- 03 -
Je sortis des toilettes complètement troublée. Mon entaille s'était volatilisée en moins de 5 secondes. Comment une chose pareille était possible ? Et qu'est-ce que ces deux garçons me voulaient réellement ? Que voulaient-ils dire par "on a d'autres gens à vérifier" ?
J'étais tellement perdue dans mes pensées que je rentrai dans un élève qui ne manqua pas de grogner :
- Tu ne peux pas faire attention ?
Je ne m'excusai même pas, tant j'étais absorbée par mes pensées et par les innombrables questions qui se bousculaient dans ma tête. Cependant, je fus rapidement rappelée à la réalité lorsque la sonnerie annonçant la fin de la récréation retentit. Je me dépêchai donc de me rendre à mon cours de maths. À ma grande déception, contrairement au cours d'économie, les tables n'étaient pas individuelles mais bien deux par deux. Pour ne pas avoir à demander à un inconnu si je pouvais m'asseoir à côté de lui, je fis en sorte d'entrer dans les premières et choisis une table sur la rangée de droite. En quelques instants, pratiquement toutes les places furent occupées. Un garçon rentra un peu après les autres et se dirigea vers une fille brune aux cheveux courts et légèrement ondulés qui était installée dans la rangée de gauche. Elle portait un t-shirt blanc, un short en jean, une chemise à carreaux nouée autour de la taille et des bottes. Le garçon, que je ne voyais pas très bien puisqu'il me tournait le dos, lui demanda en désignant la chaise vide à côté d'elle :
- Je peux m'asseoir ?
- Je ne pense pas. C'est la place de Stiles, annonça-t-elle d'un air menaçant.
Le garçon ne dit rien et se retourna donc pour voir quelle place il pourrait prendre. C'est alors que je vis son visage. Je fus comme obnubilée par sa présence, comme si quelque chose de spécial émanait de lui. Il avait un visage tout en finesse : des yeux en amende, un petit nez ainsi qu'une bouche luisante et attirante. Il semblait avoir un grain de beauté sur la joue droite, ce qui le rendait encore plus désirable. Il n'était pas gigantesque, mais pas petit non plus, il devait certainement mesurer entre 1m75 et 1m80. Il avait des épaules carrées et son t-shirt noir, bien qu'un peu large, laissait deviner une musculature assez développée. C'est alors que son regard croisa le mien.
Je me précipitai de baisser la tête pour faire comme si je lisais quelque chose d'extrêmement intéressant sur ma copie vierge que j'avais sortie pour écrire le cours. C'est alors qu'une voix masculine me demanda :
- Tu attends quelqu'un ou je peux m'asseoir ?
Je levai la tête, et c'était donc le même garçon que je m'étais surprise à dévisager il y a quelques instants. Avant même avoir eu le temps de répondre quelque chose, il ajouta en s'asseyant :
- Merci. Je m'appelle Theo.
En guise de réponse, je lui fis un petit sourire. Maintenant qu'il était proche de moi, je remarquai qu'il avait les yeux d'un beau bleu pâle. Je me retournai pour scruter la classe du regard et vis que c'était la seule place où il pouvait s'asseoir, toutes les autres étant déjà prises
- Tu ne me dis pas ton nom ? me demanda Theo.
- Adélie, répondis-je simplement.
- C'est très joli, dit-il avec un sourire.
Mon Dieu. Je crus que mon cœur allait s'arrêter tant son sourire était à tomber. Il avait des dents blanches et bien alignées, et son sourire lui donnait un petit air malicieux. Il avait énormément de charme.
- Merci, souris-je à mon tour. Je suis nouvelle à Beacon Hills.
- Oh, ça explique certainement pourquoi je ne t'avais jamais vue auparavant, dit-il.
- Effectivement, répondis-je. Tu était en cours d'économie avec moi ce matin ?
- Non, non, l'économie, très peu pour moi. Je suis un cursus scientifique, j'adore la biologie et tout ce qui se rapport à l'étude du corps humain.
- Intéressant, murmurai-je sans grande conviction.
- Ça n'a pas l'air sincère, rigola-t-il.
- C'est exact, rigolai-je. Je déteste les sciences et je n'y comprends rien. Mais attends, pourquoi est-ce qu'on a cours de maths ensemble ? Tu ne devrais pas suivre des cours plus intensifs ?
- Si, mais on a trois heures de maths de plus que vous par semaine.
- Oh. L'horreur.
Theo pouffa légèrement et un garçon qui courait à toute vitesse fit son entrée dans la classe, son sac à dos sur les épaules, complètement essoufflé. Il alla s'asseoir à côté de la fille qui avait repoussé Theo : j'en conclus donc qu'il s'agissait de Stiles. Ce fut ensuite au tour de la professeure de mathématiques d'entrer. En quelques secondes, le silence régna. Elle se présenta rapidement puis sans tarder, nous distribua un "test de rentrée". Bordel, ça ne pouvait pas tomber mieux. Comme tout lycéen normalement constitué, je n'avais bien sûr rien révisé pendant les vacances. Ce qui était franchement dommage, puisque je ne me rappelais plus du tout de la dérivée de racine de x.
- Un sur deux racines de x, souffla Theo.
Je ne compris pas tout de suite, alors il recommença à voix basse :
- C'est la dérivée de racine de x. Un sur deux racines de x.
- Merci, chuchotai-je.
- Mademoiselle... Ross, c'est bien cela ? Vous voulez de l'aide peut-être ? demanda la professeure de mathématiques d'un ton froid. C'est un test, un contrôle quoi, et c'est individuel.
- Excusez-moi, madame, intervint Theo. Je lui demandais simplement un blanco.
- Premier jour de classe et vous n'avez déjà pas votre matériel ? L'année promet, M. Raeken.
OK, je savais maintenant que mon voisin de classe s'appelait Theo Raeken.
Le test dura une heure. Finalement, je réussis à répondre à pas mal de questions même si évidemment, je soupçonnais certaines de mes réponses d'être fausses. La deuxième heure de maths passa lentement, puis fut l'heure de manger. Comme je n'avais strictement personne avec qui déjeuner, j'hésitais à demander à Theo. Mais finalement, je me ravisais : je détestais demander aux gens de me tenir compagnie. Quand midi sonna, Theo rangea ses affaires, me fit un petit sourire et partit sans un mot. Quant à moi, je me rendis au self du lycée et je mangeai en compagnie de Qui es-tu Alaska ? de John Green. Honnêtement, je préférais ça que de me retrouver à la table de lycéens inintéressants.
C'est alors que, quand je m'apprêtais à entamer mon dessert, une jeune femme d'une trentaine d'années à la peau noire vint me parler avec un large sourire. Elle s'assit juste en face de moi.
- Salut, tu es bien Adélie Ross ?
- C'est exact, répondis-je simplement, ne comprenant pas trop qui était cette femme.
- Super. Je suis Tamora Monroe, la conseillère d'éducation du lycée. Comme tu viens d'arriver, ce serait bien que tu passes à mon bureau. On pourrait voir si ton emploi du temps te convient, discuter de ton déménagement, enfin ce genre de choses.
- Ça marche, répondis-je. C'est gentil.
- Du coup, tu vas venir ? me demanda Mme Monroe.
- Euh, oui, dis-je de manière un peu hésitante.
Mon emploi du temps m'allait parfaitement et je n'avais pas envie de parler de mon déménagement avec elle, surtout que j'étais plutôt contente de Beacon Hill. Toutefois, j'appréciai son intérêt pour moi.
- Et quand ça, alors ? reprit-elle.
- Je ne sais pas vraiment.
Je la trouvais assez insistante.
- Tout de suite, ça t'irait ? Tu reprends bien les cours à 14h ?
- Oui, oui.
- OK. Alors je te laisse finir de manger et je te dis à tout à l'heure dans mon bureau, sourit-elle avant de s'en aller.
Je n'avais pas spécialement envie d'aller la voir mais d'un autre côté, je n'avais personne pour me tenir compagnie jusqu'à 14h alors tout compte fait, ce n'était pas une si mauvaise idée. Je pris donc le temps de manger ma pomme puis je me rendis au bureau de la conseillère d'éducation. Je toquai à la porte et on m'invita à entrer.
- Ah, Adélie, super. Je t'en pris, assieds-toi.
Je m'exécutai sans un mot, ne sachant que dire.
- Alors, tout se passe comme tu veux ? Ça ne te fait pas trop bizarre d'être nouvelle dans un lycée ?
- Ça va, répondis-je. C'est le premier jour donc c'est toujours un peu compliqué mais je ne suis pas triste d'être ici.
- Très bien. Si jamais tu as un quelconque problème, n'hésite pas à venir m'en parler, sourit-elle gentiment. Sinon, j'ai entendu que ta mère était professeure de grec. Tu n'aimerais pas en faire ?
- Pas vraiment, non. Ça ne m'attire pas particulièrement.
- C'est dommage, murmura M. Monroe. C'est très intéressant.
Dis donc, elle avait l'air d'être quelqu'un de vraiment insistant.
- Peut-être, mais ça ne m'attire pas, dis-je. Et si jamais je change d'avis, ma mère pourra toujours me faire cours chez moi.
- C'est vrai, rigola-t-elle légèrement. Bon alors si tout va bien, j'aimerais te parler de quelque chose d'autre.
Son visage devint un peu plus grave, un peu plus sérieux.
- Je veux que tu saches qu'à Beacon Hills, il peut se passer des choses... bizarres, commença-t-elle. Si jamais tu remarques quoi que ce soit, j'aimerais que tu viennes m'en parler en premier lieu.
Je ne comprenais pas vraiment de quoi elle parlait.
- Quelles choses bizarres ? demandai-je.
- Et bien des choses inhabituelles, étranges. C'est dur de l'expliquer mais s'il te plaît, si tu en es témoin, viens m'en parler. Je pense que tu es digne de confiance.
- Pourquoi ça ? voulus-je savoir.
- Oh, juste une...
En prononçant ces mots, elle avait baissé les yeux pour regarder ma main gauche, celle où les deux garçons m'avaient coupé.
- Intuition, finit-elle par dire, complètement déboussolée.
Je m'empressai de mettre mes mains sous la table. Mme Monroe avait l'air troublé, confus. Elle fronça les sourcils et dit :
- Je suis désolée, j'ai oublié que j'avais un rendez-vous. Tu peux sortir, s'il te plait ?
Je me dépêchai de quitter ce bureau étrange en murmurant un vague "au revoir". Je n'avais rien compris à sa réaction. Elle était devenue complètement différente à la vue de ma main.
Le reste des cours passa assez vite puisque je n'avais qu'une heure d'histoire. Je sortis donc devant le lycée pour attendre ma mère qui devait me ramener à la maison. Sauf qu'au bout d'une demie heure, elle n'était toujours pas là et quand je l'appelais, je tombais sur sa messagerie. Je retournai au lycée pour voir si elle était dans sa salle, mais il n'y avait personne. Même s'il me fallait environ quarante minutes pour rentrer chez moi sans voiture, je décidai de rentrer à pieds : je préférais ça que de rester sans rien faire.
J'entrepris donc ma marche et je passai devant le terrain de Lacrosse où des lycéens s'entraînaient ardemment. Je vis également le prof d'économie souffler dans son siffler et hurler contre les joueurs, ce qui me fit rire. J'avais presque traversé la moitié du terrain quand une voix m'interpela :
- Adélie !
Je me retournai car la voix venait de derrière moi, et je reconnus Brett, le gars qui m'avait parlé pendant la récréation ce matin, quand je sortais du cours d'économie. Je me rendis donc vers lui.
- Bah dis donc, pour quelqu'un qui ne fait pas partie de ce lycée, je t'y trouve très présent, rigolai-je à l'intention de Brett.
Il était en compagnie d'un autre lycéen, plus petit que lui et certainement plus jeune que moi.
- C'est parce que je connais plein de gens ici, m'expliqua-t-il. Et je suis aussi un excellent joueur de Lacrosse, alors il faut bien que j'entraîne ceux qui ont plus de difficultés, n'est-ce pas Liam ?
Brett donna un petit coup de coude à son ami tout en souriant.
- C'est ça, rigola Liam. Je suis sûr que je te bats à n'importe quel moment.
- C'est à voir, répliqua Brett avec un ton de défi. Et sinon, qu'est-ce que tu fais là Adélie ? Parce que tu n'as pas l'air d'être venue t'entraîner.
- C'est exact, répondis-je. Ma mère, qui est prof ici, devait me ramener mais elle a disparu. Donc je rentre à pieds.
- C'est loin ? demanda Brett.
- Un peu. Quarante minutes à pied mais marcher c'est bon pour la santé.
- Je peux te ramener si tu veux, proposa Brett avec un sourire.
- Non merci, mais c'est gentil. Tu as des choses plus intéressantes à faire.
- T'inquiète, j'ai toute l'année pour les voir s'entraîner. Aller, viens et ne discute pas, ordonna Brett.
Je me résignai donc à suivre Brett et ajoutai à l'intention de Liam :
- Bon courage pour l'entraînement alors. Le coach a l'air en forme.
- Toujours ! sourit Liam. Et merci.
Je montai donc dans la voiture de Brett et celui-ci démarra. Il fit la conversation :
- Alors, c'était comment ton premier jour au lycée ?
- Ça va. Mais je n'ai pas parlé à grand monde, à part toi et Theo... Raeken. Oui, je crois que c'est ça son nom de famille.
- Oh, murmura simplement Brett.
- Tu le connais ? voulus-je savoir.
- Vaguement. Mais je sais que Liam et son groupe d'amis ne l'apprécient pas trop.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas trop, à cause de quelque chose qu'il aurait fait dans le passé, dit vaguement Brett. Mais bon, ce ne sont pas mes affaires.
Nous continuâmes à discuter tranquillement. Brett était sympa et surtout adorable de me ramener jusqu'à chez moi. Une fois arrivés, il se gara donc sur le trottoir, mais je remarquai une voiture de police devant chez moi.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? murmurai-je. Merci mille fois de m'avoir ramenée, Brett, mais là je dois rentrer. À bientôt et encore merci !
Il me salua à son tour et je descendis rapidement, puis courus jusqu'à ma porte d'entrée. Une fois chez moi, je vis mes parents discuter avec deux policiers. Ma mère était en pleur et mon père essayait de la rassurer. J'étais terrifiée et je ne comprenais rien.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je d'une voix tremblante.
- C'est ta sœur, hoqueta ma mère. Elle a disparu.
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