Sur le chemin ... Quelques heures plus tard

— Tu sembles absente plus qu'à l'habitude Della.

Et il avait raison. J'ignorais pourquoi, mais je me sentais spécialement nostalgique cette journée-là. Certains souvenirs refaisaient surface et d'un autre côté, je ne pouvais m'empêcher de penser à toute cette histoire à laquelle je tentais de survivre. Les dernières années avaient été tellement mouvementées que je n'arrivais toujours pas à croire que cela m'arrivait à moi. La mort de mon petit frère, la haine de mes parents, mes cauchemars incessant, l'arrivée soudaine d'Akio dans ma vie, ainsi que celle de ce foutu démon. Pourquoi un bambin de 3 ans ? Et pourquoi me vouloir moi à présent ? Qui était-il réellement et que me voulait-il ? Oui bon, disons que les nombreuses attaques m'avaient légèrement mis la puce à l'oreille, mais reste que je ne savais toujours pas pour quelle raison il me voulait morte à tout prix. Je présume que j'avais un ange gardien à toute épreuve car malgré tous les dangers encourus, j'étais toujours en vie. Oui, moi, jeune et jolie brunette de tout juste 23 ans, sans aucuns artifices ou pouvoirs quelconque, toujours en vie. Ma force n'égalait franchement pas celle d'un démon, mais à chaque fois, mon intuition ou je ne sais trop quoi, me sauvait la peau.

— Désolé, tu disais ?

— Il se passe quoi avec toi ?

— Nervosité ?!

— Della Harris nerveuse ? Pfff à d'autres !

— J'ai la tête dans les nuages, voilà tout.

— Et quoi de bon dans ces nuages ?

 — Des trucs sans importance ...

— Vraiment ?!

Je continuai alors de fixer la route, espérant qu'il n'insiste pas d'avantage.

— Sujet délicat ?

— En quelque sorte.

— Je capte ...

Un bref silence s'en suivit.

— Harris, te souviens-tu de notre première rencontre ?

— L.A.

— Un douloureux souvenir.

— Enfin, se fut un mal pour un bien, non ?

— Évidemment, répondit-il sourire aux lèvres.

— Le regrettes-tu ?

— Ton poing seulement.

— Vois le bon côté des choses, ça t'aura endurci, ajoutais-je en riant.

— Maintenant que tu en parles, je n'ai jamais eu droit à de véritable excuse.

— Comptes-tu me faire la gueule pour une vieille histoire ?

— Peut-être.

— Menteur !

— Je ne sais pas ... peut-être qu'à partir d'aujourd'hui je vais garder mes formidables idées pour moi seul. Tu sais, celles qui sortent directement de ce trop brillant cerveau qu'est le mien.

— Tu reformules s'il-te-plait ?

— Je comprends. Mon niveau d'intelligence est trop élevé pour toi ?

— Je t'emmerde, K !

Il souleva le menton et m'ignora de façon plus que maniéré. Seul lui pouvait faire un truc pareil. Quel idiot !

— Tu n'es qu'une garce rigide, Harris.

— Oui et toi un petit fouteur de merde.

— Tu crois ?

— Ouais.

— Nous voilà quitte alors ?

— Apparemment.

Akio prenait toujours tout à la blague et c'est sans doute pour cette raison que j'aimais tant sa présence. Aucune prise de tête jamais, seulement des blagues à profusion et de la maladresse presque maladive. Un moyen qui me semblait plus qu'efficace pour éloigner cette angoisse constante qui pesait lourdement sur mes épaules. D'ailleurs, jamais je ne pourrais remercier le ciel suffisamment pour cette rencontre fortuite. Ce mec représentait tout pour moi. Il était mon meilleur ami, mon confident, mon acolyte et mon super remède miracle contre cette réalité de vie merdique. J'avais besoin de lui, tout simplement.