03. Sous surveillance.
Le lendemain, c'est la descente en enfer.
En toute connaissance de cause, Jungwon revit une énième fois ces lendemain de gueule de bois, le teint aussi livide que celui d'un mort.
Les dernières traces d'alcool ont fait des ravages. Ses cheveux en désordre, ces plis ornant son visage à cause des draps et son corps amorphe.
Encore un peu et il s'effondrerait tant il a du mal à distinguer la vraie porte entre les deux qu'il voit.
Heureusement, Sunoo a prévu le coup. Un verre d'eau et des comprimés sur sa table de chevet. Il ne le remercierait sans doute jamais assez.
Jungwon est rentré au petit matin ivre mort. Conséquences d'aller en boîte avec Olivia. Aucune limite imposée, aucune règle.
Après l'épisode de l'inconnu aux yeux ambrés, il s'est noyé dans l'alcool, bercé par la musique endiablée. Quelques souvenirs de ses exploits sur le dancefloor lui reviennent peu à peu en mémoire.
Ann l'aurait sans doute félicité de cette escapade nocturne. Elle qui ne cesse de répéter que la jeunesse se doit d'être vécu comme il le faut.
Ann. Elle lui manque mine de rien. C'est sa mère après tout. Savoir qu'elle veille tout le temps sur lui est apaisant. Jungwon peut alors fermer les yeux.
Maman est là pour te protéger. Et s'il a toujours trouvé sa notion de protection trop étouffante, il remarque bien le vide que laisse son absence.
Par exemple, personne ne s'est introduit dans sa chambre pour tirer les rideaux dans le but de l'aveugler grâce à la lumière du soleil et ainsi mettre un terme à son sommeil.
Jungwon ramène ses jambes contre son torse, réfléchissant à comment trouver assez de force pour se lever, assaillis par un mal de crâne.
Il est quel heure ? Tourmenté par la douleur, sa main se saisit de son téléphone, l'écran indiquant midi passé. Il a beaucoup dormi pour un insomniaque comme lui.
Le bruit d'une porte qu'on ouvre le fait sursauter. La main contre son torse, il jure mentalement. Son ventre se met à gargouiller.
Une moue se forme sur son visage, alors qu'il comprend qu'il n'aura d'autre choix que de se lever.
Triste vie. Il aurait été riche qu'il aurait sans doute payé quelqu'un pour le porter.
Et bref, il se lève. Il passe un petit moment sous la douche, prenant les comprimés sur sa commode et il ne lui faut que quelques minutes pour s'habiller et descendre au salon.
Une odeur se répand déjà dans la pièce, celle de petites pâtisseries tout droit sorties du four.
Ce que Jungwon trouve étrange.
Avant, Sunoo aimait cuisiner des cookies, des gâteaux, des sucreries en tout genre. Et il est très minutieux et trop propre dans son travail.
Il est si très appliqué que Jungwon pense qu'il pourrait concourir contre un robot au vu de sa précision dans les cuissons.
Le soucis c'est que Sunoo a arrêté les gâteaux un jour en rentrant chez eux, se trouvant « trop gros ». Parce que apparemment l'un de ses ex aurait fait une remarque sur son poids.
Ce que Jungwon trouve ridicule. Car son frère est bien comme il est.
Soit, Sunoo avait arrêté les gâteaux.
Et le voilà à battre à la force de ses bras ce qui semble entre une mixture épaisse et blanche dans un grand bol tandis que son regard est fixé sur la petite ouverture vitrée.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Sunoo sursaute, une main sur son torse.
— Tu m'as fais peur !
Jungwon se soucie à peine de sa frayeur qu'il laisse son regard couler sur les ustensiles. D'accord, on dirait que le noiraud prépare un gâteau.
C'est juste que l'heure le fait tiquer.
— Tu fais un gâteau à cette heure ?
— Oui, ça me détend.
— Chouette ! J'ai hâte qu'on mange ça.
— Hors de question, c'est... beaucoup trop gras, argumente Sunoo, les joues rosies.
Jungwon s'arrête pour mieux observer son visage, le sourcil arqué.
— Pourquoi t'en fais alors ?
— Je te l'ai dis, ça me détend...
Sunoo a l'air sincère. Mais c'est surtout ses cheveux en pétard et quelques traces de farine sur son tablier qui lui sautent aux yeux.
Ce dernier est sorti ce matin, sa paranoïa l'habitant comme une seconde nature.
Tout au long de ses achats, il a eut l'impression d'être surveillé.
Puis, en arrivant chez le caissier, il s'est mit à le soupçonner et se faire tout un tas de scénario. Comme le fait que cet homme fasse partie d'une organisation secrète.
Ça semble farfelu. Pourtant, il n'a cessé de zieuter dans son dos pour s'assurer que personne ne le suit.
Puis, il s'est décidé à faire un gâteau, se persuadant qu'un peu de cuisine pourrait l'aider à se calmer. C'est tout le contraire.
Non seulement son stress ne cesse de grossir mais en plus, il pense entendre des voix.
— Et puis, il y a eut ce garçon hier qui est venu toquer à ma porte. Il voulait des piles. Et moi je suis monté dans ta chambre mais quand je suis revenu, il n'y avait plus personne. Personne Jungwon !
Le noiraud se rend compte que son bol ne se trouve plus dans ses mains mais sur le comptoir.
Que depuis, il ne cesse de faire les cent pas pour expliquer à Jungwon les voix qui empoisonnent ses pensées et lui donnent l'impression de devenir fou.
— Je pensais que les pas que j'avais entendu n'étaient que le fruit de mon imagination mais c'est peut-être quelqu'un qui s'est introduit chez nous. Ce Ni-ki est un fantôme ! Ne t'en fais pas, j'ai déjà changé la serrure mais j'ai hésité pour appeler la police. Je me suis dis que...
— Wow Sunoo ?! S'exclame Jungwon, de plus en plus inquiet. Calme-toi d'accord ? Tu dis que tu as entendu des pas ?
Sunoo hoche la tête.
— Ce matin je suis allée sonné à sa porte et devine quoi, il n'y a aucun blond du nom de Ni-ki qui vit là bas. Je deviens dingue.
Jungwon choisi ce moment pour s'approcher de lui, à petites foulées comme quand on tenterait d'approcher un animal mais en douceur pour l'apprivoiser.
— Sunoo, regarde moi.
— Je deviens dingue c'est ça ?
— Regarde-moi.
Le noiraud devient silencieux.
— Est-ce que tu as pris tes cachets aujourd'hui ?
Et là, il s'en rend compte. De la douce fatalité. Du fait que ce matin en se levant, il a ignoré la boîte, trop occupé à penser à la veille et aux hypothèses.
Il secoue la tête de façon négative.
Jungwon n'est pas plus étonné que ça car lorsqu'il arrive à son frère de sauter ses heures de prise, il semble d'un coup agité, comme s'il mêlait réalité et imagination.
— D'accord, écoute, tu vas respirer calmement.
Un sanglot échappe au noiraud.
— Respire, lui intime Jungwon avec douceur.
— Qu'est-ce qui m'arrive...
— Ce n'est rien. Tu as juste oublié de prendre tes cachets. Attend moi ici et je reviens avec, d'accord ?
Sunoo ne répond pas de suite.
— Sunoo ?
Il finit par hocher la tête, rassurant partiellement son frère. Ce dernier s'éloigne alors et se dépêche le plus vite possible à l'étage.
Il est vrai que sans ses cachets, c'est tout de suite une tempête tout là haut dans sa tête. Les rouages de son cerveau ont dû griller à certains endroits.
Il entend des voix, et puis quoi encore ?
Durant les fois où il arrête de prendre ces comprimés, ce sont les mêmes fantômes qui reviennent. Ils s'accompagnent de l'ambre.
Et aujourd'hui, c'est la première fois qu'il attend aussi longtemps en ne les prenant pas. Il les prend à six heures de coutume.
C'est bientôt l'après-midi. Et donc, pas de comprimé depuis près de sept heures. Les voix deviennent de plus en plus clairs et polluent un peu plus ses esprits.
— Arrêtez ça...
Il se laisse tomber sur le sol, se recroquevillant sur lui-même, les doigts plongés dans ses cheveux et le visage contre ses deux jambes collés.
Il veut s'éteindre.
Rien que pour qu'ils arrêtent de parler. Or dans cet orage aux nuages obscurcissant, le visage des yeux ambre semble vouloir se dessiner avec plus de clarté.
Il s'efforce de revenir à la surface, lutte comme un acharné. Il semble vouloir forcer le poignet d'une porte qu'on aurait condamné pour de bon.
Sunoo.
— C'est bon, je les ai trouvé ! Ouvre la bouche.
Le noiraud reste figé.
C'était quoi cette voix ? Celle qui prime sur les autres et qui de facon subite, lui provoque des frissons ? Son cœur rate un battement.
— Hey, ouvre la bouche tu dois les prendre.
Sunoo.
Qui est-ce ? Ce timbre qui lui semble à la fois familier et étranger ? Qui dresse ses poils et chatouille son échine ? Un souvenir ?
Le monde s'arrête de tourner, ou alors ce n'est que lui, figé, au bord d'une sorte de ligne.
Et donc soit il cède à la serrure et l'ambre émerge du cimetière des souvenirs oubliés, soit il le bloque à double tour en acceptant de prendre les comprimés.
Ann dit qu'il ne faut pas écouter ces voix.
Sunoo s'il-te-plait.
Qu'ils ne sont qu'un leurre de son esprit, présent pour lui faire du mal et le tromper.
Sunoo.
Il n'a jamais été un grand curieux de base.
— Tu m'entends ? Merde, ouvre la bouche s'il-te-plait.
Mais il se demande, qu'est-ce qui arriverait...
— Sunoo, putain, tu commences à me faire peur !
... s'il refusait de prendre ses comprimés ?
***
L'automne est signe de mélancolie.
Elle peut être belle, douce, ou encore invoquer une sourde tristesse qui une fois épris de vous, ternis votre monde en quelque chose de gris. Ce cendre n'est ni blanc, ni noir, un entre deux bien plus fade.
Pourtant l'automne, c'est tout un spectre de cette couleur bigarade. Il y en a même du brun jusqu'à l'orange le plus clair. Et c'est beau en soit.
Par la fenêtre, Sunoo observe les quelques feuilles qui se détachent de leurs branches. Pauvres d'elles, condamnées à se faire piétiner en long par les passants et mourir dans la poussière.
Les plus chanceuses flottent par dessus les courants d'eaux.
Aujourd'hui, il pleut. Et des cordes longues et bruyantes. La pluie, le froid, le son, c'est ce qu'il y a de plus apaisant. Ça et sa tasse de thé plus une maison réchauffée.
Sunoo n'est pas allé jusqu'au bout.
Et jusqu'à lors, il se demande pourquoi. Peut-être la peur de l'inconnu. La crainte de faire une erreur en laissant cette voix revenir.
Peut-être que cette porte n'est qu'une allée simple qui mène vers la folie. Une destination sans retour. Il est encore jeune, il n'a que dix neuve ans, à peine plus âgé de quelques mois que Jungwon.
Un petit crustacé parmi les signes du zodiaque qui n'échappe pas aux préjugés qu'il transporte, de part sa sensibilité et son goût pour le vintage.
Un soupir lui échappe. Il a à peine vécu. Ce n'était sûrement pas une bonne chose d'arrêter ses comprimés. Ce n'était qu'une ruse de son esprit.
Il tente de s'en convaincre.
Pourtant, il ne peut s'empêcher de rester curieux. Au final, à qui appartient ces yeux ambrés ? Ce visage dont il n'arrive plus à se rappeler, cette voix qui peut-être appartient aussi aux yeux.
Il n'y a rien de pire que de nager dans un brouillard avec des questions qui jamais n'auront de réponses.
C'est vil, doucereuse cruauté.
On sonne à la porte. Jungwon se dépêche de descendre. Il prend la commande, échange un peu avec le livreur et referme la porte.
Au dehors, il entend une portière qu'on claque. Le véhicule disparaît sous le rideau d'eau.
Sunoo reste collé contre la vitre de la fenêtre, laissant le soin à ses oreilles de recueillir les informations sur ce qui se trame autour de lui.
Pendant ce temps, il s'amuse à tapoter contre la fenêtre, fredonnant une chanson de Lana Del Rey dans sa tête. Parfois, il zieute la rue au dehors. Pas une ombre, pas un chat.
En fait si.
Il y a bien un chat au pelage en broussailles qui tente d'échapper à la pluie. Pauvre animal. Le désir d'aller le recueillir s'éprend aussitôt de lui.
Or ça serait de la folie de sortir.
Heureusement, l'animal trouve refuge sous un porche et s'enroule en boule sur le sol. Sunoo sourit alors. Brave chat. Il espère qu'il n'ait pas trop froid. Il est inquiet pour la boule de poil.
Sauf qu'un éclair zèbre le ciel.
L'animal miaule de façon agressive et sursaute. Lui non plus n'est pas en reste lorsqu'il pense avoir aperçu quelqu'un se tenir sous la pluie.
C'est dire qu'il a tant été surpris qu'il vacille sur le côté, tombant presque. La tasse se renverse sur le plaid qui le recouvre. Pas entièrement mais assez pour sentir le liquide chaud.
— Merde ! Jure le noiraud, bien que ce ne soit jamais dans ses habitudes.
— Sunoo, ça va ?
— Oui, oui, t'en fais pas.
Le noiraud se redresse sous le regard semi inquiet de son frère. Son premier réflexe est de vérifier l'extérieur pour s'assurer de ne pas avoir rêvé.
Il n'y a personne.
Encore un jeu de mémoire ?
— Tiens, maman a fait parvenir ça aujourd'hui.
Sunoo lorgne sur le sachet où se trouve de nouvelles boîtes de médicaments. Elles ont l'air pareilles que les précédentes.
— Elle dit qu'elle a discuté avec Sonia et qu'elle t'a prescrit ces nouveaux cachets. Leur effet est plus puissant et devrait pouvoir t'aider à surpasser ces crises. Et puis, les effets indésirables sont moindres comparé à l'autre. Tu pourrais juste te sentir un peu mou mais rien de handicapant...
Sunoo entend à peine son frère énumérer tous ces critères comme le ferait un médecin. Il sait que son frère ne fait que répéter ce qu'il a entendu au téléphone pour ne pas se tromper.
En attendant, il regarde de nouveau les comprimés, un peu pensif.
Jusque-là, il ne s'est jamais posé de question sur son fameux traitement, depuis qu'il s'est réveillé un jour avec un gros trou de mémoire.
Enfin, gros trou est un peu exagéré. Ce sont juste des difficultés à se souvenir avec exactitude de certaines choses. Rien d'autres.
Traumatisme crânien, a-t-il paru entendre.
Ses comprimés sont venus ensuite dès qu'il a commencé à entendre des voix. C'est d'ordre psychiatrique. Est-il fou ? Ou une maladie de la tête comme ça ?
Pourtant, en dehors de ces voix, il se porte bien. Très bien même.
Un jeune homme tout ce qu'il y a de plus normal avec ses peurs et ses passions. Depuis ce midi, quelque chose semble avoir changé.
Il y a cette chose qui lui échappe, qui le concerne et qui lui échappe. Quelque chose qu'il ne peut ni nommer, ni visualiser. C'est juste, une chose, qui lui échappe.
Il reste ainsi longtemps à fixer la boite.
Et peut-être que s'il avait de nouveau levé la tête, il aurait croisé à travers la fenêtre une silhouette familière qui l'observe depuis un moment.
Debout à l'abri de la pluie, les mains plongés dans les poches de sa veste, cheveux blonds et lèvres pulpeuses.
Sunoo aurait compris que Ni-ki n'est pas le fruit de son imagination.
***
Les jours sont passés plus vite que prévu d'ailleurs et bientôt, c'est la rentrée.
Le quartier s'est mis à s'animer au fur et à mesure des retours d'étudiants. Octobre approche à grand pas. Aujourd'hui, Sunoo est venu finaliser ses inscriptions.
Il est dans la filière de biologie. Malgré son amour pour la pâtisserie, le noiraud s'est découvert un talent inné pour les molécules, la chimie et autres.
Avant, il se voyait bien travailler dans un laboratoire, peut-être même une usine ou une société alimentaire qui sait.
Cette vision de l'avenir lui plaît bien.
D'ailleurs, l'université est aussi grande qu'une ville. Il a dû se séparer de Jungwon en arrivant ce matin. L'autre est en informatique. Son rêve serait de programmer des jeux vidéos.
Sunoo trouve que ça correspond bien à son frère.
C'est tout sourire qu'il rejoint l'extérieur. Il a hâte de le retrouver. Il ne regarde pas vraiment autour de lui, ne se rend pas compte de certains paires d'yeux insistants.
Ann a eut raison. Malgré ses quelques coups de fatigue un peu plus fréquents, ces nouveaux cachets ont l'effet espéré. Tant qu'il ne désire même plus en savoir sur les yeux ambres.
D'ailleurs, il ne les dessine même plus.
Adieu cauchemars et terreurs nocturnes. C'est juste lui tout frais, prêt à explorer le monde qui l'attend. S'y faire une place et s'épanouir.
En définitive. Tout est beau. Tout va bien.
Il y a un soleil un peu timide aujourd'hui mais assez pour égayer sa journée. Marchant vers l'entrée, il se heurte sans vouloir contre quelqu'un.
— Désolé ! Je—
Tandis que les excuses ont franchi ses lèvres avant même qu'il ne les pense, il se fige de nouveau comme frappé par une force invisible.
— Tu...toi...
Devant lui, c'est encore le blond. Oui, lui, Ni-ki. Le garçon qu'il a cru imaginer. Il a une légère accélération au niveau des battements de son cœur.
Une petite crainte à l'idée qu'il ait crié victoire trop vite. Qu'il soit encore entrain d'imaginer des choses.
— Oui, moi ! S'exclame le blond, un sourire trônant sur ses lèvres.
Il parle.
Bien sûr qu'il parle Sunoo ! Le noiraud secoue la tête, mettant une distance de sécurité entre eux.
Tout d'abord, se calmer. Ensuite, réaliser que Ni-ki ne soit pas une hallucination mais bien un garçon quoi de plus réel.
— C'est cool de te revoir. Oh, pour la dernière fois, désolé d'être parti comme ça. J'ai reçu un appel urgent.
Sunoo se terre dans un profond mutisme.
Il semble chercher à calmer son rythme cardiaque et éviter toute panique qui voudrait pointer le bout de son nez.
— Ce n'est rien.
— Un peu. J'ai du te déranger.
— Non, euh, ne t'en fais pas.
La question lui brûle les lèvres. Celle de savoir. Savoir pourquoi Ni-ki lui a menti. Parce que quand bien même il soit réel, il semblerait que le blond ne vive pas à l'endroit indiqué par ses soins.
Et Sunoo voudrait comprendre. Pourquoi un tel mensonge ? Il est définitif qu'il ne peut pas lui faire confiance.
Quand bien même tout ce que lui inspire le blond est justement, de la confiance. C'est parce qu'il paraît lambda avec un sourire un peu idiot et un côté mignon.
Malgré le fait qu'il reste intimidant.
Il a cet air un peu penaud.
— Ça me rassure. Je... t'es seul ?
La panique s'infiltre aussitôt dans les artères du noiraud qui se tend un peu plus.
— Non, non. On m'attends.
Il fournit en vitesse, ne se sentant pas tellement en sécurité malgré les quelques étudiants tout autour. Ils sont en plein air, il ne devrait pas paniquer ainsi.
— Oh, je vois. Et bien, j'espère qu'on aura l'occasion de se revoir. À bientôt !
Le jeune homme dont la moue attristé est visible se solde aussitôt en une mine joyeuse. C'est assez déconcertant sa façon de passer d'une expression à une autre.
Il parle à peine tandis que Ni-ki commence à s'éloigner.
Sunoo serre son livre contre lui, se dépêchant aussitôt. Puis, il fronce les sourcils, ressentant ce drôle de sentiment lui chatouiller l'échine, remontant lentement le long de sa colonne vertébrale.
Ce sentiment si familier.
Il se tourne comme pour vérifier derrière lui. Il n'y a personne (de suspect) hormis les quelques personnes.
À force, Sunoo pense devenir fou avec cette impression d'être suivi à chaque fois qu'il sort.
C'est tellement désagréable. Dérangeant comme sensation, comparable à un poison s'infiltrant dans ses veines, réveillant peu à peu une peur tapis au fond de lui.
C'est une paire d'yeux collés contre son épiderme, le suivant en permanence, faisant frémir ses poils au même rythme qu'un souffle inconnu.
Le souffle de son stalker.
Il s'arrête soudain, ses poumons s'oppressant. Est-ce normal qu'il ait l'impression d'être observé là maintenant ?
Il secoue la tête, chassant ces sombres idées. C'est sans doute son imagination qui lui jouait des tours. Et rien que ce constat lui donne l'impression d'avoir régressé.
Son téléphone se met à vibrer.
A-t-il vraiment crié victoire trop vite ? Et si les comprimés ne marchent juste plus ? Qu'il n'y a plus rien pour contrer sa peur ?
— Allô ?
— Hey ! Olivia et moi sommes dans un café pas très loin de ta fac. Rejoins nous quand t'auras fini. Je t'envoie l'adresse.
— D'accord, je, j'arrive.
Il raccroche et se dépêche de rejoindre son frère.
Le café indiqué se trouve tout juste en face de l'université. C'est tout ce que le noiraud aime. Un endroit Cosi aux tons crèmes qui sent bon le chocolat chaud et le croissant.
C'est tout de suite un sourire aux lèvres lorsqu'il rejoint Jungwon et Olivia.
— Salut !
— Tu as fait vite. Tu as déjà fini ?
Sunoo hoche la tête en prenant place. Ce sont deux sièges qui se font face. Il s'assoit à côté de Jungwon, Olivia tout en face.
— Vous avez déjà commandé ?
— On t'attendais.
Il est vrai que Olivia a trouvé le noiraud particulier à leur première rencontre. Cependant, elle a vite cerné sa personnalité. La preuve, ce lieu et ce faciès rayonnant en disent long.
Elle n'a pas rechigné lorsque Jungwon a proposé un endroit pareil. Bien qu'elle n'en soit pas fan, elle ne semble pas si irrité que ça. Surtout en voyant le sourire de Sunoo.
Ce dernier, lui, conserve sa méfiance restant ainsi fidèle à lui-même. Il lui faut du temps et beaucoup d'observation pour trancher de s'il peut faire confiance à la brune ou pas.
— Ils font des flan ici. Ton dessert préféré.
— Merci Wonie.
— Je t'en prie beau gosse. J'ai hâte pour mon anniversaire.
Sunoo roule des yeux. Quelqu'un vient prendre sa commande. Après quoi, il s'attarde un peu sur les détails du café. C'est doux, les sièges couleur pastels et une ambiance légère.
Une lumière tamisée et des stickers adorables aux murs. Aussi, Jungwon et Olivia n'ont pas tardé à se lancer dans une discussion tournant autour de jeux vidéos et autres termes compliqués du net que lui ne comprends pas.
Soit, ce n'est pas ce qui le dérange.
Sunoo a toujours été du genre à observer les gens converser sans trop intervenir. C'est aussi un bon moyen d'analyse.
Il repense encore à Ni-ki. Pour l'instant, il préfère garder ses distances. L'unique mensonge du début condamne le garçon pour de bon.
Le noiraud n'a jamais été fan de tromperie. Pouvoir faire confiance à quelqu'un nécessite chez lui un gros effort. De ce fait, les mensonges n'ont pas leurs places au sein des relations qu'il entretient.
Jungwon en a déjà payé les frais par le passé.
— ...t'en dis quoi Sunoo ?
— Hm ? Quoi ?
— Olivia propose qu'on aille au lac demain. Les cours sont pour mercredi non ?
— Le lac ? Il y a un lac par ici ?
La jeune femme hoche la tête.
Sunoo y pense, un peu, beaucoup. Demain, il avait plutôt prévu de se rendre à la bibliothèque de la fac avec Jungwon.
Cependant, quand il croise le regard de son frère, il y décèle bien ce message suppliant qui lui demande d'accepter.
Et parce qu'il n'a pas souvent le cran de s'imposer, il finit par ranger son idée de côté. De plus, Jungwon semble ravi de cette sortie.
— Je ne pourrais pas désolé. J'ai encore un document à rendre au secrétariat demain. Mais allez-y vous !
— Tu es sûr Sunoo ? S'enquit son frère.
— Oui, oui. Peut-être que je vous rejoindrai plus tard ?
— Tu ne sais même pas où se trouve le lac, fait remarquer Olivia.
Sunoo hausse les épaules.
— Ce n'est vraiment pas grave. Je suis sûr qu'on aura d'autres occasions de sortir.
— Si tu le dis.
Jungwon ne semble pas convaincu mais peu importe. L'important est qu'il ne pose plus de questions. Le flan de Sunoo arrive ensuite et une autre discussion est entamée.
Le noiraud savoure son dessert.
Au loin, une paire de jumelles semble l'avoir pris pour cible. Une sombre présence perché en haut d'un immeuble, un fusil de sniper à ses côtés.
— On avait dit qu'on se faisait discret ! Gronde un type qui se tient un peu plus loin.
Celui aux jumelles le regarde à peine.
— Je m'en fous.
— ...Ils ne seront pas content !
L'homme aux jumelles aperçoit Sunoo de loin rire aux éclats et décroche enfin des yeux, ses prunelles se posant sur le nerveux qui venait de parler.
— Tout ça pour ce mec. On devrait se débarrasser de lui, il—
— Tu le touche, j'te bute.
Le ton se fait clair, sans appel. L'homme n'a pas pris la peine de se donner un air que le nerveux déglutit déjà, n'aimant pas ce qu'il perçoit entre ces prunelles qui luisent...
— Je t'aurais prévenu parce que Ryo ne sera pas content.
... ces prunelles d'un ambre qui le font déglutir et reculer malgré lui.
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Ça commence.
Ça devient chelou ☠️👀 mais qui est donc cet homme aux yeux ambrés ? Hmm hmmm.
NI-KI EST RÉEL 🥳
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