28. Au nom de la Triade.
Depuis, Sunoo n'a pas cessé d'y penser.
@woncat81🦋
Et puis, mamy a égorgé le poulet devant moi. Dsl je pourrais plus jamais manger de dinde à Noël.
À cette discussion qu'il a eut avec Heeseung, le soir en novembre. Les jours se sont écoulés.
@Sunshine🪐
Tu dramatise. T-T
C'est juste un poulet.
Est-ce qu'ils se sont reparlé ? Pas une seule fois. C'est comme un retour en arrière où Heeseung l'ignore comme s'il n'avait jamais existé.
@woncat81🦋
Nan mais le pauvre poulet Sunoo stp t'as pas de cœur ou quoi 😔
Et pour une fois, Sunoo n'a plus cherché à capturer son attention. Le fait étant qu'il lui en veut de ne pas lui avoir répondu. Que se passera-t-il une fois le danger de mort passé ?
Pourquoi Heeseung a ignoré sa question ?
@woncat81🦋
Sinon et toi ça se passe comment ?
Je continue de dire que t'aurais dû me suivre.
Le noiraud soupire contre son téléphone. Bien sûr qu'il regrette ce voyage à présent. Ils sont la veille de Noël et le voilà seul dans cette grande maison.
Les autres affairés sur ces étranges missions.
À part le nombre conséquents d'hommes postés pour surveiller la propriété, il n'est qu'une ombre qui erre dans une demeure à l'allure hantée.
C'est pire que la maison blanche ici.
Or ainsi, Sunoo se sent un peu en sécurité. La dernière fois qu'il est resté seul, son cœur a faillit lâcher en ayant pris Ethan pour un possible cambrioleur.
Ou tueur en série.
Les rires communicatifs de Jake et Ni-ki résonnent comme des échos fantomatiques dans sa tête. Il s'imagine les entendre égayer l'ambiance à leur façon comme ils en ont l'habitude.
Un soupir lui échappe.
Quelques semaines lui ont suffit à s'attacher à eux malgré la distance qu'il a voulut établir dès le départ.
C'est ça n'est-ce pas Sunoo ?
Un jour, il croit qu'il arrêtera de s'attacher. Il croit qu'il pourra devenir insensible et indifférent aux émotions humaines. Il envie ceux qui y arrivent.
Sunoo pense que même de ses pores transpire ses émotions. À fleur de peau, il gère si mal toutes celles qui le traversent qu'il ne peut pas s'empêcher de le prendre à cœur.
Le fait d'être ignoré.
C'est injuste à ses yeux.
@Sunshine🪐
Ça va.
@woncat81🦋
Tu mens très mal tu le sais ça ? Même par message mec.
La ville doit être enluminée de guirlandes.
C'est un festival de lumière vivant. Même de loin, depuis la terrasse de cette propriété on aperçoit les points lumineux. Il y a une vague d'air frais qui lui parvient.
La neige a déjà montré le bout de son nez.
Il y a une semaine plus précisément. Elle a été d'une froideur sans égale. Sunoo bouge quelques résidus sur la rambarde de sa main protégée par un gant.
Il se refuge sous plusieurs couches lorsqu'il doit se rendre à l'extérieur, de peur provoquer un nouveau rhume. Ses délires de fièvres lui laissent le plus souvent de drôles de sensations.
@Sunshine🪐
On a allumé la cheminée.
Et on a mis des chaussettes au dessus.
On a préparé une belle dinde.
La table est remplie de plats délicieux.
Ni-ki a chanté all i want for Christmas avec une voix douteuse.
Il a souhaité ne plus jamais te revoir.
@woncat81🦋
Dis lui que je l'emmerde. Cordialement.
Ptn non tu mens.
Le garçon jette un coup d'œil vers l'intérieur.
Elle baigne dans une faible lueur. Il n'y a que l'odeur boisée provenant de la cheminée dont le feu de bois crépite. Les flammes dansent à travers les portes françaises.
Il y a un silence digne de celui qui sévit au cimetière.
Bien sûr qu'il ment.
Et mentir n'est pas dans ses habitudes. Or il se sent d'humeur morose. Il se crée un scénario parfait où ils sont tous ensemble en riant aux éclats et profitant de la veille de Noël.
@woncat81🦋
Je suis capable de débarquer ce soir même tu sais ?
Ici c'est déjà Noël 🔥
Les joies du décalage horaire.
Il le sait. Jungwon est capable de menacer pour un vol qui le ramènerait dans le Tennessee. Et il n'hésiterait pas à franchir le seuil de la grande porte d'entrée telle une furie.
À cette pensée, le tout premier sourire de la soirée fleurit sur ses lèvres.
Sunoo se sent chanceux d'avoir ce garçon à ses côtés. Quand bien même ce n'est pas physiquement.
@Sunshine🪐
Joyeux Noël alors Jungwon 🤍
Sur ce, il éteint ce téléphone, ne se sentant pas capable de mentir encore à son frère. Son cœur est lourd. Il soupire à nouveau en balayant la ville de loin du regard.
Les buissons de la cour sont cachés sous un manteau neigeux. La nature est uniforme, à défaut des pas qui déforment ce blanc pur. Une fumée fine s'échappe de quelques cheminées.
Un vent frais se lève et l'oblige à pénétrer l'intérieur.
Il pousse la porte et la referme avec soin derrière lui. Au même instant, l'ampoule de la pièce s'allume, le faisant sursauter.
Il y a un coin canapé un peu cosy où se trouve la cheminée et une petite bibliothèque, permettant de se recueillir, prendre le thé et lire dans une ambiance tamisée tout en observant la vue à travers les portes.
Sunoo s'est pris d'affection en se réfugiant ici et s'éloignant peu à peu des autres. Ces derniers jours, il a même évité Jake et Ni-ki, n'étant pas d'humeur à plaisanter.
Pendant un instant, il a cru voir l'un d'entre eux.
Il réside encore en lui les traces de la frayeur de la fois dernière. Et Sunoo tombe presque des nues avec la silhouette en face de lui.
D'abord, il lui faut un peu de temps comme pour s'assurer de qui il s'agit.
L'homme papillonne des yeux deux à trois fois, n'ayant pas pu cacher sa surprise.
— Sunoo ?
Une voix douce et posée. Aucun doute.
Ethan.
C'est la seconde fois qu'ils se retrouvent dans la même situation. À peu près. À croire que c'est une manie pour eux se se retrouver seuls lorsque la maison se vide.
Sunoo ne sait pas s'il se sent soulagé ou déçu.
Soulagé qu'il s'agisse d'un visage familier.
Déçu car quelque part, il a secrètement espéré que ce soit l'autre jumeau. Il veut le voir. Et puis, il se rappelle qu'il lui en veut. Du coup, il appréhende le fait de le voir.
En fait, il ne veut plus le voir.
C'est compliqué.
Sunoo baisse les yeux sur ses mains, son activité favorite, trouvant la situation étrange avant de relever la tête devant lui en percevant des bruits de pas.
Ethan retire son manteau et le pose contre un porte manteau à l'entrée de la pièce. Il est silencieux, lent, très lent, effectuant ses gestes calculés.
Il pivote vers Sunoo.
Toute surprise s'en est allé, balayé de la surface et ne laissant place qu'à une face lisse et sans perturbations. Ils se regardent un moment dans les yeux.
L'ampoule ne diffuse qu'une lueur assez faible pour ne pas aveugler, assez intense pour pouvoir lire sur du papier.
Il aperçoit les deux billes jaunâtres qui semblent luire.
Ou alors, il rêve ? Ethan se rapproche de quelques pas. Le pieds droit est peu espacé du pieds gauche. Les bruits de pas sont absorbés par la moquette. À croire qu'il survole le sol au lieu de marcher.
S'en est presque effrayant, un peu.
Les foulées effectuées lui permettent juste de réduire l'espace entre eux de quelques centimètres. Assez proche sans que l'espace vitale de l'autre ne soit empiété.
Il se stoppe ensuite sans couper court au contact visuel. Sunoo attend, il patiente. Au début, il pense que le cendré compte lui dire quelque chose.
Or en voyant qu'aucun son ne lui parvient, il se résout à l'idée qu'aucune phrase ne franchira ses lèvres.
Alors, Sunoo est le premier à quitter ces pupilles ambres. Mais juste pour quelques minutes. Le temps de retirer son manteau.
Car si dehors le froid hivernal sévit, l'intérieur est réchauffé à bloc, assez pour qu'il s'y sente totalement à l'aise.
Il se retrouve en chandail bleu au dessus d'un pantalon large en jean noir.
Il jette un coup d'œil à Ethan, trouvant cela un peu étrange, et aussi un peu drôle qu'il se tienne là telle une statue dans un silence profond.
C'est un peu flippant.
— Ethan ? Dit-il quand même, un peu inquiet.
Pourquoi se tient-il de façon si formelle ? Ne sont-ils pas censés êtres proches ? Il est vrai qu'ils ont peu parlé depuis la fois où Sunoo s'est saoulé par erreur.
Le fait est que Ethan semble constamment occupé.
Souvent sur son ordinateur ou sortant il ne sait où. C'est dire qu'il paraît encore plus occupé que Heeseung car ce dernier traine un peu plus souvent à la maison.
Le cendré quitte son état transi.
C'est définitivement hilarant comme réaction mais Sunoo réprime son rire. Il se contente de ses lèvres qui s'étirent avec légèreté. Sunoo ressent une certaine forme de respect pour son aîné.
Il représente une forme de sagesse qu'il estime beaucoup. De ce fait, il a tendance à nourrir envers lui un respect profond.
— Tu es seul ?
Le noiraud hoche la tête.
Personne ne savait ? En soit, des mafieux qui fêtent Noël... le crime ne dort pas même en tant de fête n'est-ce pas ? Il pense cela de façon ironique.
— Ça va. J'ai compris, vous n'êtes pas très fêtes.
Au fond, la solitude lui a rongé la peau avec tant de sévérité qu'il ressent un immense soulagement que quelqu'un soit là ce soir.
Et il cache tout cela derrière un doux sourire.
— Tu as mangé ?
La question le surprend.
Pourtant, elle est si banale. C'est une forme d'inquiétude. Ça peut paraître pesant dans la mesure où tous semblent à présent contrôler ses habitudes alimentaires.
Se sont-ils passés le mot ?
Ça fait quelques années que son rapport avec la nourriture est fragilisé. Sunoo pense avoir adopté de mauvaises habitudes alimentaires. Et les mauvaises habitudes sont durs à retirer.
Parfois, il se laisse tenter par quelques bouchées.
Et d'autres fois, de sombres voix viennent peupler son esprit, le polluant plus que nécessaire. Il torture ses lèvres en jouant avec la manche du pull.
— Oui, je—
— Sans me mentir, Sunoo.
Ça va, j'ai compris que vous savez lire dans mes pensées.
Que peut-il leur cacher ? Il n'a pas une seconde pour respirer sans que ses pensées ne soient entendues à son insu. C'est parfois dur d'être aussi nul en mensonge.
Il n'ose pas affronter le plus âgé du regard, de peur de se confronter à un jugement sévère.
Or ainsi tête baissée, il n'aperçoit pas le cendré vérifier l'heure sur sa montre, toujours aussi ferme et impénétrable dans ses réactions.
— Ça va, il est encore tôt pour dîner.
— Non, ce n'est pas la peine, lance le noiraud sur un ton implorant.
Cependant, il ne s'attendait pas à ce que Ethan se montre aussi intransigeant. Il déglutit et reprend alors, pensant régler la situation.
— Je veux dire... je peux sauter le repas du soir non ? Je n'aurai qu'à me rattraper demain. J'ai un peu trop mangé ce midi alors...
— Tu veux sauter le dîner ?
Ethan répète cela comme s'il s'agit d'un sacrilège. C'est pire que cela. Sa réaction est telle que le plus jeune penserait avoir parlé une langue étrangère.
Pourtant, il a bien articulé son anglais.
Soudain, il se sent plus gêné que jamais, écrasé par la présence de son vis-à-vis. Il s'en remet à ses gestes générés par le stress comme le fait de martyriser son vêtement.
Son cœur bat à une allure rythmée par l'angoisse. Il se torture l'esprit en se laissant envahir par plusieurs questions.
— Explique-moi pourquoi devrions nous sauter le dîner.
Nous ?
Le noiraud cligne des yeux en relevant la tête, ne s'étant pas rendu compte qu'il l'avait baissé sur le moment.
— Je...
C'est, à cours d'arguments, qu'il croise enfin les prunelles ambres. Sunoo pourrait être persuadé qu'il n'y a aucune colère dans ces pupilles.
Ce n'est pas comme s'il se faisait réprimander. Non, il en est sûr. Il n'y a pas de réel colère, quand bien même le ton de cet homme reste tranchant.
Il n'y a pas d'inquiétude non plus.
À croire que Ethan cherche à comprendre. Seulement, Sunoo n'a aucune idée de ce qu'il y a à comprendre. Qu'y a-t-il de nouveau à sauter un repas ?
— Je veux dire, je n'ai plus de... enfin...
Ethan pousse un soupir et regarde de nouveau sa montre.
— Il est vingt heures douze. À trente, nous devrions pouvoir nous mettre à table si on se dépêche.
Pris au dépourvu par ces mots, son battement cardiaque s'affole. Son ventre se noue en pensant à un quelconque plat.
C'est un nœud qui se forme et retourne son estomac, lui donnant l'impression qu'il pourrait vomir n'importe quoi.
Plus il pense, moins l'envie de manger y est.
— Je, je n'ai pas faim !
Il tente, désespéré et fermement opposé à l'idée qu'on place une assiette sous son nez.
Alors que le cendré était déjà sur le point de retourner sur ses pas, il s'arrête et refait face à Sunoo. Encore une fois, ce dernier n'y décèle pas vraiment de jugement.
Ce visage est neutre !
S'en est déstabilisant pour lui qui aimerait savoir à quoi il pense. Peu d'expression, pas assez pour se faire une idée.
Ethan a un contrôle sur sa personne.
— Et pourquoi ?
Pourquoi ?
Parce que l'idée de se nourrir le rend malade sur le coup ? C'est quelque chose que Sunoo ne dirait pas à voix haute. Pas ici, pas comme ça, pas à lui.
Le désespoir le gagne sur le champ, ne lui livrant aucune porte de sortie. Toute issue semble bloquée.
— Réponds vite. Parce que nous perdons du temps sur l'horaire.
Comment s'en sortir lorsqu'il est incapable d'aligner trois mots avec clarté ?
Et ce qui devait arriver, arrive.
— Je ne peux pas... dit-il en secouant la tête.
Il se sent pathétique de paniquer pour une simple question. Il secoue la tête, refusant en plus de cela de pleurer pour si peu. Ce serait le comble.
Une boule gênante se loge dans sa gorge. Il s'attend à ce que Ethan s'agace devant son comportement débile et qu'il s'en aille.
Car après tout, ça a toujours marché dans ce sens. Et jamais dans le contraire. Parfois, lui aussi aimerait modifier sa façon d'être, pensant que son existence serait différente.
Bien meilleure.
Il ne sait pour quelle raison, cette façon qu'à d'agir le cendré instaure une pression avec laquelle il se bat. Il ne s'agit que d'une question. Elle résonne de différente manière à ses oreilles.
Soudain, Sunoo s'attend à une conséquence.
Elle n'arrive jamais. Juste une paire de main contre ses joues. Il soulève la tête, la surprise s'étant épris de lui, n'ayant pas remarqué à quel moment son vis-à-vis s'était rapproché.
Il se plaindrait presque de douleurs au cou tant il est obligé d'incliner la tête vers le haut au vu de leur différence de taille.
Ethan reste stoïque.
— Très bien. Nous ne mangerons pas alors.
Pendant un instant, il perd tout. La notion du temps, le language, juste pour observer les pupilles ambres. Il fronce les sourcils, voulant comprendre.
— T-tu peux manger si tu as faim toi...
— Pas comme ça.
Sunoo a vraiment cherché à déceler le sens de cette phrase sans grand succès. Même quand les mains du cendré l'ont quitté, il a continué à se poser la question.
Ethan agit définitivement de façon étrange.
Pour l'instant, il lui impossible de poser le doigt dessus.
— J'insiste... ne te prive pas pour moi.
Le cendré effectue un haussement de sourcil clair et visible. Une expression plus ou moins évidente qui est d'une rareté sans nom.
Quelques secondes s'écoulent.
— E-et... tu devrais te dépêcher. Il est quelle heure ? Demande le noiraud.
Il n'a aucune envie que les habitudes de son aîné soient bousculées à cause de ses caprices. Légèrement paniqué, il jette un coup d'œil sur la montre.
Enfin, il se saisit surtout du poignet d'Ethan de ses doigts graciles. Le contact provoque de petits frissons sous la pulpe des doigts, remontant le long de son bras jusqu'à son échine.
Il ignore la sensation étrange.
Sunoo colle sa paume contre la sienne en manipulant la main d'Ethan avec délicatesse, tout cela sous le regard intrigué de ce dernier.
Il vérifie l'emplacement des aiguilles sur la montre avec sérieux, ne se faisant aucune réflexion sur cette habitude. C'est presque naturellement qu'il a agit.
Une moue se forme sur son visage lorsqu'il remarque le temps qui avance.
— Il ne reste que dix minutes mais ça devrait suffir non ? Ethan ?
Sunoo le cherche du regard, n'ayant rien entendu de sa part. Aucun commentaire. N'est-ce pas lui qui semblait si pressé tout à l'heure à propos du dîner ?
Il dirige ses yeux en sa direction.
Le plus jeune reste stupéfait de lire de la surprise sur cette mine trop neutre à son goût. Il apprécie le fait que des failles surviennent dans la carapace de fer d'Ethan.
L'idée de pouvoir lire en lui, même un peu.
— Oui, répond l'homme mais d'un air vague.
Comme s'il manquait de concentration au moment de répondre. Pourtant, il s'agit d'une réplique parfaite.
Un choix de mot dont il aurait opté en temps normal.
La différence entre le moment d'avant et celui-ci est que Sunoo n'est pas bourré. Il est pleinement conscient et ne semble même pas saisir la portée de ses actes.
Ce n'est pas une nouvelle que ce garçon passe au travers de l'évidence.
Sunoo ne comprends pas ce que ça fait.
Tu me déconcentres.
— Mais je n'ai pas faim.
— Pourtant tu as dis que tu—
— Je sais.
Les sourcils de Sunoo se froncent.
— Tu es sûr ?
— Absolument.
— Si c'est à cause de moi pas la peine...
Ethan souffle et sur le coup, le noiraud panique à l'idée de l'avoir irrité. Il est vrai qu'il insiste un peu trop.
Cependant, il n'a aucune envie que le cendré rate son dîner à cause de lui. Surtout s'il l'a prévu à une heure précise.
— Je suis certain.
Ethan est résolu. Il ne mangera pas devant lui, alors que ce dernier n'est pas à l'aise. Au contraire de Heeseung, il ne sait pas réagir dans cette situation comme il faut.
— D'accord alors. Désolé.
— Pour ?
Sunoo se mord la lèvre avec l'impression de sortir une bêtise pire que la précédente à chaque fois qu'il ouvre la bouche.
Il a peur à l'idée qu'une énième phrase finisse par énerver le cendré pour de bon, le poussant à se retirer et le laisser seul dans la solitude d'un réveillon de Noël.
Pourtant, aucune porte ne claque. Aucun pas ne s'éloigne de lui. Le plus âgé reste présent, conservant sa position et revenant à la façade neutre.
Il n'émet toujours aucun jugement, posant une simple question.
— Je ne voulais pas couper ton appétit... souffle-t-il.
— Tu ne coupes rien.
— Je t'ai fais prendre du retard sur ton programme. Je ne voulais pas. Pardon.
Les excuses sortent avec aisance d'entre ses lèvres. L'habitude. Ethan soupire. Or il ne sent rien de méchant là dedans. Ethan a juste cette manie de pousser un soupir.
Tout comme ses autres manies qui constituent sa personnalité.
— Je ne mangerai pas devant toi... comme ça.
Sunoo croise une énième fois ces pupilles, le cœur ayant pulsé d'un coup. C'est étrange dans son ventre. Bizarre à ses yeux. Il est vrai qu'il aurait été mal à l'aise.
Il aurait aussi culpabilisé.
C'est la première fois qu'il a droit à une réaction pareille venant de quelqu'un. Autant Heeseung a cette facilité à le faire manger par il ne sait quelle magie...
— Tu n'es pas obligé de le faire devant moi. Je n'aurais eu qu'à partir.
...autant il ne se sent pas coupable avec Ethan.
— Pour quelle raison ?
Le noiraud hausse les épaules. Techniquement, on l'a laissé seul dans cette immense demeure. Alors quelques heures de plus cloîtré dans sa chambre...
Le fait est qu'il se sent rassuré à l'idée qu'Ethan soit à la maison. Pas que la présence des gardes du corps ne servent à rien.
— Je... je n'en sais rien...
Mais avec Ethan, il peut se faufiler sous ses draps et fermer les yeux sans crainte qu'il ne lui arrive quelque chose.
— Je vois.
C'est quelque chose qu'il ne dira pas à voix haute. Il sait que cet homme le protégerait comme il le lui a fait savoir. De la même façon que ses convictions sont renforcés par ses souvenirs.
— Met ton manteau.
— Pourquoi... ?
Perplexe, Sunoo soulève la tête, se faisant une fois de plus la réflexion qu'il avait les yeux rivés au sol depuis tout ce temps.
Une habitude lorsqu'il réfléchit. Parce que cette soirée prend une tournure à la fois étrange et attachante. Et s'il croyait être au bout des surprises...
— Nous sortons.
...deux simples mots suffisent à lui donner tord.
***
20h39 - dans le nord de Nashville.
D'un geste de main, il avale quelques comprimés.
Trois pilules provenant d'une boîte blanche sous le regard intrigué de Sunghoon. Ce dernier conduit, les phares de la voiture fendant la noirceur de la nuit.
Les mains calées contre le volant, Sunghoon le manipule avec aisance et roule avec prudence sur ce sol glissant, jettant de temps en temps des coups d'œil sur Heeseung avachi contre le siège.
Il ne parle pas.
Plus trop depuis un moment. Il paraît constamment stressé, ses yeux n'arrivant pas à se poser sur un endroit plus de trois secondes.
Ses pupilles ambres voyagent d'un objet à un autre, d'un lieu à un autre comme s'il était suivi. Parfois, il balance la tête vers l'arrière et un long soupire lui échappe.
Sunghoon reporte sa vision sur la route. On entend quelques aboiements de chien. Des chaînes qui claquent ou des choses qui heurtent des grilles.
Ils passent devant une maison où quelques hommes se tiennent sur le perron, chaînes au coup et durag sur la tête. Les phares montrent les courtes tresses qui dépassent du durag.
Ils n'échangent qu'un simple regard à leur passage.
Ces territoires sont connus pour leur dangerosité et les trafics illégaux qui s'y passent. Les doigts de Sunghoon tapotent contre le volant.
Soudain, Heeseung se redresse.
— Il disait quoi exactement ton message ?
Sunghoon râle.
— Quelqu'un en sait un peu plus sur ce fameux gang qui en a après Sunoo.
Heeseung se rappelle.
C'est la raison pour laquelle il n'a pas hésité à sauter dans cette voiture. Parfois, il se demande si cette traque n'a pas de rapport à stray kids.
Il n'arrive juste pas à mettre le doigt sur le fil conducteur.
N'importe qui peut lui en vouloir à lui. Mais Pourquoi Sunoo ? Il a beau chercher, il n'arrive pas à comprendre. Même avec l'hypothèse en rapport avec son père.
Quand bien même Vernon avait des ennemis, il n'auront rien à tirer en kidnappant son fils.
Sauf s'il s'agit d'une vengeance.
Une vengeance qui à son sens n'a pas de sens.
— Il est réglo ?
— Pour la quatrième fois, oui. On ne serait pas en chemin si c'était le contraire.
— J'espère bien.
— Pourquoi tu m'as suivi dans ce cas ?! S'exclame Sunghoon.
— J'te fais confiance, pas à lui.
Le brun affiche un sourire en coin qui disparaît bien vite, n'ayant aucune envie de faire plaisir à Ace. Il roule des yeux, feignant un air ennuyé.
— Ok clochard.
Heeseung ne relève pas l'insulte.
Il se repositionne sur le siège, son regard attiré sur un drapeau en forme de triangle équilatéral, jaune et d'autres mini triangles de la même forme brodés sur les bords.
Il s'agit du signe de la Triade.
Un drapeau dont la forme géométrique a été choisi en fonction de trois éléments : le ciel, la terre et l'homme.
Et ce, depuis des décennies. C'est l'emblème qui les représente. Par elle, on reconnaît son appartenance à ce qui au début était un mouvement de rébellion visant à lutter contre la montée au pouvoir des Quing.
Heeseung est amer.
Combien de fois a-t-il entendu cette histoire ? Combien de fois il a fallu qu'il adopte et absorbe ces préceptes et en fasse son mode de vie ? Des règles qu'on lui a imposé depuis tout petit.
Et il n'a pas eut le droit de se poser des questions. Des histoires, il en a entendu dès le bas âge. Des légendes parlant du monastère Shaolin et de la maîtrise du kung-fu.
Des contes sur des guerriers qui suivent des lois basées sur l'honneur et le courage, dont les existences sont en accord avec la nature et les énergies.
Il souffle en lisant les caractères brodés sur le drapeau.
Une unique phrase : Fan Quing Fu Ming.
« Renverser les Quing pour restaurer les Ming. »
C'était le but des premières Triades dans le temps.
Dès lors qu'on parle du passé « glorieux » de ces sociétés secrètes et de leur soulèvement, un sentiment de fierté gonfle. Car eux viennent en aide aux opprimés n'est-ce pas ?
Car ils semblent œuvrer pour les faibles et protéger le peuple. Les serments le relatent. Un serment par lequel sa vie est donné à la triade.
Pour la Triade.
Au nom de la Triade.
S'y soustraire c'est signer son arrêt de mort.
Trahir c'est prendre un allé simple vers l'enfer.
Elle se paie par un bain de sang, la mutilation du corps et le découpage des membres pour les servir aux animaux. Le corps est déshumanisé et devient un objet et ainsi, l'âme atteint l'au delà dans la honte.
Sur ce côté, Heeseung se reconnaît.
La loyauté n'a pas de prix.
Elle se mérite et vaut bien plus que les milliards qu'il gagne. Trahir c'est réduire la confiance en cendre.
Et la confiance dans leur milieu est une chose rare et inestimable.
Heeseung se redresse, et il se rend compte qu'il s'était de nouveau laissé enfoncer dans son siège. Il se saisit de son téléphone qu'il allume. L'écran affiche une image quelconque qui lui sert de fond d'écran.
Banale et proposée par le smartphone.
De toutes les façons, ce n'est pas ce ton noir qui l'intéresse. C'est l'absence de notifications.
— C'est la troisième fois que tu fais ça, lui indique Sunghoon.
Heeseung l'éteint et le range.
— Tu attends quelque chose ?
Sans même le regarder, l'argenté perçoit avec clarté cet éclat malicieux dans la formulation de sa demande. Il détourne le regard, n'ayant aucune envie d'avoir cette discussion.
— Ta gueule et conduit, assène-t-il par la suite, voulant s'assurer que le message soit bien passé.
À son plus grand malheur Heeseung oublie qu'il a affaire à Sunghoon. Même son ton le plus froid ne pourra jamais impressionner cet homme.
Mieux, il poursuit en prenant un virage sur sa droite.
— Tu sais, si tu veux des nouvelles il te suffit d'envoyer un message e—
— Ta. Gueule.
— Fragile.
Ace pousse un soupir bruyant. Il tente de foudroyer Sunghoon du regard mais ce dernier ne fait que hausser le sourcil.
— Oh mais ne me regarde pas comme ça ! À quoi ça sert d'être ton grand frère si je ne peux même pas te conseiller sur tes histoires de cœur ?!
— C'est pas des histoires de c— putain tu fais chier !
— C'est pas en niant que tu pourras avancer !
Quand bien même Heeseung paraît sur le point d'exploser, ses doigts tapotant de façon frénétique contre sa jambe, Sunghoon n'arrête pas, n'ayant aucune pitié.
Heeseung serre la mâchoire, la faisant rouler sur chaque côté, l'irritation est palpable et sa mine contrariée. Ses sourcils se plient en une seconde, ses orbes ambres paraissent lancer des éclairs.
Il ne nie pas. Il ne nie rien bordel.
— T'as vraiment pas envie qu'on s'embrouille là maintenant Hoon'.
Sa frustration est contenue dans la voix de Heeseung. Jamais il n'a été aussi sérieux. Son refus est catégorique quant-à l'idée de parler de « ça ».
Et puis ce n'est pas qu'il était inquiet ?
De plus, ce n'est que temporaire tout ça. Le temps de démêler tout ce mystère qui les entoure. Et après tout reviendra à la normale.
Une normalité qu'il voudrait fuir.
— Ça joue les mâle alpha pour dégommer des gens mais pour demander des nouvelles, ça porte plus ses couill—
— Putain c'est toi que je vais dégommer !
— Ok ! Je ne dis plus rien !
— Je ne veux demander des nouvelles de personne !
Sunghoon hoche la tête de façon symbolique, rendant la scène plus hilarante. Lorsqu'il feint d'être sérieux, il devient encore plus ridicule.
Le brun voudrait bien se laisser aller aux rires coincés dans sa gorge. Or au risque de déclencher une troisième guerre au sein de cette voiture, il s'abstient.
— D'accord c'est compris.
Il a vraiment envie de rire.
— Et puis, ce n'est pas comme s'il était en danger non ? Ethan est avec lui.
Heeseung inspire, les yeux fermés, se disant que tirer une balle dans le crâne de Sunghoon là maintenant ne ferait que créer un accident de voiture.
Non, l'accident ne l'inquiète pas plus que ça. À vrai dire, ça le ferait juste chier de faire ça. Ce n'est pas son frère — bon ok grand frère — pour rien.
Quand bien même les liens du sang n'ont rien avoir ici, cet homme fait partie des rares personnes qui ont sa confiance.
— ...le soir du réveillon. Je me demande bien ce qu'ils font.
L'argenté revient sur terre ferme, dégoûté d'avoir raté la phrase entière de son frère. Tout son système se mobilise dès lors que les mots prennent sens dans sa tête.
C'est vrai ça, qu'est-ce qu'ils font ?
Heeseung ne demandera pas à Sunghoon de répéter. Cela voudrait dire admettre devant lui. Et il est le mieux placé pour savoir qu'il suffirait de cette simple erreur pour que Sunghoon ne le lâche plus.
Du coup il réfléchit.
Ils font quoi Ethan et Sunoo ?
À un putain de réveillon de Noël ?
Il ne peut s'empêcher de regarder l'heure affichée sur son téléphone. C'est sûr que son frère a déjà dîné, vu à quel point ce dernier est réglé.
C'est terrifiant mais gérable.
C'est l'une des raisons pour laquelle Ethan s'est désintéressé du titre de Ace, le laissant gérer la majeure partie de leur organisation.
Ethan est trop... complexe.
Il a toujours voulu le décoder.
Cependant, qu'est-ce qu'il en a cure de son frère ce soir. Si ce dernier dort sous un pont ou a brisé par accident leur vieil appareil photo qui prend la poussière quelque part.
Lui, ce qu'il veut savoir en réalité, c'est ce que Sunoo fait.
Est-ce qu'il a mangé ?
Combien ? Combien de fois dans la journée ?
Un peu ? Beaucoup ?
Est-ce qu'il prend encore cet air mélancolique en regardant la ville engloutie sous la neige ?
Ou alors, il s'est de nouveau perdu dans ses pensées en fixant un petit animal.
Il a une moue dans ces moments là. Une mine concentrée sur un petit chat, une araignée, un cafard, un chien errant, une fourmie, un papillon...
Sunoo aime les papillons. Il les regarde avec des yeux émerveillés.
Heeseung ne peut s'empêcher de sourire en remarquant le minuscule tatouage de papillon à l'intérieur de son bras, un peu en dessous de l'intérieur de son poignet, là où est visible sa veine.
Le dessin est si petit que de loin, on ne remarque qu'un point.
Tu l'as regardé souvent hein ?
Quand bien même il hurlait haïr ce tatouage plus que tout. Et Sunoo riait à l'époque.
Sunoo n'a plus rit depuis qu'ils se sont revus. Enfin, à de rares occasions.
Est-ce qu'il rit là maintenant ?
Sa jambe trépigne sur place. Ses yeux sont maintenant collés sur ces ruelles du nord de la ville. De ces légers flocons qui commencent à tomber.
Le danger omniprésent dans ces quartiers.
La froideur qu'elle renvoie, les quelques lanternes encore en vie qui déploient les ombres des branches nues des arbres, supportant quelques résidus de neige.
Plus important, est-ce que Sunoo lui en veut encore ?
Cette petite discussion qui a rendu l'ambiance étrange entre eux.
« Je partirais quand je ne serais plus en danger ? »
Heeseung colle son front à la vitre.
Mais je ne veux plus que tu partes, love.
Surtout, c'est l'angoisse qui lui tord le ventre. Alors que la voiture s'approche d'un point et ralenti, la gorge de Heeseung se noue.
Il pense au jour où il s'est infiltré dans la bande de Ryo et qu'il y a trouvé la tête mise à prix de Sunoo. Le sentiment désagréable qui a fait pulsé son cœur d'une étrange façon.
Il déteste ça.
Le fait que Sunoo soit au milieu de tout ça.
Sur un certain point, Ann et lui se rejoignent. Or Ace ne digère pas le fait qu'elle lui ait menti et bourré de médicaments. Cette femme est folle pour lui.
— Il est là, indique Sunghoon.
Des fous, il n'y en a des masses dans son monde.
Pourra-tu le protéger...
« J'ai pas envie de vivre comme un prisonnier. »
...sans devoir le capturer ?
Heeseung déteste ça.
Les conclusions auxquelles il parvient à chaque réflexion. Aucun futur proche de lui plaît. Chacun semble se solder par une pluie de souffrance et un bain de sang.
Ta vie ne t'appartient plus depuis un moment, Heeseung.
Les armes sont glissées sous les vestes avant de descendre. Les portières claquent, le froid mord leurs peaux malgré leurs manteaux.
Et avec, viennent tes responsabilités.
Les mains sont plongées dans les poches, prêtes à dégainer les armes au moindre signe d'alerte.
Pour la Triade.
Le type porte des lunettes et les perçoit. Il semble nerveux. Dès lors Heeseung fronce les sourcils. Il ralentit, là où Sunghoon poursuit sa démarche en toute tranquillité.
Au nom de la Triade.
Le teint de ce type est pâle. Il zieute tout autour de lui, comme si n'importe quelle silhouette pourrait jaillir de l'ombre.
Là arrive la sombre conclusion.
Quelque chose cloche.
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J'ai essayé de me replonger dans l'histoire des triades en chine et ça a porté ses fruits ✌🏼 j'ai écris.
Nous voilà pour un tout nouveau chapitre qui dévoile pleins pleins d'information ! À vous de les saisir 😗
Vos théories ?
On en apprend un peu plus sur Ethan ainsi que le rapport entre Heeseung et la triade. Ses pensées etc... j'ai hâte d'en dévoiler plus !
Pardon Ethan c'est un homme à marier s'il-vous-plaît 😔 comment j'adore vous le dévoiler petit à petit.
J'ai envie de dire pareil pour Heeseung mais il EST marié 👹
Et Sunooooooo 😍 notre star hein
🤭 Jungwon en soutient même depuis la Corée. Un gars comme lui ou rien.
Et SUNGHOON OMG je l'aime mon fils 😔
Breeeeed je coupe pile poil avant l'action hehe ☠️ ça parle d'avenir bressom et tout... hum... lisez entre les lignes. Je vous dévoile tout.
À bientôt. (J'espère)
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