02. Un prince... existe-t-il ?
Sunoo a toujours adoré les romances.
Il ne sait pas exactement d'où vient cette passion, puisqu'il ne s'en souvient pas. Une chose est sûr, il est du genre à se laisser porter par la belle et la bête.
Ou alors fredonner libérée, délivrée car Elsa est son héroïne favorite après tout. Il aime aussi la trope du prince charmant. Du mec idéal, de la relation idéale.
Il avale une gélule accompagné d'une gorgée d'eau, rangeant ensuite la boîte derrière le miroir de la salle de bain.
Un bref coup d'œil sur sa silhouette, ses cheveux donnant l'air d'être emmêlés et ses pupilles d'un brun chocolat clairs.
Dans le genre Hazel eyes.
Il se lance un petit sourire, tirant sur ses joues pleines qui lui donnent parfois l'impression d'être en surpoids, alors qu'il possède un corps maigrichon.
Il soulève le haut de son pyjama. Son ventre est plat et pourtant, il lui trouve encore d'énormes défauts. Il soupire.
Avant de se retirer, Sunoo saisit un serre tête qui retient sa chevelure vers l'arrière, son visage ainsi dégagé.
Il tarde un peu, repoussant sa routine soin du soir, se dirigeant vers le salon, là où proviennent deux voix qui semblent tenir une discussion des plus intéressantes.
— Je rêve d'avoir une mère comme vous ! S'exclame Olivia, chips en main.
— Je te la vends pas cher, siffle Jungwon en retour.
Et donc, Sunoo aime les romances.
C'est naturellement que le goût à la lecture s'est imposé. De plus, avec Jungwon, cette passion s'est décuplée.
Ils ont passé des heures à dévorer des écrits, passant par des comics aux livres aux pages les plus jaunis. Entre classiques et bande dessinée modernes.
Puis un jour, Sunoo a découvert les romances plus sombres. C'était intéressant, le suspens étant à son comble.
Dès lors, il s'est rendu compte être intrigué par les récits plus ternes qui aspirent son souffle et le laissent pantois dans le monde réel, le cœur tressaillant à chaque fois que la tension grimpe.
L'adrénaline, les sensations fortes, elles semblent inscrites dans son ADN. Alors, il a continué à dévorer les pages.
Ce n'étaient pas des princes charmants comme il en rêve d'habitude. Joker n'était pas un prince pour Harley Quinn.
C'est peut-être de la fascination malsaine. Il est intrigué par leur relation.
Tel un papillon attiré par la lumière, ou les ténèbres dans son cas. Les interdits sont faits pour être bravés. Et plus on nous en tiens éloigné, et plus l'envie de s'en rapprocher grossit.
Ce sont les méchants de l'histoire.
De là, il a compris que ces gens là sont plus complexes, comme tout un spectre et qu'il faudrait explorer bien plus loin que le simple terme méchant.
— Ann, c'est le genre de déesse dont toute lesbienne rêve.
La jeune femme est à moitié vautrée sur le sofa, ses mèches brunes abondantes tombant sur le côté.
Peau hâlé, grain de beauté au dessus de la lèvre supérieure et des yeux bruns. Son jean large tombe presque de sa taille fine.
Jungwon fait mine de vomir.
— Arrête de dire ça, c'est bizarre, lui fait-il remarquer, assis sur le canapé avec un bol remplis de popcorn.
Olivia affiche une grimace, lui jetant les reste de chips au visage. Sunoo ferme le frigo après y avoir sorti une plaquette de chocolat.
Olivia c'est l'amie que son frère a croisé en ligne. Leurs relations a évolué et il s'avère que la jeune femme habite dans le coin.
De belles retrouvailles auxquelles ne participe pas le noiraud, n'ayant jamais échangé avec elle. Et en présence d'inconnus, il se dissimule derrière le rôle qu'il assume le mieux, celui d'un fantôme.
— Vous faites quoi ce soir ? Demande-t-elle, venant se poser au sol, sur le tapis.
— Je sais pas, pas grand chose, Jungwon tire sur la corde de sa capuche.
— Oh...c'est parfait parce que j'ai une boîte de nuit à vous faire visiter !
Sunoo secoue la tête.
— Ça sera sans moi.
Comment l'expliquer ? Il a beau rassembler ses forces, Olivia ne lui inspire pas confiance.
Ou alors c'est l'éternel méfiant sommeillant en lui qui s'exprime à sa place.
Soit, le fait est qu'il a du mal et se contente de répondre par politesse. Jungwon ne le surnomme pas l'être le plus pacifique sur terre pour rien.
De ce qu'il sait sur sa propre personne, Sunoo n'a jamais aimé les conflits. Il les évite comme la peste. La colère, la violence, les gestes brusques, tout ceci le rend anxieux.
— Mais allez-y vous, amusez-vous.
Il préfère ne pas gâcher le moment. Si son frère veut sortir, se divertir, autant qu'il le fasse. Ce soir, il prévoit de s'enrouler dans sa couverture et se noyer dans un nouveau livre.
Il ne manque que le chat pour parfaire le cliché sur pattes qu'il représente.
— T'es sûr ? Insiste la brune.
Pourtant, Sunoo a l'impression qu'elle ne le fait que pour feindre une moue inquiète. Comme si derrière ce masque, elle se réjouit au contraire qu'il ne soit pas de la partie.
— Certain même, confirme le noiraud. Vous n'aurez qu'à euh... pécho en pensant à moi.
Jungwon émet un petit rire, ses doigts pianotant sur son téléphone.
— Laisse tomber Liv'. Tu lui feras pas changer d'avis.
Elle n'insiste plus dès lors, se contentant de se redresser. Sunoo patiente derrière le comptoir de la cuisine, attendant le moment où ils franchiraient cette porte.
— Bon, on y va Jun' ?
— Ok.
— J'ai été ravi de te connaître Sunoo !
Les pas se précipitent, Jungwon lance un simple geste de main à son frère.
— Moi aussi, répond le noiraud, peu sincère.
— On rentrera sûrement un peu tard ! Ciao beau gosse !
— Hm, amusez-vous.
La porte claque. Le silence embaume la pièce aussitôt. C'est comme si tout à l'heure, il n'y a eut aucune trace d'humains.
Le regard de Sunoo circule dans la salle de séjour, rencontre les détails de l'intérieur auxquels ils s'habitue encore. Cela ne fait que quelques heures que Ann s'en est allé.
Quelques heures qu'il pense encore à ces pupilles. D'autres heures qu'il passera seul avec un fond silencieux. Il mettra sans doute de la musique pour étouffer le calme.
Et il se persuadera ensuite du fait que se retrouver seul n'est pas une fatalité. Car au fond, il n'a jamais aimé être seul trop longtemps. Dans la nuit, dans le noir. Comme si ces yeux pouvaient jaillir à n'importe quel moment.
Un prince...
***
Dehors, la nuit est encore jeune, froide certes mais pleine de possibilités.
La brise arrache aux deux jeunes adultes de doux frissons, ces derniers fredonnant en accord avec leur discussion animée et ces quelques éclats de rire.
Ils dévalent les quelques marches du perron, leurs semelles écrasant les feuilles oranges qui craquent à leur passage, sans que le bruit ne vienne les interrompre.
Bras de l'un sous celui de l'autre, ils avancent d'une cadence lente.
— Euh c'est moi où ton frère est un peu... lance la brune.
— Oh, t'occupes. Il n'aime pas trop sortir. C'est le genre hermite.
— Ouais, j'avais remarqué. C'est lui qui est obsédé par des yeux ?
— Olivia ! J'suis pas censé te l'avoir dit alors n'en parle jamais devant lui !
Pour sa défense, c'était sans le faire exprès. Et il le regrette.
— Un peu flippant quand même.
Un froncement de sourcil vient entacher la mine joyeuse du garçon.
— Quoi ? C'est juste des yeux.
— Ouais, tu sais qui d'autres disait ça ? Annabelle. C'est juste une poupée. Vérité ou conséquence. C'est juste un jeu.
Ils pouffent tous deux presque au même moment.
— T'insinue que mon frère est possédé ?
— Euuuuuuh.
— T'es complètement barge. Alors laisse moi le–
— Non, ne le dis pas.
Le brun se plante en face d'elle, un sourire provocateur aux lèvres, ses mains de chaque côté de ses épaules.
— C'est juste des putain d'yeux.
Ils rigolent de nouveau, se dirigeant vers une voiture garée dans l'allée.
— Wow pas mal la caisse ! S'exclame Olivia.
— Ma mère vient de nous la lâcher avant de se tirer. J'ai hâte de voir ce qu'elle a dans le ventre. D'ailleurs, on va où déjà ?
— À la meilleure boîte de tous les temps. Le Ground.
À entendre Olivia, ça semble être un lieu incroyable que toute personne se doit de visiter au moins une fois dans sa vie. Pas qu'il soit un grand fan des sorties.
Juste que sortir de temps en temps ne le dérange pas plus que ça.
Olivia prend le volant et Jungwon est presque couché sur le siège passager. Vitre ouverte, le vent frais fait virevolter leurs mèches.
C'est ainsi qu'il a imaginé sa vie universitaire. Il ne manquerait plus que Love me right pour parfaire le tout.
Jungwon se dépêche aussitôt de jouer le son. Ça fait très années deux milles, les boules discos et les bas éléphants, les décapotables et les bals.
C'est sans oublier les lunettes de soleils et les affro. Ils sont alors sur une longue route à profiter de la brise du soir, à scintiller comme des néons sous les rayons de la lune.
— Ça c'est la liberté, commente la jeune femme un sourire aux lèvres. C'est cool que tu sois enfin là. Mais il va falloir revoir tes goûts musicaux.
— De quoi tu me causes ? Elles sont bien clean mes goûts.
— Tu déconnes ?
Elle souffle et remplace la musique par une autre, Harleys in Hawaï de Katy Perry.
— Ça c'est de la musique.
— Connasse, dit-il, appuyé d'un doigt d'honneur.
Il remet aussitôt Love me right de Amber Mark. Olivia roule des yeux mais n'insiste plus.
Le regard de Jungwon se pose alors de nouveau sur les ruelles. Il n'y a pas vraiment de différence avec sa ville d'avant. Enfin une. Seulement, il n'a aucune envie d'y penser.
Pas maintenant en tout cas.
Après de longues minutes, le véhicule s'arrête devant l'enseigne lumineuse. Il y a une longue file d'attente et trois mecs baraqués à l'entrée.
Trois videurs ? Le premier est beau à couper le souffle avec ses cheveux noirs ramenés en arrière avec un côté rasé.
Il possède un piercing à l'arcade souricière et un visage sévère. Les deux autres, des crânes rasés, l'un portant une barbe.
— Wow ! S'exclame Jungwon devant la longue file d'attente et ces voitures de luxes garés un peu partout.
Ça a tout l'air d'un bar select et il ne voit pas comment Olivia compte les faire rentrer avec cette queue aussi longue que le Mississippi.
— Le videur n'a pas l'air commode.
— Je m'occupe de ça, le rassure la brune.
Jungwon acquiesce alors en la suivant, plaçant toute sa confiance en elle. Arrivé près des trois types, celui qui fait plus jeune avec le piercing sourit à son amie. Il se décale pour la laisser entrer. Mais au tour de Jungwon, il l'arrête d'une main.
— Il est avec moi, lui signale Olivia aussitôt. S'il-te-plait.
Jungwon trouve le type gigantesque maintenant qu'il est près de lui. L'homme est si immense qu'il déglutit avant de suivre sa meilleure amie à l'intérieur.
Abandonnant leurs craintes au plus profond d'eux-mêmes, ils pénètrent dans l'antre leur promettant mille plaisirs. Les néons, cette vague de chaleur porteuse d'une forte odeur d'alcool...tout est au rendez-vous.
Le son des instruments se répand autour d'eux tandis qu’Olivia lance sa sympathique chorégraphie ; ainsi encouragé, Jungwon oscille timidement en rythme avec elle.
Un éclat délicat se fait sentir entre eux, mêlant divertissement et abysse aux vifs alluvions de comiques paroles, jusqu’à ce que soudainement, il rencontre un regard.
Celui d’un être innommable qui le scrutait derrière une claire obscurité. Il n'aperçoit que des yeux ambrés, d'un éclat doré aussi fascinant que dangereux ; comme un serpent sournois.
Ambre.
Ils possédent quelque chose de glacial, lui faisant ressentir un mélange d'effroi et de curiosité.
Aussitôt, l'image du dessin de son frère se superpose sur celui de cet inconnu dont le visage est dissimulé sous la pénombre du lieu où il se trouve.
Ce ne sont que des yeux. Des yeux d'une beauté ensorcelante. On dirait un homme. Qui le reluque sans craindre de se faire passer pour un voyeur.
Jungwon fait circuler son regard un peu partout comme pour s'assurer qu'il s'est trompé, que ces yeux ne le fixent pas, lui, mais peut-être quelqu'un d'autre.
Or lorsqu'il le croise de nouveau, il comprend. C'est lui, lui et personne d'autre qu'il lorgne de façon insistante.
Il n'a pas le temps de trop plonger dans ces prunelles dorés que sa meilleure amie vient rompre le charme.
— Hey, cri presque la demoiselle. J'vais nous chercher un verre !
Jungwon hoche la tête, encore troublé. Le temps de se retourner, les yeux ont disparus. Tout comme cette sensation d'être observé.
Il le cherche ainsi dans cette marre d'humains.
Cette personne a disparue, comme si elle n'a été que le fruit de son imagination.
***
Ann affirme que ce quartier constitue l'un des espaces les plus sûrs de Nashville. Enfin, d'après d'apaisants propos corroborés par l'agent immobilier.
Sunoo veut bien y croire, mais le silence dans lequel règne la maison l'angoisse. Rien avoir avec de la paranoïa.
Ou peut-être si. Et puis, il n'a pas peur d'être seul. Absolument pas.
— Tu n'es tellement pas crédible... se souffle-t-il, désespéré.
Dans la glace se dessine le haut de sa silhouette, son visage où repose un masque blanc qui le ferait presque passer pour un fantôme.
Je n'ai pas peur, aimerait-il dire. Seulement, cette angoisse semble vouloir se coller à sa peau contre son gré, s'étalant tout le long de son épiderme, prêt à l'avaler.
Il fouille alors dans son téléphone, trouvant la chanson parfaite pour lui faire oublier.
Il y a Juicy de doja cat qui joue. Son rituel sans musique n'est pas un rituel. Il consiste à ne vivre que pour la musique. Rien que la musique.
C'est que cette dernière comble les trous vides, lui donne l'impression d'être moins seul.
Il se lève ensuite et se place sur son pouf presque géant à la fausse fourrure soyeuse au toucher qui accueille ses fesses à bras ouverts.
Chaussons aux pieds et couverture sur le dos, il se met dans une position confortable, sa tasse de chocolat déposée à portée de main, au cas où lui viendrait l'envie d'en siroter un peu.
Sunoo le reconnaît, c'est un vrai casanier dans l'âme. Rien ne vaut le confort d'une maison n'est-ce pas ? Et puis dehors, c'est rempli de personne. C'est trop de gens, trop d'inconnus, sociabiliser, c'est épuisant.
Il se contente de sa famille tant que ces derniers l'aiment.
Une notification vient troubler sa paix. Il parcoure le fil de discussion, non surpris de recevoir un énième message de son ex. Encore des excuses peu sincères.
Et si avant, il serait tombé dans le piège comme le fou amoureux qu'il était, Jungwon s'est chargé de lui faire ouvrir les yeux comme il se doit, pointant précisément sur les habitudes toxiques qu'il y avait entre eux.
Il bloque.
Un prince... existe-t-il ?
Les minutes s'écoulent, la musique défile. Paupières closes, il fredonne parfois quelques paroles qu'il connait.
Puis, un drôle de bruit se fait entendre tout en bas. Des pas. Tiraillé entre l'appréhension et la consternation, il abandonne son refuge contre sa volonté.
Et si au début, la peur s'est mise à le prendre au piège, il se rappelle Jungwon qui possède le double des clés. Il se redresse alors et descend.
Il entend encore des pas mais aucune voix. Sunoo trouve qu'ils sont rentrés super tôt pour une virée en boîte de nuit. Ça fait quoi ? À peine une heure.
— Jungwon ? Vous êtes déjà là ?
L'entrée est fermée, aucune présence au salon.
— Olivia ? Rappelle-t-il à nouveau.
Inquiet par le calme paisible des alentours, là où chaque silence caractéristique se met à faire écho si vivement jusqu'aux plus intimes formes de respirations, il caresse machinalement ses cheveux.
— Qui est là ?
Aucune réponse. Je perds la tête ou quoi... ? Se chuchote-t-il à lui même.
Il comptait remonter à nouveau mais aperçoit par la cuisine, la porte de derrière ouverte.
Tiens, j'étais sûr d'avoir fermé à clé.
Il a eu ce réflexe avant de monter. Le poignet ne semble pas avoir été forcée, rien qui aurait pu laisser croire que quelqu'un s'est introduit par là.
Et cette seule idée lui glace le sang.
Un intrus, ici.
Il n'y a personne dans le jardin. En plus, il fait noir. Il n'y voit rien. Mitigé, le jeune homme referme la porte sans oublier de la bloquer.
— Tu te fais des idées...tu te fais des idées... Il tente de se convaincre.
Peut-être qu'il a oublié de fermer en vrai. De plus, il a des pertes de mémoire parfois et quelques absences. Alors, il se pourrait qu'il ait juste—
Des coups suivent, le faisant sursauter.
— Miséricorde ! S'exclame le noiraud, une main contre sa poitrine.
L'ombre se dessine sur la porte grâce à la lumière extérieure grâce aux phares d'une voiture de passage.
La prise de Sunoo se raffermit sur le poignet, la pièce devenue vide de son. À défaut du robinet n'émet plus ses poc répétitifs. Du moins, il ne l'entend plus.
Il y a juste lui et les yeux fixant le vide, droit devant lui, refusant de se retourner.
D'autres coups fusent comme un tambour, en accord avec les battements de son cœur.
Il déglutit, l'air se raréfiant dans ses bronchites, comme si ses poumons fermaient peu à peu leurs voies.
— Il y a quelqu'un ?
La voix masculine traverse le mur jusqu'à ses oreilles.
— J'ai vu de la lumière alors...
Elle est hésitante mais rauque.
Sunoo se détache avec lenteur, passant sa deuxième main dans sa chevelure.
Il jette un coup d'œil au haut de la porte constitué de quatre carreaux de verres et recouverts d'une broderie blanche.
C'est quelqu'un qui attend dans le noir de la nuit, ses cheveux de blés, unique détail qu'on perçoit en premier en le croisant. Il paraît normal, regardant un peu partout de chaque côté.
Il semble même avoir son âge. Sunoo se sent un peu rassuré. Quoique, ce type pourrait être l'intrus ? Sauf s'il n'y en a pas; s'il a juste oublié de fermer la porte et que son esprit lui joue des tours.
Il tourne alors le poignet de la porte, cette dernière qui s'ouvre non sans un grincement digne des meilleurs films d'horreurs.
Ainsi, Sunoo peut mieux distinguer le jeune homme. Autre détail qui saute, sa taille. C'est un géant. Un géant qui l'oblige à soulever la tête. Des lèvres pulpeuses et une allure tout à fait banale.
— Oh purée ! Euh, je veux dire, salut ?
C'est surtout qu'il dégage quelque chose qui en impose aussitôt, comme si une fois qu'il débarque dans un lieu, on ne peut que sentir sa présence.
Ça semble fou à décrire, c'est ainsi que Sunoo le voit. Malgré ce côté intimidant, le blond agit de façon presque timide voir effrayé, ce qui le rend encore plus troublant.
— Moi... c'est... Ni-ki. J'habite dans le coin. Je suis une première année. Toi aussi ?
C'est dans ces moments que le noiraud regrette son incapacité à sociabiliser comme il faut. Car il a beau chercher une réplique des plus normales, toute réponse sonne de façon étrange.
— Sunoo. Je veux dire moi c'est Sunoo, se rattrape-t-il très vite. Oui, nouveau aussi.
Enterrez moi.
— Cool. C'est cool. C'est... un masque que t'as j'espère...
Bien sûr le masque ! Ce n'est qu'à cet instant que Sunoo remarque l'air perplexe du blond qui se gratte la nuque.
Et lui qui avait peur de tomber sur un possible psychopathe. Nul doute qu'en le voyant avec ce truc collé au visage, on puisse frôler la frayeur, surtout en pleine nuit.
— Oh ça ! Oui ! Oui oui ! C'est juste... un masque.
Respire Sunoo.
— D'accord !
Ni-ki opine du chef en retour, semblant sincèrement rassuré par la réponse.
C'est peut-être étrange mais Sunoo trouve cela amusant qu'un être aussi élancé et paraissant même effrayant — bien que doté d'une musculature moyenne — soit apeuré par son masque.
Il se retient presque de rire, persuadé de passer pour quelqu'un d'étrange.
— Sinon, t'aurais pas des piles ?
— Des piles... ? Répète le noiraud, clignant des yeux.
— Des piles.
— Oh.
— Pour ma torche. J'ai un problème d'électricité je crois.
Ni-ki indique sa maison qui, en effet, semble être plongé dans les ténèbres. Sunoo réagit alors aussitôt.
— Bien sûr, attend, je vais te chercher ça !
— Chouette, merci !
Il retourne à la maison, partant fouiller dans les tiroirs dans la chambre de Jungwon. C'est lui qui possède ce genre de choses dans ses effets pour ses petites expériences.
Durant un instant, les brides des pas reviennent dans son esprit, comme pour lui signaler un possible danger.
Il secoue la tête. Ce n'est que son imagination. Peut-être que ses cachets ne font plus effets. Ceux que Ann lui a confié à son réveil, qui sont censé l'aider contre ses soucis de mémoire et autres.
Il se dit qu'il lui en parlera plus tard, puis repense à Ni-ki qui doit attendre patiemment en bas.
Sunoo revient après en avoir trouvé deux petites et une plus grosse.
— Je n'ai que ç...
Il ne termine pas sa phrase.
Car à la place du jeune homme à la chevelure blonde qui devait attendre dans son jardin, ses yeux ne rencontrent que du vide. La brise qui pousse un peu la porte, la faisant grincer.
Et encore du vide.
Ni-ki s'est envolé, avalé par la noirceur de la nuit.
Comme s'il n'avait jamais existé.
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Je crois que ce que j'aime dans cette version c'est cette meilleure introduction des personnages. 🤔
Et puis on en a plus beaucoup comme dans l'autre !
Sooooo pour les nouveaux qui cliquent, vos avis sur Ni-ki ? 👀
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