Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

▬ 39 ▬ Revenant ▬▬▬


« Allez Taehyung, lève-toi. »

Je me retournai dans mon lit, évitant la boule de poils qui me poussait le torse de son museau. Je refusais de quitter ce lit, j'avais l'impression que si je le quittais alors je devrais affronter la dure vérité, que j'affirmerais que tout cela était réel. Le jeune loup avait bien lu dans mon esprit lorsque j'étais rentré et avait couiné de tristesse pendant un certain temps, mais semblait dorénavant reprendre du poil de la bête.

« Cet idiot avait déclaré Jungkook mort une fois, et que s'était-il passé ? », me dit Mïro en me léchant la joue.

Bien sûr que je me rappelais ce qui s'était passé, comment oublier son corps traversé par les coupures et brûlures ? Mais il avait survécu.

« Exactement ! Et je suis sûr que cette fois encore il est vivant, tu ne peux pas te laisser aller alors que tu n'es sûr de rien ! Moi je sens qu'il est toujours vivant, je le sais ! »

Mïro...

Le jeune loup se coucha contre moi, et je me blottis contre son corps, enfouissant ma tête dans son poitrail blanc. Je dégageai quelques petites épines de sapin qui s'étaient infiltrées dans ses poils, et me promis de lui donner un bain sous peu.

«Oh oui ! Mais seulement si tu te laves aussi, c'est pas juste que je sois mouillé tout seul. »

Je ris doucement et lui caressais encore son pelage, me sentant un peu mieux. Il avait peut-être raison après tout, Jungkook s'en était toujours tiré. Il ne fallait pas que je le pense mort comme l'autre fois.

Mais qu'en était-il des villageois ? Je fermai les yeux en sentant l'horreur m'envahir de nouveau, mais ce fut une mauvaise idée car des images de corps calcinés s'emparèrent de ma vision et me donnèrent la nausée.

« Attends de voir ton oncle, ce n'est peut-être pas si terrible.»

J'acquiesçai en serrant un peu plus Mïro contre moi, et crus l'entendre soupirer.

Le lendemain, je me rendis compte que je m'étais endormi ainsi, contre lui. Il avait cependant décampé et je m'étonnais de ne pas l'apercevoir dans le jardin. Peut-être qu'il était dissimulé en train de courir après un quelconque mulot dans le jardin.

Je décidai alors de me laver, essayant d'effacer les traces de désespoir qui tatouaient ma peau dans mon subconscient. Pourtant je ne pouvais ignorer la phrase que Jungkook m'avait répétée dans mon sommeil. Ils arrivent. Il me l'avait murmuré, susurré, crié, hurlé à mes oreilles lors de mes songes, et je ne pouvais m'empêcher de faire des liens avec cette nouvelle.

Je secouais la tête alors que je sentais les larmes monter et plongeais ma tête sous l'eau pour tenter de me concentrer sur autre chose. Je restais quelques instants ainsi, ma respiration bloquée, puis remontais en inspirant longuement. Le contact tiède du métal de la baignoire m'aida à me décrisper petit à petit, sans pour autant me détendre.

Surtout que j'avais soudainement l'impression d'être observé.

J'ouvris alors mes yeux, et sursautai en rencontrant les yeux vifs de mon jeune loup. Qu'est-ce qu'il faisait ici à m'attendre ?

« Ton oncle vient de rentrer. »


░░░░░░░░░░░░░░░░░


Je déambulais dans le couloir menant jusqu'aux appartements de ma mère au pas de course. J'avais à peine vérifié mon allure dans le miroir, bien trop pressé de retrouver mon oncle.

Je frappai à sa porte avec empressement, Mïro à mes pieds, et attendis que ma mère m'ouvre pour lui prendre les épaules et lui demander :

« Où est mon oncle ? »

Elle me sourit, un sourire certes triste quand elle vit l'état de mon visage, certainement encore marqué par le chagrin et la détresse, mais elle caressa mes mèches de cheveux encore humides en se décalant pour me laisser entrer.

« Tu as bien grandi. »

C'est alors que je le vis.

Debout face à moi, portant une armure qui n'avait certainement pas eu le temps d'enlever, un air fatigué mais un sourire franc révélant des fossettes sur ses joues marquées par une légère barbe par manque de rasage.

Il ne m'en fallut pas plus pour que je me précipite vers lui, enserrant mes bras autour de sa taille. Des larmes de joie cette fois-ci coulèrent alors que le rire discret de mon oncle résonna comme une musique à mes oreilles. Il répondit à mon étreinte chaleureusement, pressant mon dos de sa main en faisant des cercles lents, et pressant ma tête contre son cou de l'autre. Il m'avait tellement manqué.

« J'ai cru... Que je ne te verrais plus jamais... J'ai cru... Que tu étais mort... Ce jour où... »

J'étais incapable de continuer et sanglotai contre oncle Namjoon qui me serrait davantage contre lui.

« Tout va bien mon grand, ils ne m'ont pas eu. Et ils ne t'auront pas, je te le promets. »

Il desserra notre étreinte et nous conduisit à la table de ma mère, qui s'assit en même temps que nous deux. Alors qu'il me servait un verre de vin, je pus détailler son visage avec une mélancolie non feinte. Il n'avait vraiment pas changé. Cependant, je pus observer avec un certain étonnement qu'il n'avait pas une seule égratignure, juste de la poussière sur son visage et ses vêtements. Il sembla percevoir ma curiosité puisqu'il prit la parole :

« Ces scélérats sont repartis vers leur chef, je suppose qu'ils ne s'attendaient pas à voir une armée venir à leur rencontre. »

Je fronçais les sourcils, bien trop étonné. C'était étrange qu'une armée ait fait ce chemin pour repartir aussi vite. Une question me taraudait cependant, et j'attendis que mon oncle me fasse un sourire encourageant pour me lancer :

« Qu'en est-il... Des flammes ?, j'articulai d'une voix rauque.

- Taehyung ?, s'étonna ma mère.

- Ils sont partis après le bûcher », dit Namjoon en me jaugeant du regard.

Mon cœur se serra douloureusement, et je sentis désagréablement les larmes me monter à nouveau. Mon oncle m'observa avec surprise, et sembla vouloir que je lui fournisse des réponses, mais j'en étais incapable, les mots me restant coincés dans la gorge. Je me reculais encore un peu, des idées noires revenant au galop. Ma mère se permit alors de prendre à son tour la parole.

«L'essentiel est qu'ils soient partis. Es-tu sûr qu'aucun espion ne vous a suivi jusqu'ici ?

- Aucune personne n'étant pas liée par un contrat n'aurait pu passer les portes de la ville.

- Tout de même, soupira ma mère. C'était imprudent de vous montrer et de partir directement après, ils auraient pu vous suivre jusqu'aux portes.

- S'ils ne passent pas les portes ils seraient probablement envoyés aux geôles de la ville et interrogés. Ne t'inquiète pas Sowon, tout va bien.

- Tout va bien ? Ils viennent de brûler le camp des dresseurs d'oliphant en une poignée d'heures, ce n'est pas à prendre à la légère. »

Cette remarque sonna comme une claque à mes oreilles et je me permis de réagir :

« Et les habitants ? »

Oncle Namjoon me regarda avec un air peiné, et posa la main sur mon épaule en disant :

« Je l'ignore mon grand, mais si l'armée a fait demi-tour c'est qu'il n'y avait plus de résistance de l'autre côté. »

Je sentis ma gorge se serrer à son tour et baissais la tête en espérant que ni l'un ni l'autre ne saisisse l'expression de mon visage. Je devais demeurer fort et garder espoir, comme me l'avait dit Mïro.

« Taehyung, j'aimerais m'entretenir de certaines choses avec ta mère, me dit alors mon oncle.

- Bien, je toussai en sentant que ma voix était bien plus rauque que je pensais. Je vais... Je vais vous laisser.

- Je passerai te voir plus tard. »


░░░░░░░░░░░░░░░░░


Je n'avais pas attendu Oncle Namjoon, je m'étais passé de l'eau sur le visage dans ma salle de bains avant de rejoindre le terrain d'entraînement. Le ciel était bleu, dénotant avec la brume qui s'épaississait de plus en plus dans mon esprit. Je vis avec un certain contentement Kai qui était présent, lequel me fit un geste.

J'avais bien sympathisé avec lui depuis notre premier face-à-face. Il ne me posait pas de questions sur qui j'étais, d'où je venais, et ça nous allait parfaitement tous les deux. Je ne me montrais pas non plus curieux à son égard.

Alors que je m'emparais de mon arme, en pensant qu'il fallait que j'évacue toute la frustration sur ma situation, toute ma haine envers ce GD ou je sentais que cela allait me détruire.

C'est ainsi que notre entrainement se fit agressif. Kai semblait d'abord étonné mais il me suivit petit à petit. Je passais clairement mes nerfs lors de ce face à face, si bien que Kai tombât de nombreuses fois, mais c'était lui qui arrivait toujours à me désarmer au final. Mais je n'en avais que faire, l'idée que le village d'Hoseok ait pu brûler comme ça me retournait la tête. Alors que nos lames s'entrechoquaient violemment, je revoyais avec rage le visage souriant qui me parlait de ses projets d'avenir avec ses enfants. Alors que nous nous tournâmes autour en fouettant le sable du terrain d'entrainement, je revoyais l'aubergiste qui m'avait fourni un panier repas fourni avec un enthousiasme.

Toutes ces personnes...

Le feu...

« Ah ! »

La lame de Kai m'entailla la poitrine et je tombai au sol sur le coup avant même de comprendre ce qui m'arrivait.

« Désolé Tae', ça va ?

- Hum..., je grognai.

- Attends, je vais te soigner ça. »

Je m'emparai de sa main tendue, alors qu'une sensation de picotement fourmillait au niveau de la plaie. Elle n'était pas importante, Merlin soit loué, sinon j'aurais dû cacher une cicatrice. Je suivais mon camarade d'épée aux limites du terrain entraînement, où des tables étaient disposées avec des soins et bandages.

« Ici on apprend à se soigner nous-mêmes, m'indiqua Kai.

- C'est une bonne chose j'imagine, je commentai. Sur un champ de bataille vous pouvez soigner correctement vos camarades et vous-mêmes. »

Il acquiesça et m'invita à m'asseoir sur la table. Alors qu'il s'abaissait et passait un linge mouillé pour dégager la plaie sanguinolente, je serrai les dents et me concentrai sur les environs.

Je regardai d'abord les autres habitants de la cité se battre, puis plus au loin je vis des hommes et femmes étendre de longs draps blancs en hauteur, près de la demeure du souverain Oh. Encore plus loin dans les hauteurs, j'arrivais à discerner des enfants jouer près de la cascade qui divisait la cité en deux. C'est alors que Kai m'appliqua un onguent qui me brûla la chair que mon regard voulut revenir vers lui.

Cependant un regard noisette dans le lointain avait intercepté le mien et m'avait perturbé.

Avais-je rêvé ?

Je voulus le retrouver parmi le paysage qui m'était offert, je désirais rencontrer ces prunelles familières mais je ne les retrouvais pas.

« Fini ! »

L'exclamation de Kai m'interrompit de nouveau et je fronçai les sourcils en ne trouvant pas ce que je cherchais.

« Je pense qu'on en a fini pour aujourd'hui. Tu devrais prendre un bain et te détendre Tae, t'avais l'air énervé.

- Désolé je ne voulais pas m'acharner comme ça. »

Il me regarda avant de rire et de m'ébouriffer les cheveux avec ses poings, que j'éloignai en finissant par rire tout de même en grimaçant .

« T'inquiètes pas pour ça, c'était assez marrant au final. »

Je roulais des yeux alors qu'il s'écartait en me faisant un signe de main, insensible à mon trouble intérieur.

Je commençais à envisager que je devenais fou. Fou d'un souvenir.

Je soupirais, et descendis doucement de la table, grimaçant quelque peu à cause de la plaie encore fraîche. En quittant le terrain, je n'oubliai pas de déposer l'épée auprès de la femme responsable du terrain d'entraînement. C'était une femme à la chevelure noire avec des yeux de félins, et redoutable avec une épée. Je l'avais vu désarmer trois hommes à elle seule lorsqu'elle avait voulu rejoindre l'entraînement. Je plaignais sincèrement ceux qui se retrouvaient face à elle sur un champ de bataille.

Je la saluais poliment avant de rejoindre ma chambre d'un pas plus lent que d'habitude. Je ne pouvais pas m'empêcher de jeter des regards avec plus de considération envers chaque personne que j'apercevais.

Je fus déçu de ne croiser quasiment personne jusqu'à la porte de ma chambre, et encore plus quand je ne vis pas Mïro, même dans le jardin. Je parcourus longuement les allées végétalisées, me demandant où le jeune loup avait pu partir. Je n'aimais pas trop l'idée qu'il s'en aille sans moi, il fallait tout de même que je le surveille. J'imagine que les grands loups blancs ne passaient pas inaperçus dans les rues de Terebell.

La lumière du soir envahissait le ciel, offrant un dégradé d'oranges magnifique. Je restai alors quelques instants ici, à observer ce phénomène éphémère. Cependant, mes souvenirs ne pouvaient me laisser en paix lors de pareille occasion.

J'avais souvent associé les cheveux d'Hoseok avec l'astre solaire, pourtant alors que je voyais ces teintes rougeoyantes, une vision de flammes s'empara de mon esprit, des flammes embrasant le ciel pour fondre sur la cité.

Mon corps trembla à cette vision, et je fermai les yeux en me retournant vers ma chambre. Je me dévêtis avant de me laver sommairement, voulant avant tout enlever la transpiration désagréable sur ma peau, mais aussi cette sensation de brûlure.

Ainsi nu, je pris le temps de contempler encore cette perle qui ne quittait plus mon cou. Comment une si petite chose pouvait-elle avoir une place aussi importante dans toute cette histoire ? Je soupirai, en me rendant compte que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre pour la suite des évènements.

Je passai par la suite un linge blanc et retournais dans ma chambre. Je vis avec un œil appréciateur qu'un repas avait été dressé sur la petite table. Cela me fit rappeler que ma mère m'avait indiqué que nous allions rejoindre la table de monsieur Oh sous peu, comme il était revenu de la bataille aux côtés de mon oncle.

Du bleu.

Ce détail sur le plateau dressé m'arrêta alors que mon cœur commençait à battre un peu plus vite. Je m'approchai, lentement, vers le petit vase en étain qui était posé à côté de mon verre, et saisis du bout des doigts une tige des fleurs bleues, de la même espèce que j'avais donné à Jungkook lorsqu'il était souffrant.

Mon cœur bondit dans ma poitrine alors que l'espoir dégoulinait de mes veines. Il fallait que j'en ais le cœur net. Ce regard de cet après-midi, maintenant ceci. Je ne voulais pas laisser passer à côté de ça.

J'enfilais alors en quatrième vitesse une tenue plus décente avec la dague de mon père, au cas où, et abandonna mon repas pour courir dans les rues de Terebell avec une destination en tête. Les cuisines.

Je savais où ces dernières demeuraient. Un jour, une fillette à la chevelure dorée m'avait demandé si je pouvais lui apporter des sucreries en échange de quoi elle m'offrirait un bouquet de fleurs très colorées qu'elle avait confectionné. J'avais réussi à négocier avec la cuisinière pour lui donner une petite brioche au sucre. Je souriais en me rappelant son air adorateur, les enfants de cette cité étaient pleins de vie.

Cependant, en cette soirée, je ne vis aucun enfant, probablement rentrés chez eux à cette heure. L'air était frais, mais j'y sentais une certaine pression. Je me disais alors que cela devait probablement venir de mon propre esprit tourmenté par la vue de ces fleurs si particulières.

Je reconnus malgré le début de la pénombre le bâtiment des cuisines, et y entrai sans hésiter, mes yeux ignorant les têtes étonnées qui m'entouraient pour chercher un regard en particulier. Je traversai la cuisine, parcourant les différents îlots où les cuisiniers avaient laissé leur travail pour me scruter. Une vieille femme, que je reconnus être la cuisinière en chef, s'avança cependant vers moi, et me demanda d'une voix nasillarde :

« Que faites-vous ici jeune Monsieur ? Vous n'avez rien à faire ici.

- Je cherche quelqu'un, je répliquai avec un sourire crispé.

- Quel genre de quelqu'un ? »

Je réfléchissais, incertain, et tentai de repeindre le portrait que j'imaginais.

« Un grand jeune homme avec une jambe blessée, la chevelure noire avec des yeux marrons clairs.

- Ça ne me dit rien, je regrette jeune homme. Vous devriez partir, les employés ont travaillé dur aujourd'hui pour le retour de l'armée. Nous avons besoin de repos.

- Je comprends bien, sûr ! Je suis désolé de vous avoir importunés, votre travail est admirable. Je vous souhaite une bonne soirée. »

Je m'inclinai légèrement avant de repartir des cuisines, la tête pesante. Je m'attendais à quoi après tout ? La gorge serrée, je rejoignis l'allée qui menait vers ma chambre, les pas trainant. Cette soudaine euphorie s'était évaporée pour se muter en une déception lourde, recourbant mes épaules et me faisant baisser la tête. Je repérai alors une fontaine et décidai de m'y installer, n'ayant pas le cœur à retourner dans ma chambre emplie de mes idées noires.

Les rues étaient silencieuses, pourtant la place était rythmée par le bruit de la fontaine qui laissait échapper un bruit apaisant. Je m'asseyais sur le rebord, et décidai de me pencher pour observer les ondulations qui s'éparpillaient sur l'eau, comme si j'étais soudain frappé par ce phénomène.

Je restai quelques minutes ainsi, en sentant mon esprit s'alléger. Pourtant un sentiment de lassitude m'étreint et je dus prendre sur moi pour ne pas frôler la crise de nerfs. Je devais demeurer fort après tout.

Je me levais après encore quelques minutes où je n'avais fait qu'observer les rues vides d'un œil vide, déserté de conscience. La nuit commençait à tomber, et la ville était illuminée par des boules de lumière bleutées, identiques à celles que ma mère m'avait maintenant appris à former. Il y en avait cependant de toutes les tailles, et en grand nombre, donnant une atmosphère onirique à la ville.

C'était dommage que les rues fussent désertes, les habitants devraient se délecter de ce spectacle merveilleux.

Mais, après tout, peut-être que les choses avaient été similaires à Stäfa.

Alors que je rejoignis mes appartements, je soupirai en me disant que cette sortie imprévue aura eu le mérite de m'avoir fait voir un spectacle lumineux magnifique.

Mon sentiment las revint et je voulus me débarrasser de mes vêtements pour pouvoir aller me coucher. Je supposais que je verrai Oncle Namjoon demain, j'avais tellement de choses à lui demander. Mais alors que je déboutonnais ma chemise de lin, je vis quelque chose de particulier sur la table d'écriture. En m'approchant, je pus distinguer un message qui me figea dans mes mouvements.

A ton tour, Kiki.

Mon cœur s'arrêta quand je parcourus cette ligne sur la feuille posée sur le bureau. Ma main effleura le papier recouvert d'encre, en espérant que les mots penchés ne disparaissent pas. Mais il n'en fut rien, alors cela provoqua une étrange décharge dans ma poitrine.

Il m'avait retrouvé.

Et c'était à mon tour de le faire.

Une énergie sans pareille parcourut mes membres et je me mis à courir dans ma chambre, pour vérifier s'il ne se cachait pas derrière un quelconque meuble, ou dans ma salle de bain. Je m'empressai aussi de parcourir le jardin, passant les allées au peigne fin. Mais il n'y avait pas un bruit, pas de mouvement, pas même de présence à mes côtés. Je devais chercher ailleurs.

En retournant dans ma chambre, je parcourus de nouveau du regard tous les meubles, essayant de calmer mes sens pour mieux me concentrer. J'inspirai longuement en fermant les yeux, puis recrachai l'air brûlant de mes poumons en les rouvrant.

La table avait été débarrassée de mon repas du soir. Mais les fleurs étaient restées, la lumière du soir accentuant leur couleur bleutée. Je m'y approchai et vis avec une certaine curiosité que la serviette de tissu était aussi restée avec elle.

Une serviette blanche, me rappelant des drapés que j'avais pu voir tantôt dans l'après midi.

Et si...

Cela pouvait ne rien à voir avec cela, mais peut être qu'il m'envoyait un indice pour le retrouver. Et puis ces yeux que j'avais cru croiser pendant que Kai me soignait...

Mais alors que j'allais me précipiter de nouveau hors de ma chambre, je m'arrêtai, mon cœur bourdonnant dans mes oreilles. Et si cette fois-ci était la bonne ? Qu'allait-il se passer entre nous ?

Ma tête trouva mon reflet dans un des miroirs de la chambre et je parcourus mon visage de mes yeux, comme si je voulais lui faire une forte impression. C'était ridicule, d'habitude, je ne me préoccupais que de mon apparence devant des étrangers pour faire honneur à mon père.

Ma peau avait légèrement bronzé depuis que nous nous étions quittés, et je pense avoir gagné en musculature, surtout au niveau des jambes et des bras. Cependant, s'il y avait quelque chose que je trouvais toujours autant atroce, c'était la coupe de Jungkook qui avait en plus repoussée, mettant en relief toutes les irrégularités de son travail.

Je secouai la tête, m'ébouriffant les cheveux en me disant que c'était parfait ainsi, et quittai ma chambre finalement. Je croisai le chemin de quelques soldats cette fois-ci, sûrement venus patrouiller alors que la nuit était tombée.

En passant la main sur ma ceinture, je m'assurai d'avoir toujours la dague de mon père avec moi, au cas où. Même si mon esprit avait toujours été pris par l'affaire avec le village brûlé, je n'avais pas du tout oublié la menace que Mïro avait détectée. D'ailleurs, je ne l'avais toujours pas revu, et j'espérais profondément qu'il aille bien. Si je ne venais pas à retrouver Jungkook à la blanchisserie, je me promis d'aller l'appeler dans les environs.

Il me fallut une bonne vingtaine de minutes pour escalader les marches qui me conduisaient jusqu'à la blanchisserie que j'avais pu entrevoir depuis le terrain d'entrainement. Cet exercice m'avait fait momentanément oublier pourquoi je le faisais, mais alors que j'étais devant la devanture, mon souffle lourd se coupa et je déglutis maladroitement.

J'observai quelques instants les environs avant de me lancer.

J'entrai dans l'endroit désert, et observai le linge empilé soigneusement sur des tables de bois. Il n'y avait de toute évidence personne ici.

Alors que j'allais faire demi-tour, une porte attira mon attention et je m'y dirigeai, la main toujours sur mon poignard au cas où.

La lumière de la lune m'attira instantanément, se reflétant dans les dizaines de draps blancs suspendus par des cordes dans la cour arrière de l'établissement, offrant une ambiance des plus étranges.

« Jung...Kook ? », j'hésitai.

J'entendis un imperceptible mouvement, devant moi, à peine étouffé par le bruit du vent qui faisait voler les longs draps.

Pendant un moment, je restai figé ainsi, le cœur battant, alors qu'une euphorie mêlée d'appréhension empoignait mon cœur.


Quelqu'un était là.


Je dégainai mon poignard par précaution et le pointais devant moi en avisant le premier drap me barrant la vue. J'inspirai longuement, essayant de calmer mon rythme cardiaque, et dégageai brusquement le linge de ma main libre.

Personne.

Je m'avançai alors prudemment, et laissais le linge retomber derrière moi. J'avais maintenant l'impression d'avoir atteint un point de non retour. Je savais que ça pouvait ne pas être Jungkook, je savais que c'était peut-être quelqu'un qui me voulait du mal. Mais mon cœur m'assurait que j'allais retrouver mon gardien ici, alors je décidai de l'écouter simplement.

Les draps qui flottaient autour de moi me donnaient l'impression d'être au milieu d'un océan nacré de par le reflet bleuté de la lune qui se réverbérait partout autour de moi sur les draps. Je frissonnai légèrement à cause de la brise fraîche qui parcourait mon épiderme, et qui dénotait avec le bouillonnement de mes pensées.

C'est alors que j'entendis un fredonnement, calme et un peu rauque traverser cet océan voilé. Je faillis lâcher le poignard de mon père quand je le reconnus.

C'était le chant que Jungkook m'avait chanté juste avant que je ne parte.

Il n'y avait plus de doute, c'était lui.

Je me précipitai alors en avant en jetant mes dernières appréhensions et dégageai chaque drap devant moi avec violence. Je n'entendais plus le son de mes pas, tout comme je ne sentais plus la fraîcheur du soir. Je suivais alors, envoûté, la voix de mon gardien.

Quand je fus derrière le dernier, je m'arrêtai subitement, la main tremblante, et mis un certain temps à dégager le tissu. La voix avait disparu.



La vue du paysage nocturne s'offrit à moi, sans qu'il n'y ait personne.


C'en était trop.


Je poussai un cri de rage. Ou de désespoir. Je ne savais plus trop.



Mais alors que les larmes de frustration commençaient à monter, le chant reprit, derrière moi.


Je devenais fou.


Toutefois, je laissais de côté ma dignité, et fis demi-tour dans ce labyrinthe blanc. Mais je prenais plus mon temps, essayant de bien écouter d'où venait la voix que j'aimais tant écouter. Je ne savais toujours pas ce que les paroles voulaient dire, et je me promis de lui demander plus tard.

C'est alors que je fis accrocher sur la corde un autre bouquet de fleurs bleues. L'émotion commençait à me monter à la gorge, alors que tout ceci prit une dimension réelle, et je les décrochais, remplaçant mon poignard par elles dans ma main droite. Je pris le temps de regarder leur belle couleur, puis repris la marche vers la voix.

Je traversai, le cœur battant, trois draps avant de tomber sur quelqu'un de familier. Mïro. Que faisait-il ici ?

« Allez, il t'attend. »

Mon corps en trembla, alors que finalement, une de mes larmes ne dévalasse une de mes joues. Mais je hochai la tête en avançant encore, tournais ou parfois faisais demi tour. Il avait décidé de me tourmenter jusqu'au bout visiblement.

Mais alors que je commençai à m'impatienter, je vis une silhouette derrière le drap fin. Ainsi que des chaussures, juste devant moi.

Mes larmes qui avaient séché menaçaient de couler de nouveau. J'avais imaginé nos retrouvailles de multiples façons, mais alors que j'y étais maintenant, j'avais mon ventre qui se tordait étrangement.

J'avançais ma main sur le côté du tissu, essayant de calmer mes tremblements, et m'arrêtai. Et si ce n'était pas lui ? Et si une partie de son visage était brûlé ou tailladé ? Comment devrais-je réagir ?

La main de la silhouette se posa sur la mienne, fraîche, et je frissonnai. Mais je n'eus plus le temps de me poser trop de questions car il tira violemment le linge sur le côté.

Et enfin, je le vis.

Debout, appuyé contre un muret. Ses cheveux bruns un peu plus longs, sa peau pâle un peu sale bleuie par la lumière de la nuit. Mais pas de brûlure au visage ou d'énorme bandage. C'était lui, et c'était magnifique.

Je voulus dire quelque chose mais les mots me restèrent coincés dans la gorge, tandis que mes yeux le parcouraient, tout comme je vis qu'il en faisait de même pour moi.

Et enfin, nos regards se rencontrèrent sans se détourner. Je pus voir ce regard noisette sans craindre qu'il ne soit faux. Je m'approchai lentement, ne voulant pas briser l'émotion de cet instant, et posai ma main vers son torse. J'avais besoin de le toucher, de m'assurer que tout n'était pas chimère cruelle.

Le tissu de sa tenue était toujours aussi rugueux, et j'adorai cette sensation.

« J'ai failli vous attendre. »

Ce soufflement murmuré à mon oreille brisa mes barrières et je me jetai sur lui, entourant son torse de toutes mes forces contre le mien. Il répondit presque immédiatement à cette étreinte et cela fit fondre mon cœur de tendresse. Je sentis ses mains parcourir mon dos avec une certaine fébrilité, alors que j'entendis les battements rapides de son cœur contre mon oreille, et son souffle chaud sur l'autre.

« Tu m'as tellement manqué », je lâchai avant de fondre en larmes contre son torse.

Il ne me répondit pas tout de suite, passant une main contre ma nuque pour la caresser, et l'autre toujours dans mon dos faisait des cercles apaisants. Je voulus que ce moment dure toujours.

« Ton gardien est rentré. »



░▒▓▒░



Et oui ! Notre cher Jungkook est de retour ! Bon sang ce que j'avais hâte de publier ce chapitre !

Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule... NOUS AVONS DÉPASSÉ LES 10K ! J'avais fait une annonce sur mon profil mais je la remets ici. J'ai du mal à visualiser ce que ça représente encore, merci beaucoup chers lecteurs, vous n'imaginez pas comment tout cela m'encourage ♥

A bientôt pour le prochain chapitre, cette fois-ci en compagnie du rescapé ~


Prenez soin de vous,

- Celebriel -

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro