis un moment avant de lui répondre timidement. Je l'entendis soupirer lorsque la mienne rejoignit la sienne, et valsa avec maladresse mais délice.

Quelque chose en moi se consuma, et je dus m'agripper à lui pour me donner l'impression de ne pas perdre pied.

Mais, alors que nous nous séparâmes, la réalité revint me frapper brutalement, contrairement à Jungkook qui avait initié un autre baiser, et la fin de ma conversation avec Yoongi se fraya dans mon esprit. J'essayais de répondre tant bien que mal à mon gardien, qui devait prendre mon ignorance comme responsable de ma maladresse chaotique, alors que je voulais pleurer et hurler mon désespoir. Qu'étais-je en train de faire ? Je me voilais la face et celle de Jungkook par la même occasion.

Alors que nous nous laissâmes tomber par terre, nos lèvres toujours liées, les larmes sillonnant silencieusement le long de mes joues, je me dis que j'étais un monstre.

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« S'ils dérivent trop à l'Ouest, ils tomberont sur le campement de GD. Je ne serais pas étonné qu'il ait lâché des hommes fouiller les hectares entourant leurs tentes. Vous devrez être particulièrement discrets une fois que vous aurez dépassé la forêt, Taehyung. »

J'opinais du chef, attentif. Nous étions tous les quatre debout au-dessus d'une carte d'une taille impressionnante, sur laquelle apparaissaient les territoires. Jimin avait entouré la zone où nous devions nous rendre, et je l'avais recopié sur la petite carte qu'il m'avait passée plus tôt dans la journée.

« A nous deux nous devrions pouvoir être discrets, avança Jungkook.

- Trois », le corrigeai-je.

Il se tourna vers moi, l'air surpris. Yoongi se racla la gorge pour se manifester.

« Yoongi vient avec nous, lui annonçai-je avec fermeté.

- Vraiment ? »

Son visage se crispa et peinait à dissimuler le dégoût que lui provoquait cette perspective.

« Est-ce nécessaire ?, continua-t-il en se tournant vers le concerné.

- Je serais certainement plus discret que vous auprès de lui, si vous craigniez de nous faire remarquer je pourrais très bien y aller seul avec lui, répliqua Yoongi avec un sourire goguenard.

- Il suffit !, je l'arrêtai en voyant les phalanges de mon gardien blanchir à force de serrer ses poings. Nous voyagerons ensemble, et j'attends de vous un comportement exemplaire. Pas de conflits, pas d'éclats de voix, nous n'avons pas le temps pour ça. »

Le silence gagna le salon de Jimin, alors je repris :

« Si pendant le trajet j'entends le moindre conflit, je terminerai le voyage seul.

- Vous n'y pensez p-

- Comme si tu pouvais y arriver », railla mon gardien qui était visiblement agacé.

Blessé malgré moi, je pris sur moi pour l'ignorer et m'adressai à Jimin.

« Nos sacs sont quasiment finis, nous allons abuser de ton hospitalité encore un peu pour prendre un bain avant la route.

- Ne tardez pas, j'ai vu une grosse activité à l'Est qui arrive vers nous.

- Aegnor ?, demanda Yoongi.

- Je n'en suis pas sûr. Il avait des écailles noires mais je n'ai pas vu si c'était lui. Il marchait mais ça ne veut pas dire qu'il n'avait pas d'ailes.

- Un dragon noir, je soufflai avec appréhension. Shin Dong m'avait dit que c'était ceux qui avaient choisi la voie de la guerre.

- Et tu veux rester seul ici ?, protesta Yoongi en regardant Jimin.

- Je ne vais pas emmener tous mes miroirs avec moi, je vous renseignerai à distance.

- Mais c'est dangereux !

- Parce que tu crois que partir à la source est sans risque ?, grinça Jimin. Il n'en aura pas après moi.

- Sauf si c'est ta maison qu'il convoite, intervint Jungkook.

- Et bien s'il la convoite je serais là pour lui fermer ma porte au museau », soupira Jimin qui semblait lassé de cette conversation.

Yoongi sembla vouloir encore protester mais il se ravisa, me jetant à la place un regard implorant. Je me raclai la gorge, mal à l'aise devant cette expression inhabituelle.

« Yoongi a raison, ce n'est pas prudent de rester seul ici.

- Il faut que quelqu'un reste ici, dit fermement Jimin. Mais de toute façon, je pense qu'il est attiré par vous-même, ou par la source. Je ne risquerai rien ici, vous avez bien vu comment est implantée ma demeure.

- C'est une ancienne grotte de dragon et tu le sais très bien, gronda Jungkook.

- Et de nous deux je suis celui qui les connait mieux, je ne risque rien ici. Tu ferais mieux de te soucier de ton derrière Kook, si tu suis Taehyung jusqu'au bout tu risques d'en voir des dizaines, bien plus que tu ne pourrais l'imaginer. Alors crois-moi, celui-là n'est pas une menace. »

Yoongi continuait de me regarder avec insistance. Je savais ce qu'il voulait que je dise, il voulait que j'abandonne ce rituel, mais aussi que je laisse tomber la demande que je lui avais faite par la même occasion. Et présentement, il ne voulait pas laisser un de nous seul. Je laissai couler mon regard vers Jimin qui affichait un regard déterminé, Lenka à son épaule qui me regardait avec attention. J'évitais celui de mon gardien, qui m'avait blessé par ses propos tout à l'heure.

Je réfléchissais à une solution, voyant leurs regards insistants sur ma personne.

« Souhaites-tu rester ici, Yoongi ? »

J'ignorais le regard scandalisé de Jimin et me concentrai sur celui, bleu pâle, de Yoongi.

« Je me plierai à vos desseins. »

Il ne m'aidait guère en apparence, mais quand je vis la lueur légèrement brillante dans son regard froid, je compris qu'il voulait parler de bien plus, il parlait de ma demande de sacrifice.

Je ne savais pas si ça me rassurait ou si cela m'effrayait.

« Accordons-nous le temps du bain pour nous décider, mais je ne tiens guère à te laisser seul avec Lenka ici Jimin.

- J'ai vécu pendant plusieurs années ici, je peux très bien attendre votre retour.

- Sauf que si tes prédictions sont exactes, ce qui est fortement probable, tu risques de recevoir la visite d'autres dragons. S'ils découvrent cette ancienne demeure dans leur pèlerinage tu risques d'être en forte mauvaise posture.

- Alors faites en sorte de terminer ce rituel rapidement pour leur ordonner de rejoindre leurs territoires d'origine. Et puis de toute façon ce n'est pas avec une personne en plus ici que l'on pourrait sauver quoique ce soit, ricana-t-il.

- C'est évident, déclarai-je avec fermeté. Mais il faudra quelqu'un qui puisse te résonner de quitter cet endroit si le danger arriverait jusqu'à tes portes. »

Il ne sut quoi répondre à ça, alors j'en profitais pour mettre un terme à cette réunion, et quittai la salle dans l'optique d'achever les préparatifs, en commençant par nos bagages. J'avais pris les plus grandes précautions avec l'œuf, il était enroulé dans le poncho d'Hoseok, lui-même dans un sac de toile que je portais en diagonale contre mon torse pour l'avoir toujours à l'œil. Plus le temps passait, plus il était chaud dans mes mains, si chaud que Jimin ne pouvait pas le toucher sans se brûler contrairement à moi qui y étais insensible.

« Pourquoi tu ne m'as pas dit que l'autre venait avec nous ? »

Je soupirai, agacé par le ton capricieux qu'avait emprunté Jungkook. Rancunier, je répondis sèchement :

« Je ne vois pas pourquoi cela te surprend, tu l'as dit toi-même. Je suis incapable d'y arriver. »

Il fut silencieux, me donnant envie de quitter cette pièce. Je me tenais dos à lui, et m'efforçai de me concentrer sur les sangles de mon sac.

« Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire », souffla Jungkook.

Je serrai la mâchoire, toujours profondément agacé.

« Mais c'est de ta faute aussi !, s'exclama-t-il soudainement. Tu ne m'avais pas dit pour Yoongi, et après tu lances que tu veux y aller seul ! Comment je me suis senti à ton avis ?

- Arrête de te chercher des excuses, tu aurais pu te contenter d'accepter que Yoongi vienne. Il a autant sa place dans cette quête que toi.

- Tu le préfères à moi c'est ça ?! », cria-t-il.

Je n'en revenais pas, je ne comprenais pas comment il pouvait songer à ça après tout ce que nous avions vécu ensemble, et même ce que nous étions en train de partager.

« Tu crois que je ne t'ai pas vu en train de t'isoler avec lui, pour lui confier des choses que je n'ai pas le droit de savoir ?, continua-t-il d'une voix plus tremblante. Tu crois que je ne t'ai pas entendu quand tu lui as dit... »

Mon cœur rata un battement, et je dus prier pour qu'il ne s'agisse pas de ma requête. Je l'entendis alors pousser un gémissement mélangé à un sanglot et je dus me retenir de le gifler pour le punir de se mettre dans des états pareils, ou de le prendre dans mes bras.

« Quand je lui ai dit quoi ?, je tentai d'une voix plus douce qui masquait ma nervosité.

- Tu lui as dit que tu l'aimais !, explosa-t-il. Tu ne me l'as jamais dit, pas même lorsque je t'ai offert la bague, pas même lorsque nous nous sommes embrassés ! »

Je me retins de pousser un soupir de soulagement quand je compris de quoi il s'agissait.

« Mais Jungkook, j'ai de l'affection pour lui tout comme j'en ai pour Jimin, mais tu sais très bien que tu représentes quelqu'un d'autre à mes yeux, avec une affection différente. »

En vérité, mon cœur me hurlait que j'étais fol amoureux de lui, alors que ma raison me disait que mon cœur était bien trop ignorant en la matière pour savoir ce que j'éprouvais pour lui. J'étais persuadé que mon cœur avait raison, mais j'étais terrifié de lui avouer mes sentiments. Et je pense que le pire dans cette histoire, c'est que je n'étais pas tellement effrayé de sa réaction, mais bel et bien de la mienne, parce que plus le temps passait plus je trouvais mon comportement terrible avec lui.

Je ne devais pas me rapprocher ainsi de lui pour ensuite m'ôter la vie, c'était bien trop cruel.

Et quand il se rapprocha de moi, mon cœur se serra de frustration quand je fus incapable de l'écarter de moi lorsqu'il me prit dans ses bras en me murmurant à quel point il était désolé d'être ainsi jaloux.

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Nous avions fini nos bagages, et nous étions rassemblés tous les quatre dans le grand bain souterrain de Jimin. L'endroit était agréable, éclairé par des boules lumineuses orangées qui soulignaient la vapeur générée par l'eau chaude du bain. Lenka avait su réchauffer cette cavité humide par ses flammes, et je pouvais dorénavant avancer dans le grand bain sans ressentir de fraîcheur. Jimin et Jungkook s'amusaient à nager, parfois même sous l'eau pour rejoindre d'autres parties de cette cavité inaccessible par la roche au dessus-de nous.

De mon côté, j'essayais de détendre mes muscles avant le grand voyage. Yoongi m'avait proposé de me masser mais j'avais dû refuser poliment, ne voulant pas créer de nouveau une crise de jalousie. J'avais essayé d'ailleurs de le rejoindre, avant de me souvenir que je ne savais pas aussi bien nager que lui, mes mouvements étaient purement instinctifs, ou alors j'essayais de copier les mouvements de mon gardien, en essayant de ne pas trop dévisager son corps trop bien bâti.

« Votre corps s'est endurci depuis notre première rencontre, me complimenta Yoongi.

- Et bien plus depuis que j'ai quitté le château, je remarquai en souriant.

- J'imagine ! En tout cas cela va vous être pratique pour le voyage qui vous attend, vos jambes devront vous porter jusqu'au bout.

- Tout comme les tiennes », je lui fis remarquer en lui lançant un regard entendu.

Il sembla mal à l'aise, et jeta un coup d'œil pour vérifier où étaient Jimin et Jungkook, avant de se pencher vers moi.

« Je persiste à dire que ce n'est pas une bonne idée, je suis sûr qu'on peut trouver un autre moyen », chuchota-t-il.

Je savais qu'il me dissuaderait jusqu'au bout.

« Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure, souhaites-tu rester ici ? »

Il fronça ses sourcils discrets :

« Même si je le voulais, ce ne serait pas compatible avec la quête.

- Donc tu aimerais rester », je fis pour qu'il arrête de tourner autour de son véritable souhait.

Je vis ses joues rosir, et ne fus guère étonné. Avec le temps, j'avais su lire son affection envers notre hôte. Mais alors que j'avais cette confirmation indirecte, je me sentis inconfortable. Yoongi était la personne parfaite à qui demander ce genre de requête, parce qu'il était seul, et parce que je lui faisais confiance. Mais la donne changeait s'il venait à s'éprendre de Jimin. Mon instinct me disait qu'il ne me tuerait pas, mais d'un point de vue extérieur il pourrait être celui qui aurait mon sang sur les mains, surtout que je n'avais aucune idée de ce qui pouvait se passer après cette fin. Je ne voulais pas qu'il ait ce poids aux yeux des autres.

« Bien, reste ici Yoongi, je murmurai en me demandant comment j'allais pouvoir faire pour le remplacer.

- Mais...

- Tu restes ici et c'est tout, nous vous rejoindrons quand tout sera terminé. »

Yoongi s'empara de mon bras, projetant des gouttes d'eau autour de nous.

« Taehyung... Vous croyez vraiment que j'ai envie de vous laisser partir alors que je sais ce que vous voulez faire ?

- Je te demande de me faire confiance.

- Jungkook ne le supportera pas.

- Je sais. »

Ma gorge était terriblement nouée, mais je devais contrôler mes émotions.

« Il me haïra très certainement si je réussis cette épreuve et que je vienne à être seigneur dragon.

- Il voudra peut-être même vous rejoindre dans la mort pour vous tuer de ses propres mains.

- Je ne vais pas mourir.

- Vous n'en savez rien, c'est imprudent de mettre autant en jeu pour un instinct.

- J'aurais pu mourir des dizaines de fois depuis que j'ai quitté le château.

- Alors ne gâchez pas votre chance, ne mourrez pas. »

Il s'empara de mon deuxième bras pour me mettre face à lui, son torse nu blanc devenant visible.

« Promettez-moi de rester en vie. »

Je dus me mordre la langue pour ne pas lâcher un sanglot de panique.

« Revenez-nous, Taehyung. »

Il caressa mes doigts avec une sorte de tendresse qui me serra le cœur. Tout devenait solennel et cela m'effrayait.

« Je reviendrai, je te le promets. »

Nous ne restâmes pas longtemps ainsi, car je craignais que Jungkook vienne par ici et interprète mal nos gestes. Je me savonnais alors, appréciant les parfums entêtants des savons de Jimin avant de m'éloigner pour essayer de nager un peu. Mais alors que j'allais atteindre l'autre bout de cette immense cavité, je sursautai en voyant une ombre passer en dessous de moi et m'agripper le pied, me tirant vers le fond. Je n'eus à peine le temps de prendre une longue inspiration avant de me laisser entraîner sous l'eau.

D'abord paniqué, je me détendis quand je distinguais les traits du visage de Jungkook qui semblait bien s'amuser de la situation, et voulus lui crier mon scandale, mais seules des bulles sortirent de ma bouche. Son visage se fit rieur, et il s'approcha de moi, son visage paraissant irréel sous l'eau, et s'empara de mon visage avant de poser ses lèvres sur les miennes, et d'ouvrir la bouche, me surprenant. Il sembla expirer dans ma bouche, me soufflant de l'air, et de petites bulles vinrent chatouiller mes joues. Nous nous séparâmes avec précaution, et nous nous observâmes ainsi quelques instants. Son visage un peu enfantin semblait plus dur sous l'eau, mais curieusement plus détendu aussi, et son corps encore plus tentateur. L'eau rendait ses mouvements gracieux, sa peau reflétait la légère lumière qui nous venait de l'extérieur mais paraissait plus pâle que d'ordinaire, et j'avais terriblement envie de la toucher tant elle paraissait lisse et douce.

Mais l'air nous manqua finalement et nous fit remonter à la surface. J'inspirai alors une longue goulée d'air avec plaisir, mais sursautai en voyant les deux silhouettes de Jimin et Yoongi debout, en train de s'essuyer.

Cela marqua l'heure du départ dans ma tête, et mon rythme cardiaque s'accéléra désagréablement.

« Vous pouvez rester encore un peu, je vais préparer les chevaux, mais ne traînez pas trop », déclara Yoongi en m'offrant un sourire crispé que je lui rendis.

Je n'osais pas regarder vers mon gardien, et attendis que Jimin et Yoongi franchissent la porte pour me retourner vers lui, mais je n'eus pas la possibilité parce qu'il avait plaqué mon dos contre son torse, enroulant ses bras autour de ma taille.

« Je ne veux pas que tu partes Taehyung », murmura Jungkook à mon oreille après un instant, avant de poser sa tête sur mon épaule, son souffle chatouillant ma peau mouillée.

J'avalais difficilement ma salive, et laissai ma tête partir en arrière contre lui. Ça y est, je sentais la panique et l'urgence m'envahir, voulant me faire fuir d'ici mais aussi me paralyser.

« Tu seras avec moi cette fois-ci, j'articulais.

- Mais tu ne seras pas vraiment avec moi, ton esprit ne va être qu'accaparé par cette cérémonie.

- Mon destin va se jouer, c'est normal, répondis-je calmement en caressant ses doigts.

- Oui... Ton destin. »

Sa voix soudainement plus faible m'alerta et je luttai pour lui faire face, avant de me rendre de mon erreur.

Nos bassins venaient de se rencontrer, et un frisson commun nous fit trembler de plaisir, et d'envie.

Or ce n'était guère le moment.

Mais cette voix mourut lorsque nos regards se rencontrèrent.

Et comme si ce simple toucher avait pu rediriger la tension provoquée par mon angoisse vers celle qui existait entre Jungkook et moi, l'air devint plus lourd, sa silhouette suave et mon esprit brumeux.

Les pupilles noires de Jungkook me firent oublier notre conversation, et ses lèvres qui fondirent sur les miennes ne m'aidèrent pas. Il me dévora la bouche, et je parcourais fébrilement son corps de mes mains, n'en pouvant plus de seulement l'observer. Je fis glisser d'abord mes mains sur la peau mouillée de son dos, étonné de sa douceur suave, avant de descendre dans le creux de son dos, où je sentais légèrement sa colonne vertébrale se dessiner sous la pulpe de mes doigts, tandis que lui agrippait sauvagement mes cheveux, les emmêlant sans que nous en ayons quelque chose à faire.

C'est comme si toute la pression accumulée autour du voyage drainait nos membres, nous poussant à nous toucher, à nous rapprocher toujours plus, à faire sortir toute cette tension de nos corps. J'étouffais tout autant que j'avais l'impression de respirer véritablement. Mes reins étaient en flammes, me faisant presque pleurer de frustration.

Je pris alors l'initiative de faire descendre encore mes mains, et l'entendis gémir contre mes lèvres alors que je rapprochais encore nos bassins. Ce son m'électrisa et je dus briser notre baiser pour reprendre mon souffle chaotiquement sur son épaule, mais sa main qui quitta ma nuque pour descendre à son tour ne me facilita pas la tâche.

« Jungkook...

- Hum ? », fit-il en léchant mon cou, empirant mon état.

Il commença alors des mouvements contre moi qui me firent rougir et gémir simultanément.

« Je... Je brûle... Jungkook. »

Je l'entendis glousser contre mon oreille alors qu'il continuait ses frictions délicieuses, mais il enleva sa main de mes cuisses pour la placer autour de nos entrejambes douloureuses.

« Alors brûlons ensemble, mon amour », susurra-t-il à mon oreille sensible.

Ce surnom combiné à ce toucher intime réveilla une fougue en moi, et j'agrippai à mon tour ses cheveux mouillés pour l'embrasser passionnément, mais m'arrêtai vite en me rendant compte de ce qu'il était en train de me faire. Je peinais à respirer, la vapeur de la pièce était à l'image de mon esprit, voilé de chaleur. J'avais l'impression que son touché pouvait me faire mourir de plaisir. Ses gestes étaient doux et fermes, nous faisant trembler de plaisir l'un contre l'autre, et raccourcissaient nos souffles petit à petit.

Je sentais quelque chose grandir en moi, quelque chose me consumer et me donner le tournis. Je sentis alors le souffle de mon gardien sur mon oreille.

« Viens », gémit-il dans un souffle.

Et comme si cette simple phrase suffisait, je me sentis partir et ne me rendis pas tout de suite compte que je venais de lâcher un gémissement plus fort que les autres, déversant enfin toute cette tension hors de moi. Mon corps me parut soudainement faible, ainsi ma prise sur Jungkook faiblit, jusqu'à ce que je laisse tomber mes bras contre mon corps, épuisé. Je n'avais jamais connu cette sensation, et mon cœur en fut tout éprouvé.

Jungkook reprit ses esprits plus rapidement que moi, et vint me prendre dans ses bras tendrement.

Tout s'était passé si vite, et si intensément, que je ne réalisais pas tout de suite ce qui venait de se passer.

Et quand je me rendis compte que je venais de me rapprocher bien trop de lui, j'éclatai en sanglots, faisant sursauter mon gardien.

« Taehyung ? »

J'étais stupide, tellement stupide. Je venais de me rendre encore plus cruel avec lui, j'étais égoïste. Le son de sa belle voix m'appeler renchérit mes pleurs, et je me maudis de me cramponner à lui alors que ça renforçait ma culpabilité de me servir de lui comme réconfort.

« Je suis désolé, pardonne-moi mon amour, je me suis laissé emporter. »

Pourquoi fallait-il que chacune de ses phrases me fasse me sentir de plus en plus minable ?

« Ce n'est pas... C'était parfait... Ce n'est rien... Ne t'inquiète pas... Je t'aime. »

Je lâchai des bouts de réponses au milieu de mes sanglots, et mon esprit s'emmêlait. Mais quand je sentis le corps de mon gardien trembler et reculer pour me regarder de ses yeux noisettes brillants, je mesurais ce que je venais de lui dire.

« Je t'aime Jungkook », répétai-je d'une voix étranglée.

Il observa mon visage, si bien que j'avais l'impression qu'il peignait mes traits de ses iris. Je n'avais jamais vu ses yeux tirant autant vers le doré, c'était magnifique. Mes pleurs se dissipèrent lorsqu'il tendit sa main mouillée sur ma joue, remplaçant les sillons salés par l'eau du bassin souterrain. Puis un sourire étira ses lèvres toujours rougies par nos baisers, dévoilant ses dents un instant. Mais je n'eus pas le loisir de le voir très longtemps puisqu'il me serra de nouveau dans ses bras, frottant mon dos et embrassant ma tempe.

« Je suis si heureux Taehyung, si tu savais. Je voulais te l'entendre dire, au moins une fois. »

Les larmes reprirent leur chemin sur mes joues quand je sentis sa voix trembler.

« Je n'aurais jamais pu rêver plus bel anniversaire, ma petite Perle, continua-t-il en reniflant. Nous avons fait notre propre cérémonie à nous deux. J'aimerais tellement que la source des dragons soit ici, et que ce soient tes larmes qui suffisent à satisfaire ce maudis rituel, des larmes causés par ton sacrifice de ta fierté. Tu t'es enfin décidé de lâcher prise et maintenant tu es en train de réaliser ce que cela veut dire, et tu commences à sentir ce poids oppresser ton cœur. »

Il pressa sa main sur ma poitrine alors que je continuais à pleurer.

« Mais ne t'inquiètes pas, mon amour. Ce genre de poids est un poids que nous partageons, et qui s'allègera avec le temps quand nous deviendrons plus forts ensemble. »

Ces mots me touchaient cruellement, et je ne savais pas comment être aussi loquace pour lui répondre. J'enfouis alors ma tête dans son cou en le serrant contre moi, mes larmes se multipliant.

Nous restâmes un moment ainsi, le temps que je sèche mes larmes, et je me détachai de lui, inspirant longuement avant de verrouiller mon regard au sien.

« Alors soyons forts ensemble, Jungkook. »

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« J'ai vérifié, tout est en ordre, m'assura Yoongi.

- Et bien je suppose que nous pouvons y aller. »

Il hocha la tête d'une manière raide, alors que Jimin avait les lèvres pincées.

« Allons ne tirez pas cette tête là, tenta de plaisanter Jungkook. Je comprends que vous soyez déçus de ne pas voir autant de dragons que nous, mais vous en reverrez plus tard, peut-être.

- Petit arrogant », pouffa Jimin.

Ils se regardèrent longuement avant de se prendre dans leurs bras, fraternellement. Je crus voir les yeux de notre hôte devenir brillants.

« Tâche de rester en vie, hum ?, continua-t-il.

- Il en va de même pour toi, mais bon on te laisse quelqu'un qui veillera sur toi, railla mon gardien.

- Comme si j'avais besoin d'un albinos.

- Ce surnom commence à me lasser, Nain », répliqua le nommé avec un sourire onctueux.

Je ris discrètement devant ces gamineries qui dénotaient de la gravité de notre position. Je croisais le regard bleu de Yoongi, et finit par le prendre aussi dans mes bras.

« N'oubliez pas Taehyung, revenez-nous », me chuchota-t-il en me tenant par les épaules.

J'hochai la tête, la gorge toujours nouée, puis me tournai vers Jimin. Je caressai doucement les écailles de Lenka, qui devait rester avec lui, avant de m'adresser à lui :

« Aucune parole ne saurait te remercier suffisamment pour tout ce que tu as fait Jimin, je ne l'oublierai pas.

- Revenez me voir quand votre dragon aura éclos », me sourit-il.

Je le pris dans mes bras brièvement, avant de fuir ces embrassades pour monter sur mon cheval. Jungkook m'imita et nous prîmes rapidement la route, adressant des signes de mains à nos compagnons. Je m'aidais de la perle de ma mère autour de mon cou pour guider mon cheval alors que nous galopions, et je m'assurais que celui de Jungkook suivait. Notre objectif était de rejoindre la forêt avant que le jour ne se lève, car les plaines qui bordaient le domaine de Jimin nous exposaient beaucoup trop.

Nos chevaux galopèrent pendant une bonne demi-heure, avant que je ne décide de calmer le rythme pour également soulager mon gardien qui peinait de me suivre dans le noir. La nuit était froide et je me félicitais d'être revêtu d'une cape chaude.

Nous continuâmes notre route au trot, puis au pas, avant de faire une pause pour donner à boire aux chevaux. Je sentais que la nuit était bien avancée, mais heureusement pour nous la silhouette noire de la forêt convoitée se dessinait dans la nuit.

A la fin de cette courte pause, Jungkook m'avoua qu'il aimerait dormir contre moi, et qu'il avait froid. J'avais gloussé, voyant bien où il voulait en venir, et nous déplaçâmes mes sacs, sauf l'œuf, sur l'autre cheval pour alléger le mien, et nous prîmes bien soin de lier solidement les brides avec de la corde.

Avoir sa chaleur contre moi fut effectivement agréable dans cette nuit froide.

Nous restâmes ainsi enlacés en espérant que l'aube n'arrive jamais.

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Bonsoir chers lecteurs,

J'espère que vos rentrées se sont bien passées ! En ce qui me concerne c'était plutôt calme alors j'en profite pour publier avant que la tornade de travail arrive...

Prenez soin de vous,

- Celebriel -